Déclaration de M. Philippe Séguin, président du RPR, sur la politique gouvernementale, la rénovation du RPR et la préparation des élections régionales, Paris le 13 décembre 1997.

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Circonstance : Conseil national du RPR à Paris le 13 décembre 1997

Texte intégral

Mes chers compagnons,

Je me réjouis de vous retrouver. D’autant que nous avons aujourd’hui beaucoup de pain sur la planche...

Ce conseil national est l’avant-dernier avant la tenue de nos assises. Nous nous réunirons à nouveau, le 17 janvier, pour boucler nos investitures régionales, pour mettre la dernière main à l’organisation de nos assises et pour voter notre budget 1998.

Aujourd’hui, il va nous revenir de les convoquer, étant précisé qu’elles se dérouleront à la Porte de Versailles, les 31 janvier et 1er février.

Auparavant, je vous aurai proposé d’arrêter les noms de nos têtes de liste pour les élections régionales.

Cette rencontre sera donc l’occasion de vous rendre compte de l’activité et des conclusions de notre commission d’investiture et d’évoquer les conditions dans lesquelles se présentent les prochaines échéances électorales. Mais nous procéderons, aussi et surtout, à un bilan du débat qui vient de se dérouler dans l’ensemble de nos circonscriptions sous la responsabilité de Charles Pasqua. Ces deux processus sont, d’ailleurs, étroitement liés. Nos assises sont à leur confluence : elles tireront les conséquences du débat en même temps qu’elles donneront le véritable coup d’envoi de notre campagne régionale et cantonale.

Il est vrai que nous avons eu, que nous avons encore à faire face, à un calendrier extrêmement tendu qui nous a contraint à conduire de front notre effort de réflexion et notre mise en ordre de bataille.

La tâche était d’autant plus complexe que la réaffirmation de nos valeurs, la mise à jour de notre projet, la préparation des élections elle-même ne devaient en aucun cas nous détourner de notre devoir d’opposants. Notre démarche vise, au contraire, à donner à la fonction d’opposition sa pleine signification : critique du gouvernement actuel et définition, simultanément, d’une alternative crédible à sa politique.

Cela dit, l’effort de rénovation du mouvement et sa première traduction doivent s’apprécier à la lumière de l’évolution de la situation politique de la France.

Depuis notre récent conseil national, celle-ci a commencé à se décanter. Nous avons eu la confirmation des erreurs d’orientations de l’action gouvernementale. Derrière l’apparente modernité du style, les décisions prises consacrent la victoire des préjugés idéologiques sur le plus élémentaire bon sens : les 35 heures imposées au détriment de l’intérêt des entreprises et du dialogue social, les emplois publics au rabais instaurés en lieu et place des véritables emplois de service, la taxation des forces vives de la nation, les initiatives déplorables en matière de nationalité et d’immigration ...

Parallèlement, nous percevons les premiers signes d’un frémissement de l’opinion. Un frémissement qui n’est rien d’autre qu’un retour à une appréciation plus objective des initiatives du gouvernement et une attention nouvelle qui se porte à notre propre discours

Certes, les sondages demeurent favorables au pouvoir socialiste. Certes, l’opposition demeure l’objet des apitoiements feints et ironiques de la majorité et de ses admirateurs qui continuent de vouloir croire, ou de faire croire, à notre irrémédiable effacement...

Pour autant, les yeux commencent à se dessiller.

Si je voulais résumer l’état d’esprit actuel, je dirais qu’un attentisme bienveillant se maintient, mais que l’on voit parallèlement monter les réticences, voire l’irritation d’une part grandissante de l’opinion devant les plus récentes mesures gouvernementales.

Mesures qui font vaciller la confiance dans les orientations retenues, à défaut de semer le doute sur la méthode…

Les Français commencent à prendre la mesure de l’incroyable matraquage dont des catégories entières de la population vont être l’objet, et notamment celles qui créent des richesses et des emplois : les entreprises, les familles, sans oublier au passage ceux qui n’ont aucune échappatoire : les retraités ou les veuves.

Les Français commencent à comprendre que s’amorce une reprise de la hausse en spirale des impôts, à contre-courant des efforts lancés par les gouvernements précédents.

Le premier moment d’intérêt passé, et les réactions de leurs élus locaux aidant, ils pressentent que les emplois jeunes ne sont pas une aussi bonne opération qu’ils l’avaient d’abord cru. Et ils sont nombreux à s’interroger sur l’opportunité de la création, à terme, et dans les plus mauvaises conditions possibles, de centaines de milliers d’emplois publics déguisés. Tant il est vrai que ces « vrais faux » emplois ne sont jamais que de mauvais stages d’entrée dans la fonction publique, qui ne produiront, au final, que problèmes, déceptions et frustrations. Le plus détestable dans cette démarche étant encore d’accréditer dans l’esprit des jeunes que c’est l’État qui crée l’emploi !

