Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le soutien à l'Ethiopie dans le maintien de la paix, à Addis-Abeba le 12 janvier 2023.

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Circonstance : Conférence de presse conjointe à Addis-Abeba avec Mme Annalena Baerbock, ministre des affaires étrangères de la République fédérale d'Allemagne, et M. Demeke Mekonnen, vice-Premier ministre et ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie

Texte intégral

Merci, Monsieur.
Monsieur le vice-Premier ministre,
Madame la ministre,
Mesdames et Messieurs,

I will speak in french if I may et compléter, mais brièvement, ce qui a été dit brièvement, parce que beaucoup a déjà été dit et excellemment.

Je voudrais tout d'abord remercier devant vous les autorités éthiopiennes pour leur hospitalité, pour leur accueil chaleureux et même pour leur confiance, parce que nous avons pu depuis ce matin avoir un programme intéressant, ayant eu l'honneur de rencontrer la présidente, le Premier ministre, le vice-Premier ministre, le ministre de la justice, et nous avons pu parler en confiance, échanger de façon constructive et amicale.

Comme vous l'a dit la ministre, mon amie Annalena Baerbock, nous avons voulu effectuer ce premier déplacement conjoint, franco-allemand, dans un pays qui nous est cher : un pays qui a une histoire ancienne, et même glorieuse, et qui a un potentiel immense. Nous voulons bâtir avec l'Ethiopie un partenariat stratégique sur le long terme et dans tous les domaines. Mais aujourd'hui, nous sommes d'abord ici pour saluer, soutenir, accompagner si nous pouvons le processus de paix qui a été initié il y a deux mois environ avec la signature de l'accord de Pretoria, oh combien important ! Et croyez que, tout comme Annalena, je mesure très bien le courage qu'il a fallu tant au gouvernement fédéral qu'aux responsables du Tigré pour faire le choix de la paix, car il faut du courage, il faut même de la vision pour faire ce choix. Nous savons par notre histoire, nous, Allemands et Français, qu'il faut de la volonté, qu'il faut de la détermination, pour construire une paix durable. C'est ce que nos deux pays ont fait. Et surtout, ce dont nous voudrions témoigner, c'est qu'après deux guerres, deux guerres, notamment les deux guerres au XXème siècle, terribles, entre nous, la réconciliation est possible. Et c'est vraiment ce message d'optimisme que nous voudrions, au-delà des quelques autres messages politiques dont nous avons parlé, que nous voudrions vous transmettre, amis éthiopiens. Faites-le, c'est possible.

Je voudrais également exprimer la solidarité envers les populations éthiopiennes qui ont tant souffert pendant ces deux années de conflit. Et je pense aux nombreux déplacés, réfugiés. Je pense, comme Annalena l'a fait, à toutes les personnes qui ont été violées. C'est inacceptable. Et je pense à toutes les victimes, je veux m'incliner devant la mémoire de toutes les victimes.

Et puis, comme nous l'avons fait depuis ce matin, je voudrais dire devant vous notre détermination à être à la disposition de notre partenaire éthiopien pour l'aider à bâtir la paix, en soutenant le suivi, la mise en œuvre de l'accord de paix, l'acheminement de l'aide humanitaire auquel nous participons, le rétablissement des services de base, auquel nous participons également. Et à plus long terme, la reconstruction des régions affectées par le conflit. Nous sommes à vos côtés pour cela. Et puis, vous savez l'importance que nous attachons à la justice transitionnelle et à la lutte contre l'impunité. Ça fait partie de l'accord de paix. Et c'est évidemment une condition importante d'une paix durable que de pouvoir faire justice face à la gravité et au nombre, à l'ampleur des crimes qui ont été commis pendant cette guerre. Les victimes ont besoin de vérité, de reconnaissance, de justice, et la paix elle-même a besoin de la justice. C'est un processus, on le sait, qui prendra nécessairement du temps, mais c'est une priorité. Là aussi, si les autorités éthiopiennes le souhaitent, nous sommes disposées à les aider. Alors nous venons d'en parler avec le vice premier ministre, avec le ministre de la justice et il y a quelques instants où nous venons d'entendre, vous venez d'entendre des précisions extrêmement importantes sur le rôle que peuvent jouer les Nations unies en complément des dispositifs mis en place par l'Ethiopie, et je salue ces précisions, je crois qu'elles aideront vraiment à aller de l'avant.

Au-delà de nos deux pays, nous sommes deux pays européens et je voudrais dire un petit mot de l'Union européenne, puisque les Etats membres de l'Union européenne ont exprimé en décembre leur souhait d'un réengagement progressif en Ethiopie, à condition, bien sûr, que le processus de paix continue de progresser, continue de donner des résultats et notamment, je disais que les progrès se poursuivent en ce qui concerne la justice et la lutte contre l'impunité. Alors nous partagerons avec nos collègues européens nos impressions sur cette visite lors du prochain Conseil des affaires étrangères dans quelques jours, le 23 janvier, mais d'ores et déjà, je salue la présence de Mme Weber, qui représente ici l'Union européenne et nous savons qu'elle aura cœur elle aussi de faire progresser les choses.

