Déclaration de Mme Geneviève Darrieussecq, ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants, en hommage à Claude Mademba-Sy, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale, à Paris le 25 août 2020.

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Circonstance : Inauguration à Paris de l'allée Claude Mademba-Sy

Texte intégral

Madame la maire,
Monsieur le 2ème conseiller de l'ambassade du Mali, Excellence,
Mesdames, messieurs les élus,
Mesdames, messieurs les représentants du corps préfectoral,
Monsieur le président de la Fondation Maréchal Leclerc de Hauteclocque, président de l'association des anciens de la 2ème DB, mon général,
Monsieur le président de la Fédération nationale des anciens d'outre-mer et anciens combattants des troupes de marine, mon général,
Chers membres de la famille de Claude Mademba-Sy, Mesdames, messieurs,


Entre 1939 et 1945, pour que la France vive libre, des combattants de toutes les origines, de toutes les couleurs, de toutes les religions ont lutté âprement contre l'occupant et ont participé à la Libération de notre territoire.

La participation française à la Victoire a été en partie le fruit des troupes originaires d'Afrique. De Koufra à l'Italie, de la Corse à la Provence, ces soldats se sont illustrés glorieusement dans tous les combats.

Nous ne pouvons pas les oublier. Nous ne devons pas ménager notre reconnaissance. Car ils n'ont pas ménagé leur courage pour notre liberté. C'est exactement pour cela que le Gouvernement mène une action résolue pour que ces soldats trouvent la place qu'ils méritent dans notre mémoire nationale.

Il y a un peu plus d'un an, le Président de la République, à l'occasion des commémorations du débarquement de Provence, signifiait que "les noms, les visages, les vies de ces héros d'Afrique doivent faire partie de nos vies de citoyens libres parce que sans eux nous ne le serions pas." Il lançait, alors, un appel aux maires de France pour qu'ils baptisent des rues, des places, des squares, des écoles en l'honneur de soldats venus de l'autre côté de la Méditerranée.

J'ai souhaité que cet appel présidentiel puisse résonner partout sur le territoire. Je compte sur les maires et les conseils municipaux de notre pays pour s'emparer du souvenir, des noms, des visages de ces oubliés des lieux publics.

Il m'est apparu essentiel que les maires de France puissent avoir un accès facile à des exemples concrets de vies et de parcours. C'est l'objet du livret "100 fiches biographiques à l'usage des maires de France" que le ministère des Armées a réalisé et édité. Il est désormais accessible à tous. Et, Claude MADEMBA-SY fait partie de ces portraits.

Ces 100 noms sont des soldats de 1940 et de 1944, des combattants des Forces Française Libres, des soldats victimes des massacres raciaux. Ils ont en commun d'avoir servi la France et d'avoir mêlé leur sang à son histoire.

La cérémonie de ce jour est l'honneur de la République. Une République qui honore dans l'unité et qui regarde son histoire en face, sans oubli, sans exclusion. Je le dis avec conviction: ce n'est pas moins de noms dans l'espace public qu'il nous faut ; il nous faut les compléter et les enrichir. Je suis fière que plutôt que dénommer et déboulonner, nous nommions. Plutôt qu'effacer, nous expliquions et enseignions.

Je suis convaincue que la transmission mémorielle est un pilier de notre cohésion nationale. La connaissance de notre passé est une des clés pour comprendre notre présent, pour comprendre la richesse de notre société et bâtir notre projet collectif. La diversité n'est pas l'adversaire du rassemblement, elle est une force de construction.

Madame la Maire, c'est exactement l'esprit de votre ville en ce 76ème anniversaire de sa libération. En nommant cette allée du nom de Claude MADEMBA-SY, Paris salue un de ses libérateurs. Paris inscrit dans les mémoires le nom d'un un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, de l'Indochine et de l'Algérie.

Paris, enfin, témoigne de son profond respect pour le parcours singulier de cet homme, pour ce soldat français et sénégalais, pour cet ambassadeur de la République du Sénégal, pour cet ardent défenseur de l'amitié franco-sénégalaise à la fois Grand-officier de la Légion d'Honneur et Grand-Croix de l'Ordre du Lion.

Madame la Maire, je salue aussi le choix du conseil municipal car Claude MADEMBA-SY a mené un combat légitime pour l'égalité des droits et pour la reconnaissance pleine et entière de tous ses frères d'armes. Cette quête d'égalité entre anciens combattants pensionnés français et africains a trouvé un juste épilogue. Prouvant ainsi que la fraternité d'armes a un sens bien après que les armes se soient tues.

Je veux dire "merci" à la ville de Paris, ville Compagnon de la Libération. C ‘est un beau symbole qui, je l'espère, inspirera de nombreuses autres communes !

Et déjà, des villes vont suivre : Bonifacio, Marseille, Rouen, Saint-Etienne,Villeurbanne ... Dans chaque plaque dévoilée, il y a une part de ce travail de mémoire, de ce travail de transmission indispensable qui est notre responsabilité à tous. N'oublions jamais que la reconnaissance passe d'abord par un nom et une identité.

Mesdames et messieurs, à l'instar de cette allée Claude MADEMBA-SY, tous les noms donnés à des espaces publics seront autant de témoignage de notre indéfectible fidélité aux combattants d'Afrique.

Paris leur est reconnaissant. La France leur est reconnaissante.


Vive la République !
Vive la France !


Source https://www.defense.gouv.fr, le 17 septembre 2020