Texte intégral
Monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs les élus
Madame la directrice de la maintenance aéronautique,
Monsieur le président-directeur général d'Airbus Helicopters, cher Bruno Even,
Mesdames et messieurs, chers amis,
Il y a quelques jours, j'étais au poste de pilotage d'un Tigre. Je pourrais vous parler des frissons du décollage et de cette sensation de contrôle aux commandes de l'appareil, mais rassurez-vous, l'hélicoptère était au sol.
Les pilotes et maintenanciers du 1er régiment d'hélicoptères de combat de Phalsbourg m'ont expliqué avec passion chaque détail du tableau de bord. J'avais déjà eu l'occasion d'en rencontrer certains au Mali, en février dernier. Après quatre mois de mobilisation sur place, ils ont regagné la Moselle, avant leur prochaine projection. J'ai tenu à leur dire que leurs hélicoptères étaient la véritable ligne de vie de l'opération Barkhane. Sans eux, Barkhane ne serait pas Barkhane. Car reconnaître et protéger les axes, guider et appuyer les troupes au sol, assurer le soutien logistique et médical est essentiel à l'accomplissement de notre mission.
Et si chaque jour ces femmes et ces hommes volent en toute sécurité dans l'immensité de la bande sahélo-saharienne, c'est grâce à toute l'excellence et l'engagement des employés d'Airbus Helicopters.
Vous êtes aujourd'hui le premier fabricant mondial d'hélicoptères civils. Vous êtes un des fleurons de l'industrie aéronautique française. Votre expertise est largement reconnue au-delà de nos frontières, et récemment ce sont l'Espagne, l'Ukraine et l'Indonésie qui vous ont fait confiance. Ces succès à l'export sont une chance pour nos emplois, pour notre compétitivité et notre attractivité.
Et comment ne pas faire confiance à un site aéronautique aussi ancien, héritier d'une histoire si riche, celui de Marignane ?
Bruno Even, vous disiez à l'instant que Marignane soufflerait bientôt ses 80 bougies, et je sais que les pilotes d'Airbus Helicopters n'ont pas attendu le 27 juin pour marquer l'occasion en invitant les internautes à suivre la trajectoire des hélicoptères qui dessinaient un 80 géant dans le ciel.
C'est en effet ici, à Marignane qu'en 1910 le premier hydravion prit son envol. C'est surtout ici qu'en 1939, il y a 80 ans on choisit d'implanter une usine aérospatiale. C'est enfin ici qu'il y a 60 ans l'Alouette III s'empara des airs pour la première fois.
Mais plus qu'une histoire, c'est avant tout un savoir-faire que l'on vient chercher à Marignane. Et vous rassemblez ici autant de talent et de passion que d'expertise et de compétences affutées dans le domaine de la conception des hélicoptères civils et militaires.
Marignane, mais aussi Dugny, où je sais que la même passion et la même excellence animent les équipes, ainsi que sur les autres sites d'Airbus Helicopters en France. Le goût de l'effort et la recherche de la perfection vous rassemblent, au-delà des sites et des usines.
Des sites et des usines qui contribuent activement au dynamisme de notre territoire français. Airbus Helicopters est aujourd'hui le premier employeur privé de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Chaque jour, plus de 12 000 personnes dont 3 000 sous-traitants font vivre le site de Marignane. Parmi eux, les détenteurs du savoir-faire de demain, 300 apprentis formés avec la plus grande attention. Et à ceux que j'ai rencontrés ce matin, compagnons et apprentis, je souhaiterais dire à quel point votre passion, votre envie et votre engagement me donnent foi en l'avenir, le vôtre comme le nôtre.
Un emploi peut en cacher un autre. Et chaque emploi ici à Marignane, induit un emploi indirect en région PACA. Ce sont au total plus de 750 sous-traitants régionaux, à qui Airbus Helicopters adresse 420 millions d'euros de commandes aéronautiques par an.
Et je suis heureuse que cette belle maison ait été confiée à Bruno Even : PDG d'Airbus Helicopters depuis avril 2018, vous avez pris avec succès la suite de Guillaume Faury, que je salue également et dont la récente nomination comme CEO du groupe Airbus démontre l'immense qualité et loyauté de ceux qui travaillent dans les hélicoptères... Merci pour la relation de confiance que nous entretenons. Airbus Helicopters est entre de bonnes mains !
