Interview de MM. Édouard Balladur, député RPR, et François Hollande, premier secrétaire du PS, à France 2 le 8 mars 1998, sur les élections régionales.

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Circonstance : Elections régionales le 15 mars 1998

Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

MICHÈLE COTTA : Bonjour. Deux invités aujourd’hui pour ce dernier « Polémiques » avant les élections régionales, Édouard BALLADUR, député de Paris, ancien Premier ministre qui conduit la liste de l’opposition RPR-UDF à Paris avec vocation de devenir président de la région Île-de-France s’il a la majorité des élus et François HOLLANDE, premier secrétaire du Parti socialiste, député de Corrèze et candidat, lui, en Corrèze en ce moment. Nous allons donc les interroger l’un après l’autre avec mon confrère Paul GUILBERT du FIGARO. Puis, si vous le voulez bien, vous disposerez chacun de quelques minutes en fin d’émission pour vous répondre et pour conclure. Alors j’ai dit donc l’un après l’autre et pour cela, il a fallu tirer au sort. Nous avons donc tout à l’heure, juste avant l’antenne, procédé à un tirage au sort et c’est vous Monsieur BALLADUR qui avait été tiré en premier. François HOLLANDE donc vous écoute et parlera après vous. Alors Édouard BALLADUR, Charles PASQUA, parlant de ces élections, a dit qu’il pourrait y avoir un véritable tremblement de terre. Alors quel tremblement de terre attendez-vous ? Est-ce que vous redoutez le séisme dont ont parlé d’autres et où ça ?

ÉDOUARD BALLADUR : Je n’attends, Michèle COTTA, aucun tremblement de terre et je n’espère aucun et je n’en prévois et je n’en prédis aucun. L’enjeu de ces élections régionales est relativement simple et clair. Le premier enjeu pour nous, c’est d’y intéresser les citoyens qui ont tendance à penser que la région est une chose un peu lointaine dont ils ne voient pas toujours l’utilité et ils ne savent pas toujours que, lorsque leurs enfants vont dans un lycée, dans un institut universitaire de technologie ou lorsqu’ils empruntent des transports en commun, c’est à la région qu’ils le doivent. Le véritable enjeu, c’est de savoir finalement si les régions doivent être dirigées à mon avis pour l’Île-de-France – c’est de ça que je parle – dans un esprit qui soit un esprit d’adaptation aux temps nouveaux. Je crois que le temps du développement gigantesque, quantitatif, il fallait beaucoup construire, beaucoup aménager beaucoup de routes, de chemins de fer, etc. c’était bien, c’était très bien, il fallait le faire, il faut continuer à faire ce qui doit être fait. Je crois que maintenant, l’aspiration est une aspiration à la qualité et c’est là-dessus que je voudrais insister si vous me le permettez.

MICHÈLE COTTA : Monsieur le Premier ministre, pardon, je vous interromps pour vous montrer la façon dont Jean-Michel MERCUROL, pour cette émission « Polémiques », a envisagé la campagne électorale, votre campagne électorale. Le sujet, le point de Jean-Michel MERCUROL.

JEAN-MICHEL MERCUROL : La droite en campagne, c’est surtout l’action de quelques hommes comme Philippe SÉGUIN parti labourer la France profonde pour regagner les électeurs perdus après la sévère leçon des législatives. La popularité retrouvée de Jacques CHIRAC ne profite pas à son propre camp et l’opposition ne témoigne pas non plus d’un puissant élan d’union pour la reconquête. L’enjeu alors n’est pas de tenter de conserver le pouvoir dans 20 régions sur 22 mais seulement d’empêcher un violent retour de balancier qui pourrait lui en faire perdre 10 ou 15 d’où le désenchantement des dirigeants.

PHILIPPE SÉGUIN (président du RPR) : Nombre de Français ont toujours une certaine indulgence vis-à-vis du pouvoir et ne voient pas encore tous en l’opposition une alternative définitivement crédible.

JEAN-MICHEL MERCUROL : Une crédibilité encore entamée par la fréquence à droite des listes dissidentes. Dernier point, et non des moindres, la présence du Front national dans ces élections dont les chefs RPR et UDF refusent le concours pour conserver les directions régionales mais avec qui plusieurs leaders locaux sont soupçonnés de vouloir conclure des accords pour se maintenir. Comme quoi, il y a des campagnes électorales où vraiment rien n’est simple.

PAUL GUILBERT : Alors Monsieur le Premier ministre, l’enjeu est-il finalement plus local ou plus national ? Vous pourriez clarifier un peu ça ?

ÉDOUARD BALLADUR : Écoutez, ce que j’ai dit était clair mais je vais le répéter. L’enjeu est régional. Il s’agit de mener une politique de qualité, qualité de la sécurité, qualité de la formation des jeunes, qualité de l’emploi et aussi de faire en sorte que les régions aient davantage de pouvoir pour que les citoyens soient plus maîtres de leurs affaires. Et je regrette que la décentralisation soit un peu absente du débat. C’est à mon avis un point très important. Voilà pour l’enjeu régional. Quant à l’enjeu national, comme l’a dit le reportage que nous venons de voir très brièvement, il s’agit de savoir si ces élections vont être pour l’opposition républicaine et libérale la première étape de son redressement. En effet, actuellement… alors il est vrai que le climat est difficile parce qu’actuellement règne dans notre pays une atmosphère je dirais de contentement et de satisfaction.

MICHÈLE COTTA : On y reviendra si vous le voulez bien sur la sortie de crise ou pas sortie de crise mais on y reviendra.

ÉDOUARD BALLADUR : Bien. Alors je ne développe pas ce point. Donc, je me borne à dire que la question de savoir si oui ou non nous allons être capables de commencer le redressement de l’opposition est une question très importante et je souhaite que tous nos concitoyens en prennent conscience quel que soit leur vote d’ailleurs. Et le premier point sur lequel je souhaite insister, c’est qu’il faut voter dimanche prochain et qu’on ne vote qu’un dimanche et pas deux contrairement aux élections cantonales. Donc, c’est un peu compliqué mais il faut voter. Et deuxièmement – et j’évoque ici un sujet que vous avez montré tout à l’heure – il faut se rendre compte du fait qu’il n’y a que deux solutions et pas trois de façon générale.

PAUL GUILBERT : Deux ?

ÉDOUARD BALLADUR : Mais oui, deux et pas trois, je le répète.

PAUL GUILBERT : Pourquoi donc ?

MICHÈLE COTTA : Quel troisième éliminez-vous ?

ÉDOUARD BALLADUR : Eh Bien, je le répète, ou bien c’est l’opposition républicaine et libérale qui l’emportera en Île-de-France ou bien ce sera le Parti socialiste et le Parti communiste. Il n’y a pas de troisième solution. Et dans ces conditions, toute voix qui est retirée à l’opposition républicaine et libérale, c’est-à-dire RPR, UDF et Divers droite, est en fait une voix qui favorise la liste du Parti socialiste et du Parti communiste. Il faut que chacun le sache très clairement.

PAUL GUILBERT : Mais pourtant, il y a une limite à votre candidature. Vous avez dit que vous ne seriez pas candidat à la présidence de l’Île-de-France si vous n’aviez pas la majorité relative, ce qui veut dire que vous n’accepteriez pas les voix du troisième donc dont vous n’avez pas prononcé le nom qui est le Front national.