Et puis, les Français, dans leur sagesse n’ont pas mis beaucoup de temps à comprendre, et à montrer leur scepticisme devant les effets allégués, en termes d’emploi, des 35 heures. La promesse des promesses, celle qui fait de nous la risée de l’Europe et qui plonge nos entrepreneurs dans le plus grand désarroi.

Leur instinct leur dit que ce n’est pas au moment où leur pays doit affronter une implacable guerre économique qu’il convient de réduire ses armes, son engagement, sa mobilisation.

Il est vrai que le gouvernement lui-même ne sait plus, au juste, pourquoi il a décidé d’imposer les 35 heures. Mme Aubry, à qui l’on demandait, il y a quelques jours comment les entreprises pourraient bien s’y prendre pour absorber plus de 11 % de coûts salariaux supplémentaires, a répondu que l’on n’avait rien compris... Les entreprises, a-t-elle dit, devront faire des efforts de productivité. Donc supprimer des emplois ! Comprenne qui pourra ! Mais la boucle est bouclée !

Et ce ne sont pas les cris de victoire poussés à l’issue du sommet de Luxembourg qui suffiront à donner le change. Parce que Luxembourg a surtout démontré l’isolement de la France dans le concert européen, une France transformée en laboratoire pour une alchimie économique aux résultats incertains… Parce que Luxembourg marque surtout le renoncement du gouvernement à réorienter l’union monétaire vers la stimulation de la croissance et de l’emploi. En fait, cette rencontre n’aura servi qu’à une chose : masquer l’abandon des quatre conditions posées par le candidat Jospin à l’entrée en vigueur de la monnaie unique. On aura troqué des préoccupations – dont certaines étaient fort légitimes contre quelques généralités oiseuses.

Le gouvernement aura évidemment plus de mal à dissimuler son autre revirement sur la fiscalité de l’assurance-vie, et surtout, surtout sur les fonds de pension. Le voilà en effet converti à la nécessité impérieuse de ce qu’il avait toujours condamné... Il est vrai qu’il lui faut bien, d’urgence, trouver quelques compensations aux épreuves qu’il a déjà infligées aux entreprises et trouver une parade aux OPA étrangères qui s’annoncent. Mais que de temps perdu ! Et quelle détestable impression de navigation à la godille !

Restent, évidemment, les projets censés répondre aux attentes supposées du peuple « de gauche »… Des projets qui sont aussi encombrés de symboles que leur contenu réel est néfaste. Là encore, les Français n’ont pas été dupes...

Voyez la manière dont le gouvernement a esquivé tout débat de fond sur la nationalité. Les Français l’ont pourtant réclamé. Quoi d’étonnant ? Ils ont peut-être envie qu’on leur parle un peu de la France. Ils ont peut-être envie que l’on dise, clairement, fermement, ce que signifie être français, devenir français. Ce n’est pas l’entrée dans un club, d’où l’on espère tirer quelques avantages. Devenir français, c’est adhérer à un projet, à une grande ambition collective, et aux valeurs qui les inspirent. Ce n’est pas seulement recevoir. C’est aussi donner, apporter quelque chose aux autres, consentir des efforts, parfois des sacrifices. Ce n’est pas un droit. C’est un privilège, un privilège qu’il faut accorder généreusement, plus généreusement que les autres, parce que la France est la France et parce qu’il est bien qu’elle soit généreuse. Mais c’est un privilège tout de même.

Il y a eu enfin l’immigration. Les socialistes ont rouvert la boîte de Pandore. Ils ont relancé la machine infernale que nous avions tenté de maîtriser. Le gouvernement prétend stabiliser les flux, quand en réalité, il crée des dispositifs qui vont aggraver l’immigration clandestine. Le sommet de l’ambiguïté étant atteint avec la réforme annoncée du droit d’asile, où, sous couleur d’intentions humanitaires, on se propose de brouiller complètement la notion de réfugié, de lui ôter toute portée, et d’en faire la porte ouverte à tous les excès...

Alors, oui, les Français commencent à comprendre.

Ils commencent à comprendre que le gouvernement est un gouvernement enfermé dans le plus étroit des dogmatismes.

Comment s’en étonner d’ailleurs ? Si François Mitterrand a presque répudié Lionel Jospin, bien avant que celui-ci, sur le tard, imagine la théorie de l’inventaire, et ne tente de faire croire qu’il s’était éloigné de son plein gré, c’est bien parce qu’il le jugeait lui-même trop enclin au dogmatisme ? Et ceux qui sont au gouvernement, aujourd’hui, sont les plus dogmatiques d’entre tous. Les « éléphants » du parti, ceux qui en avaient vu de toutes les couleurs depuis 1981 et qui en avaient retiré un début d’apprentissage de la sagesse, ont été écartés au profit d’une génération bardée de certitudes…

Mais ces certitudes sont de vieilles certitudes. Ce sont même de vieilles lunes. Ce ne sont plus des éléphants qui nous gouvernent. Ce sont carrément, et pour le coup, de jeunes « mammouths ».

Tous les mots ont leur sens.

