Texte intégral
Les élections prud’homales du 10 décembre 1997 verront leur caractère de référence, de représentativité, d’influence, de légitimité, de crédibilité pour le syndicalisme encore renforcé par rapport aux précédentes, puisqu’elles restent maintenant les seules de caractère général dans le domaine syndical.
Pour cela, le résultat en termes de participation, de score de chaque organisation, pèsera lourd dans les évolutions du mouvement social, du rapport des forces dans chaque entreprise.
Nous avons donc toutes les raisons de prendre cette question en compte, dès maintenant dans toute la CGT, pour nous engager sans attendre dans la construction d’une campagne qui soit en pleine cohérence avec l’ensemble de notre démarche et qui prenne bien en compte toute la dynamique de la précédente période.
Ni électoraliste, ni généraliste, ni traditionnelle, cette campagne doit porter l’utilité du vote CGT de l’élection d’un maximum de conseillers, tout à la fois pour le développement et la convergence des luttes, la promotion de contenus revendicatifs pour le plein emploi solidaire, une démarche unitaire de rassemblement et la construction d’une grande force syndicale pour le progrès social.
Ces perspectives, c’est tout de suite, dans l’activité au quotidien qu’il fait les intégrer.
De ce point de vue, cette campagne des élections prud’homales est une véritable chance dans la mesure où elle met à l’ordre du jour, pour gagner au vote CGT, la nécessité de se mettre partout à l’offensive, en situation de conquête.
Pour y parvenir, les efforts de toute la CGT, le travail de coopération pour mettre en mouvement tous les syndiqués de toutes professions, actifs et retraités dans une campagne de proximité, de convergences d’intérêt syndical, public/privé, de solidarité emplois stables, précaires, chômeurs, sont évidemment décisifs, dès maintenant.
Dans ce sens, en lien avec les luttes et le développement du mouvement social, toutes les initiatives que nous prenons, décidons, doivent viser à enclencher et nourrir cette dynamique du vote CGT aux prud’hommes.
Après le conseil national de l’Ugict, le CCN en octobre et la rencontre nationale des secrétaires à l’organisation des 3 et 4 décembre, la campagne de remise des FNI 1997 et de syndicalisation, la rencontre nationale des unions locales les 17 et 18 février, les initiatives confédérales avec les commissions exécutives confédérales en janvier, les privés d’emploi en mai, les 40 congrès d’unions départementales et de fédérations prévus dans cette période, s’inscrivent dans la structuration de cette démarche de cohérence de toute la CGT autour d’un objectif commun.
Un état d’esprit nouveau
Déjà, ce qui se met en place et se fait sur le terrain en matière de syndicalisation, de mise en commun pour se déployer et conquérir des forces nouvelles, révèle, même si cela est encore trop partiel, un état d’esprit nouveau, un début de dynamique qui peut porter loin.
Ceci doit, pour se développer, s’enraciner sur ce qui fait la réalité des évolutions du salariat aujourd’hui, qui n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était en 1992.
L’explosion de la précarité, du chômage, de la structure des entreprises, l’extension des zones industrielles, commerciales, la disparition ou le rabougrissement de grandes entreprises et l’implantation de petites unités à forte population ICT, femmes, jeunes, sans véritables garanties collectives, tout cela marque la période en lien avec un mécontentement social qui s’approfondit, des luttes qui se multiplient et un regard nouveau qui se tourne vers le syndicalisme, dès lors que celui-ci fait la démonstration qu’il peut répondre aux besoins d’unité, de rassemblement et de démocratie qui se révèlent.
Une appréciation globale est nécessaire, mais il y a besoin d’une connaissance réelle et précise du terrain pour mener une campagne adaptée, intégrée dans l’activité au quotidien.
C’est à partir de ces considérations que le collectif national prud’hommes, en place depuis octobre dernier, travaille sur quelques pistes qui, sans rien évidemment figer à l’avance, n’en constituent pas moins des réflexions et initiatives concrètes à intégrer partout dans notre démarche dès maintenant.
Premier temps : les inscriptions
Il s’agit en premier des inscriptions. Près de 18 millions de salariés, en intégrant ceux qui sont privés d’emploi, vont voter dans cinq sections : industrie, agriculture, commerce, activités diverses, encadrement.
Pour voter, et pour voter CGT, il faut d’abord être inscrit. C’est la priorité et il est très important que la CGT s’engage pour que les salariés soient sensibilisés, informés et que la bataille, les interventions en direction des pouvoirs publics et des employeurs pour obtenir la garantie du droit de vote soient menées très en amont de la publication des listes.
Et cela, c’est d’autant plus vrai que faire inscrire les chômeurs, les précaires, les Ictam dans la section encadrement ou d’une manière plus générale dans les entreprises, zones, secteurs où il n’y a pas de syndicat.
