Texte intégral
Q. – Quel premier bilan tirez-vous de la participation des écologistes au gouvernement ?
R. – L’entrée des Verts au Parlement et leur participation au gouvernement ont incontestablement créé une attente ; par conséquent le bilan de Dominique Voynet est relativement ténu. Car son handicap est de ne pas disposer de suffisamment de pouvoir pour répondre à l’attente qu’elle a suscitée. Je remarque notamment que le moratoire qu’elle voulait imposer sur le programme autoroutier a été refusé par son collègue des Transports, Jean-Claude Gayssot et qu’elle vient de donner son feu vert au projet Vulcania cher à Valéry Giscard d’Estaing, alors que les Verts avaient mené campagne contre ce dossier.
Q. – À son actif, il y a l’arrêt du projet de canal Rhin-Rhône et de Superphénix…
R. – De toute façon, la mobilisation contre le canal à grand gabarit était telle depuis 25 ans qu’il allait finir par tomber, avec ou sans accord entre les Verts et le PS. Lionel Jospin n’a eu qu’à ramasser les fruits mûrs de cette mobilisation. Le seul dossier que l’on pourra mettre au crédit au crédit de cet accord, c’est Superphénix. Mais je n’y croirai vraiment que lorsque son cœur aura été complètement vidé du sodium qu’il contient.
Q. – Diriez-vous que la présence des Verts au gouvernement ne sert à rien ?
R. – Dominique Voynet et les Verts feront-ils mieux que leurs prédécesseurs ? À l’heure actuelle ils ne font pas mieux. Et je n’ai pas l’impression que la politique de Lionel Jospin se soit « écologisée », même si le Premier ministre applique une méthode différente. En revanche, c’est vrai que la participation des écologistes au gouvernement est de nature à donner un signe à la société.
Q - L’entrée d’écologistes au Parlement ne marque-t-elle pas, cependant, une avancée dans la vie politique française ?
R - Je ne vois pas. Les députés Verts n’ont été élus que grâce aux électeurs socialistes et communistes. Sinon, avec le mode de scrutin actuel, ils ne l’auraient jamais été. Et s’ils veulent être réélus, demain, ils devront s’adapter à la composante dominante de leur électorat qui n’est pas écologiste mais « gauche plurielle ». Ils ont choisi la voie d’un renoncement à leur propre identité plutôt que celle d’un attachement fort à l’écologie. Mais ils doivent aller au bout de leur échec et de leur expérience gouvernementale.
Q. – Les partis écologistes ont du mal à se faire entendre des électeurs…
R. – L’écologie politique ne pourra s’affirmer en France que s’il se crée un vrai électorat écologiste. Or, cela n’est possible que si l’ensemble du mouvement écologiste sait se rapprocher tout en respectant les sensibilités de chacun.
Q. – En créant une confédération écologiste de type UDF ?
R. – Autant je suis opposé au parti unique, autant je crois en un accord des différentes sensibilités au sein d’une grande confédération. Il faut en effet que chacun accepte qu’il puisse y avoir, dans l’écologie, des sensibilités diverses.
Q. – Ne prêchez-vous pas dans le désert, notamment à l’approche des élections régionales ?
R. – C’est vrai qu’il est aujourd’hui difficile de ses faire entendre lorsque je propose aux écologistes de se rassembler sur une liste unique pour les élections régionales. Les Verts veulent renouveler leur alliance avec la gauche plurielle et Brice Lalonde a choisi de figurer, avec M. Madelin, sur des listes UDF-RPR. Or, ces deux démarches se font contre les écologistes.