Texte intégral
Merci beaucoup, Monsieur le Président. Merci pour l'honneur que vous nous faites de cette invitation à Madagascar, en visite d'Etat. Je tiens ici, au nom de ma délégation et moi-même, à remercier le président Andry Rajoelina.
Je suis sincèrement heureux d'être ici aujourd'hui sur les hauts plateaux de l'île, à Antananarivo et de pouvoir avoir ces temps d'échange avec vous, comme toujours, vous l'avez dit, avec respect et volonté d'agir ensemble. Et c'est une occasion unique de continuer à consolider et même transformer la relation bilatérale et dans le même temps aussi d'oeuvrer pour l'océan Indien. Et je me réjouis tout à l'heure de retrouver nos homologues de la région, notre famille de l'océan Indien, et honoré d'être accompagné par les dirigeants régionaux et départementaux de nos territoires dans la région qui sont La Réunion et Mayotte.
Lors de nos échanges aujourd'hui avec le président Rajoelina, nous avons pu une fois de plus en effet, constater que nos deux pays sont unis par un lien fort, riche et dense. Vous l'avez rappelé. Et ce lien est enraciné dans une histoire et aussi tourné vers l'avenir avec des liens linguistiques, vous venez de mentionner la francophonie, culturels et humains inédits. La France, en effet, compte la plus importante diaspora malgache au monde, avec environ 150.000 personnes, et Madagascar accueille l'une de nos plus grandes communautés en Afrique, avec bien plus des 20.000 personnes enregistrées, et j'en retrouverai tout à l'heure une partie en fin de journée. Madagascar est aussi le réseau d'écoles et d'alliances françaises le plus dense en Afrique subsaharienne, et je me félicite qu'un nouveau bâtiment de l'Alliance française à Antananarivo soit inauguré demain en marge de cette visite. C'est le témoignage éloquent de la vitalité de la francophonie à Madagascar et aussi notre volonté d'accompagner cette ambition que vous portez.
Ces liens ont été parfois, nous le savons, forgés dans la douleur et nous avons engagé un travail mémoriel de fond pour apaiser les mémoires. La restitution des trois crânes sakalava dans quelques mois aura, je le sais, un sens profond. Madagascar devient ainsi le premier pays où sera mise en oeuvre notre loi sur la restitution des restes humains de décembre 2023. Et je suis également à cet égard très honoré de visiter demain le musée du Rova, où se trouve le dé de la Reine qui a été remis par la France en 2020. Cet agenda des restitutions, nous le poursuivrons et il est jumeau de la coopération muséale renforcée que nous voulons entre nos deux pays. Pour autant, les brûlures du passé ne consumeront en rien les liens qui nous unissent, et la France demeure l'un des principaux partenaires économiques de Madagascar, à travers des échanges bilatéraux qui, ces trois dernières années, ont dépassé le milliard d'euros par an, et j'en suis très fier. Plus de 55 filiales d'entreprises françaises sont présentes et emploient plusieurs dizaines de milliers de Malgaches. Elles investissent dans l'énergie, l'agro-industrie, le textile, les télécommunications, la distribution, les infrastructures de transport, les services financiers.
Et avec monsieur le Président, nous souhaitons aller plus loin. C'est pourquoi nous participerons tout à l'heure à un forum économique et plusieurs accords ont été en effet signés aujourd'hui pour favoriser l'accès à l'énergie et à l'eau à travers des projets structurants de grande envergure qui correspondent aussi aux besoins croissants du pays. Et je pense notamment au barrage hydroélectrique de Volobe avec l'implication d'EDF, vous l'avez rappelé. L'Agence française de développement porte aujourd'hui 600 millions d'euros de projets à Madagascar et nous engageons à poursuivre nos investissements solidaires sur un rythme encore plus important. Lors de notre entretien avec Monsieur le Président, nous avons évoqué aussi des pistes nouvelles de partenariats et nous souhaitons en effet consolider nos relations stratégiques autour des axes que nous avons demandés à nos ministres et à nos services de travailler : l'énergie avec le projet hydroélectrique, mais également les projets d'éolien et de solaire, le train et la voie ferroviaire, au-delà de ce qui a déjà été fait par plusieurs entreprises françaises en termes de connectivité et de transport dans la capitale. C'est la volonté, en effet, d'améliorer les connexions au sein du pays. Vous avez rappelé cette histoire plus que séculaires entre nous sur ce sujet : dotation de matériel, financement, compétences. C'est participer à la transformation agricole dans le domaine du maïs, du blé, des engrais comme du riz. C'est la formation des médecins et de l'ensemble des professions de santé et des professions paramédicales. C'est la coopération universitaire renforcée à travers plusieurs projets de partenariat et un projet de construction d'universités de référence à Madagascar. Ce sont les projets que nous poursuivons sur les milieux stratégiques, matériaux critiques et le développement de filières et de productions sur votre sol et ce sont aussi plusieurs autres projets d'infrastructures civiles que nous avons pu évoquer.
