Interview de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, à BFM TV le 11 septembre 2023, sur le séisme au Maroc et le conflit en Ukraine.

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Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Bonjour, Catherine Colonna

R - Bonjour.

Q - Merci d'avoir accepté de venir répondre ce matin à mes questions. Vous êtes la ministre des affaires étrangères, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, pour être tout à fait précis. On va bien sûr parler du Maroc. D'abord, la question de l'aide, depuis deux jours maintenant, Emmanuel Macron l'a exprimé, les autorités marocaines savent également exactement ce qu'on peut livrer, a dit le Président de la République, à la seconde où cette aide sera demandée, elle sera déployée. Au moment où l'on se parle, cette aide, a-t-elle été demandée ?

R - Le Maroc, qui est un pays souverain, et qui est maître de ses choix, qu'il faut respecter, a pris la décision de prioriser l'arrivée de l'aide, en s'adressant aux pays qui sont disponibles, dont la France fait partie, en fonction de son évaluation de la situation, au cas par cas et non pas en recevant d'un coup des aides qui peut-être ne correspondraient pas à ses besoins. Et donc, pour notre part, nous nous tenons à la disposition du Maroc, qui le sait, nous lui avons fait une proposition d'aide immédiate et aussi d'aide de moyen terme, avec des secouristes, des pompiers, du matériel, du fret, et puis aussi, avec des possibilités d'aide à moyen terme via les ONG, qui commencent à arriver, et via un fonds, qui s'appelle le fonds d'action extérieur des collectivités territoriales, qui est placé auprès de mon ministère, qui est une sorte de fonds de concours, et qui permet aux régions, beaucoup l'ont fait déjà, de contribuer, et ensuite nous pouvons le gérer.

Q - Gérer ce fonds, ça, c'est une aide financière ?

R - C'est une aide financière, et déjà, à cet appel, puisque j'ai pris la décision de l'ouvrir, il y a un peu moins de 24h, les collectivités territoriales ont répondu, de plus, j'ai décidé ce matin, sur les fonds de réserve du ministère, en cas d'urgence, de consacrer 5 millions d'euros pour les ONG, sur place, pour qu'elles puissent travailler.

Q - 5 millions d'euros, vous nous annoncez ce matin, Catherine Colonna, que le ministère des affaires étrangères, la France, va déployer 5 millions d'euros, quand vous dites, auprès des ONG, c'est-à-dire que cet argent va aller pour aider les ONG qui sont présentes sur place...

R - Qui sont présentes sur place...

Q - Qui sont des ONG marocaines ou internationales ?

R - Marocaines ou internationales et françaises, beaucoup étaient déjà présentes sur place, d'autres sont en train d'arriver. Et donc, cela les aidera à aider les populations qui en ont besoin, oui.

Q - Catherine Colonna, je reviens malgré tout, parce que cette aide financière, là, pour le coup, il n'y avait pas à ce qu'ils vous la demandent ou à ce qu'ils vous autorisent à la donner, vous la donnez quoi qu'il arrive, et c'est donc un geste que fait la France au moment où on se parle. Pour autant, vous nous dites : bon, ils ont décidé de prioriser, il y a cette polémique, alors peut-être que le moment n'est pas bien choisi, puisque, évidemment, on va surtout parler de ce qui se passe sur place et des actions dont ils ont besoin dans l'immédiat. Mais ce qui paraît étrange et difficile peut-être à comprendre, pour ceux qui nous écoutent ou qui nous regardent, c'est que ce n'est pas comme si le Maroc avait dit : nous n'avons pas besoin d'aide, nous gérons, et on aurait parfaitement compris. Ils ont besoin d'aide, ils en acceptent certaines, en l'occurrence, ils ont accepté l'Angleterre, l'Espagne, c'est-à-dire, juste au-dessus, juste en dessous, mais pas la France.

R - Non, ce n'est pas comme ça qu'il faut présenter les choses, et permettez-moi de dire que c'est vraiment une mauvaise querelle ; une querelle tout à fait déplacée. Le Maroc est souverain, il est seul en mesure de déterminer quels sont ses besoins et le rythme auquel il souhaite que des réponses soient apportées à ces besoins. Nous avons fait une offre. Une soixantaine de pays ont fait des offres, et le Maroc décide souverainement d'appeler telle ou telle de ces propositions en fonction...

Q - Mais qu'est-ce qui justifie... comment il justifie par exemple que l'Angleterre aurait une aide plus adaptée que la nôtre, par exemple ?

