Discours de M. Charles Millon, ministre de la défense, sur le dynamisme de l'innovation au sein du ministère de la défense, Paris le 1er avril 1997.

Prononcé le 1er avril 1997

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Circonstance : Prix de l'audace décerné par la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque, le 1er avril 1997

Texte intégral

Il y a 56 ans à Koufka le Commandant Leclerc, par une manoeuvre d'une grande audace, remportait avec une poignée d'hommes mal équipés une victoire éclatante sur un adversaire largement supérieur en effectifs et en matériels.

Prononçant alors le serment de ne cesser le combat qu'après avoir libéré Strasbourg, il s'élançait dans cette glorieuse épopée qui, par l'Afrique du Nord, la Normandie, Paris et l'Alsace devait le conduire jusqu'à Berchtesgaden à la tête de la 2ème division blindée à laquelle il avait su imprimer son courage, sa ténacité et son imagination.

Aujourd'hui la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque, dont la vocation est de pérenniser les traditions de la Division Leclerc, décerne pour la troisième fois son Prix de l'Audace à des innovateurs de la Défense dont les réalisations ont été primées parmi celles déjà remarquées par les chefs d'états-majors et les directeurs centraux.

Je félicite très chaleureusement tous les lauréats pour la qualité des services qu'ils ont ainsi rendus à la Défense car une société ne survit que par sa capacité à innover.

La diversité de leurs statuts, de leurs grades et de leurs fonctions nous rappelle, si besoin est, que l'innovation est à la portée de tous les civils et militaires de la Défense.

J'ai pu constater au cours de mes visites dans les armées que les innovateurs sont nombreux et je sais que beaucoup sont venus aujourd'hui féliciter leurs camarades.

C'est pourquoi je tiens à associer à l'hommage rendu aux lauréats du Prix de l'Audace tous ceux qui dans les trois armées, la gendarmerie, la délégation générale pour l'armement et le service de santé des armées consacrent avec générosité et ténacité leur imagination, leurs compétences et leur expérience à la conception, à la réalisation et à la valorisation de nos équipements, de nos techniques et de nos procédures.

Pour permettre aux innovateurs de mener à bien des projets qui n'entrent pas directement dans le champ des études menées dans le cadre institutionnel, un de mes prédécesseurs, André Giraud, a créé en 1988 et confié au vice-amiral Le Pichon la mission Innovation.

Dirigée aujourd'hui par le général Bonavita et efficacement soutenue par la Délégation Générale pour l'Armement, la mission a pour but d'apporter aux innovateurs un soutien financier, juridique, administratif voire technologique par le biais des contacts qu'elle peut établir entre eux ou avec les organismes compétents.

À ce jour, déjà près de 1200 innovateurs ont déposé plus de 700 projets dont presque 500 ont été soutenus par la mission Innovation après expertise de leur intérêt par les états-majors ou les directions.

La plupart ont pu être entrepris trois à quatre mois après leur présentation grâce à une procédure très simple et menés à terme en un peu plus d'un an grâce à l'opiniâtreté de leurs auteurs.

Le nombre de projets et la célérité de leur réalisation reflètent le dynamisme de l'innovation au sein du ministère de la Défense. Nous devons non seulement entretenir mais encore accentuer cette dynamique qui a déjà permis de sauver bien des vies humaines, de tirer le meilleur parti de nos moyens, voire en réduire les coûts comme l'ont montré les économies très substantielles réalisées par certaines innovations. Je peux préciser que le gain obtenu par une seule d'entre elles dépasse largement le budget de la Mission depuis sa création.

Il existe chez chacun un besoin spontané d'expression créative, Confrontés à la réalité de la mise en oeuvre des matériels, souvent au péril de leur vie, et attentifs aux besoins de la Défense, nos personnels ont un réel potentiel de créativité qu'il nous appartient de mettre en valeur. Nous le ferons en étant ouverts à tous les projets, en aidant à les faire mieux correspondre aux besoins prioritaires de nos forces, en accompagnant la réalisation de ceux qui ont été retenus afin de les rendre encore plus performants.

Il est du devoir du chef d'être à l'écoute de ses subordonnés et de saisir toute occasion pour mettre en valeur leurs qualités. L'innovation fait partie des qualités majeures parce qu'elle développe l'imagination dans sa forme la plus créatrice, celle qui permet dans tous les domaines d'anticiper sur l'événement, celle qui, lorsque vient l'heure de l'engagement opérationnel donne un atout décisif pour devancer l'adversaire sur le terrain, économiser les vies et assurer le maintien de la paix.

Voici pourquoi j'ai tenu à présider ce soir la cérémonie du Prix de l'Audace et à remettre une lettre de félicitations à chacun des lauréats.