Interview de M. Alain Richard, ministre de la défense, dans "La Montagne" du 2 février 1998, sur l'avenir des implantations militaires en Auvergne.

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Média : La Montagne

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La Montagne : Plus de 1 800 personnes avant 1985, encore autour de 1 500 en 1995, plus de 1 100 aujourd’hui. Les effectifs de l’École nationale technique des sous-officiers d’active (ENTSOA) d’Issoire, et en conséquence sont poids économique sur la région, ne cessent de s’alléger. Pour le 28eRT, qui la remplacera cet été, alors qu’on parlait au départ d’un millier de personnes, on n’annoncerait plus aujourd’hui que 800 personnes, parce que le nouveau format de l’armée prévoirait, pour 2002, cinq régiments de transmissions « moyens » au lieu de quatre plus importants. Peut-on avoir une idée précise de l’effectif du 28eRT ?

Alain RICHARD : Utilisons des chiffres qui correspondent à des réalités. Le nombre de 1 100 personnels pour l’ENTSOA que vous citez comporte 210 appelés à très faibles rémunérations et 227 élèves de première et terminale dont l’impact économique pour l’agglomération d’Issoire est modeste. Les professionnels sont au nombre de 670.

Dans le respect des décisions annoncées le 17 juillet 1996 par mon prédécesseur, Charles Millon, sur les restructurations de la défense, le 28e régiment de transmissions remplacera pendant l’été 1998, l’ENTSOA à Issoire. Ce régiment aura, à l’horizon 2002, un effectif d’environ 950 personnels professionnels dont 500 cadres officiers et sous-officiers de carrière, avec leurs familles, soit le double de l’effectif en cadres militaires de l’ENTSOA en 1995.

Il s’agit donc d’une augmentation de potentiel économique pour la localité. J’aimerais pouvoir annoncer partout d’aussi bonnes nouvelles.

La Montagne : L’arrivée d’un régiment de transmissions dans un site conçu pour une école réclamera d’importants travaux d’aménagement (construction d’une zone technique, de hangars, etc.). Trois options de travaux existaient, de la moins onéreuse à la plus chère. Laquelle a été choisie et quel sera le budget ?

Alain RICHARD : J’ai le respect de l’argent des contribuables. Si je l’oubliais, le Parlement et la presse me le rappelleraient sans ménagement. Donc, dans toutes les réorganisations, je dois veiller à la rationalité d’emploi des fonds sur la durée.

Les travaux d’infrastructure indispensables à l’accueil d’un régiment des forces dans l’enceinte d’Issoire seront réalisés en priorité, notamment les travaux concernant la zone technique. Ils seront d’un montant un peu supérieur à 50 MF.

Plus progressivement, comme dans toute l’armée de terre, seront entrepris des travaux d’adaptation de l’infrastructure, en particulier du logement des militaires, aux normes d’une armée constituée totalement de professionnels.

La Montagne :  Dans le cadre de la réforme de la direction générale de l’armement, a pérennité de l’atelier industriel aéronautique de Clermont-Ferrand (AIA) est-elle assurée ?

Alain RICHARD : Oui comme celle des deux autres AIA de Cuers et de Bordeaux.

La Montagne : Pour la maintenance des appareils de l’armée de l’air, une mise en concurrence de l’AIA avec le secteur privé est-elle totalement exclue ?

Alain RICHARD : Les établissements du service de maintenance aéronautique sont compétitifs avec le secteur privé. La question qui se pose est donc plus celle de la participation de ces établissements à d’autres travaux de maintenance que ceux de l’armée de l’air.

La Montagne :  Les engagements de l’État, contenus dans la dernière loi de programmation militaire ayant été sérieusement revus à la baisse, tant en matière d’investissement que de fonctionnement, de très vives inquiétudes se sont précisées ces derniers mois dans l’industrie de l’armement et notamment chez Giat-Industries. Les déclarations de son PDG Jacques Loppion, en juillet dernier, sur le maintien de l’activité chez Manurhin, à Cusset, sont-elles toujours d’actualité ? En ce qui concerne Giat à Tulle, peut-on donner une date pour la mise en route de la diversification en direction du secteur civil ?

Alain RICHARD : Le maintien de l’activité du groupe Giat-Industries à Cusset n’est pas en cause compte tenu du plan de charge prévisible. En ce qui concerne l’établissement de Tulle, la diversification de l’activité et la conversion du bassin d’emploi sont des axes prioritaires qui ne se décrètent pas mais qui se construisent progressivement à partir des projets locaux concrets. Nous soutenons cet effort. Par ailleurs, le comité interministériel à l’aménagement du territoire du 15 décembre dernier a prévu que le ministère examine, dans le cadre de la deuxième phase des restructurations militaires 200-2002, le renforcement de ses implantations à Tulle.

La Montagne : La transformation du 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand en unité mécanisée est-elle officielle et, le cas échéant, quelles seraient les conséquences sur les effectifs et sur le maintien du régiment sur son site actuel ?

Alain RICHARD : Le 92e régiment d’infanterie de Clermont-Ferrand gardera ses missions et ses effectifs. Sa transformation en unité mécanisée sera sans conséquence sur ses effectifs et ne remettra pas en cause son stationnement à Clermont-Ferrand avec, à terme, ses 1 200 professionnels militaires et civils (au lieu de 370 professionnels et 900 appelés en 1998).

Voilà encore un bassin d’emploi qui bénéficie d’un avantage à l’issue de la réforme des armées. Ceci me permet de bien montrer à vos lecteurs, qui sont citoyens et contribuables, que notre pays modernise la défense pour pouvoir encore mieux faire valoir sur le terrain nos intérêts et nos engagements chaque fois que c’est nécessaire, en veillant à l’impact de ses réformes sur la cohésion de notre territoire en particulier dans les régions les plus vulnérables.