Déclaration à la presse de M. Emmanuel Macron, président de la République, sur les forces armées françaises stationnées à Djibouti et les relations avec ce pays, à Djibouti le 21 décembre 2024.

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Circonstance : Visite aux forces stationnées à Djibouti

Texte intégral

Merci beaucoup, Monsieur le président, cher ami.

Je suis très heureux, comme vous venez de le dire, d'être à nouveau à vos côtés après plusieurs visites à Paris et après la visite effectuée, en effet, en mars 2019, ici, à vos côtés. Et au-delà de notre amitié personnelle et de ces multiples échanges, c'est une amitié qui s'inscrit dans la profondeur de cette relation historique, linguistique, que vous venez de rappeler à l'instant, cher président.

Nous venons d'avoir avec le Président, et je l'en remercie, un entretien substantiel accompagné de nos délégations. Et je suis très heureux d'être, en effet, parmi vous, à la fois pour cet agenda bilatéral, les questions régionales et de paix et de sécurité que vous avez mentionnées, et vous m'avez ainsi permis également d'être aux côtés de nos forces en cette période de fête. J'étais heureux d'être, en effet, à leur côté hier soir. Et je dois dire, j'ai pu voir à portée d'homme la qualité de la relation bilatérale et l'intégration entre nos armées et la confiance qui y règne.

En effet, cette présence des forces françaises à Djibouti s'inscrit dans un partenariat bilatéral solide, enraciné dans plusieurs décennies de confiance et ancré vers l'avenir. Vous venez de le rappeler, en juillet dernier, nous avons signé un nouveau traité de coopération en matière de défense pour une durée de 20 ans qui témoigne de cette confiance mutuelle entre nos deux pays et de la convergence de nos intérêts stratégiques. Et ce partenariat avec Djibouti, au cœur d'une des régions les plus stratégiques du monde, entre Corne de l'Afrique, Moyen-Orient et Asie, répond en effet à des intérêts stratégiques partagés par nos deux pays.

D'abord, pour votre intégrité territoriale et votre stabilité, ça fait partie de ce traité. Ensuite, pour préserver la stabilité régionale et lutter contre les mouvements terroristes. C'est notre intérêt commun, y bien compris. Puis, pour assurer la liberté de navigation sur des routes maritimes vitales pour le commerce mondial. Et la France est l'un des pays les plus engagés dans ces missions et permet encore à plusieurs navires de passer le Détroit. Cette présence à Djibouti, bien sûr, également orientée vers l'océan Indien et l'Indopacifique, et notre stratégie Indopacifique, réaffirmée, consolidée depuis le printemps 2018 ne pourrait se faire sans, justement, les forces françaises de Djibouti et ce qu'elles permettent de faire, en même temps que c'est un point d'appui pour des opérations essentielles et des missions d'urgence, comme l'opération Sagittaire que nous avons effectuée pour au printemps 2023. Évacuer pas simplement des Françaises et des Français, mais des ressortissants du monde entier depuis le Soudan, et également pouvoir servir de secours à destination de notre territoire meurtri, je pense à ce qui a été fait grâce à cette emprise sur Mayotte.

Donc le caractère stratégique est ici clair. Cette coopération est irriguée par la confiance, le lien et l'amélioration de ce lien entre nos armées. Je dis ceci à un moment de clarification de notre action sur le continent africain, dans le champ de la sécurité et de la défense et cette clarification, la France l'a souhaitée, elle répond aussi aux demandes de nombre de nos partenaires, et j'avais pu l'annoncer dès février 2023. Nous avons voulu faire évoluer notre modèle. Là où, dans de nombreux pays, nous avions des bases historiques posées, nous avons voulu repenser notre présence en coconstruisant un partenariat et des coopérations avec de nombreux pays, expression des besoins, formation, équipement, coopération en matière de renseignement, opération ponctuelle, mais nous sommes en train de changer la logique. Et je veux ici dire le caractère singulier de Djibouti.

