Texte intégral
Monsieur le ministre,
Madame la maire de Paris,
Madame la directrice générale de l'Unesco,
Madame la secrétaire générale, chère Louise,
Monsieur l'ambassadeur du Rwanda,
Les témoignages que nous venons d'entendre disent tout de cette nuit interminable qu'ont traversé les Tutsi au Rwanda.
Durant ces trois mois, l'humanité s'est éclipsée. Le pire s'est banalisé.
Les traques, les fuites, les coups, les chants, les cris, les fosses, les plaies, les blessures. Des cicatrices profondes et durables au coeur de la nation rwandaise.
Le 7 avril est un jour de commémoration.
Souvenons-nous de ce million de vies ôtées, de ces millions de destins brisés et d'enfants traumatisés. De tous ces noms, ces visages, ces innombrables histoires tragiques qu'il y a derrière le terme de génocide.
Souvenons-nous de cet engrenage mortel qui a mené de la stigmatisation à la haine, puis à la persécution, et au génocide perpétré contre les Tutsi.
Nous devons, comme a su le faire le peuple rwandais, trouver sans cesse le courage de comprendre l'impensable, de nommer l'indicible, et d'enseigner l'effroyable.
Nous devons regarder cette histoire en face : droit dans les yeux. Nous devons avoir le courage d'en voir toute la complexité, tous les silences, et d'en tirer toutes les leçons.
Et sous l'impulsion du président de la République, Emmanuel Macron, la France s'est pleinement engagée dans ce dialogue mémoriel.
Il y a eu d'abord le temps de l'ouverture des archives et de la recherche historique. C'est le sens du travail approfondi, précis, et nécessaire, qu'a mené la commission d'historiens, présidée par le professeur Vincent Duclert, qui se poursuit aujourd'hui.
Il y a eu ensuite le temps de la reconnaissance officielle de nos responsabilités. C'est ce qu'a fait le Président de la République à Kigali le 27 mai 2021.
Et il y a, enfin, le temps des actes.
En commençant par les actes judiciaires.
Il n'y a pas de paix, ni d'avenir possible, sans une justice pleinement efficace. C'est pour cela que la France s'est engagée à renforcer notre coopération pour la lutte contre l'impunité.
Mais aussi, les actes mémoriels, et concrets.
Car nous nous sommes engagés à ce que le génocide des Tutsi prenne toute sa place dans notre mémoire collective.
C'est le sens du travail qui a été engagé pour mieux intégrer l'histoire du génocide des Tutsi dans nos manuels scolaires.
C'est le sens de la démarche que nous lançons aujourd'hui, annoncée ce matin par le Président de la République et Madame la Maire de Paris, qui permettra d'offrir un lieu de mémoire et de recueillement au coeur de la ville de Paris. Il s'agira d'un hommage national, visible et permanent à la mémoire des victimes du génocide perpétré contre les Tutsi.
Je veux remercier la mairie de Paris et l'association Ibuka pour le travail exceptionnel que nous menons ensemble, avec le ministère de la Culture, sur ce projet.
Ce sera un hommage aux suppliciés, mais aussi un hommage au courage et à la dignité de tous, victimes et rescapés.
Ce sera aussi un appel à l'éveil de toutes les consciences, sur ce que l'être humain a pu commettre de plus atroce dans son histoire.
Scholastique Mukasonga disait : "Je reviendrai quand le soleil de la vie brillera de nouveau sur notre Rwanda".
Il y a des ombres qu'aucune lumière ne pourrait effacer.
Mais il y a certainement, chez le peuple rwandais, une solidarité et une résilience exceptionnelle. Il y a aussi une force, et un désir irrépressible de vivre et d'inspirer le monde.
C'est la jeunesse rwandaise que je veux saluer aujourd'hui. C'est son énergie vibrante qui porte d'immenses espoirs de paix, de prospérité et d'ouverture au monde. Et grâce à cette jeunesse, grâce à la flamme du souvenir que nous entretenons tous, les étoiles brillent de nouveau dans le ciel rwandais.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 avril 2023