Déclaration de M. Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères, sur le développement des relations entre la France et le Chili, Paris le 17 octobre 1996.

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Circonstance : Déjeuner offert en l'honneur du ministre chilien des relations extérieures, M. José Miguel Insulza

Texte intégral

Monsieur le ministre,

Je tiens tout d’abord à vous exprimer toute ma joie de vous accueillir ici de même que vous avez accueilli mon prédécesseur à Santiago, il y a tout juste deux ans. Cette visite, par laquelle s’est amorcé le retour de la France en Amérique du Sud, restera l’un de temps forts de notre relation. Celle-ci ne date pas d’hier. La France a même été le premier pays européen à reconnaître le Chili, en 1831.

Depuis deux ans, le retour de la France en Amérique latine est devenu une réalité. Ses bases sont solides ; il ne s’agit pas d’un engouement passager. L’Amérique latine constitue pour nous aujourd’hui une priorité, et dans cet ensemble, le Chili figure, vous le savez bien, en bonne place.

Depuis deux ans également - si l’on fait abstraction d’une brève parenthèse que nous avons rapidement refermée - nos relations bilatérales ne sont en effet approfondies et structurées. Les échanges de visites entre personnalités chiliennes et françaises ont été plus nombreux. De nouveaux moyens d’information sur la France moderne ont été mis en place. Les échanges commerciaux se sont accrus. Enfin, notre coopération, sous la forme d’un partenariat avec les institutions et les entreprises chiliennes, prend valeur d’exemple, - dans la mesure où elle s’est adaptée aux réalités d’un pays moderne en forte croissance.

Les résultats encourageants déjà obtenus, les liens qui se sont tissés, sont autant de sujets de satisfaction. Nous avons commencé à donner une nouvelle dimension à notre relation. Il nous faut maintenant lui apporter encore davantage de contenu. Votre visite, Monsieur le ministre, ne manquera pas d’y contribuer. Vous avez eu et vous aurez encore jusqu’à demain l’occasion de vous entretenir avec d’éminentes personnalités de la République, appartenant aussi bien au pouvoir législatif qu’au gouvernement. Vos rencontres vous auront permis d’aborder des sujets aussi bien politiques que techniques. Si nous avons discuté pendant près d’une heure de nos relations et des grands problèmes mondiaux, vous avez aussi eu l’occasion ce matin de présenter au ministre de l’éducation nationale les enjeux de la réforme de l’éducation au Chili, sujet des plus importants, et d’aborder les formes que pourrait prendre dans ce domaine un concours de la France.

Enfin, les aspects économiques n’ont pas été négligés. Votre rencontre avec nos meilleurs chefs d’entreprise témoigne, s’il en était besoin, de l’importance que la France accorde au marché chilien.

Nous savons que notre pays suscite au Chili un réel intérêt qui est, croyez le bien, réciproque. Au Chili, la France cherche à faire connaître ce qu’elle est devenue, combien elle s’est transformée depuis trente ans. Notre pays veut bien sûr rester au Chili la grande référence culturelle qu’elle a toujours été, mais le fait est qu’elle est aussi devenue votre premier partenaire scientifique. Aussi souhaitons-nous que notre image traditionnelle soit, non pas effacée, mais complétée par la réalité d’une France moderne et technologiquement avancée : création d’un centre de ressources à Santiago, qui reçoit actuellement 200 visiteurs par jour, répond à ce souci. Cette France, un nombre accru de boursiers chiliens peut d’ailleurs aussi la découvrir.

Nous souhaitons, en retour, faire mieux reconnaître le Chili en France.

Nous nous réjouissons des succès des efforts menés par votre pays pour lier son économie à celle des États du Cône Sud, comme l’atteste la récente association du Chili avec le Mercosur.

Parallèlement, vous avez resserré vos liens avec l’Union européenne, comme en témoigne l’accord de coopération que vous avez passé avec elle cet été.

Enfin, au-delà des réalités économiques, nous n’oublions pas, car elle conforte l’image que les Français ont de votre pays, ce « monde du bout du monde », votre éclatante contribution à la culture universelle. Pablo Neruda et Gabriela Mistral, tous deux prix Nobel de littérature, l’on enrichie de leur génie. Il va de soi que la France leur rendra un hommage appuyé, notamment lors de la visite à Paris, que j’espère prochaine, du Président Frei.