ÉDOUARD BALLADUR : Mais je n’aurai pas à les accepter ou à les refuser puisque je ne serai pas candidat. Je l’ai dit depuis trois mois des dizaines de fois. Je veux bien le répéter encore une fois si vous voulez.

MICHÈLE COTTA : Vous nous le répétez.

PAUL GUILBERT : Votre adversaire principal, Monsieur STRAUSS-KAHN, demande que vous preniez un engagement supplémentaire qui recouvrirait les candidats de votre liste.

ÉDOUARD BALLADUR : Écoutez, je suis nullement tenté d’entrer dans la voie dans laquelle le Parti socialiste voudrait nous faire rentrer à coups de mises en demeure successives. Que le Parti socialiste commence par constater que des dizaines et des dizaines de ses députés ont été élus grâce au maintien dans des élections triangulaires du Front national. Alors qu’il cesse de jouer les infatigables donneurs de leçon de morale. J’ai dit ce que j’avais à dire et je m’en tiens à ce que j’ai dit et ce que je ferai. C’est parfaitement clair.

MICHÈLE COTTA : Édouard BALLADUR, d’autres auprès de vous – Philippe VASSEUR pour ne pas le nommer – ont quand même un langage légèrement différent. À ceux-là, qu’est-ce que vous leur dites ? Est-ce que vous dites, moi, Édouard BALLADUR, je pense autre chose ou est-ce que vous leur dites, tout le RPR doit penser autre chose ?

ÉDOUARD BALLADUR : Écoutez, en ce qui me concerne, ma position est claire, je le répète encore une fois. Je voudrais quand même dire que tous nos efforts et je dirais que tout mon espoir et ma prévision, c’est que le problème n’ait pas à se poser parce que…

MICHÈLE COTTA : Comment ça ?

ÉDOUARD BALLADUR : Simplement, parce que s’il devait se poser, cela voudrait dire que nous n’aurions pas la majorité relative en Île-de-France. Je suis convaincu que nous l’aurons. Bien. À partir de là, la question ne se pose plus, bien, sauf que ça serait peut-être le Parti socialiste à prendre le même engagement. Mais enfin, laissons cela de côté. Donc, toute la question, c’est que le problème ne se pose pas et s’il devait se poser, j’ai dit et répété cent fois, je le répète cent une fois si vous y tenez absolument quelle était ma position. Et ceux qui prendraient une position différente à mon avis seraient dans l’erreur. C’est tout ce que je peux dire.

PAUL GUILBERT : Et pour vous, le problème du Front national – je parle pour l’ensemble de la droite – sera résolu quand ? Un jour ou pas ? Est-ce que vous attendez un jour par exemple à une scission de la droite ou est-ce, excusez-moi, est-ce que vous allez reprendre vos propositions de confédération de l’ensemble des droites ?

MICHÈLE COTTA : Question complémentaire, lorsque Alain PEYREFITTE, le premier, a dit « à un moment donné, il faudra bien résoudre ce problème du Front national », ou en sont vos réflexions à ce sujet-là ?

ÉDOUARD BALLADUR : Je vais vous dire ce que j’en pense. D’ailleurs, j’en pense quelque chose qui est marqué – je me permets quand même de le dire – de la continuité et de la cohérence. Si des électeurs nous ont quittés, c’est qu’ils ont trouvé que nous ne menions pas depuis x années la politique de leurs souhaits. Donc, le problème, ce n’est pas des calculs d’état-major et des accords derrière le rideau plus ou moins secrètement pour…

MICHÈLE COTTA : …Subreptices comme dit Laurent FABIUS.

ÉDOUARD BALLADUR : Subreptices, oui. Enfin, Laurent FABIUS qui a quand même fait la loi, fait voter quand il était Premier ministre la loi qui a institué la représentation proportionnelle et permis à 35 députés du Front national d’entrer au Parlement. Fermons cette parenthèse. La question n’est pas une affaire d’état-major, ni d’élus qui s’arrangent entre eux pour conserver les places. Le problème sera résolu s’il doit l’être et j’espère qu’il le sera si la droite républicaine et libérale est capable, et je le souhaite, et elle est décidée à mettre en œuvre les convictions, les idées et les principes qui doivent l’animer. Et si les électeurs nous ont quittés, c’est qu’ils ont eu le sentiment que nous n’étions plus aussi affirmés dans ces convictions. Donc, commençons par convaincre les Français. C’est beaucoup plus important que de passer des accords entre les uns et les autres pour se conserver les places les uns et aux autres. En tous cas, c’est ma conviction profonde. Et dans les années qui viennent, je crois que l’effort que nous devrons faire – puisque le Front national occupe une partie de notre paysage politique depuis maintenant, depuis que Monsieur MITTERRAND l’a favorisé, c’est-à-dire depuis à peu près une quinzaine d’années – eh bien, faisons tous les efforts nécessaires pour répondre aux aspirations des Français qu’éventuellement nous avons pu décevoir. Voilà ma position, elle est très claire.

MICHÈLE COTTA : Et ces élections, pour vous, n’ont-elles pas lieu trop tôt, c’est-à-dire neuf mois après une autre sanction, la sanction des législatives ?

ÉDOUARD BALLADUR : Oui, sans doute mais enfin, le calendrier, le calendrier… dès lors qu’elles arrivent… vous savez, je sais très bien ce que vous allez tous dire dimanche prochain 20 heures.

MICHÈLE COTTA : 20 h 01, qu’est-ce qu’on va dire ? Racontez-nous.

ÉDOUARD BALLADUR : Vous allez vous poser une seule question.

MICHÈLE COTTA : Est-ce qu’Édouard BALLADUR a gagné ?

ÉDOUARD BALLADUR : Non, non. Ça, on ne le saura que quelques heures plus tard. Vous allez vous poser une seule question : est-ce que la gauche fait mieux ou moins bien qu’au premier tour des législatives de 97 ? Est-ce que la droite républicaine et libérale fait mieux et moins bien ? C’est la première question qu’on posera.

MICHÈLE COTTA : C’est normal.

ÉDOUARD BALLADUR : Non mais je ne vous critique pas. Ce qui prouve bien que c’est une affaire d’enjeu national. Et à cet égard, vous m’avez promis qu’on aurait peut-être le temps de parler de la politique du gouvernement. Je ne voudrais pas qu’on l’oublie.

MICHÈLE COTTA : Juste une question avant sur le poids des affaires. Est-ce que vous ressentez, vous à Paris, le poids des HLM de Paris ? Et simultanément, à propos du président du Conseil constitutionnel qui est en ce moment lui aussi dans le collimateur des juges, quelle est votre opinion ? Est-ce que le poids des affaires pèse vraiment sur la politique française ?

