Texte intégral
Les Britanniques m'avaient souvent étonné au cours de la dernière guerre. La résolution avec laquelle ils s'étaient retrouvés seuls contre la puissance hitlérienne, de juin 1940 à novembre 1942, le flegme avec lequel ils lui avaient fait face, le courage avec lequel ils avaient supporté les bombardements de leur capitale et de leurs villes principales, méritaient l'admiration.
Ils m'ont encore étonné lundi 1er juillet, à Thiepval, lors de la commémoration de leur Bataille de la Somme, au cours de laquelle, en cinq mois de 1916, ils avaient perdu 400 000 hommes. Quatre-vingts années plus tard, plusieurs milliers de leurs descendants de la deuxième génération, conduits par le duc de Gloucester, se retrouvaient sur un champ de bataille avec leurs officiers, leurs hommes de toutes les armes, leurs Highlanders et leurs cornemuses… Mais ils avaient aussi leurs journalistes, les représentants de leurs radios, de leurs chaînes de télévision et la célèbre BBC, venus là pour offrir au Royaume-Uni le plus large écho de leur manifestation patriotique.
Le lendemain, je n'ai retrouvé strictement aucun écho de tout cela dans les médias nationaux, et je continue de penser qu'intéressés qu'ils sont au plus haut point par des affaires « d'un tout autre ordre », de l'abbé Pierre aux « gays » et aux appartements des hommes politiques, ils peuvent négliger un certain nombre de valeurs essentielles à la France.
Dans la nuit du 8 au 9 juillet, trois cimetières britanniques ont été la proie des vandales. Dans l'un d'eux, 100 stèles de soldats anglais venus mourir sur le sol français ont été brisées, et, de la même façon, je n'ai trouvé qu'un très modeste écho médiatique d'une telle ignominie.
Qui contestera que notre société a perdu ses repères ? Elle fut longtemps solide parce qu'elle vivait sur un trépied essentiel : le père de famille qui imposait son autorité, le pédagogue qui enseignait l'histoire de la France en l'illustrant et apprenait à ses enfants à chanter « La Marseillaise », le prêtre enfin, qui imposait dès la communion les notions de bien et de mal. Ces éléments de base de la société, s'ils existent encore, sont beaucoup moins solides : le père de famille ne se fait plus obéir, le pédagogue qui enseigne avec mérite peut se faire boxer par un parent d'élève irrité, et les religieux voient leurs églises ou leurs temples désertés.
Quelle règle morale s'impose à la jeunesse ? Elle n'est certes pas aidée par certaines émissions de télévision qui enseignent – le mot n'est pas de trop – la violence et le sexe. Le laxisme n'est pas forcément la violence, et la liberté n'est pas obligatoirement l'indécence, à preuve le spectacle des « gays » qui a mérité un écho médiatique très supérieur à sa valeur morale.
Il suffirait pourtant de peu de choses : lorsque le président de la République s'est rendu à Verdun, il y a quelques semaines, il y avait 3 000 jeunes Allemandes et Allemands, Françaises et Français, qui, bien que l'événement pour lequel ils étaient là eut quatre-vingts années d'existence, ne demandaient qu'à mieux connaître, qu'à en savoir davantage ; ils étalent visiblement heureux de serrer la main du chef de l'État ; et leur intérêt était total.
On leur montrait tout simplement autre chose !
Quel mérite auraient certains médias à savoir qu'on peut montrer d'autres choses à notre jeunesse, en provoquant son intérêt ! Et quels services ils finiraient par rendre à leur pays !