Texte intégral
Q - Nous allons évoquer la réunion de la gauche plurielle qui se tient pour la première fois depuis deux ans et demi au siège des Radicaux de gauche. C'est une réunion extrêmement importante. C'est vous qui avez été à l'initiative de cette réunion qui sera essentiellement consacrée au programme social.
« La vocation des Radicaux c'est plutôt de rassembler, y compris nos amis de la gauche plurielle, alors nous avons considéré qu'à mi-législature – car ça fait déjà deux ans et demi, « déjà » n'étant pas dans ma bouche pour trouver le temps trop long mais pour marquer, je dirais la mi-temps -, nous avons considéré qu'il était utile premièrement de faire le bilan de ce que l'on a fait – nous nous considérons bien sûr que globalement les choses vont bien, mais on peut aussi parler de ce qui nous sépare davantage – et enfin parler de nos propositions. Naturellement, priorité à l'emploi. »
Q - N'est-ce pas d'abord une réponse au fait qu'on a vu le PC manifester, descendre dans la rue alors que, vous, vous n'avez jamais voulu vous associer aux manifestations de rue. C'est une façon de répondre par des propositions concrètes ?
« Il n'est pas dans la tradition des Radicaux d'aller dans des manifestations de rue sauf sur des sujets vraiment très forts. C'est plutôt complémentaire de l'initiative du Parti communiste. Et cette fois-ci nous serons tous réunis en particulier sur un thème important qui est la priorité de tous les Français, qui est la priorité de Lionel Jospin : c'est l'emploi. »
Q - Vous proposez 350 000 emplois-jeunes dans le privé. Est-ce que c'est bien raisonnable quand on sait déjà qu'on a tellement de mal de créer des emplois-jeunes dans le public et quand on voit l'état d'esprit actuel du patronat ?
« Je vois que vous êtes bien renseignée sur ce que nous allons dire tout à l'heure. Mais c'est vrai qu'en ce qui concerne les Radicaux de gauche nous avions déjà été à l'origine des emplois-jeunes dans le secteur public. Et souvenez-vous combien à l'époque cette mesure, lorsque Lionel Jospin et Martine Aubry l'ont annoncé, a été brocardée. Aujourd'hui c'est un vrai succès. C'est une des grandes réussites de la gauche et en particulier une grande réussite dans le secteur essentiel qu'est la lutte pour l'emploi. Nous voulons aller plus loin et nous considérons qu'il est possible de faire la même chose dans le privé. Je ne suis pas convaincu qu'au-delà d'un discours de circonstance et de principe le patronat, y compris le Medef, soit tellement hostile. Il n'y a pas de raison que le public fasse des efforts en matière d'emploi, que le privé ne fasse pas les mêmes en ce qui concerne l'emploi-jeune. Je suis convaincu que nous y arriverons. »
Q - Vous vous intéressez aussi beaucoup au statut des toutes petites entreprises, entreprises individuelles, qui regroupent parfois des entreprises commerciales ou artisanales. Pourquoi ? C'est parce que c'est un peu votre clientèle, c'est davantage par exemple dans les villes moyennes qu'on les trouve ces structures-là ?
« Clientèle, c'est beaucoup dire, mais c'est une des traditions historiques du radicalisme que de ne pas oublier les artisans, commerçants, les agriculteurs aussi – mais là n'est pas le sujet aujourd'hui – et nous considérons qu'il faut un statut spécifique à la doute petite entreprise, un statut spécifique à l'artisanat et au commerce. Nous avons donc beaucoup travaillé sur ce sujet, beaucoup consulté. Et tant sur le plan fiscal que sur le plan juridique, nous pensons qu'il faut les distinguer. Regardez les difficultés d'application, par exemple de la loi sur les 35 heures, dans ce genre d'entreprises ! »
Q - J'imagine qu'à la réunion d'aujourd'hui on va aussi parler des élections municipales à venir. Ca va se faire comment ? Il y aura un accord gauche plurielle sans les Verts, c'est ça qui se dessine ?