ÉDOUARD BALLADUR : Oh, écoutez, de façon générale, moi, j’ai une attitude constante qui consiste à respecter les décisions de la justice mais attendre que ses décisions aient été prises – bon, c’est un premier point – et je déteste tout ce qui ressemble de près ou de loin à des calomnies plus ou moins hypocrites. Premier point. Jusqu’à présent, je n’ai pas observé que la justice se soit prononcée. Deuxième point – parce que je commence, je dois le dire, je ne vais pas me laisser aller à un mouvement d’humeur mais enfin, tout de même – qu’est-ce qu’on a à reprocher à la liste que je conduis à Paris ? Est-ce qu’il y a quelqu’un contre lequel on puisse articuler un reproche ? En revanche, j’ai le regret de le dire, il y a sur la liste de la gauche dite plurielle une ou deux, je crois, personnalités qui sont mises en examen. Très bien. Peut-être sont-elles totalement innocentes mais elles sont mises en examen. Vous n’en trouverez pas une seule sur ma liste. Alors par pitié, laissons ce débat de côté si vous le voulez bien. Il est bien vrai qu’il ne fait pas de bien à la démocratie. Il est bien vrai que, lorsque les citoyens ont le sentiment que, finalement, tout le monde se met d’accord pour ne pas mettre ces affaires au premier plan quels que soient les mouvements politiques auxquels on appartienne, ça ne fait pas de bien à notre vie publique, à la démocratie. Je demande une seule chose, c’est que la justice fonctionne peut-être plus vite qu’elle ne le fait pour qu’on ne reste pas de longs mois voire parfois de longues années avec des problèmes qui pèsent sans qu’on sache finalement quelle est la vérité. En ce qui me concerne, j’attendrai de savoir que les juges nous disent quelle est la vérité. Et jusque-là, ce n’est pas le genre d’arguments que j’utilise en ce qui me concerne.

PAUL GUILBERT : En général, des élections locales ou régionales sanctionnent souvent assez durement un pouvoir en place depuis peu de temps. Alors celui-là – je parle du gouvernement, de ce pouvoir – est-ce qu’il a eu de la chance ? Quelles erreurs majeures vous lui voyez ?

ÉDOUARD BALLADUR : Écoutez, ne parlons pas du passé, de savoir s’il a eu de la chance ou pas de la chance. Mon sentiment, c’est qu’il a quand même eu de la chance. Il en a eu plus qu’il ne le prévoyait et plus que nous le prévoyions nous-mêmes d’ailleurs.

MICHÈLE COTTA : Sinon, peut-être, il n’y aurait pas eu de dissolution.

ÉDOUARD BALLADUR : Bon, ça, c’est un premier point.

PAUL GUILBERT : Et depuis neuf mois alors ?

ÉDOUARD BALLADUR : Alors depuis neuf mois, le sentiment prévaut en ce moment que la situation de notre pays s’est améliorée. C’est d’ailleurs un sentiment général à l’Europe qui repose pour une part sur une réalité. Mais, moi, je constate une chose. Je reviens des marchés du XVe arrondissement et comme j’y vais tous les jours dans cette campagne, je demande chaque fois aux gens comment ça va. Je trouve très peu de monde qui me dise que ça va mieux. Alors on verra bien. On n’en est qu’au début. Si véritablement il doit y avoir une embellie de notre économie, tout le monde doit s’en réjouir et tout le monde doit s’en féliciter mais il faut d’abord constater qu’elle existe. Et jusqu’à présent, la constatation n’est pas faite, premier point. Et deuxième point… alors quant à savoir à quoi elle est due, n’entrons pas là aussi dans la polémique. Je n’ai pas le sentiment que le gouvernement actuel ait développé de très grands efforts de politique économique pour améliorer la situation mais enfin, peu importe, ce n’est pas le problème. Le problème, moi, qui me paraît fondamental, il est le suivant : si ça va mieux, est-ce qu’on va en profiter pour faire toutes les réformes dont la société française a besoin ? Parce que si ça va mieux aujourd’hui, Paul GUILBERT, nécessairement, la vie est ainsi faite, dans deux, trois, quatre, cinq ans, peut-être avant, peut-être plus tard, je n’en sais rien, les choses recommenceront à se dégrader et le problème sera le suivant : est-ce que la France s’est musclée suffisamment pour faire face aux nouveaux aléas et aux nouveaux risques ? Déjà dans le passé et plusieurs, à une reprise en tous cas, nous avons eu une amélioration de la situation économique et le gouvernement en place n’en a pas tiré les conclusions nécessaires et n’a pas fait les réformes nécessaires. Alors je prends un exemple, on nous dit « on va être très prudent dans la gestion des finances publiques. Il ne s’agit pas de distribuer avant de produire », a dit le Premier ministre.

MICHÈLE COTTA : Justement. Ça, c’est quand même un langage que vous comprenez et même que vous appréciez.

ÉDOUARD BALLADUR : Et je l’approuve tout à fait de tenir ce langage, bien. Cela étant, qu’est-ce qu’on constate ? On signe avec les fonctionnaires un accord, après en avoir augmenté le nombre d’ailleurs à travers les emplois-jeunes – enfin, fonctionnaires, des agents publics, des personnes rémunérées par l’État directement ou indirectement – on signe un accord qui va coûter plusieurs dizaines de milliards. Bien. Récemment, il y a quelques jours, un grand plan de lutte contre l’exclusion – la lutte contre l’exclusion est indispensable – dont on nous dit aussi que ça va coûter… tantôt, on dit 50, tantôt 38, tantôt 22 milliards selon que l’on prend telle ou telle ou telle collectivité. Moi, je dis la chose suivante, la première lutte contre l’exclusion, la première lutte pour la justice, c’est le recul du chômage. Et le chômage ne reculera durablement que si nous savons mettre de l’ordre dans nos affaires, si nous savons réduire les charges publiques comme le font tous les pays voisins y compris les pays gouvernés par des socialistes européens et si nous savons mettre en œuvre une politique de libération des forces. Voilà, l’enjeu des années qui viennent. Et à travers cela, je souhaiterais que les élections de dimanche prochain soient interprétées véritablement comme une mise en garde au gouvernement et la majorité actuelle pour les inciter à mettre à profit pleinement l’amélioration si elle doit se confirmer pour faire les réformes dont notre pays a besoin.

MICHÈLE COTTA : Une dernière question avant la conclusion que vous reprendrez après François HOLLANDE. Le président a-t-il besoin selon vous de ces élections pour conforter sa position à l’intérieur de la cohabitation ?

ÉDOUARD BALLADUR : Écoutez, je ne sais pas. Je crois que le problème ne se pose pas ainsi. Il n’est pas concerné par des élections locales et régionales. Bien entendu, il doit souhaiter et je pense qu’il… – enfin, je n’en sais rien. Je ne veux pas parler pour lui – doit souhaiter que les choses se passent le mieux possible pour l’actuelle opposition, ça va de soi. Mais il n’a pas à intervenir dans le débat.

PAUL GUILBERT : Et ce n’est pas un de vos thèmes de campagne non plus ?

ÉDOUARD BALLADUR : Non.

MICHÈLE COTTA : Bien. Édouard BALLADUR, on se retrouve tout à l’heure. En attendant, on va accepter à notre table François HOLLANDE après le petit rappel de la campagne de la majorité par Jean-Michel MERCUROL toujours.

JEAN-MICHEL MERCUROL : Une gauche plutôt en forme. Neuf mois après les législatives, le désamour n’a pas encore frappé Lionel JOSPIN, la majorité plurielle paraît toujours unie. On est loin décidément des catastrophes électorales de 92 et 93. La campagne se joue sur fond d’amorce de décrue du chômage, d’un semblant de reprise durable de la croissance, de la promesse tenue de l’entrée dans l’euro. Bref, tous les sondages prédisent la gauche gagnante et Lionel JOSPIN en attend consolidation et reconnaissance de son action.

