Editorial de M. Alain Juppé, Premier ministre, et articles de différents membres du RPR dans "La Lettre de la Nation Magazine" du 29 novembre 1996, à l'occasion des 20 ans du RPR, sur le gaullisme et les valeurs défendues par le RPR.

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Circonstance : Vingtième anniversaire du RPR, le 1er décembre 1996

Média : La Lettre de la Nation Magazine

Texte intégral

La Lettre de la nation Magazine - 29 novembre 1996

L’éditorial du président Alain Juppé

C’était Porte de Versailles, un dimanche de la fin d’automne. De Gaulle s’était éclipsé au début de la décennie, tirant sa révérence à un siècle qu’il n’en finissait pas de marquer de son empreinte de géant. La mé­moire de Pompidou, disparu trop tôt deux ans auparavant, restait vive au cœur des Français. Ce jour-là, ils affluaient de toute la France, de toutes « les France », à l’image du « métro aux heures de pointe » auquel Malraux avait un jour très justement assimilé la diversité sociologique qui, aujourd’hui encore, est un élément constitutif essentiel du gaullisme. Les compagnons, une nouvelle fois, se retrouvaient en masse. RPF, UNR, UDR, le mouvement gaulliste avait déjà, au cours de son histoire, changé à plusieurs reprises de dénomination. Il ne s’agissait pas pourtant, cette fois-ci, d’un simple changement de patronyme de plus. Ce qui unissait ces hommes et ces femmes dans ce nouveau rassemblement, le Rassemblement pour la République, c’était une volonté et une espérance. La volonté de poursuivre le combat pour la persistance des valeurs gaullistes, avec L’espoir, but ultime de ce combat, de porter à nouveau l’un des leurs à la tête de la France. Ce combat et cet espoir, aux yeux de tous, un homme plus qu’aucun autre l’incarnait : Jacques Chirac, que les militants et les militantes du tout jeune RPR venaient d’élire président de leur mouvement.

C’était il y a vingt ans, le 5 décembre 1976.

La nostalgie n’est pas de mise dans cette évocation, qui reste pourtant au cœur des plus anciens d’entre nous comme un moment à part. Celui d’un engagement pris ensemble et devant les Français, de mener le combat à son terme. Engagement tenu le 8 mai 1995, plus de dix-huit ans après.

En vingt ans, le RPR a tout connu : la joie des victoires mais aussi la déception des défaites. Il a tout traversé, en ne cessant jamais de s’appuyer sur ce qui est sa force et son socle, comme les campagnes législatives de 1993 et présidentielle de 1995 l’ont encore amplement démontré : ses militants.

Et il est toujours là, fort aujourd’hui de ses 150 000 adhérents, de ses 380 parlementaires, de ses milliers d’élus, conseillers régionaux, conseillers généraux, maires, conseillers municipaux, qui font de lui la première formation politique du pays.

Le 1er décembre prochain, j’ai voulu que le RPR célèbre à sa juste mesure ce vingtième anniversaire dans toutes les régions de France. Je souhaite faire de ce 1er décembre une fête, une grande fête populaire, à la dimension du chemin que nous avons parcouru ensemble pendant deux décennies.

Une fête où, comme il y a vingt ans, nous réitérerons notre attachement aux valeurs gaullistes qui n’ont jamais cessé de nous guider et qui sont à présent au cœur de l’action que nous avons entreprise pour le redressement de la France, sous l’impulsion de Jacques Chirac. Une fête qui rassemblera aux quatre coins du pays des milliers et des milliers d’entre nous, venus porter à nos concitoyens, dans ces moments difficiles où notre pays se réforme en profondeur pour mieux repartir de l’avant, un message d’espoir, de volonté et de ténacité.

Je suis fier d’être, aujourd’hui, en 1996, le président du mouvement qui a su gardé, vingt ans après, la foi intacte en ses idéaux. Fier de la confiance que vous, militants et militantes du RPR, n’avez jamais cessé de me témoigner, à tous les instants. Fier des valeurs d’amitié, de fidélité et de compagnonnage qui perdurent à travers les années et les générations et font de notre rassemblement un parti à part dans le paysage politique français.

Longue vie au RPR !


1976-1996 – Où étiez-vous… le 5 décembre 1976 ?

Anne-Marie Couderc
« J’ai tout vécu à la télévision. Je débutais dans le métier d’avocat. J’avais été très impressionnée par la démission de Jacques Chirac de son poste de Premier ministre, et lorsque j’ai vu qu’il créait le rassemblement, je me suis dit que nous avions, grâce à lui, un vrai renouveau pour le mouvement gaulliste. »

Robert Galley
« J’étais ministre de la coopération dans le gouvernement Barre. J’ai abandonné ma défroque ministérielle et, comme simple militant, j’étais à la Porte de Versailles pour applaudir à la création du rassemblement. »

Guy Drut
« 1976, c’était l’année des Jeux olympiques de Montréal, le 5 décembre, c’était la veille de mon vingt-sixième anniversaire, et j’étais aux États-Unis. Mon vingt-cinquième anniversaire, je l’avais passé avec les jeunes de l’UDR. Il y avait eu une réunion extraordinaire au Bourget. »

Jacques Godfrain
« Je travaillais dans une compagnie aérienne mais j’étais déjà militant et membre du comité central de l’UDR. Le 5 décembre, j’étais à la Porte de Versailles. C’était en fin de journée, devant une foule très attentive. Juste après le départ de Jacques Chirac comme Premier ministre. On avait le sentiment qu’il fallait faire quelque chose. Tout le monde disait que les élections de 1978 étaient perdues d’avance : on a inversé la fatalité. »

Hervé Gaymard
« J’étais en terminale au lycée Jean-Moulin d’Albertville. Il y avait beaucoup de neige. J’avais pris un train de nuit pour aller Porte de Versailles. On avait passé une nuit fantastique à hurler dans le train. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je me souviens de l’ambiance extraordinaire Porte de Versailles. Si j’avais adhéré à l’UDR deux ans avant, c’est parce que j’avais entendu un ministre dire que le gaullisme était fini. Derrière Chirac, nous voulions prouver que le gaullisme n’était pas fini. »

Éric Raoult
« J’étais militant. J’étais venu Porte de Versailles en car le matin avec le département de la Seine-Saint-Denis. L’autre événement qui nous avait marqués ce jour-là, c’était la grève au "Parisien Libéré". »

Renaud Muselier
« J’avais dix-sept ans. Et ce qui m’a marqué cette année-là, c’est que, comme j’étais un très mauvais élève, je suis parti en pension. Je n’ai aucun souvenir de la création du RPR, ça ne m’intéressait pas du tout ! »

Henriette Martinez
« En 1976, j’étais professeur de l’éducation nationale et jeune maman d’un enfant de un an. Je pense que le 5 décembre, je devais être chez moi en train de m’occuper de mon enfant. Je n’étais pas engagée dans la vie politique. Même si j’avais une conscience politique forte parce que j’appartenais à une famille gaulliste. »

