Interview de M. Brice Lalonde, président de Génération écologie, dans "Midi Libre" du 7 avril 1997, sur le positionnement politique de l'écologie et les tendances des mouvements écologistes.

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Média : Le Midi Libre - Midi libre - Presse régionale

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Midi Libre : Vos appels contre le redémarrage de Phénix à Marcoule sont-ils l’expression de votre opposition totale au nucléaire ?

Brice Lalonde : Pour l’avenir de mon pays, je pense qu’il faut sortir de l’affrontement stérile entre pro et anti-nucléaire. Il faut une remise à plat du problème, en parallèle avec un regard international sur les questions de sécurité. Il n’existe pas de loi nucléaire en France et il serait bon que l’on s’y attelle, pour une meilleure transparence. J’estime que la France doit être le « chevalier blanc » du nucléaire dans le monde.

Midi Libre : Que pensez-vous de l’action de Corinne Lepage, votre successeur au ministère de l’environnement ?

Brice Lalonde : Je suis très préoccupé par le recul de la politique gouvernementale en matière d’environnement. Est-ce à cause de la crise économique ? De l’actuel Gouvernement ? De la personne même du ministre ? Je l’ignore. Mais il faut comprendre que l’environnement fait partie d’une politique moderne de développement et qu’il faut partager entre régions, en France et dans le monde.

Midi Libre : Comment l’écologie doit-elle se positionner politiquement ?

Brice Lalonde : Pour nous, l’écologie doit être indépendante. On peut travailler avec d’autres, mais il ne faut pas nous mettre en situation de satellite, comme les Verts avec le PS.

Midi Libre : Les écologistes sont-ils encore crédibles ?

Brice Lalonde : L’ONU et l’OCDE font régulièrement appel à moi en terme d’expertise. Mais le système politique est en crise. Certes, les divisions ont nui aux écologistes. Mais à présent que l’on sait que Dominique Voynet est à l’extrême gauche et que nous nous positionnons ailleurs, il y a une plus grande clarté. Les écologistes doivent susciter des forces nouvelles. Dans 6 mois, si nous nous rassemblons, nous serons crédibles pour aborder les élections législatives de l’année prochaine.