LIONEL JOSPIN (Premier ministre) : Cela sera un formidable point d’appui pour le gouvernement. Cela sera un signe positif qu’enverront les Françaises et les Français à l’intention de l’équipe que je dirige.

JEAN-MICHEL MERCUROL : Alors un parcours de tout repos pour la gauche ? Pas si sûr. Le désintérêt des électeurs pour des régionales reste traditionnellement fort et l’abstention peut créer des surprises dans une élection à un tour à la proportionnelle.

MICHÈLE COTTA : Alors François HOLLANDE, on va peut-être commencer par la même question que l’on a posée à Édouard BALLADUR : beaucoup ont parlé de tremblement de terre, beaucoup redoutent ou espèrent un séisme. Alors vous, la gauche détient deux régions sur les 22. L’opposition en détient 20. À quel séisme et à quelle comptabilité vous livrez-vous ?

FRANÇOIS HOLLANDE (PS) : Vous savez, ce n’est pas parce qu’on a un vulcanologue célèbre au sein du gouvernement que l’on attend des séismes, des raz-de-marée ou des tremblements de terre. On attend simplement que les Français se déterminent librement, sereinement. Il y a aujourd’hui 20 régions depuis 12 ans sur 22 qui sont gérées par la droite. Est-ce que les Français en sont contents ou pas ? Est-ce que leur bilan est bon ou pas ? Est-ce que parallèlement les trois quarts des départements ont agi pour l’emploi, pour la solidarité, pour la réduction des inégalités ? Nous ne le pensons pas et nous, dans cette campagne, nous faisons un effort d’explication, de démonstration et nous disons une chose simple : c’est que si l’on veut que le gouvernement réussisse, si l’on veut que les emplois-jeunes, la réduction du temps de travail, la solidarité, l’éducation soient vraiment des priorités, il faut que les régions, les départements, l’ensemble des collectivités locales s’engagent dans cette politique-là. La droite, si elle reste dans les régions, dans les départements, et on peut la comprendre, elle n’est pas favorable aux emplois-jeunes, elle ne croit pas à la réduction du temps du travail, elle a un doute sur les dépenses publiques, alors on s’imagine bien qu’elle ne s’engagerait pas dans la politique que nous souhaitons.

PAUL GUILBERT : Mais dans votre campagne, vous dites sans arrêt que la droite à la mine triste, qu’elle ne fait pas… Monsieur BALLADUR était là juste avant vous, il était plutôt gai…

MICHÈLE COTTA : Il n’a pas la mine trop triste !

FRANÇOIS HOLLANDE : Oui c’est vrai, il était très gai !

PAUL GUILBERT : Non mais vous dites sans arrêt que la droite banalise et qu’elle ne fait pas campagne, sauf Monsieur SÉGUIN, sur le plan national. Est-ce que vous ne vendez pas la peau de l’ours un peu ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Monsieur SÉGUIN ne fait pas campagne, il fait un livre des records. Il essaie de visiter tous les départements en 40 jours.

PAUL GUILBERT : Vous en faites autant… pardon…

MICHÈLE COTTA : Il paraît que vous êtes depuis un mois en campagne.

FRANÇOIS HOLLANDE : Nous essayons d’avoir un peu de temps nécessaire pour l’expliquer. Ce que je veux dire, c’est que la droite nous avait dit, ça va être le grand rendez-vous, le 15 mars. On allait voir ce qu’on allait voir ! Ça allait être le 3e tour des élections législatives et puis, depuis un certain moment, je constate, peut-être que les sondages y sont pour quelque chose, eh bien, on nous parle « enjeu local, enjeu régional, enjeu départemental ». Soit ! Nous, nous sommes favorables pour que le scrutin reste dans sa dimension. C’est un scrutin régional pour les élections régionales, un scrutin départemental pour les élections cantonales. Mais, s’il doit y avoir une interprétation politique, nous ne la récusons pas. Et cette interprétation est assez simple en définitive. Est-ce que les Français pensent que depuis 9 mois le pays a bougé, les réformes ont eu lieu, la croissance redémarre ? Si oui, ils auront tendance, je l’espère, à voter pour les listes de la gauche plurielle. S’ils ont la nostalgie, et il peut y en avoir, le regret de la politique d’Alain JUPPE, alors effectivement, je peux comprendre qu’ils votent pour les listes de la droite.

MICHÈLE COTTA : Si l’on reste un tout petit peu sur l’élément, sur la base locale de ce scrutin, Philippe SÉGUIN vous accuse de vouloir mettre… de faire main basse sur le « magot » des régions, et vous, vous dites : chaque région gagnée par la gauche plurielle est une bonne nouvelle pour l’emploi. Au fond, vous lui donnez raison !

PAUL GUILBERT : Vous demandez des moyens !

FRANÇOIS HOLLANDE : L’idée de « magot » voudrait dire, encore que le mot n’est pas forcément très bien choisi, il a parlé aussi de combines ou etc. mais…

MICHÈLE COTTA : Ça arrive en campagne électorale…

FRANÇOIS HOLLANDE : Ça peut arriver oui sauf quand on utilise le mot « métastase » que j’ai trouvé déplacé dans le débat politique en laissant penser que les socialistes allaient mettre leur métastase, j’ai trouvé que cette expression était odieuse mais, qu’est-ce que cela veut dire le « magot » ? Cela voudrait supposer qu’il existe un trésor caché dans les régions sur lesquelles la gauche voudrait faire main basse. Eh bien non ! Il existe des recettes, elles ont d’ailleurs beaucoup augmenté depuis 12 ans, mais c’était normal, l’institution régionale s’installait, il existe des recettes, il existe des dépenses. Est-ce que l’on peut avec les mêmes recettes, les mêmes dépenses… il ne s’agit pas d’augmenter les impôts, est-ce que l’on peut avec les mêmes fonds budgétaires dépenser davantage pour l’emploi, pour la création de richesses qu’on ne le fait aujourd’hui ? Nous, nous avons le sentiment que dans les 20 régions françaises sur les 22 qui ont été gérées par la droite depuis 12 ans, il y a eu plutôt une dispersion des efforts, une dissolution des ambitions et qu’il faut remettre vraiment ces régions, par rapport à leurs compétences puisque leurs compétences c’est précisément l’emploi et le développement économique, eh bien, il faut le mettre sur les pieds.

PAUL GUILBERT : Philippe SÉGUIN – décidément encore lui mais excusez-moi – vous accuse aussi de faire monter le Front national parce que vous instruisez sans arrêt un procès la droite sur lequel elle se compromettrait avec le Front national. Vous ne… pourtant les chefs de la droite, Monsieur BALLADUR encore tout à l’heure sont extrêmement clairs là-dessus, il n’y aura pas d’accord. Alors, vous ne croyez pas, vous mettez en doute la parole des chefs de la droite ?

