Interview de M. Antoine Waechter, président d'honneur du Mouvement écologiste indépendant (MEI), dans "Paris Normandie" du 9 février 1998, sur les rapports du MEI avec Génération écologie et Les Verts, notamment dans la perspective des élections régionales, intitulé "Ne pas payer pour Voynet".

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Média : Paris Normandie

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Paris-Normandie : Votre démarche commune avec Brice Lalonde, à l’occasion de cette liste aux Régionales, signifie-t-elle les retrouvailles des frères ennemis ?

R. : Des retrouvailles, peut-être pas. Nos relations sont déjà très anciennes… Il y a eu des rapprochements, des éloignements, mais jamais de conflictualité, contrairement à ce qui a été dit. Ce qui est incontestable, c’est que nos analyses sont parfois différentes. Mais je constate à l’occasion de cette élection régionale que là où Génération écologie et le Mouvement écologiste indépendant avaient le souhait de faire une liste, un accord a pu être trouvé dans la plupart des cas, afin que les écologistes qui se présentent de manière indépendante de la droite et de la gauche puissent être réunis. En Seine-Maritime, c’est un MEI qui conduit la liste ; dans l’Eure, une membre de GE. Mais il n’y a pas d’accord national, ce qui fait que le plus souvent, on retrouve des intitulés du type « entente des écologistes indépendants.

Q. : La liste est commune en Haute-Normandie mais il n’existe pas d’accord national entre le MEI et Génération écologie. Est-il néanmoins possible de l’envisager ?

R. : Il y a eu un rendez-vous raté pour les législatives partielles. Parce que Brice Lalonde avait dans la tête des rapprochements qui n’étaient pas les nôtres. Le public souhaite l’union des écologistes, nous essayons de la réaliser. Ça n’a pas été possible au niveau national, nous le faisons sur le terrain, de manière pragmatique, mais ça ne veut pas dire que les deux organisations aient la même vision. Génération écologie, Lalonde l’a toujours dit, se situe entre les socio-libéraux et les libéro-sociaux. Nous avons de notre côté la volonté de construire une pensée politique écologiste totale, novatrice par rapport aux idées libérales ou socialistes. Il y a une incontestable différence de positions de ce point de vue. En tout état de cause, il ne faut pas que les écologistes réellement indépendants de la droite et de la gauche paient la facture de Dominique Voynet.

Q. : Vous sentez-vous si loin de ces Verts que vous avez longtemps dirigés ?

R. : Il y a de tout chez les Verts ! Culturellement, ils étaient prédestinés à se situer à la gauche du parti socialiste, plus proches des néo-communistes que des socio-démocrates ; donc prédestinés à disparaître dans une gauche plurielle. Il suffit d’entendre leur discours aujourd’hui pour se rendre compte qu’il est proche de l’extrême gauche. Le paradoxe dans cette affaire, c’est le décalage entre les décisions que madame Voynet est appelée à cosigner au gouvernement et le discours que les Verts tiennent sur le terrain. On a un peu le sentiment qu’ils ne sont pas dans la majorité, qu’ils n’en assument pas les conséquences en tout cas…

Q. : Où pensez-vous que se trouve votre électorat ?

R. : Les élections législatives ont montré qu’il y avait un électorat partagé sur la question de l’indépendance des écologistes. Et je suis convaincu que l’électorat dominant chez les écologistes refuse complètement ce basculement à gauche. Je regrette bien sûr qu’il n’y ait pas qu’une seule liste écologiste, car j’ai défendu fort longtemps l’idée qu’il devait y avoir une cohérence politique totale… Mais aujourd’hui, je pense qu’il faut admettre les différences, et espérer que les électeurs comprennent.