François Fillon
« En décembre 1976, je commençais à travailler pour un homme politique membre du RPR, Joël Le Theule, dont je devenais l’assistant parlementaire. C’était mon entrée dans la vie politique. »

François Baroin
« En 1976, j’avis onze ans, j’étais en sixième. Entre 1974 et 1975, Jacques Chirac était venu deux fois à la maison et je lui avais demandé un autographe parce que j’en faisais la collection. Très gentiment, il me l’avait donné : ce fit mon premier contact avec lui. On m’a dit ensuite que le monsieur que j’avais vu à la maison avait fondé un mouvement politique. »

Michel Hannoun
« La nuit du 5 décembre 1976, je l’ai passée dans un train. On était tous très enthousiastes mais il faisait très froid. Porte de Versailles, je me rappelle qu’on1 ne voyait plus rien à cause de l’importance de la foule. J’avis l’impression d’être une goutte d’eau dans une marée humaine. »

Pierre Pasquini
« Le 5 décembre 1976, j’étais à Paris et j’ai participé à la réunion constitutive du RPR, de la même façon que j’avais participé aux réunions constitutives du RPF, de I’ UNR et de l’UNR-UDT. »

Dominique Perben
« J’étais à la délégation à l’aménagement du territoire. J’étais encore assez loin de la politique tout en sachant qu’un jour j’y entrerais. »

Bernard Pons
« Le 5 décembre 1976, j’étais Porte de Versailles et j’écoutais le discours de Jacques Chirac. Ça n’était pas pour moi une surprise parce que le 5 décembre avait été précédé par le 25 août, la démission de Jacques Chirac de son poste de Premier ministre, et par le 3 octobre, le discours d’Égletons. J’étais à la réunion d’Égletons et je savais donc que le gaullisme allait repartir sur une nouvelle voie. »

Franck Borotra
« J’étais avec tout le monde, Porte de Versailles. J’appartiens au mouvement gaulliste depuis 1965, alors le 5 décembre 1976, j’étais à côté de mes amis politiques, parce que Jacques Chirac, ce jour-là, a repris le flambeau du gaullisme. »

Roger Romani
« Le 5 décembre 1976, j’étais Porte de Versailles, au pied de la tribune, et nous assistions tous, avec beaucoup de cœur et beaucoup d’enthousiasme, à la création du RPR. J’avais, avec quelques autres, participé à l’organisation matérielle de cette réunion. »

Michèle Alliot-Marie
« J’étais à la fois universitaire et chef de cabinet du secrétaire d’État aux universités. Et en fait, je n’ai vu de la création du Rassemblement pour la République que les retransmissions aux actualités télévisées le soir. »

Pierre-André Périssol
« En décembre 1976, j’étais dans la vie professionnelle en train de créer le groupe Arcade – déjà le logement… – et de préparer de l’intérieur une réforme du monde HLM. »

Patrick Stefanini
« J’étais à Berlin où j’effectuais mon service militaire. C’était mon dernier mois. Cela faisait plus de cinq mois que j’y étais et je ne suivais l’actualité française que de très loin. »

Jean-Jacques de Peretti
« Le 5 décembre 1976, j’étais devant la tribune officielle où Jacques Chirac annonçait la fondation du RPR. Il y avait à l’époque Michel Debré, Yves Guéna, André Bord, Alexandre Sanguinetti, qui étaient tous là, et j’étais là, parmi tout le monde. J’avais été chargé de mission auprès d’André Bord, un des derniers secrétaires généraux de l’UDR. »

Jean-Louis Debré
« J’étais à la Porte de Versailles avec tout mon TP de droit. Nous avions quitté la faculté et nous étions venus écouter Jacques Chirac. Dans mon TP, il y avait des gens qui n’étaient pas gaullistes, et je les avais emmenés avec moi. Certains sont devenus membres du rassemblement : ils avaient été tellement pris par cette foule de compagnons qui parlaient de la France. »

Jacques Toubon
« J’étais l’un des militants présents Porte de Versailles. J’avais participé, avec Jacques Chirac et son équipe, à la préparation de la naissance du rassemblement. Ça a été un grand moment pour nous. C’était une ambiance très particulière. C’était l’ambiance de gens qui s’apprêtaient â partir au combat. C’était une journée de levée en masse. »

Christian Jacob
« 1976, pour un agriculteur, c’était une année très particulière. En région céréalière, on collectait de la paille pour envoyer dans les régions où les éleveurs avaient été touchés par la sécheresse. C’était une formidable année de solidarité sur le plan agricole. »

Xavier Emmanuelli
« En 1976, j’étais médecin sans frontières. J’étais un médecin anesthésiste-réanimateur ; un médecin de l’urgence. Et, s’est posée la question pour notre organisation de l’afflux de réfugiés qui venaient de l’ancienne Indochine et qui arrivaient en Thaïlande. Cette situation était sans précédent. La confrontation à ces problèmes a marqué un tournant pour Médecins sans frontières. 1976 a été l’année de la deuxième naissance de notre organisation. »

 

5 décembre 1976 – Yves Guéna, secrétaire général de l’UDR se souvient

Au lendemain de l’élection présidentielle de 1974, l’UDR – tel était alors le sigle du mouvement gaulliste – apparaissait comme le grand vaincu. L’on ne donnait pas cher de sa survie. Nous n’avions qu’un atout, c’était Jacques Chirac, au poste de Premier ministre. Il prit, dès décembre 1974, la direction du mouvement, et aux assises de juin, à Nice, nous assistâmes à une première renaissance.

Mais bientôt, Jacques Chirac constatait que sa situation à la tête du gouvernement se dégradait, sans que ce fût de son fait, et qu’il lui faudrait se résoudre à prendre une décision, fort utile. J’avais été auprès de lui comme secrétaire général adjoint dès décembre 1974, et depuis mai 1976, je tenais le poste de secrétaire général, ce qui me mettait en contact étroit avec le Premier ministre. Dès le début de l’été, Jacques Chirac me laissa entendre, de façon transparente, qu’il démissionnerait bientôt ; mais, ajoutait-il : « Nous créerons un grand rassemblement qui nous permettra de reprendre le pouvoir. » Lorsqu’il quitta effectivement Matignon, le 25 août parce qu’« il ne disposait plus des moyens lui permettant d’exercer [ses] fonctions », je savais où était mon devoir.

Jacques Chirac annonça en septembre la création de ce rassemblement, et au secrétariat général, je m’appliquai à coups de réunions du bureau exécutif, du comité central, des secrétaires fédéraux, en sillonnant nos fédérations de bout en bout du pays, à diffuser le message de Jacques Chirac et à désarmer les critiques ou les oppositions. En même temps, avec Charles Pasqua, nous préparions le changement de sigle, RPR, la modification des statuts, et la grande journée du 5 décembre qui devait se tenir au Parc des expositions de la Porte de Versailles.

Depuis quelques semaines, nous sentions monter l’intérêt et la mobilisation, non seulement chez les nôtres, mais bien au-delà, en cercles concentriques. Lorsque nous arrivâmes sur place en ce matin du 5 décembre, nous comprîmes que la partie était gagnée. Quelque 50 000 personnes enthousiastes signaient l’acte de baptême du mouvement gaulliste rénové.

