Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des solidarités, de la santé et de la famille, sur l'enseignement médical, la cardiologie et l'angiologie interventionnelle, Paris le 24 mai 2005.

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Circonstance : Cours international de cardiologie et angiologie interventionnelle à Paris le 24 mai 2005

Texte intégral


Monsieur le Président, Cher Jean (Marco),
Madame et Messieurs les directeurs scientifiques,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux d'ouvrir une nouvelle fois - c'est en train de devenir une tradition - ce cours international de cardiologie et d'angiologie interventionnelle, EuroPCR. Ce rendez-vous annuel est placé sous l'égide de plus de 25 sociétés savantes et accrédité par les organismes de formation de nombreux pays.
Il faut dire que je ne sais pas résister à l'appel de mon ami, le professeur Jean Marco, chef du service de cardiologie de la Clinique Pasteur à Toulouse, qui assure la présidence de ce cours avec brio depuis 1989 - et je tiens à l'en féliciter.
Je regrette cependant que ces journées, qui se tenaient à Toulouse, aient dû émigrer à Paris devant l'afflux croissant des participants - plus de 10 000 cette année - ce qui dépasse amplement les capacités d'accueil de la Ville rose.
C'est à la fois en tant que médecin cardiologue et ministre de la Santé, que je me réjouis du succès grandissant de ce cours international, qui figure au premier plan des manifestations scientifiques mondiales dans ce domaine.
Ce succès tient d'abord à la qualité des quelques 500 experts internationaux qui viennent ici enseigner et apporter leur expérience scientifique et professionnelle - et je les en remercie. Il tient aussi aux thèmes que vous développez, qui abordent l'ensemble des techniques interventionnelles, dans les domaines des maladies coronariennes, vasculaires périphériques et cérébrales.
Le programme que vous proposez à EuroPCR 2005 pourrait faire rêver bien des étudiants de par ses vertus pédagogiques. Je sais que des transmissions par satellite vous permettront d'assister en direct à des interventions non invasives réalisées dans 16 hôpitaux du monde entier, qu'ils soient à Kuala Lumpur, Auckland, Washington, Leipzig, Rotterdam ou ailleurs.
Permettez-moi de vous féliciter pour l'étroite collaboration, que vous avez su construire au fil des années, avec les groupes de travail des différentes sociétés nationales d'Europe et de la Société européenne de cardiologie, dans le domaine des interventions coronaires percutanées. Elle concerne déjà une vingtaine de pays, ce qui a permis, entre autre, de créer un nouveau journal scientifique européen, Euro Intervention.
Mais EuroPCR représente aussi la continuation d'une collaboration avec l'Asie pacifique, l'Amérique du Sud et les pays du Golf - et je m'en réjouis.
Si votre objectif est avant tout la formation des professionnels, EuroPCR est avant-gardiste, dans la mesure, où pendant ce cours seront utilisés, comme outil de formation des praticiens, des simulateurs virtuels comme le réalise Airbus dans sa formation des pilotes. Vous pourrez ainsi vous entraîner sur un simulateur à opérer des patients virtuels.
Mais avant de proposer une nouvelle technologie, dans le domaine de la cardiologie interventionnelle, il faut être assuré de son efficacité, de sa sécurité au long terme et évaluer son rapport bénéfice/risque, avec la même rigueur que celle exigée pour les nouveaux médicaments.
Les résultats des premières applications d'une nouvelle technologie chez l'homme, réalisées sur un nombre limité de patients très sélectionnés, par divers experts, informent sur sa faisabilité et sa sécurité, mais sont insuffisants pour conseiller ou même autoriser son utilisation en pratique quotidienne.
Les études multicentriques randomisées répondent à une ou deux questions précises sur les bénéfices cliniques et les éventuels risques associés. Elles sont réalisées chez des patients volontaires, sélectionnés en fonction de critères d'inclusions et d'exclusions stricts et constituent la base indispensable à la rédaction de recommandations.
Enfin, il faut en parallèle évaluer dans le temps le rapport coût/efficacité d'une nouvelle technologie selon une méthodologie scientifiquement contrôlée et indépendante de l'industrie, tout en adoptant une attitude de précaution, lorsqu'elle est utilisée dans la pratique quotidienne.
Cette évaluation du rapport coût/efficacité doit être clairement expliquée, ainsi que la méthodologie scientifique utilisée, par des experts indépendants de l'industrie, en parallèle aux recommandations cliniques.
Ce rapport doit être intégré aux priorités de santé de chaque nation et de l'ensemble de la communauté européenne.
L'évaluation de la pratique médicale doit être considérée comme un mode de pensée et non pas une contrainte. Elle sert à améliorer la qualité des soins en fonction des bases scientifiques.
