Texte intégral
Monsieur le ministre des Arts, cher Tony Burke,
Monsieur le directeur du Musée national du Victoria, cher Tony Ellwood,
Mesdames et Messieurs les administrateurs de la Fondation pour les échanges culturels entre la France et l'Australie,
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd'hui dans l'un des temples de la culture et des arts français en Australie pour le lancement de la Fondation pour les échanges culturels entre la France et l'Australie (FACEF). Avec ce projet d'envergure, nous réinventons la grande tradition des "villas", mais sous une forme innovante et adaptée.
Les résidences d'artistes constituent des instruments clés de la mobilité au service du dialogue des cultures et du dynamisme de la création artistique. Propices à des séjours prolongés et à la coconstruction, elles contribuent aussi à adapter la mobilité aux défis de la transition énergétique.
Après l'Italie, où fut fondée l'Académie de France à Rome, la Villa Medicis, il y a presque quatre siècles, ou plus récemment les Etats-Unis, où nous avons ouvert la Villa Albertine, l'Australie incarne aujourd'hui un carrefour intéressant de la création artistique, à même de constituer une formidable caisse de résonance.
Et je voudrais remercier toutes les personnes présentes aujourd'hui pour leur engagement au service de la bonne mise en œuvre de ce projet emblématique pour nos deux pays.
Les liens culturels qui unissent aujourd'hui la France et l'Australie sont forts, ils sont durables, comme Tony Ellwood l'a indiqué très justement, et ils se resserrent chaque jour grâce à nos efforts communs.
Ces liens sont également ancrés dans l'histoire. Ils remontent à plus de deux cents ans. De La Pérouse à Baudin en passant par d'Entrecasteaux, les premières expéditions françaises entretinrent des relations pacifiques et soutenues avec les peuples aborigènes, notamment en Tasmanie. Elles étudièrent leur culture, leurs traditions et leur langue, et recueillirent des informations précieuses, ce qui est encore trop peu connu et peut désormais être partagé avec le public.
Hier, à Canberra, j'ai eu le privilège de remettre une copie numérique des archives de l'expédition d'Entrecasteaux à la Bibliothèque nationale d'Australie. Nous espérons que ce modeste geste marquera le début d'un long voyage à travers nos souvenirs communs.
Ces archives, conservées en France et en Australie, pourraient bientôt être inscrites au Registre Mémoire du Monde de l'UNESCO, grâce à une proposition conjointe de nos deux pays qui a été remise à l'UNESCO il y a peu, en novembre dernier.
Ces archives incroyables et uniques comportent de précieuses traces des premières langues autochtones d'Australie. Cela m'amène à une cause qui est au cœur de notre ambition culturelle : le plurilinguisme et la promotion de la langue française.
L'éducation bilingue est en plein essor en Australie, avec la mise en place de nouveaux programmes d'immersion en français chaque année.
Le pays compte vingt-neuf Alliances françaises, qui font rayonner le français dans toute l'Australie. C'est un très bon résultat pour un pays si vaste, et j'ai bon espoir qu'il augmente encore. Certaines de ces Alliances ont été créées il y a cent trente ans. Elles organisent chaque année l'Alliance Française French Film Festival, qui constitue le plus important festival du film français hors de France et dont la trente-cinquième édition aura lieu en mars 2024.
La profondeur des liens culturels entre la France et l'Australie doit beaucoup à vous tous réunis aujourd'hui, nos amis des Arts, aux institutions culturelles en Australie et au soutien d'organisations philanthropiques.
Je tiens à remercier de leur grande générosité les particuliers qui contribuent à nos échanges culturels. Certains d'entre eux ont constitué des collections entières d'œuvres françaises, comme Krystyna Campbell-Pretty pour le Musée national du Victoria.
Les institutions culturelles australiennes entretiennent de longue date des partenariats avec leurs homologues françaises, comme le Musée du quai Branly - Jacques Chirac, ou le Centre Pompidou, dont le rôle fut déterminant pour faire connaître l'art autochtone australien en Europe. Ce n'est pas un hasard si nous accueillons parmi nous aujourd'hui des représentants du Musée Picasso, dont la nouvelle fondation est présidée par une femme de Melbourne, Mme Lisa Fox, que j'ai rencontrée à Paris récemment. Un représentant du Musée du Quai Branly, M. Jérôme Bastianelli, est également avec nous aujourd'hui.
