Texte intégral
Merci beaucoup, Monsieur le Ministre.
Chers collègues, je m'exprime après vous, mais à l'unisson de vos propos, d'abord pour dire combien je suis heureuse et honorée, comme mon collègue des armées Sébastien Lecornu, d'être votre hôte aujourd'hui, en ce moment charnière dans la relation entre nos deux pays. Une relation d'amitié, vous le savez, traditionnelle ; une relation qu'il faut renforcer et poursuivre, à un moment qui est particulièrement important dans l'évolution de la sous-région et d'une façon générale du monde, comme vous venez de l'évoquer, Monsieur le Ministre.
Nous avons amitiés et estime pour le Niger. Et nous souhaitons continuer à développer un partenariat qui soit un partenariat global. Je voudrais présenter nos plus sincères condoléances aux familles des victimes des attaques terroristes qui endeuillent la nation nigérienne depuis ces dernières années. Nous sommes à vos côtés pour cela, mais je voulais officiellement vous dire notre sympathie. Tout comme je voudrais rendre un hommage particulier aux familles des six jeunes humanitaires français et de leurs accompagnateurs nigériens, qui ont perdu la vie il y a 2 ans, non loin d'ici, nous ne les oublierons pas non plus.
Nous avons été reçus ce matin par le président Bazoum, c'est un grand honneur pour le ministre Lecornu et pour moi-même, et nous avons eu une réunion de travail, ce matin, avec le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères et de la coopération, avec le ministre de la défense nationale, mais aussi, même s'il n'est pas là, avec le ministre des finances, avec lequel j'ai pu signer deux accords. Je les remercie de leur accueil. Un accueil qui a été chaleureux, comme il se doit et comme c'est toujours le cas entre deux délégations françaises et nigériennes, mais aussi un accueil qui a été, je crois, productif et positif. Et je voudrais y revenir en quelques mots.
Nous sommes là, à la demande du Président de la République, nous sommes là pour marquer l'engagement de la France aux côtés des autorités nigériennes et de façon à répondre du mieux possible aux besoins que vous nous exprimez, que ce soit en matière d'aide au développement, de sécurité, de lutte contre le terrorisme, vous l'avez dit, Monsieur le Ministre, mais aussi pour aider le Niger à faire face à l'insécurité alimentaire qui progresse dans le monde. J'y reviendrai.
Nous avons, et permettez-moi de dire un mot de notre vision de notre politique de développement, la conviction de part et d'autre, je le crois, Monsieur le Ministre, que nous devons marcher sur nos deux jambes, la sécurité bien sûr, et le Président Bazoum rappelait, il y a quelques instants, que l'aspiration première des populations était de vivre en sécurité, qui conditionne tout le reste. Et donc, oui, la lutte contre le terrorisme est indispensable. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, y reviendra. Mais aussi le développement pour offrir aux jeunes générations des perspectives qu'elles attendent, légitimement, en matière d'éducation, en matière de santé, en matière d'emploi.
Voilà pourquoi, Monsieur le Ministre, il y a deux semaines, j'avais demandé à la secrétaire d'Etat auprès de moi, Mme Zacharopoulou, merci de l'avoir reçue et d'avoir permis de préparer notre propre visite, de se rendre au Niger, à Niamey et à Agadez, pour réaffirmer notre engagement bien sûr et de façon très concrète pour souligner ce que nous faisons ensemble pour rendre les systèmes agricoles plus résistants, plus résilients, pour progresser encore dans les domaines de l'éducation et notamment de l'éducation des jeunes femmes.
Nous sommes à un moment particulier de la vie internationale, vous l'avez dit, cher M. Hassoumi Massoudou, la guerre est revenue en Europe, les périls montent. L'ordre international est l'objet d'attaques sans précédent. Donc, je voudrais saluer la position qui a été prise par le Niger, au regard de la guerre choisie par la Russie en Ukraine, c'est une position conforme à nos principes mêmes de la vie internationale qui fondent une communauté d'existence, conforme aux principes de la charte des Nations unies. Nous ne pouvons, ni les uns, ni les autres, quelles que soient les latitudes d'où nous nous exprimons, permettre une remise en question de ces principes fondamentaux qui permettent à la communauté internationale de vivre de façon paisible et harmonieuse. C'est cela qui est en jeu. Donc, je veux remercier la position prise par les autorités du Niger.
Evidemment, nous condamnons de la même façon les crimes terribles, des crimes de guerre qui accompagnent les actions russes en Ukraine.
Il y a une deuxième conséquence de cette guerre, c'est que partout dans le monde, on voit des tensions croître, en particulier dans chacun de nos pays des tensions sur les prix de l'énergie, des difficultés à s'approvisionner en matières premières, le Niger est aussi exposé à ces conséquences particulières de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, qui s'ajoutent aux effets de l'insécurité dont nous avons parlé, qui s'ajoutent aux effets du changement climatique, l'ensemble de ses facteurs créant une situation que l'on peut qualifier, je crois, de périlleuse.
Et c'est aussi pour ces raisons que nous voulons que la France se tienne aux côtés du Niger pour répondre à l'urgence alimentaire. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a donc pris la décision de porter notre aide budgétaire pour le Niger à un niveau plus élevé que ce qui avait été précédemment décidé ; nous la portons cette année à 20 millions d'euros, donc une augmentation d'un tiers de notre enveloppe globale cette année, au sein de laquelle 8 millions d'euros seront particulièrement consacrés à la crise alimentaire de façon à vous permettre de reconstituer vos stocks alimentaires.