Alors que le pays doutait de la pérennité du gaullisme, cette manifestation apportait la réponse ; alors que pendant tout un temps, nos militants s’étaient demandé quel serait notre leader, Chirac était ce jour-là plébiscité ; alors que dans les rangs de la majorité le doute s’était infiltré sur le résultat des élections législatives de 1978 face à l’« union de la gauche », on savait désormais que la victoire était possible.

Vingt ans plus tard, le mouvement gaulliste est, de toutes les formations politiques, celle qui compte le plus de militants et le plus d’élus ; et il détient la présidence de l’Assemblée nationale, le poste de Premier ministre et l’Élysée.

5 décembre 1976, acte rénovateur du gaullisme politique.


À la une de la presse – Lydie Gerbaud

Responsable du service de presse de l’UDR et, à partir de septembre 1976, chargée également des relations avec la presse pour Jacques Chirac, je garde de cette période le sentiment d’avoir vécu un moment d’histoire en direct.

Dès le 4 décembre, « Libération » titre : « 50 000 personnes attendues Porte de Versailles pour la naissance du RPR. » La presse répond massivement à l’invitation du 5 décembre : près de 200 journalistes, français, bien sûr, mais également étrangers (japonais, coréens, américains, brésiliens, etc.) et une trentaine de caméras de télévision retransmettront l’événement dans le monde, alors que les Parisiens devront attendre jusqu’au 7 décembre pour lire des comptes rendus. En effet, nous apprenions le 5 au matin que le ministre de l’intérieur avait donné ordre à la police de faire évacuer les locaux du « Parisien libéré » occupés par le syndicat du livre, ce qui eut pour conséquence immédiate de déclencher une grève générale de la presse parisienne. Qu’importe, l’audiovisuel et la presse régionale ont bien fonctionné et, dès le lundi soir, André Passeron notait, dans « Le Monde », que « Jacques Chirac a cessé d’être placé sous tutelle et [qu]’il vient d’acquérir son émancipation politique ».

La création du Rassemblement pour la République
M. Jacques Chirac élu président, lance un appel au « peuple de France »
André Passeron, Le Monde, le 9 décembre 1976

« Aucun incident n’a marqué ce grand concours de population qui a lieu dans une ambiance sereine et parfois grave, mais surtout, sans débordements malgré les applaudissements fréquents qui ont pénétré les discours – quatre-vingt-dix-sept fois pour M. Chirac, trente-huit fois pour M. Debré, quatre fois pour M. Guichard, ministre de la justice. »

Le jour de Chirac
C’était le 5 décembre, j’étais avec les 60 000 chauffés à bloc
Jean Cau, Paris-Match, le 17 décembre 1976

Voyons le spectacle, dans le petit matin, les cafés d’alentour bourrés à craquer, les taxis qui rappliquent des gares, les métros et autobus qui dégorgent leurs foules et, surtout, les cars dont les cortèges processionnaires se fraient un passage vers le sanctuaire. Ils viennent de partout, de Toulouse ou de Bordeaux, d’Alsace ou de Corrèze, de Bretagne ou de Bourgogne. Sur le toit, des drapeaux et des banderoles roulées. Derrière les vitres, des mains qui effacent la buée et des visages ravis, encore fripés par le sommeil dont ils émergent (…). Première impression : cette foule – je le dis comme je l’ai vu – est populaire (…). C’est du peuple, du petit, du moyen et du vrai peuple qu’on se met ici sous le regard. »

Pierre Charpy, La Lettre de la nation, le 6 décembre 1976
Si ceux qui placent le rassemblement à la remorque des « grands monopoles », dans le camp des « conservateurs craintifs », de la « droite autoritaire » ou des attardés d’un autre âge étaient venus Porte de Versailles, ils auraient recueilli tous les éléments nécessaires pour rectifier leurs analyses. Il y avait là le peuple de France dans sa diversité d’âge, de sexe, de région, de condition. C’est une belle raison d’avoir confiance dans l’avenir du rassemblement. Celui-ci s’est donné hier des objectifs et un chef, un nom et un emblème. Dans les mois qui viennent, il aura à s’organiser pour agir (…). Mais il est déjà acquis que, comme l’a dit Yves Guéna, « demain, rien ne sera plus comme hier ».

Au bord du Rubicon
Jean d’Ormesson, Le Figaro, le 9 décembre 1976

« Ce fût le phénix gaulliste renaissant de ses cendres qu’on répandait trop vite, il y a à peine deux ou trois ans, sur la tête de ses militants, ce fût d’abord et avant tout le triomphe de Jacques Chirac (…). Comment le rassemblement de M. Jacques Chirac va-t-il résister à l’usure du temps ? Comment va-t-il se développer ? Vers quoi va-t-il nous mener ? Ce sont des questions pour le moment sans réponse. Mais quelque chose est né, qui modifie profondément le paysage politique. Très rassurante, un peu inquiétante, une seule chose est sûre : on ne s’ennuiera pas en 1977. »

Chirac ou fureur d’agir
Xavier Marchetti, Le Figaro, le 4 décembre 1976

« Ce « rassemblement » renaissant des cendres toutes chaudes de l’UDR, émanation sacrifiée du mouvement gaulliste, Jacques Chirac l’a entrevu, sinon voulu de longue date (…). À travers l’événement se retrouve l’homme, grand manieur de risques calculés, ennemi de l’hésitation et tirant le plus gros de son talent de l’audace réfléchie. Un cas ? Sûrement. Un destin ? La réponse est dans l’ampleur, ou la modestie, d’un nouveau succès d’inspiration gaulliste.

Au 55e étage de la tour Montparnasse
Chirac accélère la mise en place du RPR
P.-H. Desaubliaux, Le Figaro, le 9 décembre 1976

« Le Rassemblement pour la République, né dimanche, grandit vite, et même très vite. Si on veut suivre Jacques Chirac, il faut allonger le pas (…). C’est dès dimanche soir que fût connue la décision d’installer le rassemblement, non pas 123, rue de Lille, à l’ombre de l’Assemblée nationale, dans les locaux de l’UDR, mais au 33, avenue du Maine, tour Montparnasse. Décision vite appliquée puisque, avant même l’arrivée, hier, du président, ont pris place le service des adhésions, quelques secrétaires et l’hôtesse du standard téléphonique (538-25-11). "Le rassemblement, bonjour". Sur fond musical, c’est ainsi que sont reçus les très nombreux appels qui, soit demandent le discours prononcé dimanche par Jacques Chirac – discours en cours d’impression –, soit communiquent des adhésions. À ce sujet, bien qu’aucune campagne n’ait été encore lancée, bien que le siège du rassemblement ne soit pas encore connu, des milliers de demandes parviennent avenue du Maine. Mille neuf cent quatre-vingt-deux, très exactement, pour la seule journée de mardi. Elles sont rédigées sur les cartes distribuées l’après-midi du 5 décembre et portant la mention « Je désire soutenir l’action de Jacques Chirac ».