R - L'Angleterre, le Royaume-Uni, puisqu'il s'agit du Royaume-Uni, était prêt. L'Espagne, géographiquement est tout près. Nous sommes prêts également, et c'est une décision que les Marocains prendront souverainement, et que nous respecterons.

Q - Mais...

R - Il faut respecter ces décisions...

Q - Sur quels critères est-ce que l'aide anglaise est plus prioritaire que l'aide française, c'est ça que je vous pose comme question ce matin ?

R - Ça, c'est aux Marocains d'en décider. Encore une fois, c'est leur pays qui souffre, c'est eux qui organisent les secours. Et je le redis, comme le Président de la République, comme la Première ministre, nous sommes à la disposition des autorités marocaines, et nous leur faisons toute confiance pour organiser les secours de la façon qui leur permet d'être plus efficaces...

Q - Pour vous, ça n'a rien à voir avec le froid diplomatique, avec le froid glacial, c'était le titre d'un des journaux marocains, encore récemment, entre la France et le Maroc ?

R - Le Président de la République a échangé à de nombreuses reprises avec le Roi du Maroc, j'ai eu moi-même mon homologue encore longuement hier. Tous les contacts sont pris à tous les niveaux. Maintenant, mettons cela de côté, des gens souffrent, des gens ont besoin d'aide. Nous sommes tous prêts à répondre, et il faut ne pas mettre de mauvaises querelles dans tout cela...

Q - Le Président de la République a parlé au Roi du Maroc depuis...

R - Ils ont échangé. Le roi était en réunion de crise quand le président cherchait à le joindre, et comme il l'a dit hier, ils ont échangé depuis.

Q - D'accord, donc ils ne se sont pas parlé, mais ils ont échangé, ils ont su qu'ils avaient cherché à se joindre...

R - Et même échangé des messages, comme le président l'a dit, je ne peux pas être plus précise qu'il l'a été...

Q - Le roi, dit-on, était en France d'ailleurs au moment du séisme ?

R - Je crois qu'il était dans notre pays, qu'il est rentré samedi, a présidé une réunion de crise avec, vous l'avez vu, tous ses ministres autour de lui, et il a pris les décisions qui s'imposaient.

Q - Catherine Colonna, pardon d'insister, mais je voudrais comprendre. Ils vous ont dit non ou ils n'ont juste rien dit ? C'est-à-dire que quand vous dites "l'aide est disponible", pour l'instant, ils ne vous disent pas non, mais, ils ne vous disent pas oui...

R - Non, personne n'a dit " non " à personne. Des pays ont fait des propositions, ils sont nombreux, le pays qui est la France, a fait évidemment parmi les premiers une offre que les autorités marocaines connaissent. Le Maroc n'a refusé aucune aide, aucune proposition. Ce n'est pas comme ça qu'il faut présenter les choses. Il appelle telle ou telle aide en fonction de l'évolution de la situation, et de l'évaluation qu'il en fait. Il est souverain, et il faut respecter ses choix. Je voudrais qu'on soit sérieux. Les gens ont besoin d'aide. Il ne faut pas de mauvaises polémiques sur ce sujet.

Q - Justement, Je voudrais quand même qu'on dise un mot avec Arnaud Fraisse qui est en ligne avec nous. Bonjour Arnaud Fraisse. Vous êtes le fondateur de l'ONG Secouristes Sans Frontières. On sait que c'est une des ONG qui était prête à partir, vos équipes, elles sont où au moment où on se parle, Arnaud Fraisse ?

(...)

Q - Catherine Colonna, quand vous entendez les précisions d'Arnaud Fraisse... hier, il disait : "bon, je ne comprends pas ce blocage". Il se dit que, finalement, ça va peut-être arriver. On se souvient de la Turquie qui avait pour le coup assez rapidement demandé l'aide des différents pays. Sur place, il y a quand même aussi une aide qui arrive, au compte-goutte, qui est une aide de citoyens, une aide spontanée. On entendait de nombreux témoignages sur BFM, sur RMC ce matin, de Français ou de Franco-marocains qui avaient recueilli des dons, des médicaments, des vêtements. Est-ce que, eux, qu'est-ce que vous leur dites ce matin, est-ce que, eux, peuvent éventuellement monter dans un avion avec des valises pleines ? Est-ce qu'ils peuvent éventuellement monter dans un bateau ? Est-ce qu'il y a encore cette aide, est-ce que cette aide-là est possible ?