Les institutions culturelles françaises témoignent également de la qualité et de la diversité des arts et de la culture australiens. Ces deux dernières années, plusieurs expositions consacrées à l'Australie ont eu lieu à Paris, notamment les expositions Sally Gabori et Ron Mueck à la Fondation Cartier, ou encore Songlines au Musée du quai Branly. J'ai eu le plaisir de remettre à la sénatrice Wong un catalogue de cette dernière exposition.
La culture ne s'adresse pas seulement à l'esprit, mais aussi au cœur des peuples, et c'est pour cela que la France s'enorgueillit d'être le pays de la diplomatie culturelle. La diplomatie culturelle permet de faire dialoguer les peuples ensemble et de rendre hommage à leurs propres cultures.
C'est précisément la raison d'être de cette fondation franco-australienne : devenir un puissant levier capable de fortifier et de nourrir notre amitié sous toutes ses facettes, celle d'hier comme celle de demain.
Nous savons tous que cette amitié repose sur des valeurs communes, mais aussi sur une géographie commune, bien éloignée de la France métropolitaine : le Pacifique.
Comme vous le savez, nos deux pays font partie de l'océan Indien comme de l'océan Pacifique. Nos deux pays partagent également une caractéristique : ce sont deux sociétés marquées par la diversité des origines, des peuples et des cultures. C'est à la fois un atout et un défi, et de mon point de vue, ce fondement peut constituer un puissant vecteur interculturel.
J'ai le plaisir d'annoncer que la fondation commencera ses activités avec quatre projets emblématiques :
- une résidence croisée de photographes à Marseille et à Perth,
- un programme conçu pour les artistes émergents,
- et deux projets de résidence destinés à renforcer, pour l'un, les liens artistiques entre l'Australie et la Nouvelle-Calédonie, laquelle est représentée par le centre culturel Tjibaou mais aussi par la présence aujourd'hui parmi nous d'un membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, et, pour l'autre, les liens entre des centres de l'art aborigène du nord de l'Australie et de la France.
La prochaine étape devra être l'inauguration et l'extension de notre futur réseau de résidences, non seulement en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française ou à Wallis et Futuna, mais aussi aux Etats insulaires du Pacifique.
Nous mettons en œuvre aujourd'hui la volonté exprimée dans la déclaration commune du Président Macron et du Premier ministre Albanese en juillet 2022.
Je voudrais saisir cette occasion pour remercier tous les conservateurs et les directeurs d'institutions culturelles australiens de l'énergie remarquable qu'ils déploient pour défendre les liens culturels avec entre l'Australie et la France. Sans vous, sans eux, l'Australie ne serait pas un pays aussi francophile.
En témoignage du soutien continu que nous portons à ce projet, le ministère français de l'Europe et des affaires étrangères apportera en tout deux millions de dollars australiens de dotation et y affectera du personnel à plein temps. Pour chaque projet, la fondation cherchera au moins une institution partenaire en Australie. En effet, l'ensemble de ce projet a été pensé comme une grande initiative biculturelle.
Cette fondation permettra également à nos deux pays de nouer des liens forts dans le domaine des industries culturelles et créatives, qui constituent une priorité structurante de notre diplomatie culturelle.
Les industries culturelles et créatives représentent 1,3 million d'emplois en France. Ce chiffre va croissant et j'ai le plaisir d'annoncer que l'Australie sera le prochain pays choisi par la France pour déployer son programme ICC Immersion en 2024.
Une fois encore, je voudrais remercier tous ceux qui contribuent à notre partenariat culturel. Chacun de nos deux pays compte des personnes talentueuses, inventives et créatives. Nous nous devons de les mettre en relation pour qu'elles se nourrissent les unes des autres.
Et avant de donner la parole à la présidente de la fondation, Mme Boisbouvier-Wylie, laissez-moi souligner le rôle exceptionnel qu'elle joue à Melbourne depuis 2011 en tant que consule honoraire.
Je vous remercie.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 décembre 2023