Lorsque M. Jospin dit qu’il est fier de compter des communistes dans son gouvernement, son propos n’est pas que de pure politesse...

Car le vrai rêve de M. Jospin, ce n’est rien d’autre que de refaire le Congrès de Tours à l’envers. De réunifier le Parti socialiste et le Parti communiste. Et d’escamoter ainsi presque quatre fois vingt ans d’Histoire, d’une histoire, cela tombe bien – qui n’est pas toujours très belle.

Oh, certes, M. Jospin et sa fameuse méthode tiennent encore le coup. L’honnêteté affichée, l’acharnement apparent au travail forment le dernier môle de résistance face aux réalités.

Mais, croyez-moi, mes chers compagnons : tout cela ne tiendra plus très longtemps.

Et M. Jospin en est le premier conscient – la stratégie politique qu’il a choisie en est la meilleure preuve.

Il innove, d’abord, en s’en prenant directement au chef de l’État – et non point seulement aux positions que celui-ci exprime, mais bien à son statut. C’est là ce qu’il faut retenir de la charge du Congrès de Brest : au-delà de son ton arrogant, c’est la théorie nouvelle des deux têtes de l’exécutif, l’interprétation néo-consulaire qui doit retenir l’attention : elle n’a qu’un seul et unique but : affaiblir et abaisser le président de la République et le principe d’unité qu’il incarne.

Faut-il rappeler à M. Jospin qui aime tant à donner des cours de droit constitutionnel, y compris en Conseil des ministres – que Jacques Chirac a reçu un mandat du peuple pour sept ans et qu’il a non seulement la faculté, mais le devoir de le remplir ? Faut-il rafraîchir la mémoire à tous ces ministres qui veulent maintenant bâillonner la parole présidentielle après que leurs prédécesseurs l’aient tant sollicitée sous les deux cohabitations précédentes ? Ce gouvernement a décidément des sincérités, des convictions, et une philosophie à géométrie variable.

Pour notre part, nous défendrons, aussi souvent que cela sera nécessaire, l’autorité du Président, ses pouvoirs, sa liberté d’appréciation et de décision. Que les socialistes le sachent : nous serons intraitables chaque fois que le chef de l’État sera attaqué.

Comme nous défendrons, d’ailleurs, les droits du Parlement. Les droits du Parlement avec lesquels je n’avais jamais douté pour ma part que ce gouvernement et ce Premier ministre prendraient quelques libertés... Ce pronostic est plus que vérifié, hélas ! La surcharge de l’ordre du jour et la désorganisation des travaux entraînée, au mépris de l’esprit même de la réforme constitutionnelle, par la logorrhée législative qui a saisi M. Jospin et ses ministres, sont à l’origine d’une remise en cause trop fréquente du droit d’amendement et du droit d’expression. Ces pratiques sont condamnables. Elles sont dangereuses. Et, sans préjudice d’autres initiatives que nous aurions à prendre, nous les dénonçons comme telles. Dans l’immédiat, j’adresse nos félicitations et nos remerciements à ceux de nos compagnons qui, dans des conditions exceptionnellement difficiles, se sont valeureusement élevés, à l’Assemblée nationale, contre le projet immigration.

Mais le Premier ministre ne s’en tient pas là. Il a aussi recours aux bonnes vieilles méthodes, aux bons gros procédés.

L’attaque en piqué de l’opposition…

En ayant recours à l’argument rebattu de ses liens supposés avec le Front national. Il s’agit tout à la fois de grossir les troupes de M. Le Pen et de discréditer l’opposition républicaine. Bref, d’affaiblir celle-ci et sur sa droite, et sur sa gauche. Aux uns, on donne à entendre que l’original – entendez le FN – vaut mieux que la copie supposée… Aux autres, on donne à penser que décidément UDF et RPR ne sont pas fréquentables. Ce sera tout bénéfice. La ficelle est un peu grosse, mais, comme disent les amis de la majorité plurielle, la fin justifie les moyens. Et puis ça a si souvent marché qu’il n’y a vraiment pas de raisons de se priver.

Rarement la manipulation aura été aussi grossière, aussi cynique, aussi scandaleuse,

Rarement, elle aura été aussi aisée à démonter…

Premier acte : on crée l’ambiance en procédant à la 27e transformation de la législation sur les flux migratoires. Pour faire bon poids, on réforme aussi le droit d’asile et le Code de la nationalité. Le chiffon est rouge, rouge écarlate, et on l’agite frénétiquement…

Deuxième acte : coup de sifflet du Premier ministre pour donner le départ de l’opération. Il ne fait pas dans le détail. L’accusation contre l’opposition contre ses prétendues relations coupables avec le Front national, il ne va pas la lancer n’importe où. Il choisit de le faire devant le CRIF. Et on ne me fera pas croire qu’il le fait par hasard, trop heureux de rajouter une accusation implicite d’antisémitisme à l’accusation habituelle de collusion...

Troisième acte : les thuriféraires du Premier ministre s’engouffrent dans la brèche et dénoncent le « trouble » de la droite. Ils mettent en exergue deux ou trois déclarations de comparses. Ils annoncent que face au Front national, la cacophonie a repris dans l’opposition.