Il s’agit également des candidatures. Il y aura 7 000 sièges à pourvoir, dont 2 500 sont actuellement occupés par la CGT. Pour présenter des listes à 200 %, il faut présenter 14 000 candidatures et pour que chacune d’entre elles puissent faire l’objet de propositions, de débats, de décisions démocratiques, les recherches, avec les syndiqués, sont à engager dès maintenant.
Il s’agit aussi de notre campagne de communication qui devra articuler le vote identitaire CGT et l’institution prud’homale. Il n’est pas trop tôt pour engager une campagne de communication cohérente, avec bien sûr des phases marquées à différentes étapes, qui porte le mot d’ordre central « esprit de conquête » et qui s’adresse, en lien avec les revendications et les luttes, aux différentes catégories de populations : jeunes, femmes, ICT, privés d’emploi, etc.
Une souscription nationale
Il s’agit enfin de la question des moyens financiers pour lesquels nous avons sans attendre à réfléchir pour engager une souscription nationale qui permette tout à la fois de faire face aux impératifs financiers à tous les niveaux et de démultiplier les initiatives de contacts sur le terrain avec l’apport de toute la CGT.
Cette dynamique électorale s’inscrit dans notre volonté, affirmée au 45e congrès, de construire une grande force syndicale en capacité de relever les défis posés au monde du travail.
Pour cela, nous avons à bien faire mesurer que d’authentiques avancées ont été obtenues dans la dernière période et qu’il convient de mieux les mettre en valeur, de mieux s’appuyer dessus pour donner confiance et dépasser les nombreux obstacles qui demeurent.
Les luttes revendicatives qui ne sont pas ralenties après novembre/décembre 1995 mais au contraire élargies à d’autres secteurs, notamment dans le privé, et ont encore gagné en unité, en solidarité, en conscience d’intérêts convergents.
Les succès obtenus qui, comme l’ont montré les routiers, prouvent que l’action collective peut imposer le progrès social à un moment où toutes les mesures patronales et gouvernementales visent au contraire à la déréglementation et au démantèlement des garanties collectives.
Les bilans de nos conseillers prud’homaux et des actions juridiques qui, de plus en plus, en lien avec les luttes, permettent d’obtenir des reculs significatifs.
Les résultats des élections professionnelles qui, depuis le débit de cette année marquent des progrès significatifs de la CGT.
Nos états d’organisation qui, depuis deux ans, confirment une stabilisation globale de nos effectifs des progrès en forces organisées dans un nombre plus grand de fédérations et d’unions départementales, y compris dans des secteurs fortement marqués par la casse, la précarité, le chômage, et une recrudescence de bases nouvelles avec des adhésions collectives.
Enfin, un état d’esprit nouveau qui se développe dans la CGT et permet, avec le souci grandissant, d’associer les syndiqués, d’améliorer la vie syndicale, de multiplier les initiatives, les expériences de déploiement et de conquête.
Évidemment, nous sommes encore loin du compte, beaucoup d’efforts restent à faire et rien ne sera automatique, mais cette dynamique d’avancées, conjuguée avec une bataille offensive pour le vote CGT aux prud’hommes peut aller vite et loin.
Une dynamique qui porte faut nos ambitions
Pour cela, cette période est vraiment décisive et mérite des efforts convergents de toute la CGT vers nos syndicats, les syndiqués afin d’accélérer le placement des FNI 1997 et d’engager en grand des initiatives de syndicalisation larges, ouvertes, dans l’entreprise, mais aussi aux parrainages d’autres entreprises pour créer des bases nouvelles, les aider à se développer. Dans ce sens, la mise en place de collectifs de conquête au plus près du terrain, en coopération avec nos unions locales, pour multiplier et pérenniser les initiatives de contacts avec l’ensemble du salariat, actif, retraité, précaire ou privé d’emploi doit revêtir un caractère prioritaire pour toute la CGT.
De l’implication réelle, motivée, durable des syndiqués, de leur mise en mouvement avec esprit de conquête, tant sur l’action revendicative que sur la syndicalisation et le vote CGT aux prud’hommes, dépend pour beaucoup le processus de développement du mouvement social, indispensable pour imposer un autre avenir.
Forts des avancées déjà réalisées, cette campagne des élections prud’homales, le résultat que nous y obtiendrons, peuvent être un sacré tremplin dans ce sens.
Avec confiance, dans une dynamique qui porte haut nos ambitions de solidarité, de progrès social, de citoyenneté et de rassemblement dans une démarche de proximité, nous avons tout intérêt à engager partout, dès maintenant, cette campagne CGT pour les élections prud’homales.