Interview de Mme Michèle Barzach, ministre chargé de la santé et de la famille, à Antenne 2 le 8 février 1988, sur la politique de la famille et le rôle de Mme Barzach dans la campagne électorale de M. Chirac.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Antenne 2 - Télévision

Texte intégral

A2 : Samedi, J. Chirac a défini ses priorités pour la Présidentielle avec trois piliers, la famille, l’entreprise et la formation. Est-ce qu’il ne s’agit pas d’un programme dont pourraient se réclamer tous les candidats ?

Michèle Barzach : Non, car J. Chirac dans ce cadre, s’inscrit dans une continuité, il a déjà pendant ses deux ans de gouvernement, commencé à développer ces thèmes et concrètement. La famille, en faisant une politique familiale globale, ambitieuse, il faut la poursuivre, car cela n’est pas comme je l’ai entendu dire hier ; on ne fait pas un projet avec des allocations familiales, cela n’a rien à voir ; la famille, c’est au même titre que l’entreprise que la construction de l’Europe, c’est l’avenir, c’est la France de demain.

A2 : J. Chirac parle de moyens importants pour une grande politique familiale. De quoi s’agit-il exactement ?

M.B. : On a déjà commencé sur un axe, en choisissant de poursuivre une politique familiale globale qui dépasse largement le cadre des prestations familiales, qui s’occupent du logement des gardes d’enfants et de l’ensemble de la liberté de chacun à choisir sa famille. Le problème, aujourd’hui, est simple : d’abord, on a une France dans laquelle 70 % des femmes travaillent contre 30 % qui ne travaillent pas. Cessons la guerre de religion qui consiste à dire : il faut rentrer chez soi pour faire des enfants, ou ça, c’est mieux que ça.

A2 : En période de chômage, quand J. Chirac dit qu’il faut une grande politique familiale, est ce que ce n’est pas un peu inciter les mères de familles à rester un peu chez elle ?

M.B. : Sûrement pas ; c’est donner aux mères de famille les moyens de choisir leur vie et de rendre compatible leur vie avec leur : vrai choix, qui est soit celui de travailler, soit celui de rester à la maison. Nos deux directions nous les avons déjà honorés, avec un statut social de la mère de famille qui débute, et c’est la première fois que l’on reconnaît la dimension de la mère et de ses droits propres. Nous irons beaucoup plus loin dans ce domaine : qu’il y ait vraiment statut de la mère de famille.

De l’autre côté, les femmes travaillent, il faut les aider à concilier les deux, et donc là c’est aussi toute une construction de gardes d’enfants, d’aides, de moments privilégiés comme le congé de maternité qui doit être plus long, de centrer la politique sur le 3ème enfant...

A2 : On veut transformer l’allocation parentale d’éducation en un véritable revenu parental pour les familles ?

M.B. : Absolument, un revenu familial, c’est-à-dire faire une allocation parentale d’éducation, qui est celle versée au 3ème enfant, de la rendre plus proche d’un revenu, donc d’en augmenter l’importance, et surtout de lever les critères d’activités qui aujourd’hui réduisent à peu près de 200 000 le nombre de familles qui y ont droit. Ceci, il faut le comprendre, la famille, c’est aujourd’hui trois éléments. C’est d’abord l’organisation de notre société, les sondages qui viennent d’être faits montrent qu’elle est conçue comme telle chez tout le monde. Ensuite, c’est l’avenir de la France, car c’est la solidarité entre, les générations d’une part, et c’est surtout répondre au défi démographique. Nous serons dans 20 ans, si nous ne réglons pas ce problème-là, plus de vieux que de jeunes. Enfin, c’est l’endroit dans un pays qui ne pense plus qu’État providence, c’est le lieu dans lequel les vraies solidarités se développent le mieux.

A2 : Quel sera votre rôle politique dans la campagne de J. Chirac ?

M.B. : D’aller expliquer tout cela avec toute ma conviction, car je suis vraiment sûre que c’est là, à bout d’énergie et de dynamisme, et la vraie identité de chacun et de la France cela sera d’aller expliquer quel a été le bilan de J. Chirac...

A2 : Vous êtes spécialement chargée de la région Midi-Pyrénées, cela veut dire quoi pour la suite, vous avez des ambitions pour votre région ?

M.B. : Non, je n’ai aucune ambition ni présente, ni future, ni comme coordonnateur, c’est-à-dire comme quelqu’un envoyé par J. Chirac, qui va coordonner l’ensemble de l’action menée sur place, et qui va défendre son bilan, son projet et qui va expliquer qui il est.

A2 : Un mot sur la candidature de R. Barre, c’est dans quelques heures à Lyon, vous avez un commentaire à faire ?

M.B. : Non, sauf pour dire que c’est bien que les candidats se déclarent tôt, et il est regrettable que cela ne soit pas le cas de tous, car il n’est pas trop de deux mois et demi pour expliquer ce que peut être l’enjeu et l’espoir de la France.