Quatrième acte : le bon camarade de jeu des socialistes, l’infatigable compagnon de route, le bénéficiaire désigné de l’opération, M. Le Pen entre en lice. Il ne prend même pas la peine de faire dans l’originalité. Pour la grosse provocation qui doit donner tout son sens et toute son efficacité à l’opération Jospin, il se contente de reprendre l’ignoble argument du détail.

Et voilà, le décor est en place. Tant il est vrai que les intérêts de M. Jospin et ceux de M. Le Pen convergent magnifiquement. Et pour ceux qui en douteraient, M. Mégret serait là pour jouer les Saint-Jean Bouche d’or : le but du FN, nous a-t-il dit, est de marginaliser, et même d’éliminer le RPR et l’UDF…

Les choses sont on ne peut plus claires. Avec un air de déjà-vu. Car on nous l’a déjà faite.

Nous nous battrons pour nos idées, pour nos valeurs.

Nous combattrons donc les idéologues de l’extrême droite, leurs idées trompeuses et leurs fausses valeurs.

Et nous combattrons les apprentis sorciers de la majorité.
 
Et ce sera pour nous un seul et même combat...

M. Jospin prend le risque de faire le lit du Front national.

Cela fera une raison de plus de nous opposer à lui.

Et un encouragement de plus à préparer nos propositions, à construire notre projet, à réaffirmer nos valeurs, pour que les Français, dans l’inéluctable déception qui les attend, ne se détournent pas définitivement de la politique ou ne se tournent pas vers de mauvais prophètes. Pour qu’ils rallient, comme ils l’ont toujours fait dans les temps difficiles, le grand dessein du gaullisme, qui est un dessein moderne et national.
 
Nous devons donner une nouvelle jeunesse à la France. Ce fut toujours, de longue date, la mission des gaullistes. N’attendons rien des socialistes qui nous gouvernent : leurs idées sont vieilles, et ils ne brûlent que d’une chose, renouer avec les errances du passé, et pérenniser un système où l’on a les apparences – et les avantages – du gouvernement, mais où, en réalité, on ne gouverne rien, on ne maîtrise plus les choses.

Notre mouvement entre dans une phase décisive de sa rénovation. Son succès final se mesurera à sa capacité de rassembler. De rassembler le plus largement possible. En alliant le réalisme politique au goût de l’action. Et en donnant corps à un certain orgueil français, qui n’est rien d’autre qu’une fierté tournée vers l’avenir.

Mes chers compagnons

Dans ce climat politique qui tend donc à évoluer, notre mouvement a affirmé son opposition, dans les médias, dans le pays par l’intermédiaire de nos cadres et nos militants, mais aussi et surtout à l’Assemblée nationale et au Sénat par le biais de nos groupes parlementaires. Qu’il s’agisse du budget, de la loi sur le service national, du droit de la nationalité ou de la législation sur l’immigration, nous avons toujours été en première ligne, présents dans les débats, pugnaces dans les interventions. Le mérite en revient naturellement aux membres de nos groupes, que je tiens à féliciter, et plus particulièrement à leurs présidents Jean-Louis Debré et Josselin de Rohan, dont je salue, en votre nom, la capacité à mobiliser et à organiser.

Eu égard aux nécessités de l’action quotidienne, notre mouvement a eu d’autant plus de mérite à s’investir dans l’effort de réflexion sur les conditions de sa modernisation.

Il ne s’agissait ni de s’auto-flageller, pour reprendre une expression qui a fait fortune… ni de se renier. Je l’ai souvent dit : nous pouvons être fiers de ce que nous sommes et de ce que nous avons fait pour la France ? Et nous n’avons besoin pour exister ni de droit d’inventaire ni de repentir.

Mais il fallait, pour retrouver l’écoute de nos compatriotes, nous pencher, sérieusement, sur les raisons de notre insuccès, sur le renouvellement de nos idées, sur la modernisation de notre organisation.

Cela réclamait un effort de la part de nous tous. Cet effort a été accompli. Il a été accompli d’autant plus volontiers que chacun sait qu’on attend de notre mouvement ce qu’on en a toujours attendu : un projet politique fort, un discours d’opposant audible, incarné par une direction soudée.

Pour avoir participé moi-même – comme les autres membres de la direction provisoire, et les chargés de mission au débat qui avaient été nommés à cette fin – à plusieurs assemblées générales, j’ai pu constater que notre débat a été bien ressenti par nos militants, qui ont saisi l’occasion d’exprimer des attentes, des aspirations, des critiques et surtout des propositions…

C’est assez dire combien ce processus était nécessaire, même s’il avait été accueilli parfois avec perplexité ou ironie… J’ai la conviction qu’on ne se trompe jamais en rendant la parole aux militants, en préférant leur libre expression à la transmission d’une vérité décidée d’en haut. La véritable synthèse naît de la confrontation des idées, de l’échange des arguments. Le projet authentique naît de la participation de tous les militants à la réflexion et à la définition des valeurs. J’assume personnellement ce cheminement qui correspond à une vision moderne de la politique autant qu’il est enraciné dans la tradition historique du gaullisme – de la participation au recours au référendum.

