Texte intégral
Merci beaucoup, Monsieur le Premier ministre, cher Navin, Monsieur le vice-premier ministre, Mesdames, Messieurs les ministres, Ambassadrices, Ambassadeurs, Mesdames, Messieurs de la presse, Mesdames, Messieurs en vos grades et qualités.
Permettez-moi, avant toute chose, de remercier Monsieur le Premier ministre, cher Navin Ramgoolam, pour ces paroles, l'esprit de confiance qui caractérise si fortement le partenariat entre nos deux pays. Je mesure pleinement la portée historique de cette visite, vous l'avez rappelé, plus de 35 ans après celle du Président François Mitterrand en juin 1990 à titre bilatéral, puis celle de 1993 à l'occasion du sommet de la francophonie.
Cet intervalle bien trop long ne reflète en rien ni la qualité de notre relation, ni la profondeur de nos liens historiques, humains, économiques, géographiques et linguistiques que vous avez rappelés. Il était temps d'y remédier et je suis heureux que nous puissions le faire aujourd'hui. Alors, vous le savez, j'aurais dû être parmi vous en avril dernier et je vous prie d'excuser ce retard, mais les funérailles du Très Saint-Père nous en avaient alors empêchés. Ce ne fut que partie remise. J'avais la ferme intention d'honorer ce rendez-vous et votre invitation, Monsieur le Premier ministre, c'est chose faite. Et je veux vous dire la joie qui est la nôtre, ma délégation et moi-même. Et la qualité de l'accueil que nous avons pu ressentir tout au long de l'après-midi avant de vous retrouver, en même temps que la qualité des échanges que nous avons eus à l'instant. Et je suis heureux de pouvoir le faire aux côtés de plusieurs représentants de nos territoires ultramarins de l'océan Indien et avoir à mes côtés le Président du conseil départemental de La Réunion, le Président du conseil départemental de Mayotte et le préfet de région Réunion, sont les signes forts qui montrent l'engagement de la France à travers ses territoires, dans l'océan Indien et dans l'Indopacifique.
Vous l'avez rappelé, Monsieur le Premier ministre, Maurice et la France partagent une vision commune des grands défis de notre époque. Face aux tensions géostratégiques, face au dérèglement climatique, face à la destruction de la biodiversité, aux dérèglements aussi des relations commerciales, nous croyons dans le respect des règles internationales, nous croyons dans un multilatéralisme efficace et dans les voies et moyens de coopérer. Et c'est ce qui a présidé à nos travaux aujourd'hui comme ce qui préside à nos travaux dans les enceintes internationales. Avec Monsieur le Premier ministre, nous avons convenu d'unir davantage nos forces pour répondre ensemble aux enjeux les plus importants pour nos deux pays et pour la région. Enjeux sécuritaires et stratégiques d'abord.
En effet, au cours de cette visite, nous travaillerons étroitement sur ces sujets et signerons plusieurs accords majeurs en matière de sécurité maritime et de protection de l'océan. Ils permettront notamment une meilleure mobilisation conjointe des moyens navals français, des capacités de surveillance aériennes mauriciennes, ainsi qu'un renforcement de notre offre commune de formation, notamment via l'Académie de l'Océan Indien, lancée en avril dernier. L'objectif de ces accords de sécurité maritime, c'est évidemment la protection des zones économiques exclusives, la protection de nos ressources face à la pêche illicite. C'est aussi, comme le Premier ministre l'a rappelé, la lutte contre les narcotrafics et la criminalité organisée, sur laquelle nous allons renforcer l'action commune.
En juin dernier, à Nice, lors de la conférence des Nations unies sur les océans, et merci encore de votre présence, nous avons posé les bases d'une coopération internationale plus ambitieuse pour la protection de la haute mer. Le traité dit BBNJ ratifié en septembre constitue une avancée historique et je tiens à saluer l'engagement de Maurice parmi les premiers États à l'avoir signé et ratifié. Ensemble, nous continuons d'avancer sur ce chemin, et j'étais avec vos ministres auprès du navire Plastic Odyssey, engagé dans la lutte contre la pollution plastique, action exemplaire sur laquelle nous avons aussi renforcé notre partenariat avec le développement de solutions d'économie circulaire, de solutions énergétiques, et là aussi, au-delà de cette initiative, de la recherche à la production, notre volonté d'œuvrer pour la lutte contre le dérèglement climatique et la préservation de la biodiversité. Notre partenariat se décline naturellement au sein de la Commission de l'Océan Indien. Nous continuerons de travailler main dans la main pour faire de la prochaine présidence française de la COI en 2026 un moment de mobilisation régionale dans la continuité de la présidence mauricienne particulièrement réussie en 2023-2024.
