Déclaration de Mme Florence Parly, ministre des armées, sur le partenariat stratégique franco-australien, en Australie le 11 février 2019.

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Circonstance : Déplacement en Australie les 10 et 11 février; signature de l'Accord cadre et de l'accord de partenariat stratégique du futur programme sous-marin, le 11 février 2019

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le ministre de la défense,
Amiral,
Cher Hervé Guillou,
Chers collègues et amis,


C'est un honneur d'être ici aujourd'hui. Christopher et moi avons pensé qu'il était essentiel que nous donnions la solennité appropriée à cet événement. Et bien sûr, son immense importance le mérite - comme en témoigne la présence du Premier ministre.

Oui, il a été agité de le faire ici aujourd'hui. Il y a à peine 24 heures, j'étais au Proche-Orient - ce n'est pas exactement «le sable et la mort», comme certains l'ont dit récemment; mais il y a beaucoup de sable, bien sûr, et la mort n'est jamais loin lorsque nous combattons l'État islamique. J'ai volé le long vol pour venir ici. De longues heures, bien sûr. mais moins long et moins éprouvant que les 70 jours que vos sous-mariniers vont passer un jour à l'intérieur du puissant sous-marin Attack.

Mais en cette belle journée d'été australienne, c'est une occasion de réfléchir à ce que nous avons accompli. Et je le fais avec un sentiment de fierté, de gratitude et un profond sens des responsabilités face aux défis à venir.

Il y a de la fierté et il devrait en être de la fierté. L'accord de partenariat stratégique et les autres documents signés aujourd'hui signifient beaucoup pour nos deux pays.

Le futur programme sous-marin signifie beaucoup de choses. Sur le plan militaire, cela signifie que l'Australie va acquérir une capacité de classe mondiale - vraiment la meilleure au monde - qui donnera à votre marine un outil souverain incroyable. Sur le plan stratégique, cela signifie que l'Australie aura un avantage sur toute la région.

En termes industriels, cela signifie beaucoup aussi. L'Australie redynamisera une base industrielle et technologique navale souveraine afin de construire un sous-marin de 4 000 tonnes et de soutenir une flotte de 12 unités. Naval Group développera un design unique avec ses technologies et son savoir-faire de pointe. La société mettra en oeuvre un plan de production reposant sur une chaîne d'approvisionnement nationale, de l'autre côté de la Terre.

Mais il ne s'agit pas uniquement d'un projet militaire ou industriel. Derrière ces masses d'acier sombre, derrière ces bêtes sans yeux, se cache avant tout une amitié. Une communauté d'intérêts, de vision et de valeurs dans la région. Un attachement commun à la démocratie, au multilatéralisme, à l'ordre fondé sur des règles. Je mets beaucoup de confiance, pour que l'Australie parie sur la France; et beaucoup de confiance de la part de la France pour partager avec l'Australie une capacité aussi proche du coeur de notre souveraineté et de notre autonomie stratégique, résultat d'immenses investissements au fil des décennies.

Alors, quand j'ai entendu dire à un moment donné que certains se plaignaient de la longueur de la négociation, j'ai pensé: ouvrez les yeux. C'est l'affaire du siècle. C'est un partenariat d'un siècle. Nous avons eu raison de prendre le temps nécessaire pour couvrir tous les points et les traverser. Nous voulons laisser à nos successeurs un projet parfaitement sain - et je crois que c'est ce que nous leur confierons.

Bien entendu, tout cela ne s'est pas fait sans un travail extrêmement dur. Donc, aujourd'hui devrait également être un jour de reconnaissance.

Je voudrais féliciter tous les acteurs de la négociation. Christopher et moi, sans microgérer, avons suivi de près ce qui s'est passé et nous pourrions mesurer l'engagement des deux côtés. Mes pensées vont au contre-amiral Greg Sammut du Commonwealth d'Australie et à Jean-Michel Billig du Naval Group, ainsi qu'à Thierry Carlier de la société d'achat française. Mes amis, vous avez fait un excellent travail: merci.

Mais maintenant que nous sommes au bout du chemin, il est temps de regarder par-dessus le bord de la falaise - et on ne peut pas le faire sans un sentiment de respect. Combien nous attend. Combien reste-t-il encore à faire des deux côtés pour y arriver? Pour ceux d'entre vous qui ont visité un chantier naval, vous verrez ce que je veux dire. Actuellement à Cherbourg, une équipe australienne travaille déjà sur la conception du sous-marin. Ceci est la partie intelligente. Mais alors nous aurons besoin de chantiers, d'aciers, de fours; nous aurons besoin de grues et de quais; nous aurons besoin d'automates, de moniteurs, de robots. Toute une industrie doit être réorganisée pour le fonctionnement de ce projet. Ce ne sera pas un mince exploit. Cela nécessitera beaucoup du groupe Naval, mais également de l'Australie. Cela créera de vastes opportunités au niveau local, mais ce sera également un défi énorme. Mais en unissant leurs forces, j'espère que nous y parviendrons.

Alors, alors que nous entreprenons ensemble ce long voyage, je ne peux que nous dire à tous: bon vent, et vive le partenariat franco-australien.


Je vous remercie. 


Source https://www.defense.gouv.fr, le 18 février 2019