Déclaration de M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur la Maison des Mondes africains, à Paris le 3 octobre 2025.

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Circonstance : Inauguration de la Maison des Mondes africains (MansA)

Texte intégral

Madame la Ministre, 
Monsieur le Ministre délégué, 
Madame la Directrice,
Mesdames et Messieurs les députés, les ambassadeurs, les directeurs d'établissement,


Ce soir, nous inaugurons bien plus qu'une maison : nous ouvrons ensemble un horizon, dont chacun est l'artisan. La Maison des Mondes africains, c'est le " rendez-vous du donner et du recevoir ", pour reprendre la belle expression de Léopold Sédar Senghor.

L'ambition de la MansA est d'être au carrefour de toutes les cultures africaines, françaises et diasporiques.

Le président de la République l'avait annoncée lors du Nouveau Sommet Afrique-France de 2021. C'était l'une des recommandations du rapport d'Achille Mbembé. Aujourd'hui, chère Liz, grâce à votre énergie, votre talent, votre détermination et celle de toute une équipe, c'est une réalité !

La création de la MansA s'inscrit dans cette dynamique lancée par le discours du président de la République à Ouagadougou, en 2017, pour bâtir " un monde commun " et inventer " un avenir pour chacun ". Depuis 8 ans, nous avons engagé un profond travail de vérité avec des historiens, des chercheurs, des artistes et tous les acteurs des sociétés civiles africaines et française.

Au Cameroun, au Congo, au Rwanda, à Thiaroye au Sénégal, où je me suis rendu, nous avons posé les mots justes. Des restitutions ont eu lieu, encore récemment à Madagascar, grâce notamment au ministère de la Culture. En France comme en Afrique, les initiatives se sont multipliées pour bousculer les regards, mais aussi - et surtout - pour penser les grands défis géopolitiques que nous avons collectivement devant nous.

L'Afrique est incontournable sur la scène internationale. En 2030, elle comptera 1,7 milliard d'habitants, contre 450 millions en Europe. C'est avec les acteurs du continent, dans toute leur diversité, que se jouera une partie de notre avenir commun, ici en Europe.

C'est pourquoi la France a engagé un effort diplomatique pour que les pays africains prennent toute leur place dans la gouvernance mondiale, et notamment à l'ONU. Nous devons être en mesure de proposer ensemble des solutions aux grands défis du siècle. Telle sera d'ailleurs l'ambition du Sommet " Africa Forward ", qui se tiendra à Nairobi en mai 2026, et dont l'annonce a été faite la semaine passée à New York.

" Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche... Ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir " écrivait Aimé Césaire. A la MansA, toutes les bouches auront voix au chapitre.

C'est dans la rencontre que se construit l'universel. L'écrivaine nigériane Chimamanda Adichie nous a mis en garde contre le " danger de l'histoire unique ". Puisse cet endroit nous aider à quitter nos certitudes, à créer un imaginaire collectif reflétant l'histoire et les aspirations de chacun, pour qu'avec Maya Angelou, la nouvelle génération puisse se dire : " hors des baraques des hontes de 
l'histoire, je m'élève. ".

L'identité n'est jamais fixe. Elle est une traversée, un mouvement, comme l'écrit Maryse Condé : à sa suite, projetons-nous vers l'avenir.

Avec la MansA, la France affirme son optimisme, main dans la main avec les sociétés civiles, au plus près des talents et des idées. Ce n'est pas un musée des certitudes mais un atelier des possibles.

Tel un rhizome fertile, elle sera connectée à de nombreuses institutions comme le Musée de l'histoire de l’immigration, l'Institut du monde arabe, le musée du quai Branly - Jacques Chirac, et touchera tous les publics, partout en France.

Grâce à la MansA, chère Rachida, Paris sera au cœur de la création contemporaine, africaine et mondiale. Du 16 au 18 octobre, à Lagos, la MansA assurera la direction artistique du Forum Création Africa. C'est un signal clair : la MansA a le voyage pour langue maternelle.

Sans sa part d'africanité, la France ne serait pas tout à fait la France. Les membres des diasporas africaines le savent bien.

Aujourd'hui, je lance un appel :

Aux artistes : faites de la MansA votre atelier, votre scène.
Aux entrepreneurs : venez y rencontrer des partenaires pour voir plus grand.
Aux chercheurs, aux penseurs nourrissez-y des contradictions fécondes.
A la jeunesse : levez-vous, saisissez-vous de votre avenir! La MansA est votre tremplin.

La Mansio en latin, c'est le gîte où l'on fait étape avant de repartir. Alors, que la MansA soit le lieu où vous venez vous ressourcer, puiser des forces pour avancer.

Le continent africain est la maison familiale de tous les humains.

La MansA est notre maison à tous.

Bienvenue à la MansA ! Bienvenue à la maison !


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 octobre 2025