Texte intégral
Q - Et ce soir sur RTL la toute première réaction de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Bonsoir, Catherine Colonna.
R - Bonsoir.
Q - La France répliquera de manière immédiate et intraitable si l'on attaque ses ressortissants et ses intérêts. Ce sont les mots tout à l'heure de l'Elysée. Qu'est-ce que cela signifie exactement, que l'armée française peut intervenir au Niger ?
R - Non, pas du tout ; cela signifie que la France, comme toujours, protège ses ressortissants. Je précise que la situation cet après-midi est plus calme après une manifestation qui a eu lieu ce matin et que vous avez évoquée, qui nous a conduit en effet à devoir rappeler que la convention de Vienne fait obligation à l'Etat hôte, donc le Niger en l'occurrence, de protéger les emprises diplomatiques. Ce qui s'est passé est inacceptable, et donc j'ai vérifié encore tout à l'heure, auprès de notre ambassadeur, avec lequel je me suis à nouveau entretenue, que les choses étaient revenues à un tour plus calme.
Nous sommes extrêmement vigilants et je crois que le message adressé par le Président de la République a bien été entendu sur place : quiconque s'attaquerait aux ressortissants français, eh bien, verrait une réplique forte intervenir. J'espère simplement que ce ne sera pas le cas, évidemment. Ce message doit être entendu. Il est d'une grande clarté et d'une grande fermeté.
Q - Les ressortissants français sont en danger sur place aujourd'hui ? Vous leur demandez de quitter le pays ? Combien sont-ils d'ailleurs exactement ?
R - Il y avait avant cette tentative de putsch un peu plus d'un millier de ressortissants français. Compte tenu du fait que nous sommes en été et en période de congés scolaires, il y en a sans doute moins de la moitié. Ils ont été tous contactés. Des mesures de précaution sont prises, comme toujours, vous savez, dans ce type de situation. En amont, nous prenons des mesures de précaution, je peux vous confirmer que cela a été le cas et qu'elles seront renforcées si c'était nécessaire, mais il n'y a pas de décision d'évacuation au moment où je vous parle.
Q - Dans son communiqué, l'Elysée parlait des intérêts de la France qu'Emmanuel Macron était prêt à défendre. Quels sont ces intérêts au Niger ?
R - Il a surtout rappelé l'amitié qui lie nos peuples, et nos pays ont mené ensemble une lutte contre les groupes armés terroristes, ont coopéré pour le développement de la région. Voilà ce qu'il faut ne pas oublier et avoir en tête. Cela permet d'ailleurs de juger le coup d'Etat ou la tentative de coup d'Etat qui est en cours comme étant particulièrement anormale au regard de ce qui lie la France et le Niger. Donc je le redis : condamnation simple et claire depuis le début ; fermeté ; demande de retour à l'ordre constitutionnel ; demande de restauration dans ses fonctions du président élu. C'est exactement ce que les chefs d'Etat des pays de la région viennent de décider cet après-midi, en assortissant d'ailleurs ces rappels d'une série de mesures immédiates de sanction : fermeture des frontières, gel des avoirs des militaires impliqués et de l'Etat, blocus aérien. Je crois que le message du sommet de la CEDEAO, c'est clairement que le temps des coups d'Etat ou des aventures individuelles est révolu en Afrique. Cela doit cesser. Nous saluons la fermeté des décisions qui ont été prises par les pays de la région.
Q - Et si l'ordre n'est pas rétabli, qu'est-ce que la France est prête à faire, jusqu'où peut-elle aller ?
R - Je crois qu'il ne faut pas se situer dans cette hypothèse mais plutôt préférer se placer dans celle où les responsables du putsch suivent les demandes explicites, précises, qui leur sont faites par les chefs d'Etat des pays de la région, à l'unanimité. Et, je le redis, restaurer l'ordre constitutionnel est ce qui est attendu de la part des responsables du putsch. C'est exactement le message qui vient de la CEDEAO.
Q - Dernière question, Catherine Colonna, au cours de cette manifestation devant l'ambassade de France, on a entendu des slogans anti-français mais aussi des slogans pro-Poutine. Vous pensez que la Russie est peut-être derrière ce putsch ?
R - Nous avons vu cela. Très franchement, ce sera aux putschistes de dire qui est derrière eux et qui les soutient, s'il s'agit d'aventures individuelles ou d'autre chose. Mais quoi qu'il en soit, les coups d'Etat ne sont pas acceptables, menacent la sécurité d'un pays, menacent aussi la stabilité de la région, donc la région s'est exprimée en disant ce qu'elle pensait.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er août 2023