Nous avons également augmenté notre aide humanitaire, dans le domaine alimentaire, pour la porter à 8 millions d'euros également.
Nous voulons néanmoins continuer à soutenir le Niger dans la durée, au-delà de ces aides d'urgence et en appui, je le disais, aux stratégies du gouvernement nigérien. Monsieur le Ministre, vous avez rappelé que notre Agence de développement, je vous remercie de l'avoir fait, a considérablement augmenté son action à vos côtés, avec sur les dix dernières années une très forte augmentation de ses engagements au Niger qui ont été multipliés par 10. Elle a de très nombreux projets de développement. Nous allons regarder comment les rendre peut-être encore plus concrets, pour répondre encore mieux aux besoins que vous nous avez exprimés, l'un et l'autre, et que vient de nous rappeler le Président Bazoum.
Chaque année, pour donner un ordre de grandeur à ceux qui nous écoutent, je voudrais rappeler que les engagements nouveaux de notre agence de développement représentent plus de 100 millions d'euros, en moyenne.
J'ai signé ce matin, avec le ministre des finances, deux conventions. Une convention sur cette aide d'urgence dont je parlais, allant à votre budget et visant spécifiquement les questions alimentaires, et puis une convention de financement pour le renforcement du réseau électrique nigérien, qui est attendu par nombre de vos populations, pour un montant important, je me permets de citer le chiffre, Madame l'Ambassadrice, je crois que vous vous êtes réjouie autant que moi que nous ayons pu signer cette convention, pour le montant de 50 millions d'euros. Donc, nous soutenons la politique ambitieuse d'électrification du pays qui est la vôtre.
Cet après-midi, un petit mot en anticipation du reste de notre journée, nous nous rendrons dans la région de Ouallam, pour visiter un projet cofinancé par la France, très largement financé par la France, et mis en oeuvre avec le Programme alimentaire mondiale, la FAO et l'UNICEF. Ce projet nous a semblé particulièrement intéressant, parce qu'il combine la réponse à l'urgence, en contribuant à lutter contre la malnutrition qui risque de s'installer, et la réponse de moyen terme, avec un jardin maraîcher mis en oeuvre par des femmes, avec un système d'irrigation et d'optimisation de la gestion de l'eau qui permet un d'espérer un développement de l'agriculture dans la zone.
Nous mettons ainsi en place des perspectives économiques, de moyen terme, pour vos populations, en particulier nous pensons aux femmes, ne m'en veuillez pas, mais de façon plus générale à la jeunesse.
Nous soutenons aussi, nous en avons parlé avec vous, comme avec le Président Bazoum, les efforts du gouvernent nigérien dans le domaine de l'éducation. Je sais que l'éducation, et l'éducation des filles, est l'une de ses priorités, comme c'est l'une des nôtres. C'est une priorité du Président de la République. Je veux rappeler que l'égalité femmes-hommes est une priorité du second mandat comme elle fut une priorité du premier mandat du Président, et nous la mettons en oeuvre, ici, notamment à travers le Partenariat Mondial pour l'Education, dont les fonds bénéficient au Niger.
Et j'ai rappelé tout l'intérêt que portait le projet de Grande Muraille Verte qui a désormais pu être doté d'un accélérateur et de financements. Et pour obtenir ces financements, il faut saisir l'occasion qui se présente de proposer des projets précis qui peuvent recueillir l'intérêt de la Grande muraille verte.
Nous en avons parlé au début de l'année dernière, nous en avons parlé également, au moment de la COP26 à Glasgow, et nous souhaitons pouvoir en reparler avec des projets concrets, au moment de la COP27, à la fin de l'année, à Charm El-Cheïkh.
Enfin, nous inscrivons notre partenariat dans un cadre plus large. La France est le premier partenaire bilatéral du Niger. Mais le premier partenaire multilatéral du Niger, c'est l'Union européenne. Je vous ai rappelé, Monsieur le Ministre, qu'étant Etat membre de l'Union européenne, et contributeur à celle-ci, lorsque vous parlez de notre partenariat, comme nous, vous devez parler des deux, il faut utiliser à plein, je crois comprendre que cela vous intéresse, ce que l'Union européenne peut nous offrir en complément de notre action bilatérale, en matière d'éducation, en matière de développement durable, en matière alimentaire, aussi, dans tout autre domaine que vous souhaiteriez.
Nous inscrivons ainsi notre action dans la durée pour regarder l'avenir, offrir des réponses aux générations futures, et vous aider temporairement, autant qu'il le faudra, j'espère que ceci trouvera solution, à lutter contre l'insécurité et lutter contre le terrorisme, comme il faut le faire, aujourd'hui. Voilà ce que je voulais vous dire. Le ministre des armées complétera sans doute, après les propos de son collègue. Merci beaucoup.
Q. Bonjour, Ousmane Ndiaye TV5 : Que va devenir le G5 Sahel qui était un élément essentiel du dispositif et personne n'en parle plus ? On sait que le Mali l'a quitté et vos deux pays sont des pays majeurs du G5 Sahel.
(...)
Si vous permettez, Monsieur le Ministre et cher collègue, je crois devoir ajouter que, évidemment, la France regrette vivement la décision du Mali de se retirer du G5 Sahel. Je tiens à le dire, même si vous le savez, en écho à ce que le ministre a dit, et comme le Niger, nous espérons que le Mali puisse revoir sa position un jour, revenir sur cette décision et, d'une façon générale, revenir à de meilleurs comportements.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juillet 2022