Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais vous présenter ce matin les statistiques relatives aux crimes et aux délits constatés en France en 1996.
Ces chiffres revêtent chaque année une importance particulière. Ils sont le baromètre de l’état de la sécurité, et donc de l’efficacité de notre action.
Pour la deuxième année consécutive, l’insécurité a diminué en 1996.
Avec un recul de 2,88 % du nombre des crimes et délits constatés en 1996, nous poursuivons la tendance à la baisse enregistrée en 1995.
En deux ans, c’est une chute de près de 10 % de la délinquance qui s’est produite. Nous pouvons nous en réjouir.
Aujourd’hui, la délinquance régresse au point de revenir à un niveau inférieur à celui de 1991. Un coup d’arrêt a été mis à une progression qui était devenue régulière et obsédante.
On doit en remercier l’ensemble des forces de police et de gendarmerie qui sont les acteurs essentiels de cette réussite.
Je leur exprime la reconnaissance du Gouvernement.
Je souhaiterais, avant que le directeur général de la police nationale et le directeur général de la gendarmerie ne développent l’analyse des données que vous avez en votre possession, vous livrer quelques commentaires.
Je tiens en effet à la fois à exprimer ma satisfaction devant quelques évolutions significatives.
À vous dire ma préoccupation devant la persistance de phénomènes inquiétants.
À vous rappeler enfin ma détermination à poursuivre les chantiers entrepris pour améliorer la sécurité des Français.
Ma satisfaction résulte, bien évidemment, des statistiques que je vous ai dévoilées.
Avec 105 000 délits de moins cette année, j’ai la conviction que nous sommes sur la bonne voie. Et cela d’autant que cette diminution est la conséquence directe de la chute du nombre des vols qui représentent, à eux seuls, la plus forte proportion des crimes et délits.
Les vols appartiennent à cette catégorie des agressions de la vie quotidienne qui sont insupportables pour tous les Français.
J’observe également que l’ensemble des délits de voie publique enregistrent un recul significatif.
Comment ne pas s’en réjouir, quand on sait combien ils contribuent à entretenir un sentiment d’insécurité dans toutes les couches de la population.
C’est également pour moi un motif de contentement de noter la diminution réelle de la proportion d’étrangers auteurs de crimes et de délits.
J’y vois le signe qu’une politique déterminée, cohérente de l’immigration et de l’intégration peut porter des fruits sur la durée.
J’ajouterai, et ce sera mon dernier élément de satisfaction, que le recul de l’insécurité est géographiquement bien réparti. Il concerne les zones rurales contrôlées par la gendarmerie et bénéficie aussi aux périmètres urbains, et notamment à la région Île-de-France.
Vous noterez la baisse notable des crimes et délits dans le Bassin parisien qui génère, à lui seul, le quart de la criminalité nationale.
Ces motifs de satisfaction ne m’empêchent pas de nourrir, par ailleurs, de réelles inquiétudes.
La première d’entre elles a trait aux mineurs délinquants : le nombre des mineurs mis en cause, sans cesse croissant, est une vraie source de préoccupations.
Si nous n’avons pas connu, en 1996, de troubles majeurs, la situation dans les quartiers difficiles des grandes villes, colle le climat dans certaines villes moyennes, restent tendus.
Il en est de même de la persistance d’un niveau élevé de délits liés à la toxicomanie et aux stupéfiants.
Malgré nos efforts et notre détermination, nous ne sommes pas encore parvenus à infléchir, en ce domaine, la courbe de la délinquance.
Ma troisième source d’inquiétude est, vous vous en doutez, le regain de la menace terroriste.
Le retour à l’application du plan Vigipirate dans sa phase renforcée a fourni aux Français l’occasion d’apprécier la capacité de mobilisation des forces chargées d’assurer la sécurité, ainsi que leur détermination et leur sang-froid. Je souhaite leur rendre hommage.
Il est clair – et cela anticipe vos interrogations – que Vigipirate a des incidences sur l’évolution de la délinquance.
Le déploiement des forces et la multiplication des contrôles qui en découlent ont des conséquences incontestables mais difficilement mesurable à ce jour. Il est prématuré et hasardeux d’en tirer des enseignements.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les quelques observations que je voulais faire.
Avant de laisser la parole aux directeur généraux, il me paraît nécessaire de réaffirmer devant vous la détermination du Gouvernement à poursuivre son action en matière de lutte contre l’insécurité.
La hausse de la délinquance et la montée du sentiment d’insécurité ne sont pas des évolutions inéluctables qui n’appelleraient comme seule réponse qu’un fatalisme convenu.
Les résultats obtenus depuis 1995 sont le fruit d’une politique active de modernisation de la police et de mobilisation des policiers.
Nous sommes certes au milieu du gué. Beaucoup reste à faire pour renverser durablement la vapeur.
Nous y parviendrons si nous savons adapter l’action de la police et de la gendarmerie à l’évolution des formes d’insécurité.
J’ai pour ma part, avec la réforme de la police, entrepris cette mutation.
Mieux recruté, mieux formé, mieux employé dans une activité bien définie et disponible pour le citoyen, le policier français devra en 1997 répondre, un fois encore, à la formidable attente de sécurité qui émane de nos compatriotes.
Je vous donne rendez-vous l’an prochain pour en juger.