Interview de Mme Michèle Alliot-Marie, membre du bureau politique du RPR, député-maire et candidate à la présidence, dans "Le Parisien" du 1er décembre 1999, sur sa conception du gaullisme, son combat contre le socialisme, la préparation de l'élection à la mairie de Paris et la nécessité d'assouplir la loi sur la réduction du temps de travail.

Prononcé le 1er décembre 1999

Intervenant(s) : 

Circonstance : Elections à la présidence du RPR les 20 novembre et 4 décembre 1999

Média : Le Parisien

Texte intégral


Q - Etes-vous de droite ?

Michèle Alliot-Marie. Je suis gaulliste. Je combats les socialistes, les communistes et leurs alliés. Mais si vous voulez dire qu'être attaché comme je le suis à certaines valeurs fondamentales comme la famille, la liberté, le sens de la responsabilité, la défense de notre identité culturelle, c'est être de droite, alors je le suis.

Q - Pourquoi avez-vous dit que Lionel Jospin était le personnage que vous détestiez le plus ?

Je ne supporte pas l'intolérance, le sectarisme et le mépris dont Lionel Jospin fait preuve à l'égard de tous ceux qui ne sont pas de son avis.

Q - Etiez-vous favorable à la dissolution de 1997 ?

Non. Je l'avais dit clairement à Alain Juppé et à certains conseillers de l'Elysée. Sur le terrain, je constatais en effet que, quelles que soient les réussites indéniables du gouvernement pour le redressement économique du pays, les Français n'en voyaient aucune retombée dans leur vie quotidienne.

Q - Charles Pasqua est-il, pour vous, un souci ?

J'ai souvent entendu notre ami Chartes Pasqua citer les Evangiles : « Il y a plus de place au paradis pour un pécheur qui se repent… »

Q - Si Jean Tiberi s'efface, une femme peut-elle être demain la mieux placée pour mener le combat de Paris en 2001 ?

Pourquoi pas ? Je suis sûre que le RPR peut et doit garder Paris. Il faudra choisir le candidat le plus efficace pour gagner, homme ou femme.

Q - Quand la droite reviendra au pouvoir, supprimera-t-elle les 35 heures ?

Ce qui est intolérable dans la loi sur les 35 heures, c'est son côté autoritaire, général, excluant la négociation. Il faudra la modifier pour y réintroduire la souplesse nécessaire.

Q - Existe-t-il un risque de mort du RPR ?

Oui, si les querelles de personnes et les divisions persistaient Mais, de même que la France a su réagir dans les périodes critiques de notre histoire, je suis persuadée que notre mouvement saura trouver en lui les énergies qui lui permettront, en rénovant, en réconciliant, en rassemblant et en renouant avec nos valeurs et nos idées, de redevenir le premier parti de France.

Q - Jean-Paul Delevoye se dit « chiraco-séguiniste ». Et vous ?

J'ai toujours démontré que je n'appartenais à aucun clan. Je suis fidèle à Jacques Chirac. J'ai avec lui, depuis longtemps, des relations d'amitié. J'ai d'excellentes relations aussi avec Edouard Balladur ou Philippe Séguin. Et, bien sûr, avec Jacques Chaban-Delmas (NDLR : l'ancien maire de Bordeaux, qui a joué au rugby avec le père de Michèle Alliot-Marie, est un ami de toujours de la famille).

Q - En politique, le fait d'être une femme est-il un atout ?

Je crois que le critère de compétence l'emporte sur celui du sexe. C'est l'aboutissement de la démarche initiée par le général de Gaulle quand il a donné le droit de vote aux femmes.