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Q - Vous êtes en campagne depuis janvier. Que vous ont appris les meetings ? Quelles sont les préoccupations de ceux qui viennent vous entendre, vous et Arlette Laguiller ?
Notre campagne dépasse de beaucoup ce qu'on appelle l'extrême gauche. Les sympathisants sont minoritaires. On a souvent des gens dont c'est le premier meeting. On a aussi des militants politisés, les plus nombreux viennent du PC, d'autres de chez les écologistes. On retrouve aussi les animateurs des mouvements sociaux, de Sud, de la FSU, des collectifs de chômeurs. Beaucoup de gens veulent voir Arlette en vrai. Tout ça est extrêmement positif. On a constaté qu'ils n'avaient pas un intérêt énorme pour l'Europe. En revanche, ce qui les préoccupe, c'est le chômage, la précarité, les 35 heures. Et le Kosovo. D'ailleurs, un peu moins maintenant.
Q - Vous apparaissez comme des antieuropéens.
On est pour l'Europe. Pas celle de Maastricht, qui est la négation de l'Europe sociale. On est internationalistes. Notre problème, ce n'est pas de sauver notre banquier, notre patron. L'Europe qu'on va élire n'a pratiquement pas de pouvoir.
Q - Si le Parlement européen n'a pas de pouvoir, pourquoi aller voter ? Que diriez-vous aux 39 % de Français qui ne sont pas intéressés par ce scrutin ?
Cette élection sert à deux niveaux. D'abord, il faut qu'il y ait des députés qui viennent mettre un coup de pied dans la fourmilière, qu'ils fassent entendre la voix des « sans », qu'ils débusquent des dossiers. Tout est opaque. Ce sera aussi l'occasion de faire des propositions. On va demander un Smic européen, en partant du plus haut.
Q - N'êtes-vous pas des rêveurs, des démagos, qui veulent tout, gagner plus, travailler moins ?
Il n'y a que les conservateurs qui ne rêvent plus ! Il faut voir la réalité : les grosses entreprises font de très hauts profits, licencient. Regardez Elf, regardez Alcatel et toutes les autres. C'est une injustice sociale. C'est vrai que toutes les mesures qu'on propose coûtent de l'argent. Mais c'est un choix politique. Taxer les capitaux spéculatifs, c'est un choix politique. Il y a une révolution fiscale à faire en France. On met en avant les moyens de la financer. Mais c'est une épreuve de force avec le patronat. La lutte des classes, elle existe !
Q - Si vous êtes élus, avec qui allez-vous siéger ? Avec les communistes ?
On ne sait pas. À mon avis, ailleurs, il n'y aura pas d'élus d'extrême gauche. On n'en a pas encore parlé. On attend le 13 juin au soir.
Q - Vous dites que de nombreux militants communistes viennent dans vos meetings. Pourquoi ?
Il y a un malaise considérable chez eux. La politique du PC est illisible. La direction est au gouvernement, solidaire des privatisations, et les militants sont avec nous, sur le terrain des luttes sociales. La liste de Robert Hue est illisible, elle n'est ni pour le gouvernement, ni contre, ni pour la guerre, ni contre. Les ministres communistes ont tout voté. ils sont complices de tous, ils sont stériles. C'est en dehors du gouvernement qu'on peut peser.
Q - Les derniers sondages vous créditent de 4,5 à 6,5 %. Qu'est-ce qui serait pour vous un score satisfaisant ?
Il faut que l'on fasse plus de 5 % (NDLR : le score d'Arlette Laguiller à la présidentielle). C'est une élection difficile. 7, 8 ou 9 % ce serait bien.
Q - Quelle est l'avenir de votre liste ? Un grand parti « à gauche de la gauche » ?
Entre LO et la LCR, il existe des divergences, sinon on serait dans le même parti. L'avenir dépendra du score. S'il est gros, il aura des répercussions sur toute la gauche. Il faut regrouper dans un même parti tous ceux qui combattent le capitalisme. Qui sont orphelins d'un débouché politique. Ce ne sera pas l'addition simple de LO et de la LCR. Ce sont les gens qui vont nous pousser. Mais pour le moment, il est trop tôt.