Rassemblement !
Jacques Fauvet, Le Monde, le 9 décembre 1976

« Faut-il rappeler aux Français qui ont pu l’oublier que, en trente ans, seul le gaullisme e fait reculer les communistes (et les socialistes) en les privant de voix populaires : en 1947, 1951, 1958 et 1968. Certes, ni les hommes, ni les situations n’ont la même dimension tragique. La guerre froide ne sévit pas, le pays est calme et, si partagée qu’elle soit, la gauche n’est pas déchirée. Mais si le rassemblement réussit, c’est qu’il aura, comme autrefois, non seulement rallié la droite traditionnelle, mais récupère une partie du petit peuple des bourgs et des faubourgs.

1976-1996 – 20 ans d’amour avec la France

Campagne du Rassemblement pour la République, à l’occasion de son vingtième anniversaire

Colombey-les-Deux-Églises, le 17 juin 1990

Être gaulliste…

Ce que nous croyons

Jacques Chirac (in : « Le dictionnaire du gaullisme, 1994)
« Il est à la fois facile et difficile de définir le gaullisme. Facile, parce qu’à son évocation, plusieurs concepts en forme d’exigences ou d’ambitions s’imposent à l’esprit. Résistance, bien sûr, à tout ce qui met en péril la dignité et la liberté de la nation. Honneur, au sens de fidélité à un passé prestigieux. Humanisme, parce que l’homme, son épanouissement, est au cœur du gaullisme, et que le progrès ne vaut que s’il est partagé par le plus grand nombre. Indépendance, qui a fondé la politique étrangère gaullienne et justifié l’effort national en vue de se doter d’une défense crédible. Stabilité, que nous devons aux institutions de la Ve République. Europe, enfin, dont le général a été l’inlassable artisan.

Tels sont, et la liste n’est pas exhaustive, les maîtres mots du gaullisme (…). Le gaullisme, on le sait, est un état d’esprit, « une idée de la France ». Mais ce qui fait son prix, c’est que cette idée est résolument moderne, essentielle pour déchiffrer le monde actuel.

Le gaullisme, pour moi, c’est l’alliance féconde de la fidélité et du changement, du rêve et du pragmatisme. Il y a une manière gaulliste d’aborder les grands problèmes de l’époque (…).

Explorer résolument toutes les voies, c’est mettre en pratique l’esprit gaulliste. De même, il est profondément gaulliste de vouloir préserver l’homme en toutes circonstances (…).

Être gaulliste, c’est œuvrer pour l’égalité des chances, le respect des grands équilibres, et le juste positionnement de l’État (…).

Être gaulliste, c’est être européen. C’est le général de Gaulle qui a appliqué le Traité de Rome. C’est lui qui a été à l’origine de l’axe franco-allemand, principal moteur de la construction européenne (…).

Audace, mouvement, modernité. Tel est le gaullisme. Il consiste à se doter d’outils nouveaux. Le général n’a cessé de le faire, notamment en matière de protection sociale, quand il a inventé un système de Sécurité sociale que le monde entier nous a envié. Il consiste, aussi, à modifier, à adapter, à transformer les outils anciens, y compris, le cas échéant, ceux que le général de Gaulle nous a légués, quand l’exigent les réalités du présent et la préparation de l’avenir. Le gaullisme est un pari sur demain. Le contraire du gaullisme, c’est le conservatisme. »

Alain Juppé
(Assises du changement, le 15 octobre 1995)

« Nous, gaullistes, nous croyons à la primauté de l’intérêt général sur les intérêts particuliers. Et pour nous, c’est l’État qui incarne l’intérêt général. C’est pourquoi, nous voulons un État qui assume pleinement ses fonctions d’autorité, qui fasse donc respecter la loi et la sécurité républicaines (…).

L’État, à nos yeux, c’est aussi l’artisan de la solidarité et de l’équité entre les Français, quelle que soit leur condition, quel que soit leur territoire (…).

Nous, gaullistes, nous croyons en la nation française. Nous n’hésitons pas à nous proclamer patriotes. Nous aimons notre patrie (…).

Nous, gaullistes, nous croyons en la France, en sa capacité à s’affirmer comme une grande puissance, à assurer la sécurité de son peuple et la défense de ses intérêts vitaux (…), à mener une politique étrangère originale et courageuse, mais aussi à respecter ses engagements européens.

Nous gaullistes, nous croyons à l’esprit de conquête qui anime tous ceux qui entreprennent, innovent, créent (…).

Nous, gaullistes, nous croyons aussi à l’esprit de fraternité qui soude le pacte républicain, qui inspire notre combat contre l’exclusion (…).

Voilà nos convictions. Voilà nos fidélités. Voilà les repères que nous pouvons offrir à la société nouvelle du siècle qui vient. »

Édouard Balladur (in : « Le dictionnaire du gaullisme, 1994)
Le gaullisme est l’une de nos traditions nationales, l’un des traits distinctifs de notre tempérament qui se manifeste à travers notre histoire (…).

Le gaullisme est un patriotisme. Il met au-dessus de tout le culte de la nation, de son indépendance, de sa défense, sans faire fi, cependant, des contraintes du monde qui imposent de coopérer avec d’autres nations (…).

Le gaullisme est un pragmatisme. Il se tient loin des idéologies et des systèmes (…).

Le gaullisme est une volonté de sortir des affrontements et des cassures nées de la Révolution française. Il entend réconcilier liberté individuelle et autorité de l’État, liberté économique et dignité sociale pour tous, organisation efficace de la nation et autonomie locale (…).

Le gaullisme n’est pas un populisme. Il ne flatte pas les instincts que la raison n’éclaire pas, ne se fonde pas sur la peur du mouvement, ne se met pas au service des intérêts de toutes les catégories particulières au détriment de l’intérêt général (…).

Le gaullisme est un humanisme. Dans la mesure justement où il exalte la nation, il reconnaît la dignité des autres nations, et c’est ce qui a donné sa force et son prestige universel au message de de Gaulle. »

Philippe Séguin
(Le Figaro, le 9 novembre 1995)

« Eh bien, oui, n’en déplaise à ses détracteurs, le gaullisme existe. Il repose sur trois lignes directrices qui tirent leur force de leur simplicité.

Premier principe, la nation demeure le cadre naturel et principal, même s’il n’est pas exclusif, de l’exercice de la démocratie et de la solidarité ; autrement dit, chacun d’entre nous n’accepte la loi de la majorité, la contribution à l’effort de redistribution et, dans les situations extrêmes, le sacrifice de sa vie, qu’au sein de cette communauté des citoyens qu’est la nation.

Deuxième principe, la nation reste la pierre angulaire du système international : du Québec au Proche-Orient, en passant par la nouvelle Afrique du Sud, elle est au cœur des promesses de paix et de liberté des peuples ; de l’ex-Yougoslavie à la Tchétchénie, en passant par l’Algérie, elle se situe également à la racine des tragédies de l’après-guerre froide.