FRANÇOIS HOLLANDE : D’abord, je ne souhaite pas que le Front national soit un enjeu de l’élection. Le Front national, il ne peut pas gagner de régions. Donc, il est dans la compétition, je ne…

MICHÈLE COTTA : Même en cas de troc ? Pardon, même en cas de troc ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Alors, il ne peut gagner que s’il y a alliance avec la droite et c’est là, la question qu’il faut poser, Monsieur BALLADUR…

MICHÈLE COTTA : Mais troc…

PAUL GUILBERT : Troc, BALLADUR/LÉOTARD, c’est cela que vous voulez dire ? Entre les deux régions ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Écoutez, Monsieur BALLADUR, depuis quelques semaines, j’ai trouvé que c’était plutôt un bon point, même si ce n’est pas à moi de les délivrer, a dit qu’il ne souhaitait pas, lorsqu’il n’aurait pas la majorité relative, être candidat. Nous avons dit la même chose. Donc, le débat aurait pu s’arrêter là. Et il aurait été clos et je crois à juste raison. Sauf que, dans le même temps, nous avons Monsieur VASSEUR, candidat de Monsieur Philippe SÉGUIN dans le Nord-Pas-de-Calais qui dit « moi, j’accepterai toutes les voix y compris celles du Front national ». Des élus du Front national le lendemain du scrutin parce que tout est bon à prendre. Nous avons Monsieur BLANC, candidat de Monsieur SÉGUIN et de Monsieur LÉOTARD dans la région Languedoc-Roussillon qui dit « moi, tous ceux qui veulent voter pour moi, c’est-à-dire dans le Conseil régional, y compris les élus du Front national, eh bien, ils ont leur place ». Nous avons Monsieur MANCEL dans la région Picardie qui dit « moi, non seulement, je suis prêt à accepter les élus du Front national mais en plus je demanderai à ce qu’il y ait des accords de désistement pour les cantonales avec les élus du RPR ». Alors là, je dis, il faut à un moment qu’il y ait cohérence. On ne peut pas à Paris, et je m’en félicite, tenir des propos extrêmement clairs et en province être dans l’ambiguïté…

PAUL GUILBERT : … Être dissident ? Vous n’êtes pas dissident vous-même ? Vous pourriez prendre…

FRANÇOIS HOLLANDE : Je ne parle pas de dissident, je parle de Monsieur MANCEL,  Monsieur BLANC…

MICHÈLE COTTA : Vous êtes sûr vous-même, vous prenez le même engagement pour tous les candidats socialistes ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Absolument. Et vous n’avez pas entendu un seul candidat socialiste ou un seul candidat de la gauche plurielle…

PAUL GUILBERT : Ils sont trop matins !

FRANÇOIS HOLLANDE : Non, ils sont trop clairs. Peut-être mais ils le disent et ils le feront parce que c’est ce que nous faisons déjà. Nous sommes, dans l’opposition dans 20 régions sur 22. Cela va changer mais pour l’instant nous n’avons commis aucun acte qui puisse laisser supposer qu’il y aurait quelque complicité avec des élus…

MICHÈLE COTTA : … À cette différence près, que 70 députés ont été effectivement élus en bénéficiant du non-report des élections triangulaires. Donc, le Front national s’est maintenu et cela vous a fait élire quand même.

FRANÇOIS HOLLANDE : On peut s’arrêter sur ce point parce que j’ai entendu toujours Monsieur SÉGUIN dans sa campagne du tour de France nous faire ce reproche.

MICHÈLE COTTA : C’est le plus ardent Monsieur SÉGUIN, non ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Oui parce qu’il se laisse aller. Vous savez, il est grognon, il a mauvais caractère donc il dit peut-être plus fort ce que les autres pensent tout bas. Alors, ils prétendent que nous aurions eu 70 députés élus avec des voix du Front national. Or, vous l’avez dit vous-même, il s’agit de triangulaire. Qu’est-ce que c’est qu’une triangulaire ? C’est lorsqu’il y a un candidat de droite, un candidat de gauche et un candidat d’extrême droite. Lorsque le candidat de l’extrême droite, ce n’est pas de notre faute…

MICHÈLE COTTA : Oui mais ils se sont maintenus pour barrer la droite.

FRANÇOIS HOLLANDE : Il le fait parce que la loi électorale le lui permet. Qu’est-ce que nous devons faire ? Nous retirer ? Qu’est-ce que nous devons faire ? Abandonner la partie ? Nous faisons plus de voix que la droite, nous avons quand même le droit d’être élus ! Donc cet argument est totalement faux. Nous ne sommes pas élus et à aucun moment 70 députés ou autres par les voix du Front national. Au contraire puisque dans une triangulaire, ces voix sont fixées. En revanche, je dois le dire puisque Monsieur SÉGUIN a voulu ouvrir ce débat-là, il y a eu des députés de droite qui ont été élus non pas simplement par les triangulaires mais qui ont été élus par un désistement explicite du Front national à leur endroit. Alors je crois que, si l’on veut clore le chapitre, il faut le clore, je pense qu’effectivement, il y a un besoin de clarification très grand de la part de la droite française, elle le sait elle-même, elle est dévorée par ce démon-là. Moi, je ne veux pas en jouer et je dis qu’ici il y a maintenant besoin de netteté et pas d’ambiguïté.

PAUL GUILBERT : La même petite question incidente qu’à Monsieur BALLADUR, si le président du Conseil constitutionnel venait à être mis en examen, est-ce qu’il devrait démissionner à votre avis ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Ne faisons pas les commentaires sur une décision qui n’est pas prise et qui ne sera peut-être jamais prise. Moi, je suis favorable à ce que la justice puisse travailler librement et en toute indépendance. Elle le fait. Je suis aussi favorable à ce qu’elle puisse travailler plus vite et il faudra donc en réformer le fonctionnement. Mais en même temps, je suis pour une présomption d’innocence clairement affirmée et donc, tant que la décision de justice n’est pas venue, ne la commentons pas parce que cela voudrait dire qu’elle est déjà intervenue.

MICHÈLE COTTA : Cela fait partie du devoir d’inventaire que réclamait Lionel JOSPIN ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Le devoir d’inventaire, on le fait tous les jours. Je l’ai toujours dit.

MICHÈLE COTTA : Alors, vous avez accusé donc la droite de banaliser les élections mais vous, on a l’impression que vous cherchez à travers les élections un nouveau quitus accordés au gouvernement, une façon au fond de durer plus longtemps. Est-ce que c’est cela votre ambition ? Est-ce que c’est cela votre ambition nationale, montrer que le gouvernement a encore de beaux jours devant lui ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Notre ambition est que la politique menée depuis 9 mois par le gouvernement de Lionel JOSPIN puisse s’amplifier, puisse réussir. Pour les Français. Donc, nous pensons que ce qui a été fait du côté des emplois-jeunes, du côté de la réduction du temps de travail, du côté du redémarrage de la croissance qui est incontestable même si chacun peut s’interroger sur ses causes mais il est incontestable. La consommation reprend, l’investissement redémarre, les exportations sont florissantes donc il faut que ce mouvement de solidarité et de croissance puisse être conforté et il est vrai que pour aller dans ce sens, mieux vaut avoir des régions qui ont la même ambition, des départements qui ont la même volonté que d’avoir à la tête de ces régions et des départements des élus certes respectables mais qui n’auront de cesse que de contrarier, de gêner ou de freiner l’action du gouvernement. Donc, je préfère que ce mouvement qui a été engagé et qui est quand même remarqué par tous comme différent de ce qui se passait depuis 4 ans, personne, je l’ai dit dans cette campagne, ne m’a exprimé le moindre regret à l’égard de la politique d’Alain JUPPÉ mais cela peut changer et peut-être que la dernière semaine, on aura des informations complémentaires.