Et je ne suis visiblement pas le seul à m’y reconnaître, si j’en juge par le bilan du débat lancé après nos assises de juillet et dont Charles Pasqua vous rendra compte…

En tout cas, à l’issue de cette consultation, une chose sera claire : la référence gaulliste demeurera notre ciment collectif. Nous ne nous rassemblerons pas pour céder à je ne sais quel repli identitaire, pour nous rétracter frileusement sur notre passé ; nous nous rassemblerons pour réaffirmer des valeurs qui sont plus modernes que jamais…

Nos militants nous disent qu’à l’heure où les défis immenses sont lancés au pays, nous devons plus que jamais croire en sa capacité à les relever d’abord par ses propres forces. Ni la mondialisation des échanges, ni les mutations technologiques, ni même la construction européenne ne condamnent la France à la disparition. Elles doivent au contraire stimuler l’énergie de notre nation. En mettant les États plus ouvertement en concurrence, elles les obligent à mettre en valeur tous leurs atouts, et à réduire leurs handicaps.

C’est dire combien l’évolution du monde – loin de nous conduire à la démission collective, à l’effacement, à la résignation – nous impose une France forte, consciente et fière de ses valeurs, décidée à faire entendre sa voix en Europe et dans le monde. C’est cette France-là que notre mouvement, dans ses profondeurs, entend promouvoir. Car de même que nous ne saurions subir passivement la mondialisation, nos militants ne veulent subir passivement la construction européenne. Engagés, grâce au général de Gaulle, dans cette aventure, notre devoir est d’y participer pleinement, en pesant toujours, résolument, sur ses orientations. L’Europe qu’il nous faut construire doit reposer, selon eux, sur la primauté du politique et non sur le seul pouvoir absolu de la compétence, masque avenant de la technocratie. Elle doit se tourner vers la réalisation de grands projets plus que vers la multiplication des règlements.

Elle doit être plus soucieuse des intérêts des peuples, et donc mettre la croissance et l’emploi au cœur de ses priorités : ce qui signifie bâtir une véritable identité commerciale, se doter d’une monnaie compétitive face au dollar et au yen, favoriser les regroupements d’entreprises dans les secteurs stratégiques. La vocation de l’Europe n’est pas de paralyser les initiatives nationales, mais, bien au contraire, de démultiplier nos forces pour pouvoir affronter victorieusement les réalités internationales ?

Nos militants l’ont dit sans ambiguïté : il nous faut, sur le plan européen comme sur le plan national, contribuer de manière décisive au grand retour de la politique, la vraie. La politique qui change le cours des choses… la politique qui façonne l’organisation de la vie collective… la politique qui réalise le nécessaire équilibre entre la protection de tous les citoyens et l’épanouissement de la liberté individuelle.

Et c’est au nom de cette conception de la politique que le mouvement estime devoir repenser le rôle de l’État. Non pour le minimiser, ou le réduire, sur la base de préjugés idéologiques absurdes. Mais tout simplement pour permettre une véritable incarnation de ces valeurs républicaines que sont la liberté, l’égalité des chances, la solidarité.

Car nous sommes dans une situation d’urgence : l’État est omniprésent lorsqu’il s’agit d’empêcher, et s’efface lorsqu’il faut exercer ses prérogatives régaliennes. Il réglemente, il contraint, il taxe à tout va, mais il renonce à manier l’autorité pour faire respecter la loi, assure, la sécurité, établir la primauté de l’État de droit, protéger les plus faibles. C’est ce contraste saisissant que nos compatriotes et nos militants n’acceptent plus. Et auquel ils nous demandent de mettre un terme en élaborant un projet politique qui donne à l’État plus d’efficacité, à l’entreprise plus de liberté, aux citoyens plus de responsabilité.

Dans ce contexte, dès qu’on leur parle de réforme éventuelle de la Constitution, nos adhérents émettent surtout la crainte de donner corps à la remise en cause de la suprématie présidentielle par nos adversaires.

Ils estiment que nous serons jugés non sur note capacité à dessiner de nouveaux contours institutionnels, mais sur notre aptitude à proposer une alternative crédible à la politique du gouvernement. Celle-ci repose, pour nos militants, sur une juste conciliation entre un État fort et une économie libre, une France fière d’elle-même et une Europe forgeant une identité politique, des institutions confortées et une administration transformée.

