Déclaration de Mme Florence Parly, ministre des armées, sur l'entreprise Thales et l'industrie d'armement, à Limours le 15 avril 2019.

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Circonstance : Allocution au personnel du site de Thales, à Limours le 15 avril 2019

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le président-directeur général, cher Patrice Caine,
Messieurs les officiers généraux,
Messieurs les directeurs,
Mesdames et messieurs, chers amis,


Il y a quelques jours, notre majestueux Charles de Gaulle et son escorte de frégates passaient le canal de Suez. Lorsque je vois ces images si puissantes, je pense bien sûr à tout l'équipage, près de 2000 personnes solidaires d'un même périple 5 mois durant. Mais c'est aussi à vous que je pense, car vous êtes les yeux du Charles de Gaulle. C'est votre savoir-faire qui lui permet d'identifier et de déjouer les menaces. C'est votre savoir-faire qui protège nos marins.

Nos marins, mais pas seulement. Thales a des appétits, des qualités et des compétences bien plus grandes. De la terre à l'espace, de l'aéronautique à la cyber sécurité, en matière de satellites, de contrôle aérien, de systèmes de missiles, il n'est pas un seul domaine, pas un seul équipement où Thales n'a pas sa place.

Et sans vous, aucun de nos avions de combat, de renseignement et de surveillance, aucun système de combat terrestre et pas une seules de nos frégates ne pourraient voir le jour. Car votre électronique, vos radars, vos systèmes d'information et de guerre électronique sont au coeur de nos systèmes de défense.

Vous irriguez nos systèmes d'armes, mais vous irriguez aussi nos emplois. Ce sont 15 000 personnes en France qui s'investissent chaque jour dans les activités de défense de Thales.


Venir à Limours aujourd'hui, c'est être au coeur de l'excellence mondiale de la conception des radars militaires et civils. Car c'est ici que la Business Line Surface Radar pense, développe et produit une gamme complète de radars terrestres et navals pour la surveillance et la défense aérienne. Et sortis d'ici, ils participent à la protection des champs de batailles, des sites sensibles, de nos forces dans les airs et sur les mers.

De Limours, mais aussi d'Ymare, où je sais que la même passion et la même excellence anime les équipes, ainsi que sur les autres sites de Thales en Europe. Ce goût de l'effort et cette ardeur au développement des capacités de défense qui mettront nos forces en sécurité vous rassemblent, au-delà des sites et des usines.

Ce savoir-faire, vous le cultivez depuis près de 60 ans. Les pionniers du site étaient une dizaine seulement, vous êtes aujourd'hui 1100 collaborateurs, pour notre plus grande chance, principalement dédiés aux activités du monde de la défense. Et demain, grâce au développement des Ground Fire 300 et Sea Fire 500 vous serez plus nombreux encore, unis par cette même passion, soudés par les mêmes objectifs, servant la performance de nos radars français.

C'est le futur des radars qui se dessine ici au gré de la construction des radars du futur. Et parmi ces perles de technologie, le fameux Sea Fire 500. Nos nouvelles frégates de défense et d'intervention en seront équipées en 2023 au profit d'une surveillance maritime renforcée. Il répondra aux besoins des différentes missions des navires, de l'autodéfense jusqu'à la défense aérienne étendue, et est conçu pour déjouer les tentatives de brouillage.

Entièrement numérique, la révolution du Sea Fire 500, ce sont ses panneaux fixes, qui permettront à la frégate de surveiller une bulle de 500 kilomètres – soit 270 nautiques pour les puristes parmi nous – dans les airs autour du navire, et 80 kilomètres – ou 43 nautiques – à la surface. Il pourra traiter jusqu'à 1000 cibles, à la fois les aéronefs et les autres bâtiments, sans jamais perdre leur trace.

D'une efficacité opérationnelle encore bien supérieure aux radars de la génération précédente, il sera aussi capable de prendre en compte des menaces inédites, celles des missiles hypersoniques et balistiques.

Vous le savez, l'innovation est un roulement perpétuel. Vague après vague, les évolutions s'enchaînent, les techniques s'affinent, les armes s'affûtent. Sea Fire 500, ce n'est pas l'éphémère écume d'une précédente vague d'innovation, prête à périr sous la nouvelle qui se forme au loin. C'est un radar évolutif, capable de s'adapter à chaque vague, à chaque avancée technologique. Il sera possible d'augmenter ses capacités par un simple ajout de modules logiciels, sans aucune modification du matériel existant : c'est presque aussi facile qu'une mise à jour logicielle de nos smartphones. Il est également conçu pour accueillir à l'avenir des briques d'intelligence artificielle qui décupleront sans aucun doute ses performances.

Il nous faudra donc être encore patient quelques années avant de voir les nouveaux radars en fonction. Mais la machine est lancée : dès la semaine prochaine, le premier panneau du Sea Fire 500 sorti d'usine partira à Saint-Mandrier pour plusieurs phases de tests et de qualification. Ce sont également de nombreux tests des radars de dernière génération qui mobiliseront aussi votre toute nouvelle chambre anéchoïque, Orion que j'ai eu l'honneur d'inaugurer aujourd'hui.

