Texte intégral
Le Monde, 19 mai 1999.
Q - « Dans l'affaire vous opposant à Jean-Marie Le Pen sur la propriété du Front national, la justice vous a donné tort. Quelles conséquences en tirez-vous ?
- Nous allons faire appel de l'ensemble du jugement pour faire reconnaître la légalité du congrès de Marignane et faire lever l'exécution provisoire de ce jugement. Si la dotation de l'État était tout de même versée à M. Le Pen, cela apporterait une preuve supplémentaire qu'il est soutenu à bout de bras par le système. Déjà, cette décision du tribunal, tout à fait en sa faveur, le montre. Mais si, de surcroît, il recevait la subvention publique – alors qu'un appel qui pourrait nous donner raison est en cours –, cela prouverait clairement qu'il existe bien une connivence entre M. Jospin et M. Le Pen, comme aux temps les plus troubles de la mitterrandie.
Q - - Vous avez présenté ce jugement comme l'occasion de vous différencier du Front national. Est-ce parce que vous craignez que l'électeur ne préfère, comme dit M. Le Pen, l'original à la copie ?
- Il préférera l'avenir au passé. Le terme de mouvement national que nous avons adopté correspond beaucoup mieux à la démarche qui est la nôtre d'une dynamique de progression et de conquête quand le Front était statique et défensif. Mais la différence va bien au-delà. Si je devais la résumer d'une formule, je dirais que Le Pen, c'est l'extrême droite et nous la droite nationale.
Q - - Cela signifie-t-il que vous abandonnez le programme qui a été jusqu'à présent celui du FN ?
- Nous n'abandonnons pas un iota de ce programme. J'en ai été le maître d'oeuvre, je l'assume pleinement. D'ailleurs, M. Le Pen en revient, aujourd'hui, à sa conception typique de l'extrême droite : moins il y a de programme, mieux c'est. Du côté de M. Le Pen, il n'y a que la protestation, les outrances, les dérapages, les provocations, les sous-entendus et l'on se complaît dans l'opposition. De notre côté, il y a un projet de conquête du pouvoir pour appliquer notre programme avec l'objectif de rassembler les 25 à 30 % de Français qui partagent nos idées. Nous sommes attachés aux principes démocratiques que nous pratiquons dans le fonctionnement même de notre mouvement, ce qui n'est absolument pas le cas chez M. Le Pen. Nous avons, par ailleurs, affirmé notre adhésion aux principes institutionnels de la République. Nous avons établi, dans une charte des valeurs, les principes éthiques qui nous guident et notamment le respect de la personne humaine. Nous avons rompu avec les pratiques caractéristiques de l'extrême droite que sont le culte de la personnalité, la théorie du complot ou la méthode du bouc émissaire.
Q - Vous dites adhérer aux principes de la République, mais vous êtes opposé à la philosophie des Lumières...
- Pour nous, la République c'est la souveraineté du peuple. C'est l'égalité des citoyens devant la loi, c'est la liberté et la fraternité nationale, ce n'est pas l'idéologie des Droits de l'Homme. Celle-ci, qui ne conçoit l'homme que déraciné, est le fondement idéologique du mondialisme que nous combattons. Pour nous, la France n'est pas qu'une réalité juridique. La France est une réalité charnelle, elle n'a pas commencé en 1789 et existe indépendamment de la République qui n'est qu'un cadre institutionnel que nous acceptons…
Q - Vous dites être pour l'égalité, jusqu'à quel point ?
- Je suis pour l'égalité des citoyens devant la loi. Pour le reste, il y a des différences qui sont dans l'ordre naturel des choses. On ne peut pas les réduire, sauf à s'engager dans une démarche totalitaire.
Q - Peut-on parler d'égalité quand on fait une distinction entre ceux que vous appelez les « Français de souche » et les immigrés ?
- Non, je fais une distinction entre Français et étrangers et si toutes les personnes sont égales en dignité devant Dieu et devant les hommes, il n'en demeure pas moins que l'égalité des droits ne peut s'appliquer qu'entre citoyens.
Q - Vous persistez donc à défendre une « préférence nationale » ?
- Bien sûr. La préférence nationale est un principe fondateur de notre programme et de notre vision de la société. L'égalité des citoyens devant la loi n'est pas incompatible avec la préférence nationale.
Q - Peut-on dire que l'on est pour la liberté quand on veut placer la presse sous le contrôle d'une "haute autorité juridique" ?
- La presse est un pouvoir très important dans les sociétés contemporaines. Il faut se préoccuper davantage des conséquences de ce pouvoir pour la liberté des personnes et pour le pluralisme des expressions.
Q - Quand vous présentez les immigrés comme responsables du chômage et de l'insécurité, n'est-ce pas en faire des boucs émissaires ?
- Non, ce ne sont pas les immigrés qui sont responsables de cette situation, c'est la politique choisie, depuis de nombreuses années, par les Gouvernements en place.
Q - Quand vous refusez les références au complot, de quels complots parlez-vous ?
- Je pense par exemple au complot dont M. Le Pen a parlé lors de la crise du FN. Il n'y a rien de tel chez nous.
Q - Et le "complot juif" qui interdirait toute alliance avec le FN aux dirigeants de la droite ?