R - Toutes les bonnes volontés, bien sûr, sont accueillies, mais je crois qu'il est important de faire les choses dans l'ordre. Il n'est pas recommandé que tout le monde arrive avec, qui sa valise, qui sa tente. Les secours s'organisent. M. Fraisse l'a rappelé très justement. Et donc c'est la prérogative de l'Etat, qui est le Maroc, de regarder ce qui est le plus utile et à quel moment tel type d'aide est le plus utile par rapport à une situation donnée. M. Fraisse le disait, il y a des règles. Le Maroc est un pays souverain, et c'est à lui d'organiser des secours. Il est prêt, nous sommes prêts. La France est prête depuis samedi. Aussitôt, nous avons lancé et proposé différentes formes d'appui humanitaire au Maroc, qui le sait, qui considère l'ensemble de ces offres, et les appels au fur et à mesure de ses besoins. Je redis, il faut que ce soit bien clair, que le Maroc n'a refusé personne. Il appelle telle ou telle tranche d'aide en fonction de l'évaluation qu'il fait de ses besoins.

Q - Quand vous dites en fonction, on comprend aussi que c'est en fonction et au fur et à mesure.

R - C'est ça.

Q - C'est-à-dire que, au moment où on se parle, Catherine Colonna, vous vous dites qu'à tout moment, et vous n'imaginez pas au fond que cette aide, à un moment ou à un autre, que ce soit dans la reconstruction, que ce soit... ce n'est peut-être pas tout de suite, mais ce sera peut-être dans les jours qui viennent, que le Maroc vous appellera ?

R - Le Maroc sait ce que nous proposons en termes d'urgence, de secouristes, de recherche des personnes, mais aussi à moyen terme, y compris pour la reconstruction. Et donc, je ne doute pas qu'il fera le plus rationnellement possible l'évaluation de ses besoins. Il souhaite faire les choses de façon organisée, calme, je dirais, en bon ordre, et c'est grâce à cela qu'il espère avoir l'efficacité maximum. Nous sommes prêts. La Première ministre l'a dit, le Président de la République l'a dit, je le redis : aussi bien sur l'urgence que sur le long terme, nous sommes prêts, disposés et désireux d'aider le Maroc. Vous savez qu'il y a eu un élan de solidarité formidable dans ce pays, beaucoup d'émotion. Les Français, je crois, ont une relation particulière avec les Marocains. L'émotion s'est exprimée partout. Et moi aussi, je veux avoir une pensée pour ce pays, pour son peuple, pour nos ressortissants également qui ont été affectés par le séisme.

Q - J'allais y venir, nos ressortissants sur place, mais aussi des proches de Français, de Franco-marocains. Quelles sont les nouvelles que vous avez sur place et en termes notamment de bilan ou de Français qui se trouvaient dans le pays ?

R - Alors, il y avait de très nombreux Français dans le pays. Dans la seule zone de Marrakech, par exemple, il y a sans doute 20.000 Français. De plus, c'est encore la saison touristique, donc il y a beaucoup de Français de passage. Tous ne s'inscrivent pas sur les registres du consulat, et donc il faut vérifier cas par cas où sont les uns et les autres. Au moment où je vous parle, et à notre connaissance, je parle donc avec prudence, il y a quatre victimes françaises, quatre personnes décédées, malheureusement, dont une en zone de montagne, puisque les zones les plus affectées, ce sont les villages de montagne du Haut Atlas, et une quinzaine de blessés. Nous apportons un soutien aux blessés, un soutien aux familles des victimes. Et il y a également une assistance psychologique qui est disponible, s'il le faut.

Q - Y a-t-il des Français dont vous n'avez pas de nouvelles ?

R - Il y a encore quelques personnes dont on cherche les coordonnées, ou dont on cherche à savoir où elles sont localisées. C'est pour ça que je parlais avec prudence en vous disant "voilà le bilan provisoire, au moment où nous nous parlons".

Q - Catherine Colonna, l'autre actualité internationale, c'est le sommet du G20. Ça s'est terminé hier en Inde, Emmanuel Macron était sur place. Et puis, la colère de l'Ukraine dans la déclaration commune, il n'y a pas eu de mention de l'agression de la Russie. Est-ce que vous pouvez comprendre la colère des Ukrainiens ?

R - Ce n'est pas exact. Le communiqué final fait expressément référence au communiqué dit de Bali, c'est-à-dire du sommet du G20 précédent, qui était extrêmement clair sur l'agression commise par la Russie contre l'Ukraine. Ceci figure dans le communiqué du G20...

