Texte intégral
Monsieur le Sénateur,
Comme vous l'avez dit, la présence avérée de Wagner au Mali est un symptôme de la fuite en avant dans laquelle la junte s'est engagée. Comme la CEDEAO l'a révélé et l'a relevé, la junte essaie de prendre en otage le peuple malien pour les cinq prochaines années, et c'est absolument inacceptable. Wagner ne vient pas pour lutter contre le terrorisme, il ne l'a jamais fait d'ailleurs en Afrique, mais pour assurer le maintien au pouvoir de la junte.
Dans ce contexte, les chefs d'Etat de la CEDEAO ont pris à l'unanimité des décisions fortes et courageuses : fermeture des frontières et de l'espace aérien maliens, arrêt des transactions commerciales et financières, gel de l'assistance financière de l'UEMOA. Il revient maintenant à la junte de prendre des actes pour se conformer aux engagements pris au risque de s'enfermer dans un isolement régional et international.
Alors, l'Union européenne appuie très résolument et de manière unanime ces décisions fortes de nos partenaires africains. C'est le sens des discussions, d'ailleurs, que le ministre Le Drian a eues avec ses homologues européens, lors de la réunion du Gymnich de Brest. L'Union européenne va prendre des sanctions individuelles contre les responsables de la junte malienne qui entravent le processus de transition. Et je rappelle que l'Union européenne a d'ores et déjà pris ses responsabilités en adoptant des sanctions au mois de décembre contre le groupe Wagner, ses cadres dirigeants et ses entités.
Enfin, Monsieur le Sénateur, comme vous le relevez, la France n'est pas seule au Sahel. Une dizaine de nos partenaires européens se sont notamment engagés dans la lutte contre le terrorisme dans le cadre de la force Takuba. Et nous avons clairement indiqué, aux côtés de nos partenaires européens et d'ailleurs nos partenaires internationaux, que nous souhaitons poursuivre l'action de lutte contre le terrorisme au Mali, mais pas à n'importe quel prix et pas à n'importe quelle condition. Dans ce contexte, des consultations vont avoir lieu dans les prochains jours avec nos partenaires africains, avec nos partenaires européens, avec nos partenaires internationaux, dans le cadre notamment de la coalition internationale pour le Sahel. Je vous remercie.
Madame la Sénatrice,
Je l'ai dit il y a quelques minutes, la présence de Wagner est inacceptable, le report des élections de cinq ans par la junte est inacceptable. Les pays de la CEDEAO ont pris des décisions très fortes que nous soutenons, tous les pays de l'Union européenne. Nous avons pris aussi un certain nombre de décisions de sanctions, de sanctions individuelles et de sanctions collectives, de sanctions contre Wagner également.
Mais, Madame la Sénatrice, nous ne pouvons pas prendre des décisions unilatérales. Nous avons besoin de consulter, d'échanger avec nos partenaires européens et nos partenaires internationaux, car nous ne sommes pas seuls au Sahel. Nous sommes présents, au sein de la force Takuba, avec les onze Etats européens qui mettent à disposition de cette force des forces spéciales. Nous sommes présents également aux côtés des Nations unies et de la MINUSMA, pour veiller à ce que les accords d'Alger soient bien respectés. Nous sommes présents aussi aux côtés de nos partenaires sahéliens dans le cadre du G5 Sahel.
Bref, nous devons prendre le temps des échanges, des discussions, pour prendre la meilleure décision possible. Je l'ai rappelé tout à l'heure, car il est clair dans notre esprit que dans ce contexte, dans les prochains jours, des discussions devront avoir lieu pour connaître précisément la position de la France et de l'Union européenne dans les semaines et dans les mois qui viennent. Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 janvier 2022