- Je récuse cette notion.
Q - Êtes-vous, comme M. Le Pen, pour l'obligation de déclaration d'appartenance à une loge maçonnique ?
- Comme le Premier ministre britannique, je pense que cette question peut se poser à propos de toute organisation secrète pour des personnes qui exercent des responsabilités politiques.
Q - Sur la Yougoslavie, au moins, vous rejoignez M. Le Pen ?
- Nous ne soutenons pas, nous, M. Milosevic. Ni son régime ni les exactions qu'il a commises. Et j'ai toujours clairement affirmé la compassion que nous éprouvons pour les victimes de ce conflit, que ce soit les réfugiés du Kosovo ou les Serbes frappés par les bombardements. La France devrait se désengager des opérations militaires et se positionner en médiateur, peut-être conjointement avec la Russie. Si l'on veut maintenir de force des populations qui ne veulent pas vivre ensemble sur le même sol, on ne résoudra jamais le problème. Il faut concevoir la paix sur la base du principe "un peuple, une terre", au besoin par une partition.
Q - Vous persistez à penser que l'immigration peut provoquer en France des mini-Kosovo ?
- La politique d'immigration pratiquée depuis des années a ouvert la porte à une immigration de peuplement et de colonisation qui peut créer, à terme, des problèmes de cohabitation entre communautés du type que l'on connaît au Kosovo. Elle conduit à une balkanisation de la France. »
RMC – 21 mai 1999
Q - Lors de votre congrès fondateur il y a quelques mois à Marignane, vous aviez promis à vos amis que votre mouvement allait s'imposer face au Front national, maintenu, je dirais, dirigé par J.-M. Le Pen. Est-ce que vous n'êtes pas un peu déçu que, à l'exception d'un seul, aucun des 30 ou 40 sondages qui sont parus, ne vous crédite de la fatidique barre des 5 % indispensables pour avoir des élus...
- « Non, pas du tout parce que précisément, nous sommes un mouvement nouveau et aucun sondage n'a jamais prévu les événements politiques nouveaux et importants aux élections européennes. Il suffit de voir le Front national, lui-même en 84, il était crédité de moins de 5 %, trois semaines avant les élections, pareil pour M. de Villiers, la dernière élection. J'ai même vu que M. Tapie faisait 8 % dans les sondages la veille du vote, il avait terminé à 12 %. »
Q - Votre certitude aujourd'hui, c'est quoi au point de vue de votre poids politique ?
- « Ma certitude, c'est que la dynamique de la campagne, l'affluence dans nos salles, le travail de terrain que nous effectuons, l'ensemble des sympathisants, des militants qui sont avec nous, prouvent que nous avons un potentiel politique qui est tout à fait équivalent si ce n'est plus de celui que M. Le Pen. »
Q - Donc, vous êtes sûr ce matin d'avoir des élus le 13 juin au soir ?
- « Oui, je suis sûr de faire plus de 5 %. Je suis sûr, en effet, d'être dans une dynamique de progression car ce qu'il faut bien que les Français comprennent, c'est que notre mouvement faisant moins de 5 %, c'en est fini de l'ensemble des idées politiques nationales et du combat national. Car ? M. Le Pen, passées les élections, quel que soit son score, va mourir de sa belle mort politique. Nous sommes la suite, nous sommes la relève et il essentiel bien-sûr que notre score nous permette d'engager ensuite le rassemblement de l'ensemble des électeurs nationaux. »
Q - Pourquoi mourrait-il de sa belle mort politique puisqu'il a déjà dit qu'il serait candidat aux élections présidentielles de 2002 ?
- « Oui, il peut dire ce qu'il veut mais il y a des réalités qui font qu'il n'y aura pas de suite. C'est comme pour M. Pasqua, ce sont des candidatures maintenant, de témoignage. C'est pour l'un comme pour l'autre, l'élection de trop. Au lendemain du 13 juin, il ne se passera rien. Ils ne feront rien des voix qu'ils obtiendront. Qu'est-ce-que voulez qu'ils fassent de plus ? »
Q - M. Pasqua disait justement hier que la bataille continue après le 13 juin et qu'il comptait bien donner une suite à ses idées politiques. Si le 13 juin au soir, vous étiez démenti, ce qui peut arriver à tout le monde, c'est-à-dire que vous n'ayez pas d'élus, quelle sera la suite politique de votre mouvement ? Est-ce que vous cherchez des alliances avec quelqu'un ?
- « Non, pas du tout »
Q - Quelles seront les conclusions de votre faible score ?
- « Mais, il n'y a pas de faible score. Encore une fois, dans les élections, dans la République, ce ne sont pas les sondages qui décident, ce sont les électeurs. »
Q - Je dis si vous n'aviez pas d'élus...
