Texte intégral
À l’annonce de la reprise des bombardements, des exactions et des massacres en Tchétchénie, on est partagé entre l’indignation devant le cynisme de ceux qui n’ont interrompu les opérations militaires que le temps d’une campagne électorale, et les reprennent aujourd’hui au mépris de tous les promesses de dialogue, aussitôt l’élection acquise, et la honte grandissante que provoque le silence obstiné des dirigeants européens et américains alors que se poursuit le martyre du peuple tchétchène.
Il devient nécessaire que des voix rompent ce silence et rappellent à ceux qui gouvernent aujourd’hui la Russie que tout n’est pas permis, et que l’anéantissement d’un peuple qui combat pour sa liberté ne sera pas accepté. L’exigence que soient respectés les droits élémentaires de la personne humaine, et ce qu’on a appelé le devoir d’ingérence humanitaire, devraient conduire l’opinion internationale à exprimer avec force sa condamnation de l’action conduite en Tchétchénie par le gouvernement et l’armée russe.
Il faut chercher et condamner les auteurs de crimes de guerre en Bosnie, mais les mêmes actes, commis en Tchétchénie, ne doivent-ils rencontrer que l’indifférence, quand ce n’est pas l’indulgence ?
La question posée par la volonté du peuple tchétchène de disposer de lui-même est de celles qui doivent se résoudre par le dialogue et la négociation. Il est temps d’exiger de Boris Eltsine qu’il le comprenne et en tire toutes les conséquences.