Troisième principe, l’État constitue la colonne vertébrale des nations, l’instrument qui assure le primat du politique sur ce que René Char qualifiait, à juste titre, de « barbarie experte ». En bref, la philosophie du gaullisme, c’est de faire de chaque homme un citoyen capable d’agir sur son destin et de participer à cette grande aventure collective qu’est l’histoire d’une nation. »

Jean-François Mancel
(Assises du changement, le 15 octobre 1995)

Dans une société privée de repères et où les appartenances idéologiques se sont souvent dissoutes, la force et l’utilité du gaullisme sont, tout simplement, d’affirmer des convictions, sans imposer la rigueur d’un système dogmatique.

Il n’aliène pas en proclamant une vérité mais offre seulement l’exemple d’une conduite.

À une société désorientée par les défis du prochain siècle et les évolutions souvent brutales intervenues ces dernières années, le gaullisme apporte l’idéal qui lui fait si cruellement défaut.

Être gaulliste en 1995, c’est choisir de subordonner son action à cet idéal (…).

Nous croyons que la seule querelle qui vaille est celle de l’homme.

Nous croyons que notre peuple a toujours la vertu de forcer le destin.

Nous avons, chevillée au corps, la passion de la France.

Avec le général de Gaulle, ces principes ont permis à la France d’échapper, en 1940, à la défaite et au déshonneur. Ils ont permis à la République d’être sauvée et fortifiée en 1958. Ils ont permis à la France de sauvegarder son rang. »

Les secrétaires généraux ont la parole…

Décembre 1976-Mars 1978
J’ai retrouvé un brouillon écrit de la main de Jacques Chirac en novembre 1975…
Jérôme Monod

« On n’a pas tous les jours 20 ans », disait le poète. J’ai donc cherché un souvenir qui donne un sens à cet anniversaire.

J’ai retrouvé récemment, dans un tiroir, un brouillon écrit de la main de Jacques Chirac en novembre 1975. Il résume en deux phrases ce qui va fonder le RPR et inspirer son action : « Le rassemblement a pour but de réunir tous les citoyens décidés à reconnaître leurs devoirs envers la France et à affirmer leurs droits politiques. Il se propose de soutenir résolument, dans le cadre des institutions de la Ve République, une politique fondée sur le respect intransigeant de la souveraineté du peuple et de l’indépendance nationale, de la liberté et de la responsabilité de l’homme, et de l’abolition progressive des privilèges de toute nature, en s’inspirant des principes de tolérance, de justice et de solidarité… »

Une génération après la création du RPF, le RPR maintient la vocation première du gaullisme : combattre pour l’unité de la nation rassemblée.

Mais ce manuscrit retrouvé exprime en réalité des principes moraux et éthiques au sens éternel de ces mots. Cette profession de foi pour le mouvement qu’il rénovait alors résume ce qu’il a défendu depuis ce temps : les valeurs primordiales de la République.

« Politique sans principes n’est que ruine de la nation », pourrait-on paraphraser : ces principes doivent préexister à tout programme, à tout discours, à toute action.

Mais ils ne doivent pas conduire à un enfermement immuable, paralysant toute adaptation de la société à un monde qui ne cesse de changer. Leur essence est de rendre accessible la société à tous ceux qui veulent y participer, sans exclure ceux qui ne le veulent pas ou ne le peuvent pas, quelle qu’en soit la raison.

Or, la société d’aujourd’hui met en évidence l’existence de « castes » et l’émergence de nouveaux exclus. Les jeunes, aujourd’hui, ne se retrouvent plus dans les archétypes des années 60. Ils se créent d’autres images de l’avenir, parfois plus généreuses parce qu’ils sont d’abord épris de justice, parfois plus intolérantes parce qu’ils sont davantage exposés au sectarisme, ou plus désespérées parce qu’ils ne voient pas leur avenir.

C’est à l’action politique de résoudre ces contradictions, à la condition de placer au-dessus de tout, ces principes de morale et d’éthique où chacun peut se reconnaître.

Ces deux phrases de Jacques Chirac, écrites en novembre 1975, témoignent qu’il n’a pas changé et que le RPR n’est jamais hors de son temps lorsqu’il rassemble vers l’avenir.

Mars 1978-Octobre 1970
Je me souviens de tous ces déplacements à travers la France
Alain Devaquet

Ce que je retiens des dix-huit mois pendant lesquels j’ai été secrétaire général, ce n’est pas un événement, mais une suite de plus d’une centaine d’événements : les déplacements que j’ai effectués, dans toute la France, à la rencontre des militants du RPR.

J’ai découvert, d’abord, l’extraordinaire diversité sociale du Rassemblement pour la République. Ensuite, l’admirable dévouement des militants qui sacrifient une partie de leur vie personnelle, qui donnent du temps, de l’argent, pour l’idée qu’ils ont de la France. Enfin, j’ai découvert le besoin de ces militants en informations, en arguments, sur tous les dossiers politiques, pour mieux agir et convaincre sur le terrain.

À mon tour, j’ai essayé – car je suis un militant parmi d’autres – de répondre à leurs attentes. Je leur disais combien était grande l’idée qu’ils avaient de notre patrie, cette vision forte et généreuse de la France que le général de Gaulle lui-même nous avait à tous léguée. Je rendais avec joie hommage à leur dévouement, dévouement dans lequel je puisais moi-même ma force. Je leur disais que tout notre travail atteindrait un jour son sens par l’accession de Jacques Chirac à la présidence de la République. Et puis – et là, l’universitaire que je suis réapparaissait – j’expliquais en détails toutes les décisions politiques que nous prenions au RPR. Je faisais là presque un cours, mais le cours magistral est une façon de donner une partie de moi-même.

Si j’ai ainsi donné, j’ai reçu plus encore. Bien des fois, le souvenir de toutes ces femmes et ces hommes du RPR que j’avais ainsi rencontrés, m’a soutenu et aidé. Même vingt ans après, je ne pense jamais à eux sans émotion.

Octobre 1979-Novembre 1984
Cette période 1982-1983 est bien la plus faste et la plus exaltante…
Bernard Pons

Nous étions au début de 1982, huit mois après l’élection de Mitterrand. La « vague rose » avait déferlé sur la France. Les socialistes tenaient tous les leviers de commande. Nous nous trouvions pour la première fois dans l’opposition.

Les assises nationales du RPR étaient convoquées les 23 et 24 janvier à Toulouse. Elles avaient précisément pour objet de nous organiser dans cette situation nouvelle pour repartir à la conquête du pouvoir.

L’élection de quatre députés avait été invalidée par le Conseil constitutionnel et le premier tour de ces législatives partielles fixé au 17 janvier, une semaine avant les assises. Le résultat fut un véritable coup de tonnerre : trois RPR et un UDF élus dès le premier tour ; le grand chelem !

Désaveu cinglant des socialistes, quel retentissement dans l’opinion, quel élan pour nos assises, quel événement pour rebondir !

Aussitôt, nous décidons de nous investir totalement dans les élections cantonales fixées aux 14 et 21 mars 1982. Le succès est au rendez-vous : le RPR réussit la progression la plus forte et gagne 146 sièges. Douze départements basculent de gauche à droite.