- « Mais je ne me place pas dans cette perspective. De toute façon, je vous réponds quand même : je ne m'arrêterai pas. Nous continuerons. Et nous sommes – il faut bien le comprendre – la seule force politique qui depuis la rénovation de Marignane, peut rassembler et les soutiens et les électeurs potentiels de M. Pasqua, de M. Millon, de M. Villiers, ceux qui errent à la recherche de quelqu'un qui pourrait faire quelque chose avec leurs idées, et les électeurs, les anciens électeurs de M. Le Pen. Autrefois, il y avait une espèce de fossé entre les uns et les autres. Personne ne pouvait rassembler, et les uns et les autres. Le Pen ne pouvait pas rassembler les électeurs de Pasqua ou de Villiers à cause de ses dérapages et de ses outrances. Pasqua et Villiers ne pouvaient pas rassembler les électeurs du Front national à cause de leur position sur l'immigration. Pasqua est pour la régularisation générale de tous les clandestins. Nous, nous pouvons rassembler les uns et les autres et ça, c'est un événement politique majeur. C'est pour ça que nous sommes dans une perspective de grande ampleur et l'élection du 13 juin est la première étape. Mais il faut voter utile dès le 13 juin pour permettre ce rassemblement autour du drapeau que nous avons dressé à Marignane, autour du Mouvement national pour effectuer ce grand rassemblement de la droite nationale qui demain peut atteindre les 20/25 %. »
Q - Il ne vous traverse jamais l'esprit que vous avez commis peut-être une très grave erreur et qu'en voulant faire triompher les idées et abattre Le Pen, vous avez finalement ruiné l'avenir des idées du Front national et ses possibilités de l'emporter ?
- « Alors, ça, ça ne me traverse jamais l'esprit parce que c'est totalement faux. D'abord, je n'ai pris aucune décision. »
Q - Mais vous pouvez-vous poser des questions comme tout le monde.
- « Ah, mais je me pose toutes les questions qui méritent d'être posées bien sûr. Mais si vous voulez, cette question-là, je n'ai plus à me la poser car c'est M. Le Pen, il faut que les électeurs le sachent, qui a engagé l'explosion de son mouvement en engageant les purges, en engageant les éliminations, l'élimination des forces vives de son mouvement. Il faut savoir que si je n'avais pas réagi avec mes amis pour assurer le renouveau du Front national, eh bien, l'organisation de M. Le Pen serait dans le même état que l'organisation qui lui reste. »
Q - Vous auriez peut-être disparu, c'est ça que vous voulez dire…
- « Nous aurions été éliminés, tous les autres auraient démissionné écoeurés. Donc, nous avons fait ce qu'il fallait pour assurer la continuité du Front national et sa rénovation. Nous avons maintenant un mouvement qui est totalement positionné pour donner un nouveau développement à nos idées, parce que, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que Le Pen maintenant, c'est clairement l'extrême droite qui va se recroqueviller. Nous sommes la droite nationale dans laquelle chaque Français national, patriote, peut se retrouver. »
Q - J.-M Le Pen a dit hier qu'il allait déposer plainte contre votre mouvement...
- « À quel propos ? »
Q - Plainte en diffamation, dénonciation calomnieuse...
- « Oui... peu importe… »
Q - C'est toujours embêtant les procédures judiciaires.
- « Oui mais ça, c'est la spécialité de M. Le Pen qui est à la fois obsédé par les questions de procédure et par les questions financières. Moi, ce qui m'intéresse, ce sont les problèmes des Français et il y a de sérieux problèmes actuellement. Je pense notamment à celui de l'insécurité sur laquelle nous avons déjà pris des mesures importantes. »
Q - Sur l'affaire corse, le problème des paillotes, le préfet sera entendu par le juge, qu'est-ce que vous pensez de toutes ces déclarations qu'il fait tous les jours, de sa femme, de sa fille, enfin un peu partout.
- « Cet homme a été pris comme bouc émissaire de la République, enfin du Gouvernement C'est tout à fait pitoyable parce que quand un procureur de la République met en prison un préfet et un colonel de Gendarmerie, c'est l'État qui s'attaque à l'État et qui détruit l'État »
Q - Il ne faut pas mettre en prison un préfet lorsqu'il commet des choses illégales.
- « Dans l'exercice de ses fonctions, c'est quand même extrêmement grave. Bien-sûr, si c'est un crime de droit commun, c'est tout autre chose, mais dans l'exercice de ses fonctions, c'est quand même quelque chose de particulièrement grave. D'autant que personne, bien évidemment ne peut imaginer que le préfet se serait livré à toutes ces pitoyables barbouzeries sans que le Gouvernement, le cabinet du ministre de l'Intérieur ou le cabinet du Premier ministre ou les intéressés eux-mêmes, soient au courant. C'est clair. Donc, il fallait faire jouer le vrai fusible, celui qui doit protéger l'État, c'est-à-dire le fusible gouvernemental. »
Q - L'opposition a eu raison de déposer une motion de censure ?
- « Oui, mais je pense que celui qui n'a pas joué son rôle c'est le Président de la République, c'est M. Chirac, qui je le rappelle, en tant que Président et chef de l'état, il se doit de garantir l'autorité de l'État. Car si l'autorité de l'État est bafouée, en Corse, elle est affaiblie sur l'ensemble du territoire français. Il devait convoquer M. Jospin, lui demander des comptes, des explications. Il n'a rien fait de tout cela. Une fois de plus, le RPR et Chirac soutiennent Jospin et les socialistes. »
Q - C'est ce qu'on a dit du Front National à une époque, lorsqu'il a dit préférer Jospin à Chirac, vous vous souvenez ?