« N'allons pas trop vite ! D'abord parce que ce n'est pas à l'ordre du jour de la réunion. Vous dire que ça ne sera pas abordé, je ne le sais, c'est possible, mais simplement sur les principes, pas pour commencer à discuter telle ville aux uns, telle ville aux autres. Par contre, nous, Radicaux de gauche nous considérons que la gauche plurielle fonctionne bien, qu'elle est reconnue dans le pays qui a pris l'habitude de nous voir travailler groupés et qu'il est utile et nécessaire si nous voulons continuer dans la dynamique du succès d'aller aux élections futures – municipales, cantonales et mêmes législatives – sous la même organisation gauche plurielle. C'est-à-dire avec des listes d'union dès le premier tour. C'est d'ailleurs l'intérêt de chacun, y compris des Verts que vous venez de citer. »
Q - A Toulouse, si Dominique Baudis ne se représente pas, si Douste-Blazy est candidat, c'est vous qui serez en face de lui ?
« Ca fait beaucoup de si. Pour l'instant Dominique Baudis n'a pas répondu quant à sa candidature… »
Q - Enfin il a laissé entendre qu'il ne se représenterait pas.
« Il a laissé entendre qu'il n'était pas sûr qu'il se représente, mais enfin avouez quand même que c'est un peu étonnant ! Nous revendiquons la tête de liste pour les Radicaux de gauche. Mais attendons de voir comment les choses se passent… »
(...)
« Pas forcément ! Attendez je ne suis pas le seul Radical de gauche en France, encore moins dans le Sud-Ouest et encore moins à Toulouse, mais c'est une des demandes des Radicaux de gauche. N'allons pas trop vite, je crois que Dominique Baudis réfléchit, n'est pas sûr du tout que sa réponse sera négative. On parle de Douste-Blazy, rien n'a été dit là-dessus. Nous n'allons pas ajouter à des si d'autres si. »
Q - Mais vous pourriez faire campagne face…
« Nous sommes à 15 mois des élections. »
Q - Mais vous pourriez faire campagne face à P. Douste-Blazy, ça ne vous fait peur ?
« Mais tout est possible, mais nous n'en sommes pas encore là. »
Q - Je sais qu'on vous pose régulièrement la question et que ça doit vous agacer mais ce n'est pas grave je vais quand même recommencer : à quoi aujourd'hui servent les Radicaux de gauche dans la gauche plurielle ? Parce qu'on voit les communistes qui ont une position, on voit les Verts qui jouent un peu les trublions, les Radicaux de gauche ils sont quoi ? Ils sont à l'interface, un peu plus à la droite que les socialistes ?
« Déjà aujourd'hui, ils servent à rassembler tout le monde. Et si je prends cet exemple, c'est parce que c'est vraiment notre vocation : nous sommes des fédérateurs, nous préférons cultiver l'art des convergences que des divergences, avec les nôtres et puis aussi avec ceux qui pensent différemment de nous et pourquoi pas de l'autre côté. Nous avons une histoire, nous avons des traditions qui sont différentes de celles des communistes ou des Verts qui sont des mouvements protestataires, nous nous avons l'habitude de nos responsabilités et nous préférons l'art de l'affrontement. Ce qui ne nous empêche pas de peser très lourdement sur un certain nombre de décisions et de dire ce que nous avons à dire au Premier ministre et à la majorité. »
Q - Avec le recul, la période de Bernard Tapie vous la jugez comment ? Quand il était parmi vos, quand il était président des Radicaux ?
« Il n'a jamais été président des Radicaux, il était le leader des Radicaux de gauche en particulier au moment des européennes. Je n'ai pas l'habitude de jeter la pierre à quelqu'un qui est en difficulté, qui réussit aujourd'hui remarquablement dans le théâtre. C'est une période qui appartient à notre histoire, qui est contrastée qui a eu du bon incontestablement, jamais nous n'étions montés aussi haut électoralement depuis longtemps, et qui a eu du mauvais dans la mesure où ça a fini de manière assez dramatique, en particulier pour lui. »