Voilà les élections municipales de 1983 en ligne de mire. Le point d’orgue de leur préparation sera un congrès extraordinaire réuni à la Porte de Versailles, à Paris, le 23 janvier 1983. Le slogan : « Ville après ville, regagnons la France ». 120 000 militants et sympathisants communient dans un enthousiasme indescriptible.

Quelques semaines plus tard, les municipales sont un véritable triomphe : la gauche perd notamment trente villes de plus de 30 000 habitants, dont vingt-deux reviennent au RPR. Jacques Chirac réalise un carton plein à Paris.

Oui, bien que dans l’opposition, cette période 1982-1983 est bien la plus faste et la plus exaltante de toutes celles que j’ai vécues au secrétariat général du RPR.

Elle se prolongera jusqu’aux législatives de 1986 et notre retour au pouvoir.

Novembre 1984-Juin 1988
Je ne peux m’empêcher de réserver une place à part à la joie que j’ai ressentie en 1986.
Jacques Toubon

On ne fait pas de politique sans passion. Les années que j’ai passées comme secrétaire général du rassemblement restent dans mon souvenir une période riche d’émotions, d’amitiés et de sentiments.

Parmi toutes ces joies, je ne peux m’empêcher de réserver une place à part à celle que j’ai ressentie en 1986, lorsque l’union de la droite a remporté les élections législatives.

Joie personnelle – pourquoi le nier ? Mais de ce type de joie que ressent le sportif lorsqu’il a contribué, si peu que ce soit, à faire gagner son équipe.

Joie pour le RPR, notre mouvement, qui fêtait ses dix ans en gagnant la confiance des Français. Dans la longue marche qui a porté Jacques Chirac à l’Élysée, 1986 marque une étape : celle d’une conquête et d’une maturation décisives.

Joie pour la France surtout, cette joie pour la France qui est l’âme du gaullisme. Notre victoire ne signifiait pas seulement l’avènement d’une politique rénovée. Elle était aussi un signe de maturité démocratique : maturité du corps électoral, qui découvrait la gymnastique de l’alternance dans une société qu’on s’était plu à qualifier de bloquée ; maturité des institutions de la Ve République, qui s’adaptaient à une situation inédite, la cohabitation.

Cette victoire de 1986 est une des journées sur lesquelles notre mouvement s’est construit. Puisse le RPR rester un parti d’union et d’initiative, le parti de la France en mouvement !

Ma rencontre avec Jacques Chirac…
Alain Juppé

L’année 1976 résonne comme une année bien à part dans ma vie. Le 5 décembre, j’étais dans la foule des anonymes, parmi les dizaines de milliers de compagnons venus célébrer dans l’enthousiasme la naissance du RPR. Je revois très nettement encore aujourd’hui ces images. Et je n’étais pas, le dernier, dans cette famille, [Illisible] liste à laquelle je m’étais toujours identifié, à manifester, au pied d’un des piliers du Parc des expositions de la Porte de Versailles où j’avais réussi à me glisser, la confiance qui était la mienne en l’avenir et en un homme qui me semblait déjà, tout entier, l’incarner et qui avait décidé de rassembler, une nouvelle fois, tous les gaullistes.

Ma vie avait basculé huit mois plus tôt quand un jour d’avril 1976, Jérôme Monod, qui allait devenir le premier secrétaire général du RPR, alors directeur du cabinet de Jacques Chirac. Premier ministre, me fit demander de passer le voir dans son bureau de Matignon.

Sans circonlocutions, il me proposa de rejoindre l’équipe de ses collaborateurs, pour aider principalement à la rédaction des discours de Jacques Chirac que je devais rencontrer quelques jours plus tard. Il y a vingt ans maintenant. Et rien dans ma vie ne m’a marqué plus que cette rencontre.

Nommé « Délégué national aux études » du tout jeune RPR, pour la première fois j’adhérai à un mouvement politique. Vingt ans, c’est donc également l’âge de mon militantisme, et rien alors ne me laissait supposer que j’aurais un jour la joie d’assumer pendant sept ans l’une des plus exigeantes mais aussi des plus exaltantes responsabilités que j’aie connues, comme secrétaire général du RPR, de 1988 à 1995. Plus étrangère encore à mon esprit était alors pour moi l’éventualité de succéder un jour à Jacques Chirac, comme président du RPR. C’est cet immense honneur que les militantes et militants du RPR m’ont fait lors de nos dernières assises, en octobre 1995.

Vingt ans après, je ne renie rien de cet engagement qui a l’âge de notre mouvement. Vingt ans après, comme au premier jour, je reste un militant du gaullisme, un militant du Rassemblement pour la République, un chiraquien convaincu.

Le 7 mai 1995 : Jacques Chirac est élu président de la République. Vingt-et-un ans après Georges Pompidou, c’est le retour d’un gaullisme à l’Élysée que des jeunes célèbrent partout en France.

Depuis mai 1995
Les militants sont l’âme profonde et véritable du Mouvement.
Jean-François Mancel

La célébration des vingt ans du rassemblement est bien sûr pour nous un moment privilégié pour se remémorer tous les combats que nous avons menés ensemble, au nom des convictions gaullistes que nous partageons, au service de la France et des Français et derrière Jacques Chirac, fondateur de notre mouvement et son président jusqu’en 1994.

C’est aussi une occasion particulière de rendre hommage comme ils le méritent, à tous ceux, militantes anonymes, femmes et hommes du rassemblement, qui, depuis vingt ans, consacrent sans compter leur temps, leur énergie et leur passion, pour conduire notre mouvement à la victoire.

Sans eux, rien n’aurait été possible.

C’est grâce à eux que notre mouvement continue à être, aujourd’hui, la première formation politique de France et la première force militante de France.

C’est grâce à leur présence, sur le terrain, au cœur de la vie quotidienne de nos concitoyens, que nous pouvons soutenir efficacement l’action de redressement engagée par le gouvernement d’Alain Juppé et demeurer une force de proposition moderne.

Et, c’est grâce à eux encore que nous allons, dès les prochaines semaines, bâtir le projet solide et audacieux que nous présenterons à nos concitoyens, lorsque le moment sera venu de solliciter le renouvellement de leur confiance.

Ils sont l’âme profonde et véritable du rassemblement, l’exemple même de la fidélité aux convictions gaullistes : le courage, le souci du seul intérêt général, le dévouement désintéressé à la nation, l’ardeur et la volonté.

Que chacun d’entre eux trouve ici l’expression, très sincère et très amicale, de mes remerciements et de ceux d’Alain Juppé.

Ils le méritent, parce qu’ils sont le meilleur du rassemblement, le meilleur de nous-mêmes et, à l’heure où la tentation du découragement étreint le cœur de trop de nos concitoyens, la meilleure raison d’avoir confiance en l’avenir du mouvement et de la France.

Mai 1995-décembre 1996 : [Illisible] mois d’action du Rassemblement pour la République

Mai 1995 : Jean-François Mancel succède à Alain Juppé au poste de secrétaire général du RPR.