- « Oui, c'est M. Le Pen qui disait ça. »
Q - Vous étiez avec lui à l'époque.
- « Ça m'avait beaucoup choqué à l'époque et j'avais d'ailleurs pris mes distances. Je me suis rendu compte qu'effectivement, M. Le Pen sert le système et c'est la raison pour laquelle il a gagné son procès. Il gagne maintenant tous ses procès depuis qu'il y a eu cette grave crise dans notre mouvement. M. Le Pen de ce point de vue-là, va à l'encontre des idées qui sont les nôtres. C'est pour ça qu'il faut maintenant tourner la page. »
Le Parisien - 25 mai 1999.
Q - Vos sondages sont mauvais. Cela marche moins bien que prévu ?
Bruno Mégret. - Non. Tout va très bien, sauf... les sondages. Mais les sondages ne m'inquiètent pas. D'abord, parce que la majorité des Français n'a pas encore fait son choix. Ensuite parce que les scrutins européens précédents le montrent : chaque fois qu'une liste nouvelle a émergé, les sondeurs ont été pris de court. Rappelez-vous le FN ou Villiers : ils étaient à moins de 5 % trois semaines avant le scrutin ; ils ont obtenu plus de 10 % le jour du vote. De la même façon, nous sommes un mouvement nouveau qui va, j'en suis sûr, créer la surprise.
Q - Votre mouvement dénonce un certain nombre de malversations commises par Le Pen. Vous fermiez les yeux ?
- Si ces affaires sont anciennes, nous ne les avons connues que tout récemment. Elles confirment que, si nous avons rompu avec M. Le Pen, c'est aussi pour appliquer avec la plus grande rigueur notre conception éthique de la politique: servir, et non se servir.
Q - Jean-Marie Le Pen avait fait du FN sa propriété privée ?
- C'est clair.
Q - Vous avez le même programme que Jean-Marie Le Pen. Vos électeurs ne préféreront-ils pas l'original à la copie ?
- Le programme original, c'est moi qui l'ai rédigé. Quant aux électeurs, ils préféreront l'avenir au passé.
Q - Pourquoi vous qualifier de « droite nationale » ?
- Jusqu'ici, il y avait un fossé, creusé par les outrances de M. Le Pen, qui isolait complètement l'ancien FN du reste des Français qui partagent nos idées. Ceux-ci erraient d'élection en élection, votant tantôt pour Villiers, tantôt pour Millon, tantôt pour Pasqua. Depuis Marignane, nous avons comblé le fossé, et dressé un étendard autour duquel les uns et les autres peuvent se regrouper. Ce faisant, nous rendons possible le grand rassemblement des électeurs de droite nationale, qui représente 20 à 25 % des Français.
Q - Vous visez les électeurs RPR ?
- L'éclatement en trois listes de la droite présidentielle, c'est, à mon sens, l'accélération du processus de décomposition du Parti gaulliste, comme le montre la nomination de M. Sarkozy. Car Sarkozy, c'est ce qui reste quand on a tout oublié du gaullisme. Aujourd'hui, le RPR n'a plus d'identité. De surcroît, il ne sert plus à rien puisqu'il soutient Chirac qui soutient Jospin.
Q - Vous pariez sur une recomposition des droites ?
- Oui. Et c'est là une différence majeure entre Le Pen et moi : lui se contente de gérer son petit capital, en essayant de sauver ce qui peut l'être. Moi, je me préoccupe de dégager une stratégie qui permettra à nos idées d'arriver au pouvoir.
Q - Le 13 juin, ce sera une primaire entre Le Pen et vous ?
- Ce sera une primaire entre Le Pen, Pasqua et moi ... Je ne suis pas contre l'Europe, car l'Europe est une communauté de civilisation à laquelle je suis attaché. Je me bats contre l'Europe de Bruxelles, mais pour une Europe des nations.
Q - Qui est Pasqua ?
- Un intermittent du patriotisme. Il a voté contre Maastricht en 1992. Un an plus tard, comme ministre de Balladur, il appliquait le traité qu'il jugeait pourtant néfaste pour la France. C'est honteux.
Q - Quel est votre jugement sur Jacques Chirac ?
- Il n'assume pas ses responsabilités. Il remet les affaires intérieures de la France aux socialistes, et les affaires extérieures de notre pays aux Américains.
France Info - Jeudi 27 mai 1999
Q - Le Conseil d'État donnera son avis début juin, sur la dotation publique au Front national. Qu'allez-vous faire sans argent puisque l'appel de toutes les façons renverra la fin de cette histoire bien après les européennes ?