PAUL GUILBERT : Comment se fait-il que le chef du gouvernement s’engage si peu dans la campagne ? Deux meetings, c’est très peu, d’ailleurs il l’a précisé. Il dit « je suis à vos côtés mais pas à votre place », est-ce qu’il… c’est pour vous laisser la place justement non ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Écoutez, j’en serais très heureux mais… parce que ce sont des élections locales, régionales et départementales et…

PAUL GUILBERT : …Vous venez d’expliquer qu’il y a un grand enjeu pour le gouvernement…

FRANÇOIS HOLLANDE : …Et qu’il y a un enjeu national et que ce sont les partis qui doivent en être les porte-parole même si le Premier ministre s’est quand même exprimé très clairement, je crois, dans le même sens jeudi, pour soutenir les candidats de la gauche plurielle en Île-de-France et il le fera encore la semaine prochaine en Midi-Pyrénées dans sa propre région. Donc, je crois qu’il veut, lui aussi, qu’il y ait des régions qui aillent dans le même sens mais en même temps, ce n’est pas à lui de faire campagne. Le travail de Lionel JOSPIN c’est de gouverner le pays et autant que possible de bien le gouverner.

MICHÈLE COTTA : Alors, le gouvernement donc, on l’a dit, est dans une phase rose. Il traverse une phase euphorique mais…

FRANÇOIS HOLLANDE : C’est sa nature !

MICHÈLE COTTA : Mais si les élections par exemple avaient eu lieu en plein mouvement des chômeurs il y a quelques semaines, est-ce que vous auriez autant vanté la période rose et l’euphorie ? Est-ce que vous auriez pu le faire ? Donc il y a une chance formidable en politique quand même !

FRANÇOIS HOLLANDE : Mais nous n’avons pas anticipé, d’ailleurs on ne l’aurait pas pu constitutionnellement, le vote pour les élections régionales. Le scrutin vient à la date prévue.

MICHÈLE COTTA : Bien sûr. Je ne dis pas que vous y êtes pour quelque chose…

FRANÇOIS HOLLANDE : Donc, nous n’avons pas la maîtrise du calendrier…

MICHÈLE COTTA : Mais quand même, ça tombe bien ! Ça tombe bien !

FRANÇOIS HOLLANDE : Ça tombe bien, écoutez, on verra ! Soyons extrêmement prudents. C’est vrai qu’il y a une crainte que l’on peut avoir, c’est une relative abstention parce que justement, les Français se disent qu’ils ont fait un choix important, le 1er juin dernier, qu’il n’y a pas besoin de le renouveler. Nous, nous disons au contraire, il faut confirmer les choix qui ont été faits le 1er juin, regarder en comparaison les propositions de la gauche et de la droite dans le cadre de ces élections et faire qu’il y ait le plus de participation électorale possible le 15 mars parce que c’est des enjeux très importants. Juste un chiffre, aujourd’hui, les budgets des régions et des départements, c’est presque autant – presque autant – que le budget d’une partie des dépenses d’intervention et d’investissement de l’État donc, cela vaut la peine de s’y intéresser.

PAUL GUILBERT : Mais la reprise, la croissance qui revient, elle tombe du ciel ou on la doit un peu à Monsieur BALLADUR puis à Monsieur JUPPÉ, beaucoup à Monsieur JOSPIN ? Qu’est-ce que… vous faites un partage là-dessus ?

FRANÇOIS HOLLANDE : …Non écoutez, je crois que si…

MICHÈLE COTTA : Cela vous embarrasse un peu là non ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Pas du tout. Si Jacques CHIRAC avait cru vraiment, mais vous l’avez dit vous-même, si Jacques CHIRAC avait cru vraiment que sa politique allait réussir, celle d’Alain JUPPÉ, eh bien, il n’aurait pas dissous l’Assemblée nationale. Il aurait attendu tout benoîtement le mois de mars 98 pour en récolter les fruits. Alors c’est bien qu’il pensait que cette politique n’allait pas marcher, qu’il a voulu anticiper le scrutin ou alors, je n’y comprends rien. Mais peut-être qu’il n’y avait rien à comprendre ? C’est ce que vous voulez me dire.

PAUL GUILBERT : La vôtre a tellement changé ? La politique de Monsieur JOSPIN a tellement changé qu’elle donne tout à coup la croissance ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Oui, je pense que le choix majeur et il était tout à fait essentiel a été de redonner la confiance et regardez, l’investissement reprend, et de donner du pouvoir d’achat aux consommateurs. C’était le facteur bloquant de la croissance. Il a été levé.

MICHÈLE COTTA : Alors, il est de bon ton de dire que l’opposition est divisée tandis que la gauche plurielle est unie mais…

FRANÇOIS HOLLANDE : C’est vrai !

MICHÈLE COTTA : Mais, mais je note que par exemple pendant la campagne il y a à côté de vous, je crois à un autre meeting Robert HUE a demandé un moratoire sur tous les plans de licenciements. Alors, est-ce que vous êtes sûr qu’il y a un accord complet entre Lionel JOSPIN qui dit qu’il ne faut pas repartir tout de suite les fruits de la croissance même s’il y en a, et la position de Robert HUE ou celle de Dominique VOYNET ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Non, mais si on était tous pareil, on serait tous dans le même parti ! Or, jusqu’à nouvel ordre…

PAUL GUILBERT : Mais vous êtes pluriels…

FRANÇOIS HOLLANDE : Nous sommes pluriels.

MICHÈLE COTTA : C’est génial d’avoir trouvé le mot « pluriel ». Mais c’est une question de vocabulaire mais…

FRANÇOIS HOLLANDE : Non, c’est une question de français, c’est vrai qu’il y a le singulier et le pluriel donc, chacun est singulier mais vous savez, l’agrégation fait le pluriel. Donc, Robert HUE, il a des positions qui lui appartiennent et je crois que cela fait la richesse de cette majorité. Nous ne pensons pas la même chose et en même temps, nous faisons, nous conduisons la même politique. Juste un mot sur le sujet lui-même des licenciements. Je crois qu’effectivement il faut réfléchir à une meilleure appréhension de ces licenciements. Il n’est pas normal, quand une entreprise fait énormément de profits, et il y en a, qu’il y ait aussi des licenciements et chaque fois que l’on peut transformer ces licenciements ou ces demandes de licenciement en réduction du temps de travail pour éviter justement qu’il y ait ces pertes d’emploi, eh bien, mieux vaut le faire et c’est le cas pour RENAULT notamment.

MICHÈLE COTTA : Et quand le Premier ministre dit qu’il n’augmentera pas d’un coup tous les minima sociaux alors que tout de même le Parti communiste le demande et les mouvements de chômeurs aussi, c’est « pluriel » aussi ça ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Non, ça, c’est l’équilibre. C’est-à-dire qu’il fait ce qu’il croit pouvoir faire, c’est-à-dire il augmente les minima sociaux et notamment la location spécifique de solidarité de 8 % et en même temps, il dit que l’avenir pour les exclus, ce n’est pas de continuer à toucher une allocation encore trop faible, même si elle a été revalorisée, c’est de trouver un emploi et toute la loi contre l’exclusion, elle est justement destinée à remettre dans l’activité ceux qui sont aujourd’hui écartés.

