Texte intégral
Le Point : Une telle inflation de candidats est-elle justifiée dans un si petit syndicat ?
Chantal Cumunel : Il y a aujourd’hui un problème d’autorité à la tête du syndicat et un manque de charisme vis-à-vis de l’extérieur. En étant candidate à la présidence de la CGC, je souhaite donner un nouveau souffle au syndicalisme cadre. Je pense être la mieux placée grâce à mon expérience du social. Les années qui s’ouvrent sont en effet décisives pour rendre à la CGC la place qu’elle mérite dans un environnement syndical en pleine mutation.
Le Point : Quelles sont vos propositions ?
Chantal Cumunel : Être un partenaire social, ce n’est pas seulement négocier sur la réduction du temps de travail, la Sécu ou les retraites et défendre des avantages acquis. Nous devons être un lien entre l’entreprise, la personne et la société. Il est vital de rénover l’organisation de la CGC et de réaffirmer notre identité cadre. Il nous faut des structures simples et souples, un mode de fonctionnement fondé sur la transparence et l’efficacité. Ces conditions sont un préalable pour retrouver une influence et réinstaller une relation cadre-entreprise où chacun respecte les contraintes de l’autre. Je souhaite incarner ce syndicalisme « évolutionnaire ».
Le Point : Être cadre aujourd’hui, cela signifie-t-il encore quelque chose ?
Chantal Cumunel : En trente ans, l’identité du cadre a énormément évolué. Les cadres sont de plus en plus nombreux, diplômés et féminins. La mondialisation de l’économie leur a imposé mobilité et flexibilité, et aussi l’insécurité… Mais l’entreprise ne peut pas vivre sans cadres. La performance sans la compétence nous conduit à l’échec. Je suis convaincue que les cadres sont les meilleurs éléments pour animer, fédérer, motiver… Malgré une distanciation réelle entre les cadres et leur entreprise, ils restent impliqués dans leur travail et sont au cœur d’une nouvelle approche du temps de travail et de l’organisation de l’entreprise.
Le Point : Sécu, aides à l’emploi, chômage des jeunes : comment vous positionnez-vous sur ces sujets ?
Chantal Cumunel : La réforme de l’assurance maladie est sur les rails, et c’est tant mieux ! En ce qui concerne les aides à l’emploi, l’urgence est d’évaluer les dispositifs afin de mesurer leur pertinence en termes financiers et sociaux. Concernant les jeunes, il convient de mettre en place une vraie filière en alternance ouverte à tous et de concevoir un vrai « contrat de travail du premier emploi ». Aujourd’hui, l’appel à la responsabilité des entreprises ne suffit pas. L’État doit rendre ces aides plus contraignantes pour les entreprises.
Le Point : Et sur la diminution du temps de travail ?
Chantal Cumunel : Il faut se situer dans une perspective d’emploi plus souple et avoir le courage de séparer le temps de travail de l’entreprise de celui du salarié. Seule la négociation est capable de prendre en compte la diversité des activités économiques et la pluralité des attentes sociales.