Texte intégral
Messieurs les élus,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les Conseillers consulaires,
Mesdames et Messieurs,
J'étais hier à Port-Louis et je serai demain à Maputo. Mais, ce soir, je suis très heureux d'être avec vous à "Tana", au terme d'une après-midi très riche qui, je crois, aura permis de consolider les liens qui unissent la France et Madagascar. Ces liens, vous qui avez choisi de faire votre vie ici, vous en connaissez tous la densité et l'importance. Et vous êtes sans doute les mieux placés pour apprécier ce que l'on peut considérer comme une dynamique nouvelle, voire même une dynamique prometteuse, dans laquelle essaie de s'insérer notre relation bilatérale.
La France veut bâtir un rapport nouveau au continent africain, veut bâtir un rapport nouveau à l'océan Indien, et cela passe nécessairement par le renforcement de notre coopération avec Madagascar. Il y a là comme une évidence, ancrée dans notre histoire commune, une histoire tourmentée, une histoire parfois douloureuse, c'est vrai, mais une histoire que nous devons regarder en face et dont je crois que nous pouvons nous ressaisir ensemble, dans le respect des mémoires, afin de travailler, main dans la main, à construire le présent.
Les traits d'union entre nos deux pays et nos deux peuples ne manquent pas, à commencer, bien sûr, par la francophonie qui est aussi un puissant vecteur d'ouverture et de développement pour Madagascar. Evidence de l'histoire, donc, mais aussi évidence du moment, une forme d'occasion à saisir, car Madagascar se trouve à un moment charnière. Avec une transition démocratique réussie, une page s'est tournée et le président Rajoelina, avec lequel je me suis longuement entretenu tout à l'heure, est manifestement déterminé à donner un nouvel élan à son pays. Et comme je le lui ai dit : nous serons là, à ses côtés, aux côtés des Malgaches, pour soutenir le plan Emergence et lutter avec eux contre le retard de développement extrême dont souffre ce pays.
Et pourtant cette île exceptionnelle a tout pour réussir, j'en suis convaincu, vous le savez vous-mêmes, un potentiel humain extraordinaire, une nature incroyable, des ressources économiques considérables, une situation stratégique de première importance, entre l'Afrique et l'océan Indien. Alors, ce que j'ai dit au président Rajoelina, c'est que la France, qui est déjà très présente à Madagascar, peut aider son équipe à transformer l'essai. Il y a ici une équipe de France, que nous pouvons et que nous voulons mettre au service du développement et du progrès. J'ai dit "transformer l'essai", j'aurais pu dire "marquer des buts", car j'ai vu, comme vous, les performances des "Barea" lors de la dernière CAN, mais c'est d'ailleurs un très bel exemple de l'amitié et de la proximité entre nos deux pays puisque l'entraîneur et plusieurs joueurs sont français... bel exemple.
La France à Madagascar, c'est une présence affirmée dans le secteur économique, aéronautique, les infrastructures, les communications, le tourisme, l'agroalimentaire. La France à Madagascar, c'est un formidable réseau culturel et éducatif, qui ne compte pas moins de 23 établissements d'enseignement français qui accueillent près de 12 000 élèves, pas moins de 29 Alliances, un très bel Institut français ici à Tananarive. La France, ce sont à Madagascar les opérateurs scientifiques d'excellence, le CIRAD, l'IRD, l'Institut Pasteur, que je visiterai demain. La France à Madagascar, ce sont des projets de coopération ambitieux, portés principalement par notre opérateur, l'Agence française de développement, et j'ai annoncé tout à l'heure que dans les quatre prochaines années, jusqu'au terme du mandat présidentiel actuel, la France engagera ici 240 millions d'euros, soit en dons, soit en prêts, pour les projets significatifs du plan Emergence. La France à Madagascar, ce sont des ONG, ce sont des volontaires internationaux, en un mot, c'est vous, avec vos compétences, votre énergie, votre connaissance intime de cette île.
Cette île, je sais que vous l'aimez. Certains d'entre vous y sont nés. Certains y ont des attaches familiales. Beaucoup ont même la double nationalité. Tous, vous voulez la voir se relever, j'allais dire se relever enfin. Chacun, dans votre domaine, vous avez donc un rôle de premier plan à jouer pour donner, avec nous, un nouveau départ à la coopération franco-malgache.