Aujourd'hui, c'est une nouvelle page de notre histoire commune que nous souhaitons ouvrir avec vous. Les hélicoptères Gazelle, Puma, Caracal, Panther ou encore Tigre tous nés ici à Marignane sont reconnus par les forces françaises pour leur robustesse et leur fiabilité. Avec vous, nous voulons aller plus loin en concevant de nouveaux modes de soutien, en lançant la modernisation et la standardisation des flottes hélicoptères.
Des hélicoptères robustes, fiables et bientôt de plus en plus disponibles. La réforme du maintien en condition opérationnelle aéronautique que j'ai lancée il y a dix-huit mois maintenant est absolument essentielle pour améliorer la disponibilité de nos appareils, pour produire les heures de vol nécessaires à la préparation et la conduite des opérations, sur le théâtre national et à l'étranger.
Et je suis heureuse que cette détermination, cette volonté de redonner à nos forces des hélicoptères qui volent plus, se traduisent ici, à Marignane, au sein du centre de soutien militaire des flottes françaises, par un plan d'action volontariste. J'ai rencontré des compagnons compétents, passionnés et soucieux d'accompagner au mieux les Forces françaises dans leur mission, faisant pleinement écho à ce que vous disiez tout à l'heure Bruno Even : l'engagement de vos équipes sera « total pour être à la hauteur des besoins exprimés par les forces. » Ce ne sont pas des paroles en l'air et je le vois bien.
J'ai aussi pris connaissance des améliorations introduites dans les Plans d'Entretien des appareils Tigre et NH90, qui permettront à court terme de réduire la charge de maintenance de ces systèmes d'armes, et donc d'augmenter leur disponibilité.
J'ai confiance en chacun et chacune d'entre vous pour poursuivre sur cette voie, pour travailler main dans la main avec la DMAé pour mettre en place les contrats verticalisés. Ces contrats que vous exécutez déjà avec succès pour certains clients militaires à l'export, je pense notamment à l'Australie, et qui nous permettront un meilleur soutien de notre flotte, une meilleure responsabilisation de chaque acteur de la chaine du MCO.
C'est tout l'enjeu de la réforme du MCO aéronautique. Nous devons être capables en 2019 de passer à cette nouvelle génération de contrats, pour le Tigre, le Cougar, le Caracal et le Super Puma.
Je sais que vous en êtes capables. Si vous êtes premier dans votre domaine, c'est notamment car vous êtes en mesure de fournir une maintenance à la hauteur de la performance de vos équipements en premier lieu.
C'est incontestable, vous êtes à la pointe des technologies aéronautiques. J'ai été impressionnée par vos capacités de modélisation dans l'aérodynamique, vos innovations dans le domaine des matériaux allégés, de la maîtrise des émissions sonores, du profilage des pales, ou encore votre prise en compte des contraintes environnementales.
Tous ces savoirs et ces compétences, vous les avez mis au service de l'avenir, en produisant un appareil de nouvelle génération, le H160. Et nous sommes fiers que vous ayez proposé d'en faire bénéficier notre défense en développant une version militaire qui puisse répondre au besoin interarmées d'un hélicoptère léger : le HIL.
Ce nouvel hélicoptère revêt une importance stratégique pour les armées françaises ainsi que pour la filière française de l'aéronautique militaire.
Aujourd'hui, cinq flottes d'hélicoptères légers ou de moyen tonnage sont opérées quotidiennement par nos trois armées. Intégrés aux missions opérationnelles, chaque jour ces hélicoptères surveillent, protègent, portent secours lorsque c'est nécessaire ou sont engagés au combat. Ils nous sont familiers : ce sont les Gazelle de l'armée de terre, les Alouette III, Dauphin et Panther de la Marine nationale, et les Fennec de l'armée de l'air. Fortement sollicités en opération, ils attendent un successeur que prépare l'opération d'armement HIL : Hélicoptère Interarmées Léger.
Après 10 années de travail, main dans la main, en étroite collaboration entre les entités du ministère des Armées et les industriels, nous avons choisi le H160M : après des études techniques et capacitaires détaillées, il s'avère qu'il couvre l'ensemble des besoins exprimés par nos forces.