Et c’est pour bâtir ce projet – fondé sur l’union indissociable de la nation et des valeurs républicaines – que nous avons besoin d’un mouvement gaulliste. Notre raison d’être ne consiste pas à gérer un héritage mais à revivifier une inspiration, et à la traduire en des termes adaptés aux défis du présent.
C’est cette faculté d’adaptation qui a toujours fait la force de De Gaulle et du gaullisme ? Aussi est-ce au nom de cette ambition que nos circonscriptions, à de très larges majorités, se sont déclarées hostiles à la création d’un parti unique de l’opposition, au sein duquel nos valeurs fondatrices – et pour tout dire – notre originalité se dilueraient ? Notre mouvement se dit prêt en revanche, et même désireux d’approfondir l’union. De lui donner des formes nouvelles. Nous sommes donc disponibles, à tout moment, pour rechercher avec nos partenaire les structures et les modes de coordination originaux qui permettront d’atteindre cet objectif ? Pour autant, notre mouvement ne veut pas renoncer – en dépit de la chronique permanente de notre mort annoncée – à être un rassemblement, ouvert au-delà des origines et des sensibilités de ses membres, vers tous ceux qui partagent une conception de la vie politique reposant sur la recherche permanente de l’intérêt national et le service intransigeant de la République. Oui, le rassemblement reste au cœur de notre vocation, comme il sera plus que jamais au cœur de notre dénomination. Et c’est au nom de cette exigence que nos militants rejettent toute alliance avec le Front national. Pour autant, ils n’acceptent pas la mise à l’index de ses électeurs, ces citoyens français dont nous n’avons pas toujours su comprendre les attentes et les angoisses, et qui se sont laissés séduire par une formation qui, au fond, et tout à la fois, dénature la nation et oublie la République.

Mes chers compagnons,

L’ensemble des conclusions de débat seront portées à la connaissance des militants dans les tout prochains jours, en même temps que seront soumis à leur appréciation les grandes orientations retenues pour en tirer les conséquences concrètes. Ces conclusions et ces orientations seront rassemblées dans un texte que Charles Pasqua vous présentera, avant qu’il ne soit adressé à ses destinataires.

Il m’a semblé en effet légitime et nécessaire que l’ensemble des circonscriptions soient informées du résultat de leurs réflexions communes.

Il m’a semblé également normal que soient portées à leur connaissance, les grandes lignes des initiatives qui seront prises avant notre conseil national puis nos assises ne soient appelés à en débattre dans le détail.

Nos militants doivent en effet être assurés qu’en souhaitant le débat, en souhaitant une démocratie toujours plus vivante, nous n’avons pas qu’une préoccupation formelle. Nous entendons aller jusqu’au bout de notre logique.

Cela étant dit, j’indique d’ores et déjà – s’agissant de ce qu’on range généralement sous le vocable de projet –, que dans un souci de clarté, et pour répondre aussi précisément que possible au vœu exprimé par nos militants, ce sont quatre textes qui seront préparés, discutés et – je l’espère – votés par nos assises.

Un premier texte sur la vocation de notre mouvement qui justifiera la modernité de notre référence gaulliste, et expliquera la démarche politique induite par le choix de la formule du Rassemblement. Formule que nos militants, visiblement soucieux de changement dans la continuité, paraissent retenir volontiers en guise de dénomination.

Un deuxième texte sur les valeurs auxquelles nous entendons nous référer et qui fondent notre engagement.

Un troisième texte – le plus large et le plus détaillé – qui exposera notre vision de la France dans le contexte nouveau de mondialisation et de construction européenne dans lequel elle est appelée à se situer ? Ce texte découlera du socle constitué par les valeurs précédemment définies.

Il ne sera pas figé dans le marbre et sera appelé à évoluer et à être enrichi au cours des années. D’ores et déjà, je remercie les auteurs des contributions qui nous ont déjà été adressées, qu’il s’agisse du groupe sénatorial, qu’il s’agisse de nos compagnons Lellouche, Jacob, Marini, qu’il s’agisse de nos compagnons Barnier, Haenel, Gérard et Legrand, de Jacques Godfrain, de Marcel Porcher et Michel Hannoun de Daniel Garrigue et de nos compagnons anciens députés, et d’autres encore. Toutes autres initiatives seront les bienvenues. Dès le début janvier, j’entamerai une consultation qui débouchera sur des propositions de la direction provisoire, soumise à la discussion.

Quant aux dispositions relatives à la réforme des statuts, elles feront l’objet d’un document particulier. Sans entrer dans le détail, je me bornerai à évoquer ce que sera la philosophie générale.

L’organisation future du mouvement consacrera le principe de légitimité. Pour nous gaulliste, il n’y a pas d’autre légitimité que celle du peuple souverain. Nous avons confiance dans sa voix. Il ne saurait en être autrement s’agissant de notre Rassemblement qui n’a rien à redouter d’une démocratisation accrue de son fonctionnement. Il sera donc proposé à nos assises que le président du mouvement soit désormais élu au suffrage universel direct de tous nos adhérents.

La réforme de nos statuts tirera les entières conséquences de cette première orientation, en proposant une redistribution des pouvoirs et des compétences au sein du Rassemblement. L’élection des instances dirigeantes sera la règle, sur la base du principe « 1 homme (ou une femme), 1 voix ». Principe qui ne souffrira aucune exception. C’est ainsi que nous ferons de ce conseil national un véritable « parlement » représentatif du mouvement et doté de pouvoirs renforcés. Quant à nos assises, j’entends qu’elles jouent leur rôle de « définition de l’action générale et de l’orientation politique du Rassemblement ».

