Article de M. Jean-louis Debré, ministre de l'intérieur, dans "La Lettre de la Nation magazine" du 18 octobre 1996, sur la conduite de la politique gouvernementale et le RPR, intitulé "Soyons sans complexe et sans faiblesse ".

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Média : La Lettre de la Nation Magazine

Texte intégral

Nous n’entendons plus, depuis quelques semaines, que les voix des donneurs de leçons. Il y a les hommes pressés de revenir au pouvoir et qui trouvent dans la critique systématique des arguments pour se refaire une virginité politique. Les dirigeants de la gauche, Messieurs Jospin, Fabius, Hue, Chevènement, Fiterman et Madame Voynet, tels six personnages en quête d’auteur, s’efforcent de jouer le remake du programme commun à une différence près : c’est qu’ils n’ont rien en commun.

Il y a sur l’autre rive les professionnels du scandale, qui vivent de leurs calembours et font des difficultés des Français leur fonds de commerce électoral. Ceux qui parlent de la France, mais qui divisent les Français entre eux. Ceux qui se réfèrent à l’histoire, mais qui la falsifient. Ceux qui se font fort de restaurer l’identité nationale, mais qui la dévoient et la trahissent.

Face à cette galaxie d’opposants, il faut que le Rassemblement pour la République porte plus que jamais son nom, c’est-à-dire qu’il soit un rassemblement composé d’hommes et de femmes aux sensibilités différentes mais animés du sens de l’intérêt général.

L’ambition républicaine

Ne donnons pas des armes à nos adversaires en cultivant des nuances qui se transforment en dissonances. Mais rangeons-nous derrière les orientations définies par le président de la République et mises en œuvre par le gouvernement.

Redonner corps à l’ambition républicaine est le plus sûr moyen de gagner la confiance de Français désabusés devant un État qui renoncerait à être lui-même et à assumer les missions fondamentales que la Nation lui confie : la défense, la justice, la sécurité, la lutte contre l’immigration irrégulière, l’Éducation nationale.

Soyons sur ces sujets sans complexe et sans faiblesse. Ne nous laissons pas impressionner par les réactions du microcosme qui ne reflète en rien l’opinion publique.

Une Nation fière mais ouverte

Il nous appartient au contraire d’alimenter la flamme de la Nation et de la République. Une Nation exigeante, fière de sa souveraineté mais ouverte à l’autre, une République moderne, impartiale et juste. N’abandonnons pas, sous la pression de la gestion de l’événement et de l’administration du quotidien, le combat idéologique. Refuser la confrontation des idées, délaisser le devoir de mémoire, ne pas mettre en opposition les vrais clivages, c’est entretenir un unanimisme trompeur auquel ne croient pas les Français, c’est perdre la bataille politique avant de l’avoir livrée.

Les Français n’auront pas la mémoire courte si nous savons la rafraîchir. Ils ne s’abandonneront pas à une France crispée et haineuse si nous savons leur parler du pays que nous aimons et dans lequel nous nous reconnaissons : la terre des droits de l’homme, les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, la patrie du général de Gaulle, de Jules Ferry et de Georges Clemenceau.

Le Rassemblement doit faire partager l’espoir que nous mettons dans la France de Jacques Chirac, dans son influence retrouvée et dans sa capacité à redevenir ce pays prospère et solidaire, ni nécessaire à l’Europe et au monde.