Un petit mot sur demain et je m'arrêterai là. Demain, nous serons au siège de l'Union africaine. Nous serons reçus par le président de la Commission, M. Moussa Faki, que nous avions eu à New-York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Nous lui ferons part - mais je veux vous le dire, puisque nous sommes ensemble ce soir -, nous lui ferons part de notre souhait de faire progresser le partenariat entre l'Union européenne et l'Union africaine. Sous présidence française du Conseil de l'Union européenne, premier semestre de l'année 2022, nous avions pu tenir un sommet important. Il faut maintenant faire comme fait l'Ethiopie, c'est-à-dire mettre en œuvre, mettre en œuvre, mettre en œuvre, et nous sommes attachés à aider à cela, Français et Allemands. Nous sommes des partenaires anciens et constants du projet porté par l'Union africaine et nous sommes aujourd'hui déterminés à défendre une meilleure association de l'Afrique à la gouvernance mondiale, au Conseil de sécurité comme à l'Assemblée générale. Je n'en dis pas plus ici parce que vous avez sans doute en mémoire les propos du Président de la République à New York également, mais plus récemment, lors du dernier G20 en Indonésie lors duquel le Président s'est clairement prononcé, par exemple, pour que l'Union africaine puisse siéger au G20 dans le futur.

Je ne serai pas plus longue. Je veux remercier les autorités éthiopiennes à nouveau, mais le peuple éthiopien aussi de cet accueil. Et puis si l'histoire de l'Ethiopie est ancienne, glorieuse, longue, bien plus longue que celle de nos relations, et rappeler tout de même que nous avons une longue histoire. Nous sommes des amis, des bons jours et des jours plus difficiles. Et cette année, nous célébrons le 125ème anniversaire des relations diplomatiques entre l'Ethiopie et la France. Voilà de quoi nous donner confiance dans la solidité, la profondeur et la sincérité de nos liens.

Je vous remercie et nous pouvons prendre les questions si vous le souhaitez.


Q - En ce qui concerne la Justice transitionnelle et de lutte contre l'impunité : pourriez-vous partager avec nous les impressions que vous avez eu pendant votre visite ? Quel type de progrès vous avez pu observer et quelles garanties vous avez obtenu ?

R - Je croyais l'avoir fait, mais en partie, c'était trop brièvement. Vous avez entendu de la part du vice-Premier ministre à la fois la détermination qui laissait les autorités éthiopiennes progresser sur tous les volets de l'accord de paix, y compris celui-ci qui fait partie de l'accord de paix, à l'article 19,si je ne me trompe pas, mais aussi des actions qui ont d'ores et déjà été engagées pour aider l'Ethiopie, avec une participation des Nations unies en tant qu'observateur du processus qui se déroule. Mais aussi, dans les travaux de consultation pour mettre au point un livre vert qui permettra d'avancer de façon déterminer dans cette voie.

Vous savez que - je redis des évidences mais nous savons, nous, Français et Allemands - qu'il n'y a pas de paix durable sans justice, là comme ailleurs, pas plus en Ethiopie qu'ailleurs, mais pas moins qu'ailleurs. Et donc c'est une des conditions de la paix durable que de faire la justice. C'est parfois difficile, mais tout le monde a besoin de mécanismes transparents, crédibles, qui fonctionnent, sur la base du travail qui a déjà été fait dans le rapport conjoint du Haut-Commissariat des droits, des Nations unies et de la Commission éthiopienne. Des recommandations qui ont été faites et mises en œuvre, qui commencent et dont nous avons besoin pour poursuivre aussi le réengagement de nos pays aux côtés de l'Ethiopie, le réengagement de l'Union européenne aux côtés de l'Ethiopie. Je reviens avec confiance, c'est la raison pour laquelle je terminerai mon propos sur ce point. Merci beaucoup.

Q - What are the other supports or political support given to the Ethiopian government, other than the humanitarian aid promised from both countries

R - Thank you. Very, very briefly, I share these views. Our visit is mainly political, you know, we deliberately put it on the political side. This is what I should point out.

Being here is one of the ways and one of the answers to the question "how can we help?". We're here, we're here to help and we give our full support to the work that is going on in Ethiopia. You know that we are giving humanitarian aid, we did it in the past. And today you might know that we visited the World Food Program facilities because we are helping, but so are many other nations and thank God, we are not alone in doing this. And we have bilateral aid, and we are eager to push it forward. So tomorrow I will sign two agreements with Ethiopia, one on rehabilitation and one on agriculture. So, we're here, we're present and we're here to help. And beyond that, we would like in the future to really partner, have a real economic partnership, help investment, help developing the country, help bringing industries to the high level, help in the political transition. This is for the future, and we would like to see that future coming as soon as possible.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 janvier 2023