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Q - Bonsoir, merci de réagir ce soir sur BFM TV. Réagir notamment à ces accusations portées par des responsables nigériens. Ils accusent la France, les militaires Français précisément d'avoir ouvert le feu hier lors de cette manifestation. Ouvert le feu à balles réelles sur des manifestants. D'abord, Démentez-vous fermement ce soir ces accusations ?
R - Absolument. Nous démentons fermement et clairement. C'est faux.
Ce que l'on a vu hier, c'est une manifestation qui était organisée, comme vous l'avez dit, non spontanée, violente, extrêmement dangereuse avec des cocktails Molotov, des drapeaux russes qui sont apparus comme ça, des slogans antifrançais copiés-collés de ceux que l'on peut voir ailleurs. Donc tous les ingrédients habituels de la déstabilisation à la mode russo-africaine.
Donc une chose importante s'il vous plaît, il faut démonter les intox et ne pas tomber dans le panneau. C'est faux.
Q - Est-ce que la sécurité est renforcée à l'ambassade française ces dernières heures?
R - Elle a été renforcée depuis hier. Vous savez, dans les situations de ce type, nous prenons toujours des mesures de précaution et la seule priorité de la France est la sécurité de nos compatriotes. Donc oui, les mesures habituelles de précaution ont été prises, elles ont été renforcées hier, et je peux ajouter même que nous nous préparons, comme toujours, c'est vraiment la règle, à toutes les hypothèses: tous les cas de figures sont envisagés.
Q - Bonsoir, Madame la Ministre, les putschistes de Niamey ont accusé la France de préparer une intervention militaire. Qu'est-ce que vous répondez ? Est-ce que là aussi vous démentez formellement que la France prépare ou préparerait une intervention militaire au Niger ?
R - Absolument, c'est faux. La seule priorité de la France c'est la sécurité de ses ressortissants, la sécurité de nos compatriotes.
L'ambassade a été attaquée hier, elle a été même en danger puisque les forces nigériennes qui étaient présentes sur place n'ont pas pu maîtriser totalement la situation. Il y a des manifestants d'ailleurs qui ont pénétré dans l'enceinte de l'ambassade, qui s'est trouvée en situation de danger. Et donc les mesures que nous prenons ce sont uniquement des mesures destinées à assurer la sécurité de nos compatriotes.
Q - Mais, Madame la Ministre, est-ce que vous pensez qu'il est encore possible de rétablir le Président Bazoum qui a été élu démocratiquement, dans ses fonctions avant l'ultimatum des pays africains qui expire dimanche prochain, sans qu'il y ait d'intervention africaine par exemple, d'intervention militaire pour déloger les putschistes ? Est-ce qu'on peut encore croire à un retour à la démocratie à Niamey ?
R - C'est possible et c'est nécessaire parce que ces déstabilisations sont périlleuses pour le Niger comme pour ses voisins, et vous avez vu que c'est vraiment à l'unanimité, à l'unanimité, que les pays de la région, les pays d'Afrique de l'Ouest regroupés dans la CEDEAO, ont condamné ce putsch, ont demandé le retour à l'ordre constitutionnel et le retour du Président Bazoum, en donnant une semaine aux putschistes pour revenir à la norme constitutionnelle et au respect de la démocratie dont ils se sont manifestement écartés.
Q - Cela veut dire que vous avez actuellement des contacts avec les putschistes ?
R - Les contacts que nous avons, c'est avec l'ensemble des autorités nigériennes, nos contacts habituels, les autorités légitimes du Niger. Il est sur place de tradition que l'on voie tout le monde, mais je crois que le message qui est adressé, y compris par nous-mêmes, à ceux qui ont fomenté cette tentative de putsch et pour le moment n'entendent pas les messages de leurs pairs, les messages des pays de la région, c'est qu'il faut revenir rapidement à l'ordre constitutionnel. Il y a unanimité du côté africain, unanimité d'ailleurs de la communauté internationale, pour rappeler que l'on ne doit pas déstabiliser ce pays.
Le Président Bazoum a été élu démocratiquement et il doit revenir au pouvoir et être libéré, sa sécurité assurée. Et l'ordre constitutionnel doit revenir au Niger.
Q - Si les putschistes refusent de céder, la France soutiendra-telle une intervention des pays africains et que se passera-t-on pour les soldats français. On sait qu'ils sont 1500 au Niger ? C'est une base stratégique pour la France. Que se passera-t-il pour la France si les putschistes restent au pouvoir ?
R - L'objet de tous nos efforts et de ceux des pays de la région c'est bien d'éviter d'être dans cette hypothèse. Donc je préfère qu'on se concentre aujourd'hui sur les demandes de la communauté internationale et les demandes des pays de la région de revenir à l'ordre constitutionnel, de rétablir la démocratie, de respecter la volonté qui avait été exprimée démocratiquement par le peuple nigérien en élisant le Président Bazoum.
Donc voilà l'objet de tous les efforts de la communauté internationale. Les choses sont dites clairement avec, de surcroît, de la part des pays de la région, un délai qui a été donné pour le faire, un délai de sept jours et déjà un jour est passé.
Q - Une dernière question, Madame la Ministre, on a beaucoup accusé la Russie d'être derrière ces manifestants qui étaient devant l'ambassade de France, on a vu des drapeaux russes... Est-ce que vous voyez la main de Moscou dans ce qui se passe au Niger ?
R - Beaucoup pensent plutôt que c'est une démarche opportuniste après une aventure d'un haut gradé militaire. Je ne suis pas sûre en effet que tout le monde dorme avec un drapeau russe sous son oreiller... mais ensuite, que la Russie essaye d'en profiter, c'est possible, elle le fait dans d'autres pays de la région, donc c'est une hypothèse, mais pour le moment on se concentre, encore une fois, sur la sécurité de nos compatriotes.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 août 2023