Djibouti ne participe pas de cette manœuvre d'ensemble parce que, depuis des décennies, la nature même de notre base ici, de nos opérations, est profondément différente. Elle repose sur une expression claire du besoin en matière de sécurité de notre partenaire. Et elle nourrit un agenda qui est un agenda beaucoup plus large et qui est la condition, comme je l'évoquais, de la réalisation de notre stratégie Indopacifique et de tout ce que nous faisons dans la sous-région. Et donc, je veux ici redire la cohérence qu'il y a entre ce qui est fait ailleurs et ici, mais c'est de souligner la singularité de ce que permet Djibouti, et aussi dire combien, depuis ces dernières années, nous avons renforcé cette qualité de structuration régionale.

À Djibouti, nous avons lancé en 2019 une école internationale de perfectionnement à la pratique de la police judiciaire, et donc, au-delà des forces françaises ici présentes, nous avons aussi des succès dans différents domaines, police judiciaire, je l'évoquais, école régionale à la protection civile également, et nous continuerons d'avancer en la matière. Au-delà de ce sujet et de notre volonté de relancer aussi le dialogue stratégique et de consolider, je veux ici dire combien ces dernières années, nous avons renforcé notre présence et nos engagements. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, le directeur général de l'AFD, ont pu, sur des projets très concrets, accompagner vos ministres et vos autorités ce matin.

Et qu'il s'agisse des infrastructures, avec un effort majeur pour le renforcement du système d'assainissement de la ville de Djibouti, une offre de qualité de nos entreprises, qu'il s'agisse du soutien à vos efforts en faveur du développement communautaire avec la construction de centres intégrés, qui héberge à la fois lieu d'expression culturelle, sportive, mais aussi marché et structure de sécurité, et de l'ouverture du nouveau lycée français, ainsi que le lancement d'un projet de lycée polyvalent, qui sont 2 pôles d'excellence au service de l'éducation et de cet attachement à la langue que vous évoquez. 2 nouveaux engagements ont été signés ce matin également. Nous avons, pour à la fois la décentralisation et une extension des travaux d'assainissement, ajouté justement un engagement de 25 millions d'euros à ce qui a déjà été décidé et fait.

Au-delà de cela, vous l'avez rappelé, nous avons signé 2 textes importants, l'un en matière de coopération spatiale pour vous accompagner dans cette stratégie autonome en matière spatiale et votre volonté, en effet, de forger une agence propre, ceci s'appuyant sur les coopérations déjà largement développées avec l'université de Montpellier et les premiers succès en la matière. Et puis, ce que vous avez décidé pour le nouvel aéroport et la confiance manifestée à l'égard de la France, ça a pu se cristalliser à travers la déclaration d'intention que nous venons de signer. Tout cela contribue à notre capacité à faire face ensemble à l'agenda régional.

Vous l'avez dit et nous en avons parlé, nous allons y revenir. Nous sommes convaincus l'un et l'autre, pour les pays de la Corne de l'Afrique, de l'importance de dialoguer et de vivre dans le respect de l'intégrité territoriale. Et nous avons à cet égard salué le processus de dialogue qui a avancé de façon décisive entre l'Éthiopie et la Somalie. Et j'aurai d'ailleurs l'occasion de porter ce message d'apaisement à Addis-Abeba dans quelques heures. Nous avons également convergé sur l'importance de la mise en œuvre d'un processus de dialogue pour mettre un terme au terrible conflit au Soudan, et vous savez l'engagement de la France en la matière, et aussi sur l'importance de maintenir un soutien aux efforts africains pour la stabilisation de la Somalie.

Je veux dire ici que vous pouvez compter sur la France pour que les fonds soient débloqués, que les choses avancent, et j'ai, à cet égard, pu saluer la mobilisation du président GUELLEH au titre de sa présidence de l'IGAD.

Je vous remercie, Monsieur le Président, pour cet accueil chaleureux. Je retrouve ici un pays ami, un président ami, et vous savez que vous pouvez avoir confiance dans la France, dans son engagement, dans tous les domaines que nous venons d'évoquer.