Déclaration de M. Philippe Séguin, président du RPR, sur la condamnation par le RPR des élus de la droite ayant accepté les voix du Front national en vue de leur élection à la présidence de leur région, Paris le 20 mars 1998.

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Circonstance : Elections des présidents des conseils régionaux le 20 mars 1998

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Aux élus régionaux qui ont fait alliance…

Un certain nombre d’élus régionaux se réclamant de l’opposition ont cru devoir pactiser avec l’extrême droite. Ils n’en avaient pas prévenu les électeurs. Or, aucun des arguments qu’ils ont utilisés pour justifier leur attitude n’est recevable.

Ils ne sauraient alléguer l’absence d’accord formel avec le Front national. Accepter, pour être élu, les voix de groupe de l’extrême droite vaut plus qu’une signature. Si ce n’est déjà fait, les intéressés en prendront vite conscience.

Ils ne sauraient alléguer le précédent de l’alliance des socialistes avec les communistes. Les turpitudes ne justifient pas les leurs. Au demeurant, le Parti communiste est toujours là, qui pèse lourdement sur la politique française, au point d’aggraver la politique du Premier ministre et de conduire celui-ci à dire sa fierté de compter à ses côtés les héritiers d’un système qui a conduit à la barbarie.

Ils ne sauraient alléguer l’ignorance des réalités par les états-majors nationaux. Les responsables – comme moi – des mouvements et des partis sont des élus comme les autres, aussi capables d’analyser une situation, et ayant au moins la même expérience de terrain.

En vérité, et une fois de plus, certains ont choisi de faire cuire leur petite soupe dans leur petit coin. Ceux-là, et tous ceux qui auront la faiblesse de les suivre en acceptant des postes dans leurs équipes, se mettront hors des mouvements et partis de l’opposition. Cela vaudra en particulier, bien sûr, pour les membres de notre mouvement, même si, pour l’heure, aucun ne se trouve en contravention avec la ligne qui avait été définie.

Cette terrible convulsion était certainement inévitable. Et probablement nécessaire…

Nous savons désormais sur quelles bases se fera la reconstitution de l’opposition républicaine. En respectant les engagements qu’elle avait pris, en faisant ce qu’elle avait dit, elle s’est donné une nouvelle crédibilité. Elle a montré sa conception de l’action publique qui fait passer les convictions avant tout souci de carrière. Désormais, quand elle affirmera ou proposera quelque chose, on pourra la croire. Et en particulier quand elle défendra ses valeurs.

Il y a place, plus que jamais, dans la politique française pour ceux et celles qui refusent la division des Français, le climat d’affrontement et de haine, l’hypocrisie, l’absence de désintéressement, pour ceux et celles qui rejettent la violence des uns, l’irresponsabilité des autres, pour ceux et celles qui, avec fierté, croient en la Nation, l’autorité de l’État, dans la liberté, les vertus du travail, l’esprit de responsabilité, dans la famille, la solidarité et l’égalité des chances.

Alors, que tous ceux et toutes celles qui récusent à la fois les idées de la gauche et celles de l’extrême droite en tirent une confiance renforcée dans l’avenir.