Interview de M. Bruno Mégret, président du Mouvement national, à RTL le 28 mai 1999, sur sa stratégie électorale pour les élections européennes, la liste de MM. Pasqua et de Villiers et son opposition à M. Jean-Marie Le Pen .

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q - Ne visez-vous pas un peu trop haut quand vous déclarez pouvoir rassembler 20 à 25 % des voix aux prochaines élections européennes ?

– « Non, je n'ai jamais dit cela pour les prochaines élections européennes. J'ai dit que, avec la rénovation du Front national qui est intervenue à Marignane, le fossé qui séparait les électeurs du Front national – fossé creusé par les outrances de J.-M. Le Pen – avait commencé à se combler et qu'il y avait maintenant la possibilité autour de notre étendard de rassembler à terme les électeurs, les anciens électeurs de J.-M. Le Pen et les anciens soutiens de M. Millon, de M. de Villiers ou de M. Pasqua. Et nous sommes en effet les seuls à pouvoir le faire. Et c'est la nouvelle donne politique qui résulte de cette rénovation du Front national. »

Q - Donc vous en tenez aux dernières intentions de vote pour les européennes, soit 3 % de voix ?

– « Non pas du tout non plus, car ces sondages, vous le savez très bien, c'est une boussole folle, ça ne donne rien. Tous les observateurs le constatent. Il y a des incohérences totales. D'autant que les sondages n'ont jamais pu prévoir à l'avance l'émergence d'une nouvelle liste – c'était le cas en 84 avec la liste du Front national ou avec celle de de Villiers ou de Tapie lors de la dernière européenne. Donc nous avons eu un vrai sondage grandeur nature, c'était l'élection partielle de Sainte-Marie-aux-Mines, la seule qu'il y ait eu récemment, qui nous a donné 25 % des voix, 2 % à Le Pen. »

Q - En quoi vous distinguez-vous dans vos arguments de ceux de Le Pen ? Par exemple, quand on prend la condamnation de Milosevic votre critique est identique à celle de Le Pen ?

– « Oui, enfin moi je n'ai pas envoyé mon adjoint auprès de Milosevic à Belgrade. Je condamne M. Milosevic et sa politique. Mais la grande différence qu'il existe entre M. Le Pen et nous, c'est que lui c'est l'extrême-droite et nous c'est la droite nationale. Et M. Le Pen sert maintenant depuis un certain nombre d'années le système, l'établissement, le pouvoir socialiste en diabolisant les idées, en bloquant l'évolution de notre mouvement. Et c'est la raison pour laquelle d'ailleurs il est soutenu à bout de bras par le système. »

Q - Vous, vous n'êtes plus l'extrême droite ?

– « Mais je ne l'ai jamais été. Et le programme qui est le nôtre aujourd'hui et que moi et mes amis avions rédigé en son temps, nous sommes partis avec. Et c'est la raison pour laquelle, aujourd'hui, nous incarnons l'avenir de nos idées. Il faut que les électeurs de l'ancien FN comprennent bien cette réalité fondamentale : voter pour Le Pen ça ne sert à rien car au lendemain du 13 juin il ne ferait rien de ses voix. Et nous, nous pouvons assurer l'avenir et le renouveau de notre famille politique. Nous avons la possibilité maintenant de porter nos idées au pouvoir. D'autant que voter Pasqua c'est vraiment la pire des erreurs à faire. M. Pasqua dans cette affaire pratique l'imposture. Voilà un homme qui se prétend contre Bruxelles, contre l'Europe de Bruxelles, qui avait en effet combattu Maastricht en 92. Mais en 93 qu'a-t-il fait ? Il était au gouvernement de Balladur et il a mis en oeuvre le Traité de Maastricht qu'il jugeait mauvais pourtant pour la France ! M. Pasqua de surcroît est pour la régularisation générale des clandestins et pour le Pacs. Et je me demande ce que font les électeurs de M. de Villiers derrière une telle candidature ! »

Q - Vous venez de dire que vous n'avez jamais été d'extrême droite, or vous avez appartenu quand même au Front national et vous venez de déclarer « que M. Le Pen représentait un parti d'extrême droite ». Enfin, ça c'est une parenthèse. Cela dit, est-ce que le 13 juin vous souhaitez additionner vos voix à celles de M. Le Pen ?

– « Le 13 juin il faut bien comprendre que ce qu'il faudra additionner ce sont les voix de l'ensemble de ceux qui, à droite refusent l'Europe de Bruxelles. Donc je pense qu'il faudra additionner nos voix à celles de Le Pen, à celles de Pasqua, et Le Pen et Pasqua étant amenés à disparaître, autant voter directement pour la liste qui incarne l'avenir. Car je rappelle que M. Pasqua ne siégera même pas à l'Europe puisqu'il est sénateur, il démissionnera de son mandat de député européen. Et que M. Le Pen sera amené à être inéligible car les affaires suivent leurs cours et qu'il ne pourra pas non plus siéger. »