Chaque établissement, au sein de chaque pays de la communauté Européenne, doit pouvoir comparer, volontairement et sans contrainte, sa pratique et ses résultats à ceux d'autres établissements de santé, et ainsi progresser vers l'amélioration de la qualité des services rendus aux patients.
Cette évaluation nécessite un langage commun dans tous les établissements et pays, ainsi que la mise à disposition d'outils informatiques solides, facilement utilisables et exploitables par tous.
Je voudrais vous parler d'un deuxième sujet qui me tient à cur, c'est celui du partenariat avec l'industrie qu'il faut développer, afin de diffuser les nouvelles technologies et former les professionnels de santé.
Il suffit de prendre comme exemple ce cours pour réaliser l'impact positif que comporte de tels partenariats financiers en matière d'innovation, de recherche, de développement, d'évaluation clinique et d'enseignement des nouvelles technologies.
C'est l'utilisation large de l'innovation qui permettra, très justement, aux industriels de retirer un bénéfice financier en rapport avec leurs investissements.
La multitude des études est telle qu'il est impossible pour un praticien d'en faire une synthèse applicable au quotidien.
Il est donc indispensable que des experts, reconnus pour leur intégrité et leurs qualités scientifiques, consacrent une partie de leur temps à faire une synthèse claire des études et à rédiger des recommandations, avec une méthodologie scientifique, un esprit critique, constructif et éthique.
Je sais - et je vous en félicite - que c'est le cas de ce cours. C'est aussi la méthodologie que veut développer la Haute autorité en santé, qui a été créée dans le cadre de la loi portant réforme de l'assurance maladie adoptée le 13 août 2004.
En outre, pour les pouvoirs publics, l'investissement réalisé pour développer ces nouvelles technologies peut conduire à une diminution importante du coût de prise en charge de la maladie, en réduisant la durée et la fréquence des hospitalisations, voire en évitant une ré-intervention chirurgicale, comme pour les nouveaux stents qu'ils soient actifs à diffusion ou résorbables.
Enfin, à l'heure où la construction européenne prend un nouvel essor, il est indispensable d'harmoniser les recommandations et autorisations d'utilisation des nouvelles technologies.
Dans le domaine de la cardiologie et de l'angiologie interventionnelle, je souhaite vivement que les sociétés nationales des pays de l'Union européenne adoptent et diffusent les recommandations de la Société Européenne de Cardiologie.
Ceci favoriserait le travail des experts en économie de santé, et des organismes régissant les mises à disposition des nouvelles technologies.
L'harmonisation des recommandations, sur des bases scientifiques communes, claires, diffusées et expliquées, avec des règles souples et des mises à jour régulières, permettrait certainement aux praticiens de mieux intégrer à la fois leur responsabilité de partenaire dans l'économie de santé de leur Etat et leur choix thérapeutique en pratique quotidienne.
Il est en parallèle souhaitable d'harmoniser, au niveau européen, les méthodes de formation avec une définition commune de tous les objectifs, intégrant les connaissances, l'entraînement pratique et les rapports humains, et en parallèle, une évaluation objective, solide et quantifiable du niveau de formation. Un curriculum commun de formation dans ce domaine des pratiques interventionnelles devrait permettre une meilleure répartition des praticiens bien formés et l'amélioration de la qualité des soins, et donc de la qualité de vie de la population européenne, en réduisant l'impact des maladies cardio-vasculaires.
La simulation virtuelle peut permettre, de raccourcir le temps de formation à de nouvelles technologies, et une éducation continue en fonction de l'évolution des techniques, tout en diminuant les risques de complications. Prenons exemple sur l'expérience européenne, comme pour le magnifique centre d'entraînement d'Airbus à Toulouse.
Je me réjouis donc qu'EuroPCR travaille dans ce sens, afin de promouvoir un curriculum commun pour la formation des cardiologues interventionnels en Europe.
Ces journées illustrent donc parfaitement l'intérêt des techniques innovantes, qu'elles soient diagnostiques ou thérapeutiques, dont tout malade doit pouvoir bénéficier rapidement.
Cependant, la diffusion de ces nouvelles technologies a un coût, et ce coût doit pouvoir être assumé. En tant que Ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille, je me suis engagé à faciliter leur diffusion dans le cadre de la tarification à l'activité, sur une base cohérente entre les différents secteurs, public et privé.
Enfin, je vous souhaite de profiter pleinement de ces journées, qui vont dans le sens des échanges interprofessionnels et internationaux que je prône dans le cadre de la formation médicale continue.
Je vous remercie.


(Source http://www.sante.gouv.fr, le 30 mai 2005)

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