Les radars Sea Fire 500 pour nos frégates de défense et d'intervention, cela représente un investissement de 450 millions d'euros, et avec le développement des Ground Fire 300, ce sont 500 emplois directs jusqu'en 2023 distribués sur l'ensemble du territoire national, dont 300 emplois hautement qualifiés pour Thales sur les sites de Limours et Ymare, 200 emplois répartis chez 150 sous-traitants, exclusivement Français. Car Thales s'appuie sur un réseau de PME et d'entreprises de taille intermédiaires réparties sur l'ensemble de la France et toutes spécialisées dans les technologies de l'électronique et de la construction aéronautique. Et pour réaffirmer cet attachement à l'innovation de notre écosystème de petites et moyennes entreprises, Thales signera dans quelques instant la convention Action PME du ministère des Armées.


C'est déjà un radar Thales, le modèle Arabel qui équipe notre système surface-air de moyenne portée terrestre. Chaque jour, votre expertise concourt à la défense du territoire contre les menaces aériennes, missiles classiques et balistiques et à la liberté d'action des forces projetées sur terre et en mer.

La résurgence et la prolifération des menaces imposent une évolution de ces capacités de défense surface-air et en particulier une meilleure performance des capacités de détection et de poursuite radar que devra nous apporter le SAMPT NG.

Aujourd'hui, avec la famille de radars Sea Fire et Ground Fire vous apportez des modules radars puissants améliorant les capacités de détection et de poursuite de cibles classiques et balistiques en autonome. 

Ainsi, c'est une évidence, Thales a vocation à être au coeur du développement du radar au profit du programme SAMPT NG. Mais je compte sur vous pour démontrer votre compétitivité par rapport à la concurrence, pour exploiter et valoriser les synergies de vos produits Sea Fire 500 et Ground Fire 300. Je compte aussi sur vous pour prouver votre engagement, en tenant tant les délais que les promesses de performance. Je compte enfin sur vous pour démontrer votre investissement, par des actions d'autofinancement. Et peut-être pourrons-nous espérer conclure un nouveau contrat ensemble.

Nous connaissons et reconnaissons déjà votre expertise : ce sont des radars Ground Master 400 et 200 qui ont été choisis pour assurer notre surveillance aérienne dans le cadre du système de commandement et de conduite des opérations aériennes.

Des opérations aériennes, et bientôt spatiales. J'ai remis au président de la République en début d'année un rapport sur la stratégie spatiale de défense. Des annonces seront faites d'ici la fin de l'été et si rien n'est encore gravé dans le marbre, je peux m'avancer sans risque sur un point : la surveillance de l'espace sera significativement renforcée. Et il est indéniable que Thales a montré des compétences en la matière. Je pense notamment aux radars UHF permettant de lutter contre la furtivité, d'offrir notamment dans le cadre d'une surveillance spatiale une fonction d'alerte avancée face à des missiles de très longue portée.


En matière spatiale, j'ai pris jeudi dernier, la décision de lancer la réalisation du segment sol du programme de communications satellitaires Syracuse IV, ainsi que la modernisation de la radionavigation par satellite Omega.

Ces deux programmes d'armement renforceront la résilience de nos systèmes d'armes: Syracuse IV accroîtra les capacités de communications militaires à longue distance dès 2020 et Omega permettra de faire face aux futures menaces d'interférence et de brouillage de notre radionavigation par satellite à partir de 2023, en tirant parti des performances et de l'indépendance de Galileo. Thales sera au coeur de ces nouveaux programmes : vous avez ma confiance, mais rien n'est jamais gagné. Les programmes d'armement sont des projets complexes : en faire partie, c'est une responsabilité, c'est un honneur, mais c'est aussi une exigence.

C'est certain, l'espace, les radars sont une de vos spécialités, mais c'est loin d'être le seul sujet sur lequel Thales est engagé à nos côtés. Nous avons lancé à l'été 2017 le programme de système de combat aérien du futur, le SCAF. C'est un besoin militaire commun avec l'Allemagne, auquel nous avons choisi de répondre. Sur ce projet que la France dirige, le premier contrat d'architecture a été notifié en janvier. Et j'ai l'ambition d'ici le milieu de l'année de passer des contrats relatifs au démonstrateur de l'avion : dans ce système de systèmes, Thales, par ses compétences d'intégrateur, aura toute sa place pour construire le dialogue entre les objets connectés de ce système de combat collaboratif. 

Vous le savez, le ministère des Armées est engagé dans un vaste chantier de modernisation de la conduite des programmes d'armement. Nous travaillons à introduire plus de souplesse et d'agilité dans la conduite de ces programmes, et ces progrès dépendent aussi de l'équilibre de nos relations avec les groupes industriels. Nous avons un rôle majeur dans l'export de nos armes et de nos systèmes, nous facilitons de nombreuses opérations en ce sens. Nous attendons donc des résultats et des retombées en faveur de notre pays.

Vous avez finalisé avec succès votre fusion avec Gemalto et je vous en félicite. Cette union avec l'une des meilleures entreprises mondiales de sécurité numérique augure le développement d'équipements aux capacités sans précédent. En rassemblant vos talents, vos expertises et vos passions, je suis certaine qu'aucun des défis à venir ne vous résistera. Et je souhaite que nos armées bénéficient de toute l'excellence de vos ingénieurs, techniciens et ouvriers qui, chaque jour travaillent inlassablement à garantir la meilleure performance des équipements.

Ensemble, nous continuerons de repousser les frontières de la technologie. Ensemble, nous construirons l'avenir de nos armées. Et ensemble, nous bâtirons la sécurité de demain.


Vive la République ! Vive la France !


Source https://www.defense.gouv.fr, le 18 avril 2019