À mon sens, il y a deux urgences. La première, c'est la restauration de l'autorité de l'Etat. Pour avancer, Madagascar a besoin d'institutions renforcées, d'une gouvernance efficace et transparente, de moyens conséquents pour garantir sa sécurité terrestre et sa sécurité maritime. Et par des actions de formation, de coopération opérationnelle, par de nouveaux équipements, nous pouvons aider le président à suivre le cap qu'il s'est fixé. La seconde urgence, c'est le développement. Développement solidaire, au profit des populations, un développement durable, respectueux de la biodiversité - et j'aurai demain à cet égard un échange approfondi avec des représentants de la société civile.
Et ce développement solidaire et durable, comment pouvons-nous, nous, y contribuer ? D'abord, me semble-t-il, en aidant Madagascar à se doter d'infrastructures de meilleure qualité. Tous les secteurs sont concernés : les transports, l'énergie, l'eau, ou encore le numérique, parce que c'est une condition sine qua non, me semble-t-il, au décollage de l'économie malgache. Les entreprises françaises doivent être au rendez-vous, elles seront au rendez-vous. Je l'ai dit au président, en précisant que ces entreprises ont besoin de stabilité juridique, de règles du jeu transparentes, bref d'un environnement sûr, et je sais vos inquiétudes sur ce sujet. Et j'en ai fait écho.
Ensuite, il faut lutter contre la pauvreté et pour l'amélioration des conditions de vie des Malgaches. Et de ce point de vue, les deux accords de coopération que nous venons de signer dans les secteurs essentiels de l'éducation sont importants. Et nous serons également amenés à agir ensemble dans le domaine de la santé, dans le domaine de l'agriculture, dans le domaine de la rénovation urbaine. J'ai évoqué la mobilisation de l'AFD, je voudrais aussi, devant vous, saluer le travail de nos collectivités territoriales engagées aux côtés de leurs partenaires malgaches, et rappeler que Madagascar est le premier pays destinataire de l'aide de nos collectivités et de nos volontaires.
C'est pourquoi j'attends beaucoup de la participation des acteurs institutionnels privés et de la société civile malgache au prochain sommet Afrique-France qui se tiendra début juin à Bordeaux, mais je sais que tout ça est en préparation plutôt positive.
Avant de vous rejoindre, il y a un instant, j'ai eu le grand plaisir d'inaugurer le nouveau bureau de la représentation de Mayotte à Madagascar, au sein de l'ambassade de France. Je salue les élus mahorais qui étaient présents, ou qui -je ne sais pas- ont pu arriver ce soir, ici. C'était une manière très concrète de renforcer la coopération entre nos territoires, et dans le même temps d'assurer la place de Mayotte dans son environnement régional, et donc la place de la France dans l'océan Indien.
Et à ce sujet, je veux dire un mot des îles Eparses, du canal de Mozambique. Je sais que cette question vous préoccupe, vous n'êtes pas les seuls, mais c'est sur ce sujet, que j'ai évoqué avec le président Rajoelina tout à l'heure, que nous devons poursuivre le dialogue dans un esprit de confiance et essayer de part et d'autre de trouver des solutions satisfaisantes pour nos pays. Les deux présidents Macron et Rajoelina se sont engagés sur cette démarche, ce qui veut dire commission mixte et elle a tenu sa première réunion, une deuxième doit avoir lieu assez rapidement, c'est dans cet esprit-là et cette volonté-là que nous devons continuer notre travail ensemble.
Voilà, mes chers amis, nous avons une occasion historique d'écrire un nouveau chapitre de la relation qui unit la France à Madagascar. Et je compte sur vous pour nous aider à la saisir. Car tous, autant que vous êtes, entrepreneurs, coopérants, commerçants, enseignants, travailleurs humanitaires, fonctionnaires, chercheurs, volontaires internationaux, vous êtes tous les visages de l'amitié franco-malgache dans sa richesse et dans sa diversité. Alors merci de ce que vous faites déjà au quotidien pour cette île et pour notre pays, et surtout, merci pour ce que vous ferez encore demain. Bonne soirée à vous.
Vive la France, vive Madagascar, vive l'amitié franco-malgache !
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 février 2020