Texte intégral
La Provence : 14 février 1998
La Provence : Vous avez reçu la semaine dernière les différents responsables socialistes des Bouches-du-Rhône. Lucien Weygand d’un côté, François Bernardini de l’autre vous ont exposé leurs divergences en présence de Michel Vauzelle. Aucun accord n’a été trouvé à ce jour malgré vos interventions. Pourquoi ?
François Hollande : Michel Vauzelle m’a effectivement saisi, il y a plus de dix jours, des risques d’une liste dissidente conduite par Lucien Weygand dans le cadre des élections régionales. Soucieux de rassembler tous les socialistes et d’éviter une dispersion des voix de gauche dans une région où l’extrême droite menace, j’ai reçu tous les dirigeants du PS du département.
J’ai appelé chacun à prendre conscience de l’enjeu et à faire les efforts nécessaires pour constituer une seule et même liste pour les élections régionales. J’ai insisté sur la responsabilité de ceux qui, par leur attitude intransigeante, empêcheraient l’unité indispensable de la gauche dans les Bouches-du-Rhône et dans la région PACA ».
La Provence : Vous avez, semble-t-il, renvoyé dos à dos les deux parties. Est-il vrai que vous avez refusé à Lucien Weygand la place de sénateur qu’il réclame pour l’automne prochain ?
François Hollande : « J’ai demandé au bureau national de donner toute liberté à Michel Vauzelle pour mener les discussions avec les uns et les autres. Il a notamment été convenu d’offrir trois places en bonne position sur la liste Vauzelle aux amis de Lucien Weygand. Quant à offrir un mandat de parlementaire à Lucien Weygand, la grande majorité du bureau national n’y était pas hostile, si cela permettait de régler une bonne fois pour tout le différend. Michel Vauzelle a donc été chargé de mener les négociations sur ces bases. »
La Provence : M. Bernardini ne cache pas ses ambitions de succéder à Lucien Weygand à la tête du conseil général. En quoi est-il un candidat plus acceptable que M. Weygand et pourquoi le bureau national du PS a-t-il refusé d’aborder cette question ?
François Hollande : « Selon les statuts du PS, le candidat à la présidence du conseil général est élu par le conseil fédéral après avis du groupe PS de l’assemblée départementale. Ce sera vrai en mars prochain dans les Bouches-du-Rhône. Le bureau national n’a pas autorité pour trancher la question. Je l’ai dit à Lucien Weygand qui en a parfaitement convenu ».
La Provence : Que pouvez-vous encore faire à 48 heures de la clôture du dépôt des listes ?
François Hollande : « Je peux formuler le vœu que les socialistes se préoccupent d’abord de gagner des cantons au lieu de vouloir régler avant l’heure la question de la présidence du conseil général.
Dans l’immédiat, je lance un appel amical à Lucien Weygand pour qu’il rejoigne avec ses amis la liste de Michel Vauzelle. C’est le seul objectif qui vaille, aujourd’hui. »
RMC : 16 février 1998
François Hollande : « La sanction sera à la hauteur du risque qui sera pris. C’est-à-dire que ceux qui se mettent sur des listes dissidentes – je l’ai dit, ce sera très peu de personnes dans très peu de départements – se mettront hors du parti. »
RMC : Cela vaut pour M. Weygand ?
François Hollande : « Cela vaut pour tous ceux qui se mettent dans cette situation, parce que l’important, alors qu’on a réussi à rassembler toute la gauche dans la plupart des départements, et donc tous les socialistes, l’important est de faire gagner la gauche. Moi, j’ai essayé de faire prévaloir ce principe d’unité des socialistes et de rassemblement de la gauche. Mais quand vous avez des personnes qui veulent absolument en découdre, il est parfois difficile de le faire. Mais néanmoins, après le scrutin, compte tenu des responsabilités de chacun, je serai extrêmement ferme sur les suites à donner. »