Texte intégral
Le Parisien : Pourquoi avoir attendu si longtemps pour en venir là ?
Dominique Strauss-Kahn : Depuis le début, j’avais dit qu’il n’y aurait pas de cumul de ma fonction de ministre avec celle de président de région. L’idée d’arracher au RPR cette région que j’aime me séduit. Mais j’ai une mission à accomplir aux côtés de Lionel Jospin sur le front de l’euro, de la relance économique et de l’emploi. Alors, c’est vrai, j’ai hésité longtemps. Mais nous sommes à cinq semaines de l’élection, c’est aujourd’hui le dépôt des listes, nous sommes donc dans les temps.
Le Parisien : Les derniers sondages indiquent une remontée de la droite en Île-de-France. N’y a-t-il pas eu cafouillage dans vos rangs ?
Dominique Strauss-Kahn : Il n’y a pas eu cafouillage. Quant à la remontée de la droite, qui est sortante, elle est plus que relative. Ce ne sont pas les visites d’Édouard Balladur dans quelques maisons de retraite et sur deux ou trois marchés qui vont changer les choses ! Il ne suffit pas de surfer plus de deux mois avant le scrutin : il faut être là à l’arrivée.
Le Parisien : Pourquoi cette région, traditionnellement de droite, basculerait-elle à gauche ?
Dominique Strauss-Kahn : C’est en effet loin d’être gagné pour nous. Mais il y a, notamment, deux grosses failles dans le bilan de la droite. Il suffit de se promener dans les transports en commun pour voir si le confort, si la sécurité, si la propreté, si même la ponctualité sont assurés comme ils devraient l’être. Ensuite, il y a un manque évident de transparence dans la gestion de la région. Les dernières années ont été marquées par les mises en examen, les accusations, les perquisitions. On s’est visiblement servi au lieu de servir. Tout cela est scandaleux et pèsera lourd le jour du vote.
Le Parisien : Édouard Balladur fait une campagne de terrain depuis plus de deux mois. Pensez-vous qu’il ait changé ?
Dominique Strauss-Kahn : Il est toujours aussi à gauche avec les gens et aussi à droite dans ses opinions.
Le Parisien : Pour l’opposition, cette élection sera un test national.
Dominique Strauss-Kahn : Ce sera, à l’évidence, un test national, puisque tous les Français vont voter. Si nous gagnons trois, quatre ou cinq régions, ce sera un formidable succès.