Q - Commise par la Russie, le mot Russie, le nom de la Russie... ?

R - Oui, très clairement et à plusieurs reprises, dans plusieurs paragraphes. Il est précisé dans le communiqué du G20, le G20 qui vient de se terminer, cette référence à Bali, noir sur blanc. Mais de plus, la Russie s'est jointe cette fois à la déclaration commune, alors que dans un certain nombre d'autres instances, à d'autres moments, elle ne voulait pas signer. Le communiqué du G20 de New Delhi rappelle l'importance des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, dont l'intégrité territoriale des Etats - je dis bien dont la souveraineté et l'intégrité territoriale des Etats -, rappelle aussi que toute paix ne peut être fondée que sur ces principes, condamne également la destruction d'infrastructures. Donc la chose que je voudrais ajouter, puisque tous ces éléments sont là, et que la Russie y a souscrit, c'est qu'on ne peut qu'appeler la Russie maintenant à agir, agir conformément à ce qu'elle vient d'accepter, mettre en cohérence ses actes et sa signature...

Q - Mais vous avez vu que votre homologue russe s'en gargarise en disant que c'est probablement une forme de succès pour la Russie.

R - Je crois qu'il a tort. Le texte est là, et il comporte ces éléments extrêmement importants pour l'Ukraine, comme pour l'ordre et la stabilité dans le monde.

Q - Enfin, lui, il dit ça, et du côté ukrainien, ils estiment que le G20 n'a pas de quoi être fier. Donc chacun, en tout cas a bien vu... enfin, a bien estimé...

R - Je ne tiens pas beaucoup compte des déformations de la vérité dont la Russie est coutumière, et M. Lavrov en particulier, depuis hélas trop longtemps.

Q - Catherine Colonna, du côté du terrain, Volodymyr Zelensky a reconnu d'ailleurs que la contre-attaque ukrainienne a pour l'instant été stoppée par l'armée russe. Est-ce que vous êtes inquiète ? L'été touche à sa fin, c'était le moment propice pour une contre-offensive qui, pour l'instant, ne porte pas ses fruits.

R - Pas autant que les Ukrainiens l'espéraient. Pour autant, le président Zelensky a dit combien c'était difficile, et c'est difficile parce que la Russie était préparée, avait préparé plusieurs lignes de défense et miné le terrain entre chacune d'entre elles. L'attaque, la contre-attaque n'est pas stoppée. Elle est difficile, comme les Ukrainiens, l'anticipaient, mais sans doute, plus encore qu'ils l'anticipaient. Néanmoins, ils progressent, en particulier dans le sud. Et donc, il faut aussi prendre en compte le fait que leurs besoins prioritaires, aujourd'hui, c'est vraiment de l'armement ; que nous les aidions, que la communauté internationale les aide à se défendre, les aide à exercer leur droit à la légitime défense. C'est eux qui se battent, nous ne leur donnons pas de leçon, ce n'est pas nous, c'est leur pays qui est attaqué, c'est leur pays qu'ils défendent. Ils demandent que nous les aidions et nous les aiderons...

Q - Et si vous le précisez, c'est à la fois par respect pour eux, mais c'est aussi parce que vous ne voulez pas franchir ce qui pourrait apparaître comme une forme de co-belligérance ?

R - Voilà. Nous avons toujours eu pour ligne d'aider l'Ukraine à se défendre et à exercer son droit à la légitime défense consacré par la Charte des Nations unies. Et donc c'est elle qui agit sur le terrain. Ne lui donnons pas de leçon, et continuons à l'aider. D'ailleurs, nous le ferons. Le président Zelensky et le Président de la République se sont entretenus, il y a environ une semaine. Mon homologue et ami, Dmytro Kuleba, était à Paris, a été reçu outre par moi-même dans une réunion de travail très utile, il a été reçu par le Président de la République, et nous avons décidé de renforcer notre aide, la continuer et la renforcer...

Q - Ça veut dire quoi la renforcer, quel peut-être encore le cran au-dessus ?

R - Plus de matériels. Nous avons déjà donné, vous savez, de l'artillerie, des munitions. Il faut traiter la question de la maintenance des matériels qui ont été donnés. Donc nous avons renforcé cela. Deuxième pilier : la France, comme les autres pays du G7 et beaucoup d'autres pays qui les ont rejoints, a décidé en juillet, au moment du sommet de l'OTAN, de contractualiser dans la durée l'aide qu'elle apportera à l'Ukraine sur le plan militaire, sur le plan humanitaire et sur le plan économique. Ce travail est en cours, le président l'a rendu public l'autre jour, et nous avons pour objectif de le parachever d'ici la fin de l'année, de façon qu'on ait un cadre pour plusieurs années dans l'aide que l'on apporte à l'Ukraine...