Dans cet esprit, j’ai décidé que tous les mandataires seront désormais sur un pied d’égalité en terme de droit de vote. C’est leur nombre qui variera en fonction du nombre de militants à jour de leurs cotisations. Mais leur vote aura un poids égal. Faut-il aller plus loin ? La réponse est d’abord entre les mains de la commission chargée de donner conseils et avis sur la réforme des statuts, présidée par Charles Pasqua. Pour ma part, je l’ai déjà dit, je refuse le caporalisme sans souhaiter le basisme. Mais que l’on ne se méprenne pas sur ma volonté d’aller aussi loin qu’il est possible. Ainsi aurons-nous certainement à trouver une formule qui permette du moins la consultation de nos adhérents sur le choix des candidats qu’ils auront à soutenir.

Le conseil national du 17 janvier procédera à une discussion et à un vote sur l’ensemble des documents que je viens d’évoquer. Ce sera ensuite à nos assises de les avaliser. Nos assises qui se dérouleront le 31 janvier et le 1er février 1998, donc sur deux journées, à la Porte de Versailles, là même où Jacques Chirac écrivit il y a deux ans et demi une des plus belles pages de la campagne présidentielle. Ces assises seront des assises studieuses, fondées sur une nouvelle organisation de nos délibérations, une nouvelle conception de la répartition dans l’espace de travail et une distinction entre la journée du samedi, ouverte aux mandataires, et celle du dimanche à laquelle sont conviés nos militants.

C’est dire qu’elles contribueront à donner l’image d’un mouvement réconcilié, rassemblé, ouvert sur l’extérieur. Dans cet esprit, je recommande d’ores et déjà à nos secrétaires départementaux de désigner les mandataires sur la base d’un vote qu’il leur reviendrait d’organiser dans la perspective des assises. Ce sera là un signe très concret de notre volonté de pousser plus avant la démocratisation du Rassemblement.

Cela donnera toute leur ampleur à nos décisions. Des décisions que j’attends avec confiance, tant il m’apparaît possible, sur la base des attentes de nos militants et des contributions des uns et des autres, de parvenir à la définition d’une alternative crédible. Une alternative qu’il nous appartiendra de commencer à porter lors des élections régionales.

C’est pourquoi je propose à nos partenaires que, dès après notre conseil national du 17 janvier, nous élaborions ensemble une déclaration commune qui fondera notre combat commun et présentera aux électeurs notre conception partagée d’une direction commune des régions.

Mes chers compagnons,

Ces élections régionales nous avons commencé, depuis longtemps déjà, à les préparer d’arrache-pied.

Notre commission des investitures, sous ma présidence, a siégé dix-huit journées durant, réparties sur un peu moins de deux mois, soit pratiquement sans désemparer… Elle a tenu vingt réunions plénières, a examiné la situation de 97 départements concernés par le scrutin régional, a procédé à l’audition de quatre cent vingt-sept de nos compagnons. Je voudrais saluer le travail de romain accompli, à cet égard, par Éric Raoult. Éric qui vous fera, dans un instant, un exposé détaillé des conclusions de nos travaux avant que je ne soumette à vos suffrages, département par département, les noms de nos têtes de liste.
Je n’étonnerai personne en vous indiquant que nous avons dû procéder à des arbitrages difficiles, souvent même douloureux.
Je me dois de rappeler que la constitution d’une liste n’est pas une distribution de prix ; ce n’est pas le classement par ordre hiérarchique, ou par degré d’influence, de nos représentants dans le département ; ce n’est pas un jugement dans les conflits qui peuvent exister. Ce n’est que le choix de la solution qui paraît, compte tenu de l’échéance et de la situation politique, la plus prometteuse d’efficacité, en même temps que la plus respectueuse des trois critères que nous avons retenus : le renouvellement, le rajeunissement et la féminisation.
C’est sur l’ensemble de nos listes, et plus particulièrement sur le contingent de nos candidats en position éligible qu’on pourra définitivement juger de notre fidélité aux principes que nous avions arrêtés. Cependant, dès aujourd’hui, on pourra constater que dix-neuf femmes sont proposées comme premier de liste RPR contre cinq, seulement, il y a 6 ans.
Il est vrai que les Français émettront en mars trois jugements en un seul vote :  
    - un jugement sur le premier bilan du gouvernement ;
    - un jugement sur l’action qui a été conduite par les régions que l’opposition d’aujourd’hui dirigeait pour la plupart ;
    - un jugement sur notre détermination à nous rénover.

Nos candidats auront ainsi à convaincre les Français des conséquences néfastes de la politique menée depuis six mois. L’essentiel sera de dépasser les habiletés, réelles ou supposées du pouvoir, pour dégager les mouvements de fond et dévoiler les impasses dans lesquelles les décisions de M. Jospin nous précipitent. Il s’agira de dissiper la brume des apparences pour imposer, à l’occasion de cette échéance, un véritable débat sur les enjeux qui se posent à la nation.