- « Vous savez, moi je ne suis pas comme M. Le Pen, je ne suis pas obsédé par les problèmes d'argent. C'est pour moi quelque chose de tout à fait secondaire. Ce qui compte en politique c'est l'opinion des Français, ce sont les problèmes des Français. Et "l'intendance suivra" comme on dit. Cela dit, nous avons des problèmes d'argent et pour cette campagne électorale nous les réglons par l'emprunt auprès de nos élus, auprès de nos sympathisants. »
Q - Pour l'instant, vous n'avez pas beaucoup d'argent, vous n'avez pas non plus beaucoup d'électeurs puisque tous les sondages convergent et vous attribuent de 3 à 4 % des intentions de vote aux européennes, soit une petite moitié du score du Front national de M. Le Pen qui fait 8 à 8,5…
- « Mais ce ne sont pas les instituts de sondages qui organisent les élections. Alors je vous dirais qu'en réalité, tout va très bien pour moi je vous remercie. Je sens sur le terrain que la campagne se déroule bien, que les Français répondent à notre appel et à nos propositions. Tout va très bien. C'est vrai, sauf les sondages. Et je crois que les sondages sont bidons, ils sont un peu comme une boussole folle qui ne sait plus indiquer le nord. Et en tout cas – l'expérience l'a montré pour les précédentes élections – jamais les sondages n'ont pu prévoir le succès d'une liste nouvelle. C'était le cas pour le Front national en 84, c'était le cas pour de Villiers en 94, ça sera notre cas pour 99. Mais nous ferons la surprise et vous verrez, vous serez étonné du résultat. »
Q - Mais ce n'est pas de la méthode Coué ça ? Car il y a quand même une convergence qui dit que, tous les instituts disent : les électeurs de l'extrême droite ont choisi les deux tiers au moins votent Le Pen, le petit tiers restant vote Mégret. C'est quand même un désaveu dans votre électorat naturel ?
- « Non ! Écoutez n'anticipons pas ! Ce sont les électeurs qui se prononceront le 13 juin prochain. Et moi je sais que les scores dont nous créditent les sondages ne sont pas représentatifs de la réalité car j'ai un vrai sondage : une élection partielle, la seule que nous ayons, à laquelle nous ayons participé depuis le congrès de Marignane, Sainte-Marie-aux-Mines, dans le Haut-Rhin, où notre candidat a fait 25 %, le candidat de Le Pen a fait 2 %. Et ça c'est 7 000 électeurs qui se sont déplacés dans les urnes pour voter dans le secret de l'isoloir. C'est quand même plus sérieux que 500 ou 1 000 personnes interrogées par téléphone. »
Q - La décision de justice conférant l'appellation Front national à M. Le Pen réaffirme tout de même sa légitimité au sein de l'extrême droite.
- « Non. Car dites donc si c'était les juges – de surcroît les juges du Syndicat de la magistrature qui, en l'occurrence, se sont prononcés – qui devaient décider en France de la légitimité, de la réalité d'un grand mouvement politique, ça serait quand même grave ! En réalité ça ne change rien pour nous. Simplement que nous devons changer de nom. Et après tout Mouvement national c'est mieux que Front national, c'est plus dynamique, c'est plus offensif, ça correspond mieux à ce qu'on est. Ça prouve simplement que M. Le Pen est maintenant soutenu à bout de bras par le système. »
Q - C'est nouveau ça ? Parce que ça, jusqu'à présent, pendant 14 ans, vous avez dit le contraire ?
- « Je croyais que ça n'était pas vrai. Mais je m'en rends compte maintenant, en effet. Et c'est hélas la triste vérité ! Depuis quelque temps, M. Le Pen – ce n'est pas moi qui le dit, c'est M. S. July de Libération et tant d'autres – qui disent que : c'est l'ennemi institutionnel, c'est l'ennemi qu'on aime bien avoir parce qu'il n'est pas dangereux, parce qu'il n'ira pas très loin, parce qu'il stérilise les idées, parce qu'il sert d'épouvantail aux électeurs. Et c'est la raison pour laquelle il y a eu cette rupture au Front national et cette rénovation de notre mouvement Le Mouvement national c'est maintenant la possibilité d'un grand rassemblement de la droite nationale alors que Le Pen c'est le retour à l'extrême droite. »
Q - Et comme il n'y a qu'un seul FN vous n'avez pas peur que les électeurs légitimistes préfèrent, comme on dit au FN, l'original à la copie ?
- « Mais l'original c'est moi qui l'ait écrit, s'agissant du programme et nous sommes partis avec le programme. M. Le Pen n'a plus de programme. »
Q - Alors du coup qu'est-ce qui vous différencie de lui puisque vous avez le même programme et effectivement c'est vous qui l'avez écrit, vous l'avez toujours dit ? C'est quoi la différence à part la différence d'âge ?
- « Je dirais que nous sommes en effet l'avenir alors que M. Le Pen incarne maintenant le passé. C'est la relève d'une certaine façon, c'est bien naturel. Que je sache c'est M. Bayrou qui se présente ce n'est pas M. Giscard d'Estaing ; c'est M. Sarkozy ce n'est pas Chaban, pour le reste, je l'ai dit, la différence fondamentale c'est que M. Le Pen c'est l'extrême droite, nous sommes la droite nationale. Il n'y a pas d'outrances, il n'y pas de dérapages, il n'y a pas de provocations, il n'y a pas de bouc émissaire ; il n'y a pas de complots. Nous sommes attachés aux institutions de notre pays. Nous sommes respectueux de la personne humaine et nous avons notre programme que nous défendons pour le bien de la société française et des Français, pour la Nation française. »
Q - Si vous n'avez pas d'élus le 13 juin au Parlement de Strasbourg, est-ce que le Mouvement national a un avenir ? Est-ce qu'il met la clé sous la porte ? Est-ce qu'il y a un échec une faillite ?