PAUL GUILBERT : C’est quoi la maîtrise de gauche des comptes publics là, c’est un de vos slogans. C’est maîtrise pour STRAUSS-KAHN et gauche pour Robert HUE ou quoi ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Cela veut dire tout simplement que la lutte contre les déficits ne doit pas être l’objectif de la politique. Nous ne sommes pas là simplement pour réduire les déficits. Il faut les réduire les déficits, bien évidemment. Ce n’est pas l’alpha et l’oméga de la politique, nous ne sommes pas élus devant les Français pour leur dire : vous savez, nous avons une grande ambition, voilà pourquoi il faut voter pour nous, c’est réduire les déficits. Non. II faut redonner de l’emploi et pour cela, il faut réduire les déficits. Mais c’est d’abord l’emploi qui doit être le seul objectif. Et je vais vous dire, l’emploi il n’est pas de gauche ou de droite, il est aujourd’hui une nécessité pour le pays.

MICHÈLE COTTA : Alors, François HOLLANDE, si vous voulez bien, l’heure est venue de la conclusion et peut-être de la réponse. Je vais donc demander à Édouard BALLADUR de venir. Nous nous déplaçons, Paul GUILBERT et moi, de manière à être non pas les arbitres mais enfin voilà, c’est parfait. Monsieur BALLADUR, vous avez donc entendu Monsieur HOLLANDE. Alors quelle est votre réponse et votre conclusion ?

ÉDOUARD BALLADUR : Ma conclusion est la suivante. D’abord, ces élections régionales vont nous permettre de dire si oui ou non l’on veut continuer à mener pour l’emploi, qui est l’argument que François HOLLANDE a utilisé, une politique qui a déjà obtenu des résultats. Je note qu’en Île-de-France, il y avait 15 000 apprentis formés il y a 6 ans, il y en a 50 000 aujourd’hui et nous voulons en former 100 000 ce qui est la meilleure façon de lutter pour le chômage… pour l’emploi des jeunes. Voilà ce qui est en cause : emploi et sécurité. C’est un premier point, c’est l’enjeu régional. Deuxièmement, je voudrais que chacun se convainc que tout va se décider pour la région dimanche prochain. Il n’y a pas de second tour, il n’y a pas de session de rattrapage.

MICHÈLE COTTA : Vous avez très peur de l’ignorance des électeurs.

ÉDOUARD BALLADUR : Je n’ai pas très peur, mais je crois qu’effectivement, c’est d’ailleurs plus vrai en province qu’à Paris, puisqu’à Paris, il n’y a pas d’élections cantonales en même temps. Donc tout va se décider dimanche prochain, il faut que les Français prennent conscience de l’importance de l’enjeu et du rôle que la région peut jouer pour l’emploi et pour la sécurité. Troisièmement, je souhaiterais que ces élections constituent un avertissement pour le gouvernement. Ne discutons pas pourquoi la situation est meilleure, combien elle l’est, est-ce que cela va durer ? Tant mieux si elle est meilleure et espérons que cela durera mais faisons-en un bon usage. Et je répète à cet égard mon inquiétude pour l’avenir. Monsieur HOLLANDE dit « l’investissement reprend ». Les prévisions de l’investissement reprennent. L’investissement il n’a pas encore repris… s’il reprend, c’est très bien et c’est tant mieux. Il faut donc que l’opposition républicaine et libérale à l’occasion de ces élections régionales fasse en sorte que nos concitoyens envoient cet avertissement au gouvernement pour l’inciter à toutes les réformes dont notre société a besoin et surtout sache lui proposer, à l’inverse de ce que dit Monsieur HOLLANDE, un projet pour l’avenir car la question n’est pas de savoir s’il faut refaire ce qui a été fait il y a un certain nombre d’années, je peux le dire puisque je suis l’un de ceux qui l’ont fait. Ce n’est pas du tout le sens que je donne à cette élection. Moi, je lui donne comme sens de marquer le redressement de l’opposition pour bâtir un projet pour les années qui viennent qui vont être très importantes, l’année de l’euro, l’année de l’élargissement de tous les marchés, les années de la mondialisation, on va en supporter les effets. Eh bien, la France doit être la plus forte possible pour résister aux chocs et il y aura des chocs et personne ne nous aidera, nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes. Voilà le sens national que je donne à ces élections.

MICHÈLE COTTA : Monsieur HOLLANDE ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Je me réjouis des appels au civisme d’Édouard BALLADUR parce que je crois qu’effectivement je crois que c’est une élection importante et qu’il faut que les Français s’y intéressent et ils s’y intéressent. Deuxièmement, je pense qu’il n’y a pas d’avertissement à lancer contre le gouvernement ou au gouvernement parce que ce qui se passe depuis 8 mois, 9 mois, mais nous pouvons être en divergence là-dessus va plutôt dans le sens de ce qui avait été promis, souhaité et donc, choisi, voulu par les Français. Je crois même qu’ils ont le sentiment – ils peuvent être de gauche ou de droite – mais ils ont le sentiment que le pays bouge, que le gouvernement agit. Ils n’avaient pas forcément cette intuition il y a quelques mois et surtout que l’on est sorti de ce climat de crise profonde, larvée peut-être pour certains mais exaspérante pour beaucoup d’autres qui avait justifié, je crois, la dissolution de l’Assemblée nationale. Donc, il y a un sentiment sans doute fragile, sans doute très vulnérable que le pays retrouve confiance en lui-même et je m’en félicite. Si l’opposition dans le même temps offrait une alternative, on pourrait se dire il y a là l’amorce d’un choix. Je n’ai pas eu le sentiment dans cette campagne que c’était le cas. Je n’ai pas eu le sentiment que la droite avait fait de cette campagne une explication d’intérêt général. Elle a défendu son bilan dans 20 régions sur 22. Elle n’a pas donné une perspective et moi, la seule, c’est l’emploi et le développement économique et les régions peuvent être déterminantes là-dessus. Apprentissage, sans doute, mais aussi développement des filières de formation professionnelle, aide aux entreprises pour créer des emplois, peut-être participation à cet effort vers la réduction du temps de travail. Bref, je crois que c’est l’occasion, ces élections du 15 mars, de donner un mouvement nouveau, pas simplement au gouvernement qui en aura peut-être le bénéfice mais surtout aux régions et aux départements…

PAUL GUILBERT : Et si c’était des législatives, peut-être la droite aurait-elle un programme d’alternance.

FRANÇOIS HOLLANDE : Oui mais pour l’instant, écoutez, je constate qu’elle ne l’a pas ce qui explique aussi les nombreuses dissidences qui se sont produites ces derniers jours.

MICHÈLE COTTA : Vous n’êtes pas d’accord, Monsieur BALLADUR ? Vous le dites là, je vous sens marmonner…

ÉDOUARD BALLADUR : Non, non… je ne marmonne pas. Je ne me permettrai pas. Je ne suis pas d’accord. Je crois que la droite républicaine et libérale offre une alternative, que nous devons représenter une espérance nouvelle, une espérance sociale, une espérance libérale, une espérance européenne, une espérance nationale aussi pour résoudre des tas de problèmes de notre société. Que ce ne soit pas fait encore 9 mois après les élections législatives, je vous en donne acte, c’est vrai, c’est notre tâche prioritaire de l’avenir mais, contrairement à ce que vous dites, François HOLLANDE, les choses sont quand même claires. Les Français savent bien que la gauche et la droite ce n’est pas la même chose.