Vous le voyez, l'ambition est grande qui, sur la base des accords déjà historiques que nous avons signés aujourd'hui, nous permettra d'aller plus loin encore. Notre partenariat, c'est aussi de répondre aux grands défis de notre temps qui ne connaissent pas de frontières, et en particulier sont ces défis régionaux, qui lient tout particulièrement la France à travers La Réunion et Mayotte avec Madagascar. Nous y répondons ensemble avec tous nos acteurs réunis : l'Agence française de développement, nos organisations scientifiques comme l'IRD, le CIRAD, l'Institut Pasteur ou d'autres associations tournées vers la jeunesse comme France Volontaires, Expertise France ou nombre de nos ONG. Parmi ces grands défis, la réponse aux crises avec une coopération exemplaire en matière de sécurité intérieure, de défense ou de protection civile. Je pense en particulier aux crises climatiques, et je veux saisir cette opportunité pour remercier Madagascar d'avoir fourni à la France un appui après les ravages des cyclones Chido et Garance.
Notre ministre d'État, qui s'est rendu à chaque fois sur place dans les jours qui ont suivi, a pu constater l'extraordinaire coopération de votre pays. Notre coopération de défense aussi, ce sont 150 stagiaires malgaches envoyés en formation en France ou dans les Écoles nationales à vocation régionale que nous soutenons en Afrique. Ce sont aussi des exercices interarmées comme l'exercice naval qui se tient en ce moment même à Majunga avec 1 200 militaires et qui implique tous les pays de la COI avec l'appui de nos forces à La Réunion et au total, plus de 500 militaires français. Au-delà des FAZSOI, nous avons en effet délégué frégates, A400M et donc des moyens militaires supplémentaires. Ce partenariat régional, c'est aussi la santé, la lutte contre le chikungunya qui touche aujourd'hui La Réunion, le VIH, le paludisme, la tuberculose, la vaccination, la lutte pour l'éradication de la poliomyélite. C'est encore la préservation de la biodiversité unique de l'île et de toute la région et la valorisation du patrimoine naturel de Madagascar. Le soutien de la France à la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité à Madagascar, premier fonds fiduciaire africain pour la nature, qui finance le fonctionnement de nombreuses aires protégées du pays, marque cet engagement sur le long terme. Et à ce titre, Monsieur le Président a rappelé que sur le sujet des îles éparses, nous avons décidé de tenir une réunion de la Commission mixte franco-malgache pour ouvrir des perspectives communes de développement et de coopération le 30 juin prochain à Paris. Et je veux dire que depuis 2019, nous gérons avec pragmatisme ce sujet. Enfin, c'est également notre volonté au niveau régional de travailler à la sécurité alimentaire, thème que vous avez, à juste titre, souhaité placer au coeur de ce Sommet de la COI et qui va nourrir nombre de coopérations dans toute la région. Enfin, parmi ces défis communs, figure bien sûr la préservation de l'océan. Et au-delà de ce que j'évoquais, je remercie aussi les hautes autorités malgaches de s'être engagées à nos côtés sur le traité sur la haute mer des BBNJ avant le Sommet de Nice sur les océans, auquel j'espère participera le Président. Et c'est aussi un sujet commun, et je sais votre engagement en la matière, pour lutter contre la pêche illicite, illégale, et pour faire de la haute mer une zone de droit.
Enfin, notre partenariat s'adresse à la jeunesse civile, malgache et à la jeunesse plus largement. C'est pourquoi nous allons participer dans un instant à un programme des Young Leaders de la French African Foundation, dont nous sommes pour la génération de cette année, en 2025, les coparrains. C'est une nouvelle génération qui s'élance, cette année encore, un jumelage fructueux, vecteur d'innovation. Et je suis très heureux de savoir aussi que la Fondation pour l'Innovation et la Démocratie a choisi Madagascar pour ouvrir son laboratoire Océan Indien, inaugurée le mois dernier en présence du professeur Achille Mbembe, ce qui montre toute la vitalité de notre relation et la vitalité aussi de notre volonté d'un dialogue constant avec la jeunesse du continent. Comment enfin ne pas mentionner la forte mobilisation de nos collectivités territoriales qui s'investissent aux côtés de leurs homologues malgaches depuis des décennies ? Ensemble, nous avons acté l'organisation des Assises de la coopération décentralisée à Antananarivo en septembre prochain, ce qui permettra à un nombre de collectivités territoriales françaises, qui nouent des partenariats depuis des décennies avec plusieurs de vos communes, districts et avec votre pays, d'être là et de renforcer ce lien. Voilà l'étendue de notre action commune. Voilà aussi les pages nouvelles que nous voulons ouvrir. Et au-delà de l'excellente discussion que nous avons eue aujourd'hui, les accords signés, des échanges économiques et avec la société civile que nous aurons, la feuille de route sur la base des propositions faites par le président Rajoelina est une étape nouvelle au service de nos intérêts communs, au service de votre peuple. Et je veux vous remercier, monsieur le Président, et remercier votre peuple dont j'ai senti ce matin l'accueil très chaleureux tout au long de la route et vous redire la joie qui est celle de mon épouse, de l'ensemble de ma délégation et de moi-même d'être parmi vous aujourd'hui.
Je vous remercie infiniment. Misaotra. Merci.