- « Non, je précise : je n'arrêterai jamais ! Car je crois que le Mouvement national au contraire a un très grand avenir ; parce qu'il est maintenant le seul à pouvoir rassembler et les anciens électeurs de Le Pen et les anciens électeurs de Pasqua, de Villiers et de Millon. Ce qui n'était pas possible avant. Avant Pasqua, par exemple, ne pouvait pas rassembler les électeurs du Front – il est pour la régularisation générale des clandestins ; il est pour le Pacs. Et à l'inverse, Le Pen ne pouvait pas rassembler ni les électeurs de Pasqua et ni ceux de Villiers à cause de ses outrances. Nous, nous pouvons faire ce grand rassemblement qui représente 20 à 25 % des voix. C'est ça la grande nouveauté qui est liée à la rénovation du Front national. Et c'est la raison pour laquelle je dis aux anciens électeurs du Front : ne vous trompez pas, voter Le Pen ça ne sert à rien ! – comme Pasqua d'ailleurs. Par contre voter pour nous, c'est assurer l'avenir de nos idées, c'est permettre demain le grand rassemblement de la droite nationale, c'est permettre à nos idées d'arriver au pouvoir. »
Q - Aujourd'hui Milosevic est inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Ce que vous avez en commun avec Le Pen c'est aussi que vous dirigez finalement les deux seules listes qui font preuve de beaucoup de mansuétude pour Milosevic…
- « Non pas du tout. Moi je ne suis pas du tout un ami de M. Milosevic, D'ailleurs (…) avait avoir des amis ils seraient plutôt au Gouvernement français, c'est un (...) du système soviétique M. Milosevic. Et je condamne ces exactions. Par contre, je suis un peu choqué de cette décision de justice, du TPI, parce qu'elle apparaît comme une décision partisane. Pourquoi est-ce que le Président chinois n'est pas inculpé ? Pourquoi est-ce que le Président truc n'est pas inculpé pour la répression contre les Kurdes ? Pourquoi est-ce que F. Castro n'est pas inquiété ? C'est deux poids et deux mesures. On a l'impression que ce ne sont que les ennemis des États-Unis qui sont inquiétés par le TPI. Et si la justice n'est pas impartiale, eh bien elle cesse d'être juste et elle cesse d'être légitime. »
Q - La Chine n'est pas un ami de l'Amérique et ce TPI est un TPI ad-hoc, c'est-à-dire être : pour l'ex-Yougoslavie. Il n'a pas vocation ou une légitimité sur la Chine ou la Turquie.
- « Oui bien sûr, c'est plus pratique comme ça. Comme ça il ne risque pas d'y avoir de problèmes. Je constate ceci étant que, ce n'est certainement pas la meilleure façon de trouver une solution négociée, pacifique de compromis au conflit au Kosovo. Parce que si on veut envoyer en prison les seuls interlocuteurs avec lesquels on pouvait discuter, du côté serbe, pour résoudre le problème, on n'est pas prêt d'y parvenir. Sans doute est-ce l'objectif des Américains qui veulent écraser de bombes la Serbie, pensant que c'est comme ça qu'on va soulager la souffrance des personnes ?! »
France Inter – 27 mai 1999
S. Paoli - Pour les élections européennes du 13 juin prochain, quel choix est proposé aux électeurs de l'extrême droite ? Les programmes de J.-M. Le Pen et de B. Mégret sont les mêmes. C'est B. Mégret qui avait rédigé celui du Front national. Dès lors, le scrutin du 13 juin ne sera-t-il à l'extrême droite qu'un choix de personnes ? Les derniers sondages créditant le Front national de 8 % des voix, le Mouvement national n'atteindrait pas la barre des 5 % nécessaires pour être représenté à Strasbourg. Ainsi cette élection européenne apparaît-elle en réalité, dans cet espace politique, comme un duel entre deux hommes – J.-M. Le Pen et B. Mégret – engageant l'avenir d'un mouvement dont ils se disputent toujours l'aide publique.
Invité de Questions directes, jusqu'au 11 juin, avant-veille de l'élection, un responsable politique, tête de liste. Ce matin, B. Mégret, pour le Mouvement national.
Qu'ont-elles en réalité d'européennes ces élections pour vous ?
- « Elles correspondent à l'option que l'on doit prendre pour l'avenir de notre pays au sein de l'Union européenne. Et de ce point de vue, nous avons une position très claire : nous sommes contre l'Europe de Bruxelles car c'est une Europe qui d'abord n'est pas européenne. M. Bromberger parlait tout à l'heure de la Turquie, il y a la question des Droits de l'Homme en Turquie mais qu'est-ce que la Turquie viendrait faire dans l'Europe puisque la Turquie n'est pas européenne ? On voit bien comment cette Europe est en réalité un instrument de la mondialisation des pays européens qui suppriment la souveraineté de notre nation, puisque aujourd'hui la moitié des textes qui régissent notre pays ne sont plus décidés à Paris par le Gouvernement ou par le Parlement français mais à Bruxelles.