Juillet 1995 : Les élections internes du RPR sont l’occasion d’un rajeunissement et d’une féminisation des cadres, secrétaires de circonscription et délégués cantonaux.

Septembre 1995 : Campagnes militantes sur les essais nucléaires : « La vérité sur les essais » et sur l’action du gouvernement : « 100 jours après… ».

Octobre 1995 : Débat les fédérations sur la [Illisible] de la protection [Illisible]ile. Campagne [Illisible] le bilan socialiste : [Illisible]ans… n’oublions pas. »

[Illisible] octobre 1995 : Alain Juppé est élu président du [coquille] par les adhérente réunis [coquille] les assises du changement à Chessy-Marne-La Vallée (Seine-et-Marne).

[Illisible] novembre 1995 : Campagne militante d’explication et de soutien de la réforme de la protection sociale :« Oui, sauvons la Sécu ! ».

Février 1996 : Campagne militante sur la lutte contre l’insécurité.

Mars 1996 : Campagnes militantes sur la lutte contre l’immigration clandestine : « Immigration clandestine, la France dit non », et sur l’égalité sociale dans les départements d’outre-mer.

23 mars 1996 : Le conseil national examine et adopte la contribution du RPR sur l’avenir de l’Europe, au terme d’un débat national qui a suscité plus de 100 réunions locales.

5 mai 1996 : Lors de la réunion à Paris, des cadres et élus du RPR, Alain Juppé, Jean-François Mancel et Pierre Bédier, signent avec les secrétaires départementaux les contrats d’objectifs qui engagent les fédérations et le centre national. Lancement d’une campagne militante d’information sur l’action du gouvernement : « La France repart ! ».

22 mai 1996 : Colloque sur I’ éducation et l’avenir de l’enseignement supérieur.

23 mai 1996 : Le conseil national examine, au terme d’un débat national qui a donné lieu à des réunions dans chacune des fédérations, relayé également par une consultation nationale menée par les jeunes RPR, la contribution du RPR sur l’avenir du service national et de la défense.

3 juillet 1996 : Colloque sur l’industrie à Paris.

6-8 septembre 1996 : 1re convention nationale des jeunes RPR, à Troyes. Lancement de deux campagnes des jeunes RPR, l’une sur la réforme de l’enseignement supérieur, l’autre sur le service national, intitulée « Promesse tenue ».

Octobre 1996 : Campagne militante sur la lutte contre l’immigration clandestine : « Halte à l’immigration clandestine ! ».

Novembre 1996 : Campagne militante sur la baisse des impôts : « La baisse des impôts, c’est du lard ou du cochon ? ».

5 novembre 1996 : Le conseil national adopte les propositions du RPR en réponse au questionnaire adressé par le Premier ministre aux formations politiques, sur la modernisation de la vie politique.

1er décembre 1996 : Le RPR célèbre ses vingt ans. Lancement d’une campagne militante – « Depuis 20 ans, nous marchons pour la France » – et d’une campagne d’affichage : « 20 ans d’amour avec la France ». Publication d’un livre : « Le RPR et ses 20 ans ». Ouverture du site Internet du RPR. Lancement de la réflexion sur le projet 1998-2003. Ce coup d’envoi sera prolongé jusqu’au printemps, par une phase de débat et de concertation dans les fédérations. Les contributions seront ensuite réunies et débattue au cours d’une journée nationale, au mois de mai ou juin, qui verra l’adoption des grandes lignes du projet.


Le RPR et ses 20 ans – Le livre des 20 ans – Une œuvre à quatre mains

Pour ses vingt ans, le rassemblement met en vente un livre intitulé « Le RPR et ses vingt ans » (Éditions Fontaine-Manga, 64 pages, 99 francs). Issu de la collaboration d’un spécialiste du gaullisme – Jean Charlot – et d’un directeur artistique – Claudius –, il associe un texte précis et des illustrations originales. Universitaire, Jean Charlot, auteur de « Pourquoi Jacques Chirac ? Comprendre la présidentielle 1995 », répond à nos questions.

La Lettre de la nation Magazine : Quelle appréciation portez-vous sur la collection « Regard d’aujourd’hui » ?

Jean Charlot : Je l’ai découverte à l’occasion de ce livre sur les vingt ans du RPR. J’ai demandé à voir des ouvrages publiés dans la collection, notamment le « De Gaulle et la France » d’Hélène Bernard et Alexandre Faure, et le « César et Rome » dont Claudius était l’un des coauteurs. J’ai été aussitôt conquis par la formule et par la qualité de la réalisation.

La Lettre de la nation Magazine : Comment avez-vous vécu la rédaction de ce livre ?

Jean Charlot : L’expérience a été très agréable et enrichissante. La dynamique d’auteurs voulue par la formule de la collection – un spécialiste de la question associé à un publicitaire non spécialiste – a, je crois, très bien marché. Le contact a été immédiat et l’estime réciproque. Claudius a fait d’excellentes suggestions touchant au texte et j’ai moi-même participé à la conception des images et des raccourcis de la pub. Le mélange de sérieux sur le fond et d’humour dans la forme m’a également plu : on écrit pour être lu, pas pour ennuyer. De plus, j’aimais l’idée de faire le portrait, la biographie d’un mouvement collectif comme le rassemblement.

La Lettre de la nation Magazine : Quelle image, selon vous, le rassemblement donne-t-il à travers ce livre ?
Jean Charlot : On éprouve d’abord le sentiment d’une véritable aventure politique derrière un homme d’exception. Rien n’est jamais joué dans un environnement toujours difficile. Quand Jacques Chirac fonde le rassemblement, le gaullisme est menacé de disparition. Durant ces vingt années du RPR, les hauts (1977-78, 1986, 1993, 1995) alternent avec des bas (1979, 1988) qui nourrissent le doute et, parfois, la discorde. La volonté et la détermination politiques, la capacité de sursaut apparaissent bien comme des « vertus » gaullistes. Et le caractère comme un trait des gaullistes. On note également la référence constante aux valeurs qui font l’identité du RPR – vouloir parler de la France, une certaine idée de l’homme libre et responsable, une générosité, le courage de la réforme, la hantise du renoncement. On ressent, enfin, une ardeur collective, un compagnonnage, l’ivresse des campagnes, la joie des efforts récompensés, la force d’âme dans l’adversité.

La Lettre de la nation Magazine : Vous étiez, le 5 décembre 1976, Porte de Versailles. Quels souvenirs gardez-vous de cette journée ?

Jean Charlot : J’ai retrouvé dans mes archives personnelles un gros dossier sur la naissance du RPR qui a ravivé mes souvenirs tout en me permettant de faire revivre l’événement pour ceux qui ne l’ont pas vécu. J’avais été impressionné par le nombre et l’enthousiasme de ceux qui avaient répondu alors à l’appel de Jacques Chirac. Mais je perçois mieux, vingt ans après, la force et l’impact de l’événement.

La Lettre de la nation Magazine : Le RPR fête ses vingt ans. Comment se porte-t-il ?