Fort de 68 brevets, équipé du nouveau moteur Arrano de Safran et de l'avionique ICDS de Thales, la version militaire du H160 apporte une solution innovante et polyvalente. De l'infiltration de commandos, à la lutte antinavire, en passant par l'interception aérienne, et l'appui-feu, elle garantit aux forces une plateforme moderne et durable : le H160 grâce à sa capacité d'intégration des innovations au fil du temps dispose d'un fort potentiel d'évolution. Il pourra servir nos forces pendant plus de 40 ans.
Avantage de taille du programme HIL, il sera adossé à une plateforme civile mise en service dès 2020 : cela favorisera les synergies de développement entre monde militaire et monde civil. Le programme pourra bénéficier d'innovations développées initialement pour la version civile, comme la documentation 3D ou la maintenance simplifiée.
Un seul appareil pour nos trois armées. Un seul appareil qui en remplacera cinq actuellement en service, et une seule formation pour tous. Le choix du H160M en tant que plateforme unique du programme Hélicoptère interarmées léger est absolument inédit. Il nous permettra d'améliorer considérablement la disponibilité de notre flotte et maîtriser les coûts de maintenance dans la durée n'en sera que plus facile.
C'est un choix aussi inédit que la méthode qui sera appliquée. Car j'ai décidé d'anticiper ces livraisons. Choisir de recevoir plus tôt des matériels neufs avec des capacités opérationnelles renforcées et accélérées, c'est pouvoir retirer nos vieilles flottes du service avant que leur entretien ne mène à des coûts démesurés ou que des problèmes de sécurité apparaissent. Le programme HIL sera donc lancé dès 2021, avec un an d'avance sur les prévisions de la loi de programmation militaire. Et ceci permettra une mise en service du HIL dans nos forces avec deux ans d'avance, dès 2026 !
Je tiens à saluer le travail intensif des équipes durant ces deux dernières années, tant du côté industriel que du côté du ministère, notamment la DGA et l'état-major des armées qui ont créé les conditions favorables au développement de nos nouveaux programmes d'armement : une responsabilisation accrue des acteurs industriels, des moyens de financement innovants, un meilleur dialogue entre les enjeux des programmes neufs et du soutien en service, c'est là la base même d'un partenariat gagnant-gagnant entre l'Etat et l'industrie.
Un partenariat gagnant pour Airbus Helicopters également. Le lancement du programme HIL sécurise l'activité industrielle du site de Marignane pour les prochaines années. C'est un programme qui irriguera toute la filière aéronautique française, notamment ses PME sur l'ensemble du territoire, puisque 80% des fournisseurs du H160 sont installés en France, principalement dans le sud. Au total, ce sont plus de 2000 emplois qui seront durablement alimentés en France par l'Hélicoptère Interarmées Léger et ses dérivés à l'export.
En effet, le lancement de la version militaire du H160 va permettre à Airbus Helicopters de renouveler sa gamme militaire et proposer au marché export un hélicoptère de moyen tonnage de nouvelle génération. Un fort potentiel à l'export existe pour la version militaire du H160 avec un marché évalué à 400 hélicoptères sur la période 2025-2030. Une mise en service au plus tôt, dès 2026, par les forces françaises sera décisive pour l'exportation.
A cet instant, je pense à nouveaux à nos soldats, à nos pilotes engagés à des milliers de kilomètres de nous, pour nous. Quotidiennement, ils bravent le danger, défient la peur et la mort. Leur offrir des équipements fiables et protecteurs est indispensable, c'est la moindre des choses que nous pouvons faire pour dire toute notre reconnaissance. Je veux qu'ils aillent au combat sereins, qu'ils puissent concentrer toute leur attention sur la mission qui leur est confiée et non sur leurs outils. C'est pourquoi le HIL bénéficiera d'une autoprotection renforcée.
L'heure est maintenant venue de dévoiler le fruit nos effort ! Le HIL est aujourd'hui une réalité : je suis donc fière de vous présenter la maquette du « Guépard ».
Vive la République !
Vive la France !
Source https://www.defense.gouv.fr, le 3 juin 2019