Texte intégral
Q. : On parle d’un rapprochement Madelin, Pasqua, Villiers, qu’en est-il ?
R. : Je constate que l’UDF a cessé d’être libérale et le RPR de prôner l’indépendance nationale. Les deux partis dominants de la majorité ont abandonné leur vecteur initial. Comment s’étonner que 40 % des électeurs de la majorité (NDLR : selon un sondage de la Sofres) ne se retrouvent plus dans cette majorité ! Je sens naître en France un mouvement populaire fait de gens qui ne sont pas à gauche, ne se retrouvent pas dans le discours du gouvernement et ne sont pas non plus au Front national.
Q. : Mais cela ne crée pas une cohérence suffisante entre vous trois…
R. : Trois choses nous rapprochent, qui sont plus fortes que nos divergence : le refus d’une gestion purement technocratique qui éloigne le gouvernement des électeurs de la majorité, la conviction que la baisse du chômage passe par une réduction massive des impôts et la perception du danger d’un retour de la gauche.
Q. : Et que pourriez-vous faire ensemble ?
R. : D’abord faire pression sur le gouvernement pour que la France respire. On étouffe ! Les prélèvements obligatoires doivent baisser. Mais aussi, préparer ensemble les élections législatives en accordant un label commun à ceux, anciens comme nouveaux, qui se réclameraient de cette majorité critique. Ce pourrait être « majorité d’action », ou « l’autre majorité ». Je lance un appel solennel à mes amis Alain Madelin et Charles Pasqua : Idées-Actions, Demain la France et le Mouvement pour la France, peuvent travailler ensemble au nécessaire désenclavement de la majorité RPR-UDF ! Mais certains candidats investis par ces deux partis pourraient également bien sûr recevoir ce label. Si on laisse la déception s’installer dans la majorité, ce sera bientôt le désarroi, l’indifférence, puis le vote protestataire. Il y a urgence !
Q. : Le Front national est-il votre ennemi ?
R. : Les électeurs du Front ne sont pas mes ennemis et je n’entre pas dans le piège qui consiste à faire du FN la pièce centrale autour de laquelle tournerait toute la vie politique. Je ne m’occupe pas du FN. C’est en l’ignorant qu’on l’affaiblira, mais sans ignorer bien sûr les problèmes qui le nourrissent (chômage, sécurité, immigration, idée nationale, famille). Pour que le FN baisse, il faut d’abord montrer à ses électeurs qu’il n’y a aucune collusion entre la majorité et la gauche. Léotard et Douste-Blazy se trompent en faisant estrade commune avec la gauche. L’idée de Front républicain est une formidable machine inventée par les socialistes pour battre la droite.
Q. : Entre un candidat FN et un candidat de gauche, pour lequel voteriez-vous ? Barre a dit hier qu’il choisirait la gauche.
R. : Barre tombe dans le piège. Le Front républicain, je le répète, c’est la défaite assurée de la majorité et moi je veux battre la gauche. Avant de donner des consignes de second tour, battons-nous au premier ! Croyez-moi, il y a une place grandissante pour une droite classique et populaire qui s’attaque aux problèmes quotidiens du pays.