Texte intégral
France 3 : Pour commencer peut-être, un commentaire sur l’actualité internationale avec la situation au Zaïre et le départ du pouvoir du maréchal Mobutu. La France a joué un rôle précis dans le règlement de cette crise ?
C. Millon : La France appelle depuis le début de cette crise à un règlement pacifique. Elle souhaite que l’intégrité du Zaïre soit garantie et que la paix civile soit rétablie car il est bien évident que compte tenu de la dimension du Zaïre et de sa place en Afrique, l’avenir du Zaïre est déterminant pour tout l’équilibre de cette partie du monde.
France 3 : Et pour notre pays, quelle est la différence entre ces deux hommes, Mobutu et Kabila ?
C. Millon : Le problème n’est pas de choisir pour nous, le problème est d’espérer que grâce à une expression démocratique, il y aura un régime stable qui s’établira et qui pourra ainsi participer à la croissance et au développement du Zaïre.
France 3 : Alors revenons à la campagne électorale à présent. On parle de plus en plus et très récemment – là encore ce soir – d’une intervention de Jacques Chirac dans cette campagne. Est-elle nécessaire à votre avis ?
C. Millon : Je crois d’abord que cette campagne a atteint un nouveau rythme. Aujourd’hui, on parle des programmes et il est quand même intéressant de constater que cette discussion sur les programmes qu’avait appelé de ses vœux le président de la République dans son intervention dans la presse régionale, comme le Premier ministre, que cette discussion des programmes a révélé des contradictions. La contradiction sur l’Europe entre le Parti communiste et le Parti socialiste, la contradiction sur la gestion économique entre ces deux partis qui veulent, demain, gérer la France ensemble. De plus, la discussion sur les programmes a révélé des alliances contre-nature. Il est quand même extraordinaire aujourd’hui de constater que M. Le Pen – Front national – appelle à la constitution d’une Assemblée de gauche et souhaite la victoire du PS et du PC.
France 3 : Vous développez, M. Millon, des arguments électoraux, je le comprends, mais je vous posais une question qui était la suivante : est-ce qu’à votre avis, une intervention, une nouvelle intervention de Jacques Chirac est nécessaire ?
C. Millon : C’est le président de la République qui décidera, je pense qu’il est là, chargé des intérêts de la France et que c’est à lui à prendre la décision. Mais, personnellement, une intervention du président de la République ne me choquerait pas : elle s’inscrirait dans la tradition de la Ve République, que ce soit François Mitterrand, que ce soit Valéry Giscard d’Estaing, que ce soit Georges Pompidou ou le général de Gaulle, tous ont fait connaître aux Français quel était, à leurs yeux, le bon choix pour la France.
France 3 : M. Millon, aujourd’hui, j’ai l’impression quand même que, certes, il y a un débat droite-gauche, mais on est en train presque de faire élire aux Français leur Premier ministre. Or il y a des élections pour élire des députés, me semble-t-il ?
C. Millon : Oui, c’est une élection des députés, c’est 577 élections, et les candidats sont porteurs d’un programme pour la France. C’est la raison pour laquelle je me félicite que depuis un certain nombre de jours on débatte des mesures pour l’emploi, on débatte des mesures pour baisser les charges fiscales et sociales, on débatte des questions sur l’Europe…
France 3 : Et on prépare aussi l’après Juppé au sein de la majorité notamment. Ce n’est pas un peu rapide ?
C. Millon : Comment ?
France 3 : Je dis : on prépare également – même dans la majorité – l’après Juppé ; est-ce que ce n’est pas un peu tôt ?
C. Millon : Je ne crois pas, on ne prépare absolument pas l’après Juppé. Le Premier ministre sera désigné par le président de la République. Actuellement, il y a un Premier ministre qui est à la tête du gouvernement, il y a un chef de campagne qui est le chef de la majorité, c’est Alain Juppé, il fait preuve de courage, de détermination, de compétence, je crois que ce n’est ni l’heure ni le moment de se poser la question de la constitution d’un nouveau gouvernement.