Ce débat sera indissociable d’une juste perception par nos compatriotes du rôle des collectivités locales dans la République. En six ans, régions et départements dirigés par l’opposition ont apporté un concours déterminant au développement économique et à l’exercice de la solidarité. Constamment sollicités par l’État, ils ont répondu présents sans sectarisme, dans un contexte financier parfois difficile. Nous aurons donc à faire valoir ces réalisations et à défendre cette gestion.

Enfin, nos compatriotes devront être mis en mesure de percevoir nos efforts de rénovation, qu’il s’agisse du fond ou qu’il s’agisse de notre comportement même. Nous nous présenterons comme un mouvement réconcilié et ouvert, capable d’exprimer un discours neuf et proche des préoccupations des Français, capable, aussi, de répondre au besoin de l’opinion de pouvoir compter sur des responsables publics irréprochables…

Les têtes de liste que nous désignons aujourd’hui auront la charge de diriger notre campagne au plan départemental et de rechercher les voies de la coordination au niveau régional. Dans les prochains jours, et au terme des discussions que nous conduisons avec nos partenaires, pour chaque département, nous publierons la liste des tandems « RPR/UDF » appelés, dans un esprit d’union, à mener l’opposition au combat. Notre conseil national de la mi-janvier ratifiera la composition de nos listes telle qu’elle aura été arrêtée par la commission nationale d’investiture. Nous serons, dès lors, définitivement, en ordre de bataille.

Pour notre part, nous sommes résolus à agir dans la clarté, fidèles à nos convictions résumées en quelques orientations simples. Nous irons à ces élections sous nos couleurs. Nous ne ferons aucun accord de gestion avec le FN. Nous ne servirons pas de roue de secours à la gauche. Notre ligne est claire. Pas de front républicain, mais un comportement républicain. Nous réclamerons la présidence et le pouvoir exécutif lorsque nous détiendrons la majorité, fût-elle relative. Nous laisserons nos adversaires à leurs alliés objectifs dans tous les autres cas de figure – et vice et versa…

Mes chers compagnons,

Aurai-je assez dit que, compte tenu des terrains où la partie se jouera, compte tenu de la limpidité de notre stratégie, nous pouvons aborder ces élections régionales et cantonales avec sérénité, avec résolution et avec confiance…

Alors qu’on en finisse une fois pour toutes avec les prudences des uns, le catastrophisme de certains autres…

Les conjectures hasardeuses auxquelles donne lieu trop souvent l’issue des scrutins de mars ne servent, tout bien pesé, qu’à nourrir un esprit de défaitisme, au mépris de toute réalité objective. Elles ne peuvent que semer le doute sur notre combativité, alors même qu’elles ne doivent rien à la juste appréciation des rapports de force...

Le résultat du premier tour des deux élections législatives partielles de Meurthe-et-Moselle et du Haut-Rhin est là pour nous rappeler que rien n’est interdit à ceux qui ont la force de leur conviction.

Et j’en profite pour adresser à nos candidats, et tout particulièrement, bien sûr, à François Guillaume nos vœux les plus sincères de succès.

Que leur victoire, demain, comme celle de nos amis de l’Isère, nous montre la voie !

Les socialistes et leurs alliés multicolores s’apprêtent à une marche triomphale. Leur seul souci aux uns et aux autres est de savoir quelle sera leur place dans le cortège… Laissons-les à leurs querelles de préséance, ils déchanteront bien assez tôt…

Quant à M. Mégret, séide de M. Le Pen, après nous avoir expliqué que le Front national n’avait d’autre but que de nous faire disparaître, il nous a annoncé qu’il userait à notre encontre de la carotte et du bâton. Je lui conseillerai de ne pas s’encombrer les deux mains. Parce que nous, surtout après ce que nous avons entendu, nous viendrons sans la carotte !

Mes chers compagnons,

Nos assises, puis le double scrutin de mars prochain seront les prochaines étapes de notre remontée en puissance. Nous les accomplirons ensemble, dans la fidélité à Jacques Chirac, réunis par notre idéal commun, notre unique sujet de passion et d’inquiétude : la France.

Nous savons que notre rassemblement a un sens, que nos principes ont un avenir, que notre mouvement a un rôle essentiel à tenir.

Un grand pays, pour nous, c’est d’abord un pays libre, qui garde, en toutes circonstances, la maîtrise de son destin.

Une grande nation, pour nous, c’est d’abord une nation consciente des valeurs qu’elle incarne.

Une grande nation, c’est aussi une nation rassemblée, non sur le fondement d’un consensus de façade qui masquerait les lézardes d’un repli communautariste mais sur une véritable ambition pour demain.

Comme les générations qui nous ont précédés nous saurons tirer parti des mutations technologiques du présent.

Alors, puisons dans notre histoire la force nécessaire à l’accomplissement d’une nouvelle étape de notre destin.