Texte intégral
Monsieur le Président,
C’est un très grand honneur pour moi de vous recevoir avec votre délégation au Palais des Affaires étrangères. Cette première visite officielle en France d’un chef d’État du Turkménistan indépendant marque une étape importante dans nos relations. Elle répond à la visite d’État du Président Mitterrand en avril 1994 au Turkménistan.
Nous sommes nombreux, autour de cette table, à commencer par moi-même, à avoir profité lors de la légendaire hospitalité turkmène. Nous nous en souvenons tous avec émotion. Nous avons pu, en visitant Nhassa, mesurer l’ancienneté de votre histoire et l’éclat des empires aujourd’hui disparus, les Parthes de l’antiquité, qui ont insufflé leur élan à votre culture.
Dès nos premières rencontres, un climat privilégié de confiance et d’amitié s’est établi entre nos deux pays. La France a été l’un des premiers États à établir avec vous des relations de coopération.
Aujourd’hui, le Turkménistan occupe la place qui lui revient dans la communauté des nations.
Nous le considérons comme un partenaire de toute première importance dans cette région du monde. Votre pays est riche en potentialités. Il souhaite la stabilisation de la région. Celle-ci interviendra lorsque la paix sera enfin rétablie en Afghanistan et au Tadjikistan.
Enfin, votre pays, que le poète Saib a appelé « le carrefour des sept routes du monde », a renoué, depuis son indépendance, avec sa tradition séculaire d’ouverture.
Il s’est fait le champion d’une politique de coopération et de bon voisinage avec tous les États de la région. Nous en voyons déjà les premiers résultats.
C’est votre mérite, Monsieur le Président, d’avoir attaché le nom de votre pays à cette politique qui contribue à la stabilité et au développement dans cette partie du mode. La France, vous le savez, lui a, dès le début, accordé son soutien.
Mais vous avez souhaité aller plus loin et faire reconnaître votre neutralité par la communauté internationale. L’adoption à la fin de l’année dernière par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une résolution en ce sens a constitué une étape importante dans la vie de votre jeune État. La France savait tout le prix que vous attachiez à ce projet et l’esprit qui vous animait. Ella a, en co-parrainant ce texte, soutenu sans hésiter votre démarche. Elle y voyait la réaffirmation solennelle de votre engagement en faveur de la paix et de la coopération.
Il est aussi heureux que, de votre côté, vous nous ayez écoutés et compris, lorsque nous avons dû procéder à une ultime campagne d’essais nucléaires dans le Pacifique. Le Turkménistan a été, dans la région, le pays qui a eu la position la plus amicale et le plus conforme à notre souhait. Nous ne l’avons pas oublié.
Grâce à ses importantes ressources naturelles, le Turkménistan possède de solides atouts pour conforter son indépendance et assurer la prospérité de son peuple. Vous vous êtes tournés vers la coopération internationale et vous avez élaboré de grands projets pour exporter vos richesses par des voies nouvelles complémentaires de celles qui existent déjà. Votre souci de diversification est parfaitement légitime. Je tiens à réaffirmer ici que nul ne peut, au nom de considérations qui ne sont pas dictées par la seule rationalité économique, contester le bien-fondé des choix que vous dicte votre intérêt national. La France soutien très clairement votre démarche. Le Président Chirac vous l’a dit ce matin.
Vous souhaitez que la France participe pleinement au développement de votre pays. C’est aussi notre volonté. Nous nous félicitons de la présence déjà ancienne au Turkménistan de sociétés françaises comme Bouygues ou Thomson et de celle, plus récente de Technip ou encore de Centrocommerce. Nous souhaitons que d’autres suivent leurs traces et que les projets en cours aboutissent. Nous avons aujourd’hui exprimé notre volonté commune d’établir entre nos deux pays un partenariat majeur dans le domaine économique, surtout dans le secteur énergétique.
Enfin, je suis particulièrement heureux de vous confirmer ce soir l’ouverture, à Achkabad, d’une ambassade de France de plein exercice. Cette décision est une manifestation concrète de notre volonté de donner un nouvel élan à nos relations et de les inscrire dans la durée.
Nous devons également, pour cela, nous employer à développer la connaissance réciproque de nos cultures. Je me félicite de la présence à Paris de l’ensemble artistique « Megnli » qui donnera la possibilité aux Parisiens de mieux connaître votre pays au travers de son riche folklore. Il est aussi heureux que ce soit un Français, le professeur Bazin, auquel vous avez décerné une haute récompense, qui ait traduit l’œuvre de Makhymgouly. Les vers de votre grand poète national, reflet de la sagesse traditionnelle de votre peuple, sont ainsi désormais accessibles en langue française.
J’n profitera pour rappeler l’intérêt que nous portons à l’enseignement du français au Turkménistan. Il ne saurait en effet y avoir de relations solides sans communication directe entre les hommes.
Je suis sûr en tout cas, Monsieur le Président, que les liens personnels que votre visite aura à nouveau permis de nouer entre Français et Turkmènes, et d’abord entre vous-même et le Président Chirac, contribueront grandement à atteindre les objectifs que nous fixons à notre coopération et à resserrer les relations amicales entre nos deux pays.
Je lève mon verre à votre santé, à celle de mon collègue M. Chikhmouradov, de tous les membres de votre délégation, et à l’amitié entre la France et le Turkménistan.