Donc nous, nous ne voulons pas de cette Europe de Bruxelles. Je le dis. Nous ne sommes pas pour autant contre l'Europe, car l'Europe c'est une grande communauté de civilisation, une famille de grands peuples à laquelle nous sommes attachés. Nous sommes pour une autre organisation de l'Europe : l'Europe des nations, c'est-à-dire une Europe européenne, une France française dans une Europe européenne. Une Europe qui respecte la souveraineté des nations et qui organise la coopération, la libre coopération entre elles, comme ça se passe avec grand succès par exemple pour Airbus ou Ariane. »
S. Paoli - Vous souriez en répondant à la question que je vous pose. Ça veut dire que vous avez en réalité éludé la question...
- « Non. »
S. Paoli - Si. La question que je vous pose c'est de savoir au fond, comment vous envisagez votre avenir ? Vous savez bien...
- « C'est autre chose. »
S. Paoli - Mais oui ...
- « Mais mon avenir est secondaire par rapport à l'enjeu national. »
S. Paoli - Pas sûr, pas sûr ! Quand je pose la question de savoir si, au fond, les électeurs de l'extrême droite vont voter entre deux hommes, je crois que c'est ça l'enjeu pour vous.
- « Oui, non mais je vais répondre également bien sûr à cette question, mais vous faites je crois une erreur grave d'analyse en pensant que c'est un problème d'hommes. Ce n'est pas un problème d'hommes. C'est un problème politique, fondamental, c'est de savoir ce qu'on veut faire dans la bataille politique quand on dirige un mouvement comme l'ancien Front national. Est-ce qu'on veut gérer son petit patrimoine pépère, pour en tirer des petits avantages familiaux ? Ça c'est l'option de M. Le Pen. Est-ce qu'on veut porter les idées qui sont les siennes au pouvoir ? C'est notre option. »
S. Paoli - La querelle des anciens et des modernes à l'extrême droite ?
- « C'est la querelle entre ceux qui – entre M. Le Pen qui sert le système, l'établissement, la classe politique, à cause de ses outrances, de ses dérapages, "du détail", du "Durafour crématoire", de tout ce qui diabolisait nos idées... »
S. Paoli - Pourquoi ne l'avez-vous pas dénoncé en son temps tout ça ?
- « Je vais vous répondre là-dessus mais je termine mon propos : ... qui en quelque sorte bloquait la progression de notre mouvement, rendait service au socialistes en les maintenant au pouvoir, et notre option qui est celle d'un mouvement moderne, qui veut faire triompher ses idées et qui veut rassembler la totalité de la droite nationale et pas seulement les 15 % d'électeurs Front national qui étaient enfermés dans une espèce de ghetto mais aussi les 15 autres pour cents qui erraient d'élection en élection, soit vers de Villiers, soit vers Pasqua, soit vers Millon. Avant c'était pas possible et maintenant c'est possible car nous avons dressé un étendard autour duquel on pourra rassembler et les anciens électeurs de Le Pen et les anciens soutiens de M. de Villiers, de M. Pasqua, de M. Millon. »
S. Paoli - Vous revendiquez une droite républicaine mais pourquoi, encore une fois, en son temps, n'avoir pas dénoncé tout ce que vous évoquez à l'instant : "le détail", le "Durafour crématoire" j'en passe et des pires ?!
- « Oui, on ne va pas revenir sur le passé. »
S. Paoli - Attendez... Pourquoi pas ?
- « J'ai été membre du Front national à l'époque de M. Le Pen. J'assume ce passé ; je ne suis pas quelqu'un qui crache dans la soupe, j'assume ce passé, même si je n'étais pas nécessairement d'accord avec tout ce qui a pu être fait ou dit à l'époque. Mais je ne suis pas celui qui va revenir pour commencer à décortiquer et pour cracher dans la soupe. Ça n'est pas mon propos. »
S. Paoli - Mais la composition de votre liste, encore une fois, il y a sur votre liste des hommes et des femmes qui ont hautement revendiqué leur appartenance à l'extrême droite. Certains même qui sont des nostalgiques du IIIe Reich ! Ce n'est pas très républicain ça... ?!
- « C'est totalement faux, totalement faux ! Que je sache, par ailleurs, on ne va pas rechercher les activités de M. Madelin ou d'un certain nombre de ténors socialistes dans leur jeunesse, qui étaient dans des mouvements d'extrême gauche ou d'extrême droite... »
S. Paoli - On le dit, on le dit. En tout cas, ici, on le dit. Moi ça ne me gêne pas du tout de…
- « Très bien mais ça n'apporte pas opprobre sur ces partis en question. Donc je vous demande de me traiter de la même façon. »
