Texte intégral
Les armées sont en deuil. Elles viennent de perdre un officier d’exception.
Général François Vallat, vous avez commencé votre carrière à l’école des pupilles de Grenoble en 1957. À 19 ans vous entrez à l’école de l’air avec la promotion 1958 « Louis Blériot ». Vous sortez major de votre promotion et, après une formation de pilote de chasse à Meknès et Tours, vous faites vos premières armes à la 8e escadre à Nancy-Ochey et à la 9e escadre à Metz.
Affecté à l’escadron de chasse 02-11 « Vosges » à Bremgarten en 1962, vous confirmez chaque année vos éminentes qualités de pilote et d’officier. Servant avec foi, volonté et compétence, vous vous révélez, en tant que commandant d’escadrille, un entraîneur d’hommes hors pair. Après vous êtes consacré pendant deux années à la formation des élèves officiers de l’école de l’air de Salon-de-Provence, vous vous imposez avec aisance à la tête de l’escadron de chasse 02-13 « Alpes » à Colmar, où vous n’avez cesse d’améliorer les tactiques d’emploi du Mirage III E dont est dotée votre unité. Vos brillantes qualités professionnelles et humaines, l’expérience acquise et le désir très fort de servir notre pays, vous font désigner pour le poste d’aide de camp du président de la République, Monsieur Valéry Giscard d’Estaing.
A la 5e escadre de chasse d’Orange, dont vous avez la charge à partir de 1975, vous vous attachez à faire progresser, de façon significative, les capacités opérationnelles de cette unité récemment équipée de Mirage F1.
Nommé colonel à l’âge de quarante ans, en janvier 1980, vous êtes choisi pour être sous-chef « opérations » à l’état-major du Commandement air des forces de défense aérienne avant de recevoir le commandement de la base aérienne de Cazaux où vous vous imposez à tous par votre rigueur, votre souci de l’efficacité et votre hauteur de vue.
Brillant auditeur au Centre des hautes études militaires (CHEM) et à l’institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN) en 1985, votre nomination au grade de général de la brigade aérienne, la même année, concrétise les qualités exceptionnelles dont vous avez toujours fait preuve. Vous prenez par la suite, successivement, les lourdes responsabilités de chef de la division « forces nucléaires » à l’état-major des armées, de Commandant de la 2e région aérienne, de major général de l’armée de l’air le 5 août 1989, avant d’être désigné deux ans plus tard pour prendre le Commandement de la défense aérienne et des forces de défense aérienne.
Le 14 décembre 1995, désireux de faire bénéficier le ministère de la Défense de votre expérience acquise en trente sept années d’une carrière militaire et aéronautique couvrant de nombreux domaines d’activité de l’armée de l’air, je vous ai appelé pour occuper la haute fonction d’inspecteur général des armées. Vous avez pris toute votre part, et je peux en témoigner personnellement, dans la grande réforme de notre défense dont le cœur est la professionnalisation des forces.
Membre du Conseil supérieur de l’armée de l’air, Commandeur de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre national du Mérite, titulaire de la médaille de l’aéronautique, vous laissez, dans l’armée de l’air et dans les armées, le souvenir d’un pilote exceptionnel et celui d’un officier d’une intelligence supérieure, à la droiture remarquable. Vous laissez l’image d’un ami attachant, d’un collaborateur précieux et loyal, d’un chef généreux à l’autorité sereine, profondément respecté et aimé par tous.
Je m’incline devant votre famille, votre épouse, vos deux fils et les assure de toute l’affection qui nous habite à cet instant. Ils peuvent être fiers de vous, car vous êtes l’exemple même de rigueur et de la passion qui toujours inspirent les carrières d’exception. Général François Vallat, devoir, droiture, honneur : ce sont les valeurs qui ont animé votre engagement au service de la France. Au nom du gouvernement de la République, je vous exprime la reconnaissance et la fidélité de la nation.