Déclaration de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères, sur le développement des relations économiques et culturelles entre la France et l'Uruguay, Paris le 5 novembre 1996.

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Circonstance : Visite en France de M. Julio Maria Sanguinetti, Président de la République orientale de l'Uruguay, à Paris le 5 novembre 1996.

Texte intégral

Monsieur le Président,
Madame,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement honoré et heureux de recevoir ce soir au Quai d’Orsay, le président de la République orientale de l’Uruguay, le docteur Julio Maria Sanguinetti et Mme Martha Canessa de Sanguinetti.

Monsieur le Président, dans le cadre de votre premier mandat présidentiel, qui consacrait le rétablissement et la consolidation de la démocratie dans votre pas, et la reprise du rôle traditionnel de l’Uruguay dans la vie politique régionale et internationale, vous avez déjà eu l’occasion de vous rendre en France à deux reprises : d’abord en 1987 en visite d’Etat, puis invité aux cérémonies du Bicentenaire de la Révolution française, dont les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité ont tant inspiré les idées politiques de votre pays.

Je me réjouis que votre actuel mandat fournisse l’occasion d’illustrer une fois encore l’excellence des relations politiques entre la France et l’Uruguay.

Elle traduit aussi l’intérêt toujours plus marqué des autorités françaises envers l’ensemble des pays de la région, envers les quatre chef d’Etat des pays du Mercosur ayant désormais tous été reçus à Paris par le président de la République depuis qu’il a pris ses fonctions.

Sachez que la France est désireuse d’accompagner l’Uruguay dans l’affirmation de son nouveau rôle au sein du Mercosur, point d’équilibre entre ses grands voisins, mais aussi porte d’entrée du grand marché régional de 200 millions de personnes en train de se constituer, dans une zone qui, grâce à la stabilité politique et à la démocratie, apparaît chaque jour davantage comme un pôle économique majeur de la planète.

Votre ambition est de faire de Montevideo le Bruxelles du Mercosur. Je sais que votre pays, par sa position géographique, son niveau de développement, l’intelligence de ses habitants, a les moyens d’une telle ambition.

Je suis persuadé que vos entretiens et vos rencontres au cours de votre séjour à Paris seront profitables au développement de nos relations économiques et commerciales dans tous les secteurs. De grands groupes industriels français s’installent en Uruguay. Je citerai, en dernier lieu, l’implantation de Gaz de France et de Peugeot, qui viennent s’ajouter aux trente-quatre entreprises françaises déjà présentes dans votre pays.

Je forme le souhait que la présence française puisse se manifester encore prochainement dans les grands projets d’infrastructure intéressant l’Uruguay. Je citerai notamment les projets Hidrovia ou le pont de Colonia pour lesquels des entreprises françaises ont marqué leur intérêt, témoignant de la confiance des milieux d’affaires dans l’avenir de l’Uruguay et du Mercosur.

Monsieur le Président, il me semble très souhaitable, pour l’avenir, que l’identité du nouvel Uruguay, qui se construit actuellement, préserve la spécificité de ses origines européennes. Il est important que votre pays noue avec la France contemporaine une relation nouvelle.

Une relation nouvelle car, sans renier le passé et ses traditions, la France souhaite aussi être perçue par les Uruguayens d’aujourd’hui comme le pays qu’elle est devenu, un pays ayant maîtrisé les mutations technologiques et dont la culture est intégrée à la modernité.

Je suis frappé par le fait que votre pays a été, il y a un peu plus d’un an le premier de toute l’Amérique latine à recevoir en direct des émissions en français sur les ondes FM, grâce à un accord de partenariat entre RFI et l’une des radios les plus prestigieuses de Montevideo. Le francophone et le francophile que vous êtes y a certainement été pour quelque chose.

Suivant cet exemple, nous souhaitons que la lace du français en Uruguay conserve un statut qui, sans méconnaître les nécessités et les réalités du monde actuel, soit à la mesure, non seulement de notre attachement commun d’hier à la langue française, mais aussi de la réalité vivante de la francophonie dans le monde d’aujourd’hui.

A cet égard, nous espérons ardemment que le français reprendra sa place dans le système éducatif uruguayen et que le Lycée français de Montevideo trouvera rapidement le cadre le plus approprié à son développement pour les années qui viennent. C’est pourquoi la reconnaissance du baccalauréat français par les autorités uruguayennes nous semble si importante.

Monsieur le Président,
Madame,

L’histoire a fait d l’Uruguay la pays d’Amérique latine à la fois le plus européen et le plus tourné vers la France. Vous savez le rôle extrêmement actif que la France, lorsqu’elle était en présidence de l’Union européenne, a joué en faveur de la conclusion de l’accord-cadre entre l’Union européenne et le Mercosur, en décembre dernier.

L‘avenir de nos relations repose également sur les liens permanents entre nos deux pays et nos deux peuples, dont votre visite porte témoignage.

Cette amitié et ces liens renouvelés seront prochainement renforcés, puis, ainsi qu’il l’a marqué devant vous hier, le président de la République envisage de se rendre à Montevideo durant sa tournée latino-américaine au printemps prochain.

En levant mon verre à la santé du président de la République orientale de l’Uruguay et de Mme Sanguinetti, je forme le vœu que nous sachions saisir ensemble les opportunités qui s’offrent à nous, pour que la longue histoire commune de la France et de l’Uruguay se renouvelle, s’enrichisse et aborde le siècle qui s’approche le siècle qui s’approche sous les auspices les plus prometteurs.