S. Paoli - Venons-en au programme : au fond qu'avez-vous de différent de Le Pen sur les européennes ?
- « S'agissant du programme, c'est très difficile de répondre à votre question puisque, comme vous l'avez dit, c'est moi et mes amis qui avons rédigé le programme. Nous sommes partis avec. M. Le Pen n'a plus de programme pour les européennes. Notre programme pour les européennes – je l'ai esquissé, il est assez long mais il est rédigé – c'est un document de 220 pages, qui est d'ailleurs en vente en kiosque dans notre pays. C'est l'Europe des nations. Bon, M. Le Pen je ne sais pas ce que c'est que son programme. Je voudrais lui demander de faire des propositions ; il est incapable de faire des propositions car il n'a jamais adopté une autre attitude que celle de la protestation. C'est la raison pour laquelle, je le dis, le vote Le Pen comme le vote Pasqua – parce qu'il faudrait en dire un mot aussi – c'est un vote cul-de-sac, un vote qui débouche sur rien du tout parce qu'au lendemain du 13 juin, ils ne feront rien de leurs voix. D'ailleurs l'un comme l'autre ne siégeront même pas à l'Assemblée européenne puisque M. Pasqua est sénateur et il restera sénateur. Et que M. Le Pen sera rattrapé par toutes sortes d'affaires, notamment son inéligibilité liée à l'affaire de Mantes-la-Jolie, au "détail de Munich" etc. »
S. Paoli - Non, mais vous M. Mégret ? Encore une fois...
- « Moi je siégeais, je siège, je continuerai à siéger. »
S. Paoli - Mais il faut se méfier des sondages, car on a vu aussi un peu leurs limites. Mais…
- « Oui, vous avez raison. »
S. Paoli - Mais pour l'instant, le Front national est crédité de 8 %. Vous, apparemment vous ...
- « Votre collègue a dit 7 % tout à l'heure. »
S. Paoli - Bon, allez 7-8, d'accord...
- « Oui, non mais pour Le Pen on prend la fourchette haute et pour moi on prend la fourchette basse. Alors je veux bien mais on ne parle jamais du sondage qui nous a mis à 6,5 ou à 7, je crois ! »
S. Paoli - Bon, d'accord. Oui mais le dernier sondage publié ne vous met pas aux 5 % nécessaires pour être présent à Strasbourg. Alors quid de votre avenir ? C'est vous qui avez fait le programme du Front national et c'est vous qui ne serez pas à Strasbourg, et vous avez vu que J.-M. Le Pen dit qu'il aura jeudi aussi l'argent de l'aide publique…
- « Oui, alors ça je sais que Le Pen est obsédé par l'argent. C'est une question qui est absolument majeure pour lui, ça vient généralement avant tout le reste. Moi ce n'est pas du tout mon propos. Je constate simplement que s'il a l'argent, c'est bien la preuve que les socialistes le soutiennent à bout de bras. Parce qu'il est scandaleux de donner cette subvention alors que l'appel n'a pas été jugé, que M. Le Pen, dans les années qui viennent, dans les mois qui viennent, va être progressivement abandonné de toute la substance du mouvement et qu'il va se retrouver tout seul avec ses 41 millions de francs tous les ans. C'est complètement absurde cette affaire ! »
S. Paoli - Et vous, si vous n'avez pas les 5 %, que faites-vous ?
- « J'aurai les 5 %. Ces sondages sont bidons ! Les sondages n'ont jamais été capables de prédire l'émergence d'une liste nouvelle. Nous sommes un mouvement nouveau. Il faut être bien conscient de ça. C'est une nouvelle donne politique que l'émergence du Mouvement national ; c'est la possibilité de rassembler les 20 à 25 % des voix de la droite nationale. Alors ça va se faire en plusieurs étapes mais c'est la raison pour laquelle je dis aux électeurs qui m'écoutent, les électeurs de l'ancien Front national, les électeurs qui partagent les idées de défense de la Nation, que le vote pour notre liste est capital. Et plus nous aurons de voix plus ce renouveau de la droite nationale se fera rapidement et plus il sera possible de faire vite. Le grand rassemblement de la droite nationale qui pourra porter ses idées au pouvoir. »
S. Paoli - Parce que vous, vous vous voyez déjà à la tête d'un grand mouvement de droite nationale ? Vous pensez que MM. de Villiers, Pasqua, Le Pen et ceux qui l'accompagnent vont vous laisser faire ?
- « D'abord M. Pasqua et M. de Villiers c'est une imposture, il faut être clair ! M. Pasqua c'est quelqu'un qui se prétend contre Maastricht, contre Amsterdam, contre l'euro, contre l'Europe de Bruxelles. Alors c'est vrai qu'en 92, il avait fait campagne contre Maastricht. Mais en 93, qu'a-t-il fait ? Il est rentré au Gouvernement de Balladur et il a appliqué le Traité de Maastricht. Il est contre l'euro et qu'est-ce qu'il a fait au Gouvernement de Balladur ? Il a pris, collectivement avec ce Gouvernement, la décision de l'Institut monétaire d'émission. Donc M. Pasqua, c'est l'intermittent du patriotisme. Dans l'opposition, on est patriote pour avoir des voix, au pouvoir pour être ministre, on cesse de l'être. C'est tout à fait scandaleux ! D'autant qu'il est pour la régularisation générale de tous les clandestins : M. Pasqua est pour le Pacs ! Alors que je sache M. de Villiers n'est pas contre. D'ailleurs, je ne sais pas si vous savez quelle est la condition qu'a mise M. Pasqua à l'arrivée sur sa liste de M. de Villiers ? Qu'il renonce à parler du combat pour les valeurs car c'est très mal vu dans les HLM des Hauts-de-Seine. »
S. Paoli - Vous voyez qu'ils sont comme vous parfois, ils ne se retournent pas vers leur passé...