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De retour d'un déplacement au Kenya, le ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de la Francophonie et des partenariats internationaux, loue l'amélioration des relations entre la France et les pays d'Afrique et plaide pour poursuivre dans cette direction.
Nous sommes à un tournant salutaire dans nos relations avec les pays africains. Conformément aux orientations données par le Président de la République depuis 2017, notre diplomatie tisse, petit à petit et en dehors des radars médiatiques, des liens nouveaux avec nos partenaires en Afrique. En Angola, au Bénin, au Ghana, au Kenya, au Nigeria, en Zambie, pour ne citer que quelques exemples, nos relations se renforcent et se densifient. À rebours de l'image décliniste que charrie notre éloignement du Sahel, dans de nombreux pays du continent africain, nos propositions intéressent, nos partenaires sont en demande de France.
Sur quels piliers s'appuient ces relations renouvelées ? Le socle de notre coopération n'est plus sécuritaire mais diplomatique, économique, culturel, sportif. Les canaux n'en sont plus seulement institutionnels (d'Etat à Etat) mais multidimensionnels : artistes, diasporas, universitaires et entrepreneurs portent le message nouveau d'une diplomatie de projets. La priorité est désormais donnée à la coopération universitaire, aux industries culturelles et créatives, à l'investissement dans la jeunesse. Et la méthode est celle d'un dialogue apaisé fondé sur ce que chacun peut apporter au bénéfice de sa population, avec pour maître mot la réciprocité.
Je l'ai vu et vécu dans chacun de mes déplacements. Je reviens du Kenya, où j'ai pu inaugurer, avec le président kenyan Ruto, le lancement du Complexe d'ingénierie et de sciences de l'Université de Nairobi, qui sera un pôle scientifique africain de premier plan. Nous forgeons avec les établissements d'enseignement supérieurs français (ParisTech, l'Ecole des Ponts et Chaussées, CentraleSupélec et l'Université Paris-Saclay) des partenariats stratégiques. Avec le Kenya toujours, nous plaidons haut et fort en faveur d'un agenda de réforme de la gouvernance financière internationale, en faveur d'un système international plus juste. Nous en avons fait le thème du prochain Sommet Afrique-France organisé à Nairobi en 2026.
Face à l'urgence environnementale, nous défendons conjointement avec plusieurs Etats un agenda climatique ambitieux à l'échelle internationale : avec le Gabon par exemple, nous avons organisé le One Forest Summit, qui a permis de faire progresser les engagements collectifs en matière de préservation et de gestion durable des forêts tropicales. La Francophonie est également un de nos enjeux phare avec le continent, et elle est bien vivante. Le XIX? Sommet de la Francophonie en octobre 2024 a ainsi permis à l'Organisation internationale de la Francophonie d'acter l'entrée de plein droit du Ghana ainsi que l'Angola comme membre observateur. Des engagements communs ont été pris sur de nombreux sujets d'intérêt commun, comme le lancement de "l'Alliance féministe francophone".
En somme, partout sur le continent, nous collaborons autour de programmes structurants qui permettent d'accompagner des dizaines de milliers d'entrepreneurs, d'organisations de la société civile, d'artistes, d'étudiants et de chercheurs. Nous bâtissons patiemment des partenariats durables avec des interlocuteurs qui savent que nous avons des atouts.
Cela ne plaît pas à nos compétiteurs, tels que la Russie ou d'autres puissances, qui, tout en dénonçant de manière hostile des attitudes du passé, recréent cyniquement un système de domination. Cela ne plaît pas non plus à celles et ceux qui veulent faire de la France un bouc émissaire facile. Le discours "antifrançais" est idéal, qui évite de penser. L'ère des infox et des réseaux sociaux facilite la circulation à très grande échelle d'informations mensongères, parcellaires, grossières sur nos intentions et nos actions. Tout cela heurte violemment les propositions que nous faisons au continent africain.
Mais les peuples ne sont pas dupes et la vérité finit toujours par ressortir. Les frustrations et douleurs du passé sont réelles et nous ne les sous-estimons pas. Elles font précisément l'objet du travail mémoriel que nous menons, par exemple avec le Rwanda. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères Jean-Noël Barrot s'est aussi rendu au Sénégal en décembre dernier pour la commémoration du massacre de Thiaroye. Pour ma part, je me suis rendu au Cameroun pour la remise du rapport de la commission mémorielle mixte franco-camerounaise, préparé par des historiens français et camerounais. Nous devons apaiser et assainir nos relations, afin de travailler ensemble pour réussir ensemble.
Il m'importe d'autant plus que nous réussissions que je viens moi-même du continent africain, étant né à Mayotte, au coeur de l'océan Indien. Aujourd'hui, notre boussole d'action nous indique d'oeuvrer à ce que le continent africain se développe pacifiquement. C'est impératif, y compris pour protéger les Français. Le temps des agendas cachés est révolu. Notre agenda, celui que je vois et que je porte depuis mon entrée au gouvernement, est celui de relations d'égal à égal, dépassionnées, servant les intérêts français et africains, également. À nos détracteurs de s'y habituer, à nos partenaires de saisir nos propositions.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 février 2025