Q - Sans limite, sans limite dans le temps ?

R - Pour plusieurs années, trois à cinq ans sans doute, sur les différents volets, et pas uniquement sur le volet militaire.

Q - Oui mais ça veut dire que vous vous installez aussi dans une perspective de guerre très longue.

R - C'est une possibilité, mais il faut voir aussi que, comme tout le monde a tenu à le dire au moment du sommet de l'OTAN à Vilnius, afficher que nous sommes prêts à aider l'Ukraine dans la durée, c'est une chose qui se dit déjà depuis plus d'un an. Le démontrer est utile, et c'est aussi un message adressé à la Russie que nous ne nous lasserons pas, que nous sommes prêts à être aux côtés de l'Ukraine dans la durée pour rétablir l'ordre et la sécurité internationale menacés par son agression.

Q - Comment vous avez compris les propos de Nicolas Sarkozy, l'ancien président français, qui semblait renvoyer dos à dos quasiment la Russie et l'Ukraine ?

R - Je vais vous faire une réponse courte : je ne les ai pas compris.

Q - Vous ne les avez pas compris. Vous ne comprenez pas pourquoi Nicolas Sarkozy...

R - Non.

Q - Vous en avez parlé avec lui ?

R - Non. Non, non, non. J'ai déjà été interrogée par certains de vos confrères, et j'ai répondu que dans ma position de ministre, il ne m'appartient pas de commenter les propos d'un ancien chef de l'Etat. Mais il serait bon que les propos de l'ancien chef de l'Etat soient conformes aux principes que défend la France, la souveraineté, l'intégrité territoriale des Etats, l'intangibilité des frontières, l'indépendance des Etats, et soient également conformes à ce qu'est la position de la France, celle qu'elle défend dans les enceintes internationales.

Q - Sinon, c'est une forme presque de diplomatie parallèle ?

R - Non, ce sont des déclarations incompréhensibles, enfin pour ma part, je ne les comprends pas.

Q - Je l'ai bien compris en tout cas Catherine Colonna, et pour le coup, vous avez parfois un langage assez diplomatique, c'est votre rôle, chacun a le sien, on le sait bien, en tant que ministre des affaires étrangères, il y a des choses... on vous sent parfois sur une crête, en faisant bien attention à chaque mot que vous pesez. Là, pour le coup, la phrase est très claire : vous ne comprenez pas les propos de Nicolas Sarkozy. Je vous repose quand même une question, Catherine Colonna, sur l'organisation et sur le lien... certes, vous l'avez dit, ça n'a rien à voir avec le lien entre le Maroc et la France, le fait que l'aide française n'ait pas été jugée prioritaire, mais il y a ce voyage officiel qu'Emmanuel Macron repousse sans cesse entre lui et le Maroc, ce voyage qu'il devait faire au Maroc. Est-ce qu'une date a été trouvée ?

R - Nous sommes en train de la chercher. Je vous le disais tout à l'heure, que le Président de la République et le Roi s'étaient parlé cet été à plusieurs reprises, et encore tout récemment, peu de temps avant cette tragédie qu'est le séisme. Et ils ont décidé de regarder quelles étaient les dates possibles, de part et d'autre, pour la visite d'Etat du Président de la République au Maroc, qui est attendue par les deux pays et qu'il faut travailler de façon à ce qu'elle illustre la qualité de nos relations et l'importance de nos liens. Et donc, si une date n'avait pas pu être trouvée, j'avais, au nom du Président de la République, proposé, il y a, pas tout à fait un an, des dates qui n'ont pas...

Q - Ça fait un an qu'on repousse, quoi.

R - Aucun accord ne s'était fait sur une date précise, donc il nous reste à trouver des dates plutôt qu'à arriver à reporter un voyage qui n'avait pas été fixé précisément.

Q - Comme c'est diplomatiquement dit. Catherine Colonna, en tout cas merci d'avoir été mon invitée ce matin. Je rappelle que vous êtes la ministre des affaires étrangères. Vous nous l'avez annoncé ce matin, la France a débloqué, votre ministère a débloqué, sur ce fonds de réserve exceptionnel, la somme de 5 millions d'euros que vous allez envoyer pour les ONG et pour soutenir les ONG au Maroc.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2023