Jean Charlot : Comme un mouvement qui a rempli sa mission initiale : assurer la permanence de l’héritage gaulliste en l’adaptant à son temps pour ramener au pouvoir, comme sous de Gaulle et Pompidou, les idées et l’élite des gaullistes. Mais qui se trouve dès lors devant la nécessité de tenir bon dans des circonstances extrêmement difficiles, de réaliser les réformes qu’il juge nécessaires pour la France et les Français. Il a pris un nouveau départ pour une nouvelle phase de son histoire. « À 20 ans, on a la vie devant soi… »

Une approche nouvelle
Issu du monde de la publicité, Claude Meunier, allas Claudius, est le directeur artistique du livre « Le RPR et ses vingt ans ».

La Lettre de la nation Magazine : Comment avez-vous travaillé sur le livre « Le RPR et ses vingt ans » ?

Claudius : En tandem, comme en publicité. Un professeur dominant son sujet et un publicitaire candide, face à face, à la même table, à disséquer, confronter, transposer, imaginer… pour véhiculer l’histoire du mouvement et de la société d’une manière différente et attractive. Dans l’esprit de notre collection qui repose sur la force de l’image, les raccourcis de la pub, la rapidité des flashes d’info, et avec l’impertinence qui convient. C’est une nouvelle approche qui, je crois, a passionné Jean Charlot.

La Lettre de la nation Magazine : Quelle image avez-vous cherché à délivrer ?

Claudius : Il m’a semblé qu’avec ses qualités et ses défauts, le rassemblement avait une dynamique bien dans son époque. C’est une « force vivante ».

La Lettre de la nation Magazine : Que pensez-vous qu’un tel livre puisse apporter à ses lecteurs ?

Claudius : Mieux comprendre ce qu’est une formation politique et comment elle vit de l’intérieur (son esprit, ses règles…). Et aussi faire vivre le souvenir, aujourd’hui et demain.


Le RPR sur Internet
Internet : le rassemblement monte en ligne !

À l’occasion de son vingtième anniversaire, le rassemblement ouvre un site sur Internet, dont l’adresse est http://www.rpr.org. Louis de Broissia, député de la Côte-d’Or et délégué général du RPR chargé de la communication, nous explique l’utilité de cet outil, véritable lieu d’échange et de dialogue.

La Lettre de la nation Magazine : Quel est le sens de la démarche du rassemblement qui ouvre un site sur Internet ?

Louis de Broissia : La « montée » du rassemblement sur Internet répond à une envie réelle de participer activement à la plus grande source mondiale d’informations que représentent les autoroutes de l’information, mais aussi d’engager le dialogue avec le plus grand nombre grâce à une banque de données accessible à tous. Un micro-ordinateur et une ligne téléphonique suffisent à accéder à une multitude de services. Avec l’ouverture de ce site, nous voulons que s’instaure un échange entre le rassemblement et les citoyens, qu’ils soient adhérents, sympathisants, ou simplement curieux des idées que nous défendons.

Cet échange doit être, par définition, interactif. La consultation unilatérale, univoque, ne nous intéresse pas. Le site Internet du RPR doit être un lieu de communication, de débat permanent entre les consultants extérieurs et nous.

La Lettre de la nation Magazine : Quelles incidences Internet peut-il avoir sur la manière de faire de la politique dans les années à venir ?

Louis de Broissia : La démocratie directe que nous souhaitons développer par l’intermédiaire de ce site ne doit pas éclipser la nécessité vitale qu’a tout homme politique d’avoir des contacts directs avec ses électeurs. Les nouvelles technologies de la communication ne doivent pas nous entraîner vers la mise en place d’un débat politique par correspondance. La communication, c’est aussi, et avant tout, la parole. À nous, hommes politiques, de faire en sorte d’utiliser les instruments qui nous sont offerts pour communiquer en évitant les dérapages. Internet est un nouveau réseau qui n’est pas là pour se substituer au débat politique classique. Il est là pour l’enrichir, pour approfondir une discussion, donner des arguments, aller plus loin dans l’échange, l’ouvrir à tous, en bref, donner une nouvelle dimension au débat.

La Lettre de la nation Magazine : Ces nouveaux modes de communication vont-ils créer de nouveaux comportements sociaux ?

Louis de Broissia : Il est clair que l’accès instantané et universel à l’information produit des transformations susceptibles de modifier à plus ou moins long terme l’organisation de la société elle-même et ainsi que les comportements sociaux. Comment ne pas être influencé dans sa vie sociale, sachant que nous appartenons à ce qui s’appelle désormais le « village planétaire » ?

Il est toutefois intéressant de noter que, s’ils deviennent de plus en plus des citoyens du monde, nos concitoyens sont également davantage sensibles à leur environnement proche, leur rue, leur village. Je crois que paradoxalement, le développement des réseaux va engendrer l’augmentation de ce phénomène. Comment le politique peut-il se positionner ? Il faut y réfléchir dès maintenant. En montant sur Internet, notre mouvement peut être fier d’assumer totalement cette mutation de la société de communication.

Pourquoi les gaullistes s’appellent-ils compagnons ? Quelle est l’origine du logo ? Qui élit le président du RPR ? Quand le général de Gaulle a-t-il prononcé le discours de Bayeux ? Qui sont les ministres RPR au gouvernement ? Quels sont les principaux chapitres de la vie du général de Gaulle, de Georges Pompidou, de Jacques Chirac ?

Autant de questions auxquelles la rubrique « Découvrez-nous ! » du site Internet du rassemblement apporte une réponse. Voulez-vous réécouter le général à la libération de Paris, imprimer le texte du discours de Jacques Chirac à Égletons, regarder le clip vidéo des Jeunes RPR, parcourir les biographies des personnalités du mouvement ? Il suffit de cliquer sur « Découvrez-nous ! ».

Le site Internet du RPR est avant tout un lieu de dialogue et de débat. La rubrique « Qu’en pensez-vous ? » permet par exemple de laisser ses réactions concernant le site, d’engager une discussion avec d’autres internautes, de réagir sur les réformes engagées par le gouvernement et de proposer ses propres réformes au sein du « Forum des réformes », de dialoguer en direct avec une personnalité du mouvement, mais aussi de tester sa connaissance des grandes réformes sociales menées par les gaullistes.

« Qu’en pensez-vous ? » est à l’image du site du RPR : une invitation à l’échange, un progrès vers la démocratie directe.

Vous vous demandez qui sont les élus RPR de votre département. Vous vous interrogez sur l’adresse de la permanence RPR de votre fédération. Le site internet du RPR vous montre une carte de France à l’écran. En un clic sur le département de votre choix, vous retrouvez toutes ces informations.

Le RPR sur Internet

Toute l’actualité du Rassemblement pour République en un coup d’œil. Le dernier tract, l’édito du RPR sur Internet, l’agenda des grands événements, les principales déclarations de la semaine, tout y est !

Tapez une année entre 1976 et 1996 et retrouvez les événements qui ont marqué l’histoire du rassemblement !

Écoutez le message du président du rassemblement, Alain Juppé, à l’occasion du vingtième anniversaire du RPR !