Déclaration Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur le partenariat entre l'Europe et l'Union Africaine, à Addis-Abeba le 13 janvier 2023.

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Circonstance : Audience avec M. Moussa Faki, président de la Commission de l'Union africaine

Texte intégral

Monsieur le président,
Madame la ministre,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureuse de pouvoir m'exprimer, avec Annalena, ici, au siège de l'Union Africaine, parce que nous tenons au partenariat entre l'Europe et l'Union Africaine. Comme vous l'avez dit, Monsieur le Président, au moment où le système international, où le système multilatéral, est menacé par l'agression russe contre l'Ukraine, qui est aussi une agression contre les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, il est important de travailler ensemble pour faire évoluer ce système multilatéral.

Cela passe notamment, nous le savons, par une meilleure intégration du continent africain à la gouvernance mondiale. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes favorables à la réforme du Conseil de sécurité depuis bien longtemps, bien avant la guerre en Ukraine, à l'intégration du continent africain à la gouvernance mondiale. La France, vous le savez, nous vous l'avons redit aujourd'hui avec l'Allemagne, est favorable à ce que cette réforme du conseil de sécurité inclut une représentation du continent africain tant pour les sièges des membres permanents que pour les sièges des membres non permanents.

La France est également favorable à ce qu'une place soit faite à l'Union africaine au G20.

Nous avons évoqué les conséquences négatives de la guerre menée par la Russie en Ukraine, ses conséquences en particulier sur le continent africain. Je pense aux conséquences sur la sécurité alimentaire. Nos deux pays, la France et l'Allemagne, sont présents pour contribuer à apporter des réponses qui permettent à l'Afrique de limiter cette insécurité alimentaire mais aussi de trouver les moyens de sa résilience, sur le plan de sa production, et les moyens de son développement. Néanmoins, il est important sur ce sujet, et je parle comme je l'ai fait tout à l'heure en amie, il est important sur ce sujet de se souvenir qu'il y a un agresseur et un agressé. Il est important que tous disent à l'agresseur qu'il doit cesser son agression. Vous le savez, nous avons des intérêts communs. A ce titre, nous avons des attentes à l'égard des pays africains. Nous en avons fait part.

Plus généralement, nous soutenons, je l'ai dit, le projet d'intégration de l'Afrique à la gouvernance mondiale mais aussi le projet d'intégration régionale de l'Union africaine, qui a déjà fait beaucoup de progrès. Vous avez eu la gentillesse de rappeler, Monsieur le président, que l'Union européenne est votre premier partenaire financier, économique, mais pas seulement. Politique également. Nous contribuons, significativement je crois, à la mise en œuvre de votre Agenda 2063. Nous avons tenu, il y a bientôt un an, un Sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine, nous en avons parlé tout à l'heure, et nous voulons continuer à bâtir, sur les principes qui ont été agréés pour, petit à petit, faire que votre intégration régionale se renforce et que le partenariat entre notre ensemble, qu'est l'Union européenne, et l'ensemble qu'est l'Union africaine se renforce également et soit un partenariat solide. Nous sommes voisins, tout simplement, vous l'avez dit. La constitution d'une zone de libre-échange sera un élément décisif de cette intégration. Nous l'avons pratiqué, nous l'avons bâti en Europe et nous savons que cela apporte des bénéfices. Nous ne pouvons que vous encourager à le faire et nous sommes à vos côtés pour cela.

Nous avons aussi parlé de la sécurité sur le continent. Nos discussions ont permis de faire le point sur un certain nombre de situations, sur un certain nombre de défis communs. L'extension de la menace terroriste dans le Golfe de Guinée, la multiplication, par ailleurs, des changements de gouvernements hors cadre constitutionnel nous inquiètent, comme nous inquiètent le recours croissant à des milices de mercenaires et la pratique croissante, également, de la manipulation de l'information. Cela requiert notre vigilance et une action en commun. Vous savez que nous reprenons votre slogan et nous défendons les solutions africaines aux crises africaines. Nous sommes là pour vous aider. Nous avons salué, Annalena et moi, le rôle déterminant qui est joué par les pays africains dans les réponses apportées aux solutions de crises en Afrique et plus récemment le rôle joué par l'Union africaine dans l'Accord de paix qui a été trouvé en Ethiopie. Il va falloir le mettre en œuvre et nous souhaitons nous seulement le voir mis en œuvre mais mis en œuvre avec le soutien de l'ensemble de la communauté internationale, en tous cas avec le plein accompagnement de nos pays et de l'Union Européenne dans tous ses volets. Je pense notamment, comme Annelana l'a fait, à son volet si important qu'est la justice et la lutte contre l'impunité. Il n'y aura pas de paix durable, nous en avons tous fait l'expérience, sans qu'il y ait une justice sérieusement établie, acceptée par tous, qui permette de tourner la page.

Annalena évoquait, évidemment, le sort qui a été fait aux femmes, parmi toutes les victimes de ce terrible conflit, pendant deux ans. Je veux moi aussi, évidemment, en tant que femme et en tant que ministre, tout simplement répéter et redire, encore une fois - il est triste de devoir le dire si souvent - que le viol ne doit pas être une arme de guerre. C'est condamnable. Nous le rejetons. Vous devez le rejeter, grâce à ce travail de réconciliation qui est mené et grâce à ce travail de justice qui va être mené dans ce pays, pour lequel vous avez apporté votre appui et pour lequel nous souhaitons, si nous le pouvons, vous accompagner.

Merci beaucoup.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 janvier 2023