Texte intégral
Du déplacement que je viens d'effectuer dans la région des Grands lacs, je retire d'abord un enseignement : les problèmes humanitaires, contrairement à ce qui a pu être avancé par certains ces derniers jours, demeurent considérables.
Au Rwanda, le brutal afflux de réfugiés en provenance du Nord-Kivu va entraîner des problèmes très lourds et très complexes, non seulement pour l'assistance à porter immédiatement à ces personnes (en matière de soins, d'abris, de nutrition), mais ensuite pour la réinstallation de ces gens dans leur communauté d'origine.
À l'est du Zaïre, au moins 700 000 personnes restent abandonnées à elles-mêmes, inaccessibles en raison de l'insécurité, dispersées dans les montagnes et les forêts. C'est là que se joue très probablement un véritable drame. Ce n'est pas là, malheureusement que sont les principaux opérateurs humanitaires.
La France, c'est son devoir, mettra tout en œuvre pour aider ces personnes en détresse, et pour mobiliser la communauté internationale sur leur sort. Elle fera tout pour sécuriser l'acheminement de l'aide à ces personnes, qui seront les premières bénéficiaires des 15 millions de francs que le gouvernement a dégagé pour la réponse humanitaire à la grave crise du Kivu. Cette aide a d'ailleurs commencé à être acheminée sur place, puisqu'un avion français transportant du matériel d'adduction d'eau et des secours médicaux est arrivé il y a 48 heures au Rwanda et qu'un convoi est parti ce matin même de Kisangani, au Zaïre, pour secourir les populations en détresse de l'Est zaïrois. Ce convoi français est, je tiens à le dire, le premier qui arrivera sur place.
Mais la réponse humanitaire ne résoudra en rien les problèmes de la région des Grands lacs, qui sont d'abord de nature politique. C'est pourquoi la conférence internationale sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la région, que la France demande depuis 2 ans, est plus que jamais d'actualité.