FRANÇOIS HOLLANDE : J’espère bien oui.

ÉDOUARD BALLADUR : Bien, vous l’assurez et moi aussi.

FRANÇOIS HOLLANDE : On peut au moins être d’accord.

ÉDOUARD BALLADUR : Nous sommes d’accord là-dessus, ils savent bien que ce n’est pas la même chose.

FRANÇOIS HOLLANDE : Oui, c’est pour cela qu’ils ont changé.

ÉDOUARD BALLADUR : Ce n’est peut-être pas exactement pour cela qu’ils ont changé mais enfin peu importe, c’est le passé. Et donc, il faut qu’à l’avenir, il y ait un choix parfaitement clair sur les orientations politiques de notre pays et cela peut être une première étape dimanche prochain. Voilà ce que je veux dire.

MICHÈLE COTTA : On a le temps pour dire les orientations que vous sollicitez, et recommandez et puis peut-être la réponse d’Édouard BALLADUR. Quelles sont les orientations maintenant à prendre, tout de suite après ces régionales et dans la mesure où les régionales changent ou ne changent pas les choses ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Moi, je crois qu’il y a un mouvement qui s’amorce de décrue du chômage, très lente sans doute, encore très frustrante pour beaucoup de ceux qui cherchent un emploi mais ce mouvement s’amorce, est-ce que nous attendons simplement que la croissance redémarre. Je l’espère elle va se conforter, ce n’est encore pas sûr. Moi, ce que je souhaite vraiment c’est que les régions et les départements participent de cette politique-là. Par exemple, cela peut être par une meilleure formation professionnelle, cela peut être par la participation à la réduction du temps de travail. Cela peut être aussi par un mouvement donné, je crois à tout ce qui est recherche de solidarité. À un moment, j’ai entendu Monsieur SÉGUIN, pas de Monsieur BALLADUR d’ailleurs dire… vous l’avez peut-être un peu esquissé d’ailleurs, la loi contre l’exclusion, cela ne nous intéresse pas comme collectivité locale, comme département ou comme région. L’État une nouvelle fois va nous faire participer… eh bien, si, la lutte contre l’exclusion, cela intéresse tout le monde, tous les décideurs, tous les acteurs publics parce qu’avoir des Français aujourd’hui qui sont exclus du marché du travail, qui ne peuvent pas y rentrer de nouveau, cela nous pose à l’un et à l’autre un problème et on ne peut pas dire « ça c’est l’État, cela ne concerne pas les régions ou les départements ». C’est une forme d’égoïsme régional que je ne pouvais pas laisser passer.

ÉDOUARD BALLADUR : Bon, je voudrais dire que ce qui est en cause, c’est de savoir si l’on va soigner les conséquences du mal ou ses causes.

FRANÇOIS HOLLANDE : Les causes.

ÉDOUARD BALLADUR : Non, non, attendez, ou les causes. Alors on fait une loi contre l’exclusion, on fait des emplois-jeunes, on fait les 35 heures, on s’imagine que comme cela, on va résoudre les problèmes de la société française. Non. Ce qu’il faut, c’est fondamentalement réduire les causes du chômage et moi, je constate une chose et je ne cesse de le répéter : nous sommes l’un des pays du monde où il y a le plus de chômage et nous sommes l’un des pays du monde où les structures de la société sont les plus collectivisées à travers l’impôt, la répartition…

FRANÇOIS HOLLANDE : Vous y avez participé d’ailleurs.

ÉDOUARD BALLADUR : Non, beaucoup moins que vous. Permettez-moi de vous le dire.

FRANÇOIS HOLLANDE : Durant la période où vous étiez Premier ministre, cela a beaucoup augmenté les impôts.

ÉDOUARD BALLADUR : Justement pas, ils ont diminué. Alors là, votre information est…

FRANÇOIS HOLLANDE : Votre information est statistique…

ÉDOUARD BALLADUR : Non, non, elle n’est pas du tout statistique… Elle est statistiquement inexacte Monsieur HOLLANDE.

FRANÇOIS HOLLANDE : Non, non, elle est hélas politiquement vraie et statistiquement juste. On demandera aux observateurs de faire les références…

ÉDOUARD BALLADUR : Absolument et nous regarderons ce qu’ils diront mais laissez-moi conclure s’il vous plaît. Donc, je dis que ce qui est en cause, c’est de savoir si oui ou non on va reformer notre société française pour soigner les causes du mal car si c’est pour accumuler des remèdes qui finalement ne règlent pas les problèmes, eh bien, on n’aboutit à rien. La cause de l’exclusion c’est le chômage et si nous avions moitié moins de chômeurs comme nombre de pays qui nous entourent…

MICHÈLE COTTA : Tout le monde est d’accord là-dessus, je pense…

ÉDOUARD BALLADUR : Oui, mais attendez, attendez, quelles mesures ont-ils prises pour cela ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Eh bien, des emplois-jeunes.

ÉDOUARD BALLADUR : Non, pas du tout, on n’a pas fait d’emplois-jeunes…

FRANÇOIS HOLLANDE : La reprise de la croissance, si, si… 50 000 dans les dernières semaines…

ÉDOUARD BALLADUR : Je vous parle des pays qui nous entourent. Quelles mesures ont-ils prises pour cela ? Ils ne sont pas allés prendre des mesures de répartition plus ou moins automatiques et étatiques que vous avez prises. Ils ont réformés les structures de la société. Ou bien vous le faites et c’est bien, jusqu’à présent, je n’en ai pas vu le début du commencement, ou bien vous ne le faites pas… et il appartiendra à la droite républicaine et libérale de le proposer dès le lendemain des élections.

FRANÇOIS HOLLANDE : Lesquelles ?

ÉDOUARD BALLADUR : Comment lesquelles ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Quelles élections ?

ÉDOUARD BALLADUR : Les élections régionales, c’est de cela que l’on parle !

FRANÇOIS HOLLANDE : Eh bien je souhaite Monsieur BALLADUR…

MICHÈLE COTTA : Pourquoi, vous pensiez qu’il y en avait d’autres ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Non, parce qu’on avait l’impression que Monsieur BALLADUR allait revenir au pouvoir dès le lendemain des élections. Eh bien non, Monsieur BALLADUR, je crois que…

ÉDOUARD BALLADUR : Rassurez-vous ! Rassurez-vous, rassurez-vous ! Vous êtes d’une nature inquiète ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Non, écoutez… avec votre politique, il y a de quoi l’être !

ÉDOUARD BALLADUR : Ah bon ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Donc, il faut absolument que justement par rapport à ce choix essentiel, comment remet-on l’emploi dans ce pays, les Français puissent s’exprimer clairement le 15 mars. Et j’espère que vous en tirerez la leçon.

MICHÈLE COTTA : Donc, c’est maintenant aux électeurs de s’exprimer clairement comme l’ont dit à la fois Édouard BALLADUR et François HOLLANDE que je remercie pour cette émission. Pour assister à l’émission prochaine, celle de dimanche prochain, vous tapez 3615 code FRANCE 2. À 13 heures, le journal est présenté par Laurence PIQUET. Au revoir et à dimanche prochain.