Avec Monsieur le Premier ministre, nous avons également abordé l'ensemble de nos coopérations sur la francophonie et l'éducation. Je me réjouis de la signature d'un accord de partenariat permettant l'introduction dans les établissements publics mauriciens d'une filière bilingue d'excellence, français-anglais. D'autres accords renforceront notre coopération universitaire, conforteront l'offre de formation française à Maurice et faciliteront la reconnaissance mutuelle de diplômes. J'ai aussi confirmé la poursuite de l'organisation des BTS français par la Chambre de commerce et d'industrie de Maurice, comme je m'y étais engagé.
Nous avons longuement échangé sur d'autres préoccupations majeures, au-delà de ce socle, sur les questions d'éducation et de formation et de francophonie, deux préoccupations majeures pour la population mauricienne, l'approvisionnement en énergie et en eau. Dans ces deux domaines, des accords permettront à l'Agence française de développement et à EDF d'apporter leur expertise. Dès les prochains jours, EDF analysera les vulnérabilités du réseau électrique pour proposer des solutions concrètes. Dans le domaine de l'eau, avec un appui significatif de l'Union européenne, nous contribuerons au renforcement des infrastructures à Maurice et à Rodrigue, avec un prêt de l'AFD, assorti d'une subvention européenne et l'engagement d'ailleurs de plusieurs solutions technologiques françaises.
Vous l'avez rappelé, Monsieur le Premier ministre, nous avons aussi signé des accords importants sur le sucre et sur le blé, et à travers les accords signés à l'instant et les conventions majeures entre nos entreprises, c'est un partenariat essentiel pour la sécurité alimentaire de Maurice, mais également pour le partenariat de confiance qui remonte à plusieurs décennies entre lesdites entreprises.
Les nouvelles technologies offrent aussi les leviers d'action puissants, en particulier l'intelligence artificielle. La France est fortement engagée, vous le savez, sur ce sujet, et merci d'avoir été représenté au sommet sur l'intelligence artificielle de février dernier par votre ministre. Et cet après-midi, en visitant un forum consacré aux nouvelles technologies et à l'intelligence artificielle, j'ai pu rencontrer de nombreuses entreprises, de nombreux jeunes de Maurice et de tout l'Océan Indien, Mayotte, La Réunion étaient aussi présents. Et le festival AI for Good, né ici déjà étendu à 7 États africains et sur le territoire français à la Nouvelle-Calédonie, illustre l'énergie créative de cette jeunesse, son potentiel économique, mais aussi son attention face aux défis comme celui de la désinformation.
Votre visite revêt également une dimension mémorielle à travers les engagements de partenariat sur le plan du patrimoine et de la restauration. Et demain, je serai au Jardin de Pamplemousse et rendrai hommage aux deux pères fondateurs de la démocratie mauricienne. Mais cette visite est aussi tournée vers l'avenir, et l'inauguration de nouveaux locaux de l'ambassade de France, lumineux, durables, respectueux de l'environnement, symbolise ô combien la vitalité et la modernité de notre partenariat.
Le Premier ministre l'a rappelé, nous avons parlé, au-delà des questions régionales aussi, de la question de Tromelin, où nous partageons une approche respectueuse, pragmatique et une volonté d'avancer de manière conjointe sur ce sujet qui ne doit pas nous diviser, mais que nous devons regarder ensemble, comme d'ailleurs, sous votre autorité, l'autorité d'un de mes prédécesseurs, vous aviez su le faire il y a une quinzaine d'années.
Nous avons enfin évoqué la situation régionale et confirmé nos convergences, notamment sur Madagascar, pays ami, engagé dans une transformation profonde. Nous avons pris acte de la volonté des nouvelles autorités de répondre aux aspirations de la jeunesse, qui s'est exprimée avec force et dignité et que nous devons accompagner, ainsi que la volonté exprimée par les nouvelles autorités de fixer un horizon temporel limité à la transition permettant d'aller vers l'organisation d'élections dans un délai raisonnable. La France accompagnera cette transition avec une attitude d'ouverture, le soutien aux priorités des Malgaches, en particulier s'agissant du développement économique, de la jeunesse, de l'énergie, de la lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite.
Je voudrais conclure, Monsieur le Premier ministre, en exprimant ma profonde gratitude au peuple mauricien pour la chaleur de son accueil, son enthousiasme, et pour vous dire toute ma reconnaissance personnelle pour l'engagement qui est le vôtre de continuer ce lien si singulier avec la France, nourri par une histoire, elle aussi toute singulière, et par les choix que Maurice a fait de langue, d'avenir, et parce que nous voulons continuer de faire ensemble.
Je vous remercie pour votre attention et merci pour vos mots à l'instant, Monsieur le Premier ministre.